Archives de catégorie : Numéro 5

Numéro 5, été 2014

En qué manera se deve servir el ofiçio del cortar : l’Arte Cisoria d’Enrique de Villena (1423)

Olivia Parizot

Résumé
Parmi les offices de bouche de l’hôtel royal, l’écuyer tranchant a la tâche délicate de découper et servir les aliments destinés au roi. A la fin du Moyen Âge, la publication de plusieurs traités de découpe témoigne de l’intérêt porté à la fonction. En 1423, Enrique de Villena, un noble castillan d’ascendance royale, rédige l’Arte Cisoria à la demande de Sancho de Jarava, écuyer tranchant du roi Jean II de Castille. L’auteur, qui a lui-même exercé en tant qu’écuyer tranchant lors du banquet de couronnement de son cousin Ferdinand de Antequera en 1414, offre un témoignage précieux sur les pratiques de cet office. L’analyse de l’ouvrage permet de comprendre l’importance dévolue à la fonction qui dépasse le simple cadre domestique et revêt un caractère honorifique.

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L’admiration, première et dernière des passions

Thibault Barrier

Résumé
Si l’Antiquité envisageait avant tout les passions à partir de leur rivalité avec la raison, l’âge classique s’interroge plutôt sur leurs conditions d’engendrement. Passion du surgissement même de la nouveauté, l’admiration jouit d’un statut singulier, au point de devenir la première de toutes les passions. Or, elle n’est pas un simple corrélat de l’ignorance qui s’effacerait devant le savoir. Éveil inaugural de l’attention aux choses, l’admiration constitue encore la consécration ultime du désir de gloire qui hante les conduites, ainsi que le critère esthétique permettant d’apprécier la réussite d’une œuvre. Elle est la passion paradigmatique du XVIIe, non parce qu’elle est une passion spectaculaire (telle la colère antique), mais parce qu’elle est la passion du spectaculaire, et forme en cela l’affect adéquat à un monde pensé comme un spectacle, dont nous examinerons trois modalités : le spectacle du réel, le spectacle social, et l’art du spectacle par excellence qu’est le théâtre.

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Du souverain sans femme à la peur de l’onanisme, une crise de la masculinité royale dans l’Europe du XVIIIe siècle ?

Aurore Chéry

Résumé
Pendant la majeure partie de l’époque moderne, il était courant d’accuser la reine lorsque le couple royal était infécond. Or, à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, le schème tend à s’inverser dans les monarchies européennes et la suspicion se porte de plus en plus sur l’incapacité sexuelle du monarque. Le cas de Louis XVI est connu mais rarement remis en contexte. Il s’agira donc ici d’adopter une approche diachronique et d’ouvrir notre étude à divers exemples européens afin de mettre en évidence la banalité des cas d’infécondité et le changement de paradigme qui s’opère au XVIIIe siècle concomitamment au développement d’un discours expriment une crise de la masculinité. Par la suite, on s’interrogera sur la manière dont cette crise a été prise en considération par le pouvoir royal en France et on s’arrêtera plus particulièrement à l’étude des représentations de Louis XVI dans une perspective genrée en y recherchant les signes visant à souligner sa masculinité.

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Le « beau percé » et le bâti médiéval au temps du roi citoyen (1830-1848)

Nathalie Blais

Résumé
Dans la première moitié du XIXe siècle, les villes sont confrontées à des problèmes de salubrité publique et doivent désormais y répondre à des urgences. La modification de l’espace urbain est un est des moyens utilisés. Dans le cadre de la politique d’embellissement et de l’utilité publique, le bâti médiéval est sujet à disparaître, à tort ou à raison. Une nouvelle catégorie de vandalisme se dessine. Des acteurs, institutionnels ou non, luttent contre les différents vandales pour conserver les édifices anciens présents dans le tissu urbain. Ces édifices sont démolis ou mutilés alors même qu’ils constituent un attrait « touristique » pour les voyageurs, donc une ressource financière, d’où l’utilité de les conserver et de les entretenir.

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