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Narcissisme et prolifération de signes dans les films de super-héros américains contemporains

Vu Cong Minh

Résumé
Suite au simple constat d’une profusion de films de super-héros américains au cinéma ces dix dernières années, nous avons voulu interroger davantage ce phénomène à travers la notion de signe. Or du fait qu’un signe n’a jamais de cause ni de signification en lui-même, c’est-à-dire qu’il est toujours soumis à des interprétations extérieures, nous nous sommes donc attachés à étudier les signes super-héroïques non seulement dans leur forme esthétique mais également en fonction des significations sociales dont ils sont porteurs. Nous sommes ainsi parvenus à découvrir le caractère narcissique qui systématiquement structure et ordonne la composition des signes et des images super-héroïques. Ce caractère ne révèle pas simplement la tendance générale suivant laquelle l’homme moderne se renferme sur son petit moi étriqué mais plus encore, il est l’indice de l’introduction massive des signes dans tous les rapports humains si bien que chaque homme est devenu purement signalétique aux yeux aussi bien des autres que de lui-même.

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Quand l’écriture du moi transcrit la Mémoire collective : à propos de Ḏâkirat li al-nisyân (Une Mémoire pour l’oubli) de Mahmoud Darwich et de Nuǧûm arîḥâ (Etoiles sur Jéricho) de Liana Badr

Darouèche Hilali Bacar

Résumé
Cet article porte essentiellement sur l’étude de Ḏâkirat li al-nisyân (Une Mémoire pour l’oubli, 1987, trad. 1994) et Nuǧûm arîḥâ (Etoiles sur Jéricho, 1993, trad. 2001), deux romans qui racontent respectivement l’histoire d’un personnage tourmenté et en exil, hanté par le rêve et la nostalgie, qui tente de renouer avec un passé douloureux. Le caractère autobiographique de ces deux ouvrages marque un tournant radical dans l’œuvre de leurs auteurs. Après avoir longtemps incarné la figure d’« auteurs militants », Mahmoud Darwich et Liana Badr changent de perspective narrative : ils adoptent l’écriture de soi, se livrent davantage aux lecteurs et partagent avec ces derniers le regard qu’ils portent sur l’histoire. L’article se propose d’analyser la particularité de cette écriture autobiographique à travers les similitudes entre les deux récits, tout en décelant la part de fiction. Cette analyse nous conduit, tout d’abord, à montrer la difficulté qu’il y a pour un individu, en quête de soi et d’un passé perdu, à traiter de la réalité historique. Nous verrons par la suite que l’un des rôles principaux de l’écrivain dans une société est d’être le gardien de la mémoire collective. Enfin, nous montrerons que la visée de l’auteur va au-delà d’une simple transcription de la Mémoire collective pour atteindre une dimension universelle de l’histoire.

Abstract
This article focuses on studying Ḏâkirat li-l-nisyân (Memory for forgetfulness, 1987) and Nuǧûm arîḥâ (Jericho’s stars, 1993) two novels, each one telling the story of a character tormented and exiled who finds himself in a constant dreamlike and nostalgic search of a lost past. The autobiographical nature of these two novels marks a turning point in the work of their authors. Indeed, after assuming the role of “militant writers” for a long time, Mahmoud Darwich and Liana Badr alter their views by revealing more of their personal feelings and experiences so as to bring the reader to share their own view on History. It is relevant to point out the specificities and similarities of these two autobiographical writings as well as the fictional elements they contain. First, we concentrate on studying how difficult it is for an individual to deal with historical events while searching for one’s own self and trying to recapture one’s lost past. This leads us to show that, in a society, the main role of the writer is to be the guardian of the people’s memory, a memory that do not only concern a particular community but that involves everyone in a universal history dimension. Continuer la lecture de Quand l’écriture du moi transcrit la Mémoire collective : à propos de Ḏâkirat li al-nisyân (Une Mémoire pour l’oubli) de Mahmoud Darwich et de Nuǧûm arîḥâ (Etoiles sur Jéricho) de Liana Badr

Le pape et les artistes au milieu du XIVe siècle. Réflexions sur les notions d’acteur et d’institution

Etienne Anheim

Résumé
L’article étudie les liens entre acteur(s) et institution(s) en se basant sur l’exemple du mécénat du pape Clément VI (1342-1352). Il s’attache à montrer comment l’acteur modèle l’institution dont il est partie prenante et, inversement, comment l’institution peut modeler les formes de l’action individuelle. Ces éclairages aboutissent à une réflexion sur ces deux notions opposées, auxquelles les historiens se heurtent. Les difficultés méthodologiques ressenties découlent peut-être d’un manque d’attention donnée aux systèmes de règles – variables selon les institutions et susceptibles d’adaptation par les individus – qui se trouvent entre l’acteur et l’institution.

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Acquérir, partager et contrôler l’information sous le règne de Philippe III d’Espagne. Le cas de l’historiographe royal Antonio de Herrera (1549-1626).

Fabien Montcher

Résumé
Cet article analyse les pratiques de l’historiographie officielle entre la fin du XVIe siècle et les débuts du XVIIe siècle au sein de la monarchie hispanique. Antonio de Herrera y Tordesillas fut historiographe du roi. Il fut le seul cronista de sa génération à occuper ce poste durant trois règnes successifs. Sa longévité en tant que démiurge de l’histoire officielle s’explique en grande partie par l’utilisation qu’il fit de l’information politique. Ses usages de l’information tentèrent de réformer une historiographie officielle qui, d’une part, avait atteint son apogée, d’autre part, avait pris conscience de la nécessité de se reformer dans un nouveau contexte politique où la connaissance du temps présent devenait déterminante pour contrôler l’actualité politique.