Archives de catégorie : Numéro 1

Numéro 1, été 2012

« Marioles », « babouins » et « fyoles » : Eustache Deschamps veut débarrasser l’Église des idoles.

Laura Kendrick

Résumé
Le temps d’une ballade au refrain de « Telz simulacres n’aourons, » Eustache Deschamps, le poète de cour le plus prolifique du XIVe siècle, joue le purificateur du temple et ridiculise les statuettes religieuses, qu’il nomme « marioles », « babouins » et « fyoles ». Si sa crainte de l’idolâtrie et sa connaissance des critiques iconoclastes peuvent être attribuées à ses contacts avec certains des chamber knights à tendance Lollard de Richard II d’Angleterre, la réforme que Deschamps propose est néanmoins modérée : il conseille de ne garder que deux statues dans les églises, celle de la Vierge et celle du Crucifix. Des universitaires Parisiens influents à la cour de France, comme Pierre d’Ailly, feront écho à cette solution de modération.

Abstract
For the duration of a ballad to the refrain of « We will not worship such shams, » Eustache Deschamps, the most prolific court poet of the 14th century, played the purifier of the temple and ridiculed religious statuettes, which he called “mini-Marys”, “monkey business,” and “vials.” If the poet’s fear of idolatry and awareness of iconoclast criticism may be traced to his contacts with certain of Richard II of England’s chamber knights of Lollard persuasion, the reform Deschamps proposed was nevertheless moderate : he advised keeping only two statues in churches, that of the Virgin and that of Christ on the Cross. Parisian university men influential at the court of France, such as Pierre d’Ailly, would echo this moderate solution.

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Sur la ligne de partage des eaux entre histoire et fiction : le nom propre.

Patrick Boucheron

Résumé
L’article proposé ici ressemble à des notes personnelles prises afin de progresser dans une réflexion sur la place du nom propre. En effet, l’objectif est de nous interroger sur nos pratiques d’historien en prenant comme objet d’étude le nom propre et la légitimation de son utilisation par les historiens et par les littéraires. Utiliser le nom propre a très longtemps été l’apanage de l’historien, constituant ainsi une sorte de « digue » à sa tentation littéraire. Et c’est la solidité de cette digue qui peut aujourd’hui être remise en cause.

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Vocations d’historiens « de terrain » La quête d’une « Science historique appliquée » : des Combats pour l’Histoire de Lucien Febvre au fleurissement des nouvelles filières culturelles.

Sylvain Hilaire

Résumé
Lucien Febvre questionnait déjà dans la première moitié du XXe siècle le rôle de l’histoire ainsi que la manière dont cette discipline devait être traitée. La diffusion de l’histoire culturelle portée en grande partie par la revue des Annales a considérablement modifié le métier d’historien. A partir des travaux de Febvre, cet article pousse encore davantage la réflexion : existe-t-il un terrain d’application pour l’histoire ? Cette question revient à s’interroger sur la fonction et le rôle social de l’historien, ainsi que sa place dans le débat public. Qui sont les vrais historiens de terrain ?

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Merleau-Ponty and Cézanne : Describing and Painting Existence

Chad A. Córdova

Résumé
Cet article examine l’intérêt du philosophe Maurice Merleau-Ponty pour la peinture et le mode de perception du peintre Paul Cézanne. Alors que l’on a souvent limité la fascination du phénoménologue pour l’artiste aux deux textes célèbres, « Le doute de Cézanne » et L’Œil et l’esprit, cet article montre que la place que tient Cézanne dans la réflexion du philosophe imprègne d’autres écrits importants et nourrit la pensée du phénoménologue. Cézanne joue un rôle décisif dans l’élaboration des concepts clefs qui articulent le projet et la méthode phénoménologiques (e.g. chiasme, expression, le motif). Plutôt que de nous limiter à la façon dont Merleau-Ponty nous aide à saisir ce qui est unique dans les tableaux de Cézanne, cet article se propose de montrer comment la pensée du philosophe a été elle-même façonnée par ce qu’il trouvait dans la peinture cézannienne. Là où l’on croyait n’avoir affaire qu’à une perspective particulièrement lucide apportée sur l’œuvre de l’un des pères de l’art moderne, on sera peut-être surpris de trouver une identification conceptuelle et philosophique plus profonde entre penseur et peintre.

Abstract
This article investigates Maurice Merleau-Ponty’s philosophical engagement with the painting and unique mode of perception of the artist Paul Cézanne. While the phenomenologist’s fascination with and treatment of the painter have often thought to be limited to the two celebrated pieces, “Cézanne’s Doubt” and Eye and Mind, this article shows that this is not the case. Instead, one finds that Cézanne plays a decisive role throughout Merleau-Ponty’s entire œuvre and in the elaboration of concepts of central importance to the philosopher’s phenomenological project and method (e.g., chiasme, expression, le motif). Rather than limiting ourselves to how Merleau-Ponty helps grasp what is unique about Cézanne’s painting, this article addresses the question of how the philosopher’s thought was itself shaped by what he saw in Cézanne’s canvases. Where we once believed to discern only a particularly lucid perspective on the work of one of the fathers of modern art, we may be surprised to find a deeper, conceptual and philosophical identification between thinker and painter.

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Stratigraphie et architecture dans la Mésopotamie du IIIe millénaire : la maison XXXIII-XXXIV à Khafaji

Yoann Marques

Résumé
L’étude des établissements urbains de Mésopotamie commence à changer son regard et c’est dans cette optique que l’étude des anciennes publications trouve son intérêt. Ainsi le site de Khafaji peut apporter de nouveaux éléments sur l’architecture urbaine de la Mésopotamie du Dynastique Archaïque. Autour de l’étude d’une maison de la ville, les questions de l’urbanisme, des fondations, de l’organisation des maisons et de la question de l’étage seront abordées.

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