Fabien Montcher
Résumé
Cet article analyse les pratiques de l’historiographie officielle entre la fin du XVIe siècle et les débuts du XVIIe siècle au sein de la monarchie hispanique. Antonio de Herrera y Tordesillas fut historiographe du roi. Il fut le seul cronista de sa génération à occuper ce poste durant trois règnes successifs. Sa longévité en tant que démiurge de l’histoire officielle s’explique en grande partie par l’utilisation qu’il fit de l’information politique. Ses usages de l’information tentèrent de réformer une historiographie officielle qui, d’une part, avait atteint son apogée, d’autre part, avait pris conscience de la nécessité de se reformer dans un nouveau contexte politique où la connaissance du temps présent devenait déterminante pour contrôler l’actualité politique.
Doctorant en histoire moderne au Centro de Ciencias Humanas y Sociales-CSIC, Madrid, mes recherches concernent les relations franco-espagnoles (XVIe-XVIIe siècle). Je travaille aussi sur les différentes formes de représentation et de circulation culturelles de la connaissance historique en Europe à l’époque moderne. Mon projet de thèse (dont la soutenance est prévue courant 2012) porte sur l’étude comparée des historiographes royaux et des politiques d’histoire dans le contexte des relations franco-espagnoles entre 1598 et 1635. Directeurs de recherche : Dr. Alfredo Alvar Ezquerra [CSIC] et Dr. Carmen Sanz Ayán [Université Complutense de Madrid, Académie Royale d’Histoire].
Introduction
Le 21 mars 1600 [1], le conseil d’État du roi Philippe III d’Espagne examina un mémoire signé de la main du chroniqueur officiel des Indes, Antonio de Herrera y Tordesillas [2]. Dans son mémoire, l’historiographe rappelait que trois ans auparavant, le conseil s’était engagé à financer son Histoire des guerres de religion françaises entre 1585 et 1594 [3]. Les conseillers adressèrent une consulte au roi lui rappelant qu’il serait bon de tenir son engagement. L’histoire d’Herrera avait obtenu l’autorisation de publication par le conseil de Castille, qui examinait toutes les œuvres avant leur publication. Cependant, la signature de la paix de Vervins entre la France et l’Espagne le 2 mai 1598 et la mort de Philippe II le 13 septembre 1598, contribuèrent à mettre hors circulation cette œuvre qui ne correspondait pas aux attentes de la politique de Philippe III, récemment monté sur le trône [4].
En effet, dans une lettre adressée au secrétaire d’État de Philippe III, Martín de Idíaquez, datant du 8 mai 1599, Rodrigo Vázquez de Arce estimait que les propos tenus par Herrera à l’encontre d’Henri IV étaient susceptibles de troubler l’entente franco-espagnole. Président du conseil de Castille et conseiller d’État, Vázquez de Arce ordonna la réquisition des exemplaires pour que puissent être corrigés et supprimés les « mots décomposés, ne résonnant pas très bien » à l’encontre d’Henri IV [5]. Même si Arce n’envisagea pas la censure globale de l’ouvrage, Herrera n’apporta aucune modification à son texte et sa circulation fut dès lors très limitée [6].
L’arrivée de Juan de Zúñiga Avellaneda y Bazán (comte de Miranda) à la tête du conseil de Castille le 12 juin 1599 permit à l’historiographe de reprendre pied à la cour. Sa relation avec le comte était meilleure que celle qu’il entretenait avec Vázquez de Arce [7]. Herrera chercha alors à en faire son patron. À cet effet, il écrit une lettre à l’archiduc Albert, gouverneur des Pays-Bas, pour se plaindre de la réquisition de son œuvre et solliciter son aide pour qu’il appuie sa défense auprès de Miranda. Dans sa lettre datée du 20 avril 1600, il sollicita également des informations concernant le gouvernement de l’archiduc au Portugal et aux Pays-Bas. Il convient de percevoir ici, comment l’historien se servit de cette affaire pour faire participer les principaux acteurs de la politique extérieure de la monarchie dans l’écriture de ses ouvrages d’histoire.
Le mémoire examiné lors de la session du 21 mars 1600 connut une suite favorable. Le roi concéda à l’historiographe l’aide promise. Cette concession était avant tout symbolique. Par ce biais, Herrera consolidait son prestige à la cour. Quelques mois plus tard, il fut nommé historiographe de sa majesté en Castille [8]. La censure du livre d’Herrera fut gérée directement par le conseil d’État [9]. Le mémoire d’Herrera fut examiné au même titre que les mémoires rendus par les espions du roi qui opéraient sur le territoire français. Son œuvre était donc perçue comme un élément s’intégrant dans les réseaux d’information, relatifs à l’actualité des affaires franco-espagnoles.
L’histoire d’Herrera ne fut pas le seul livre assujetti à ce contrôle par le conseil d’Etat. Cependant, le fait qu’il s’agisse d’un livre rédigé par un historiographe du roi témoigne de la tournure politique de l’historiographie royale à la fin du règne de Philippe II. Ce tournant fut accompagné d’une volonté de contrôle de l’information sur l’actualité politique présente dans les ouvrages des historiographes. Herrera dut proposer des solutions pour rendre effectif ce contrôle. Il convient de s’interroger jusqu’à quel point il put résoudre l’ambiguïté latente, entre les risques d’écrire une histoire politique basée sur l’actualité et la volonté de contrôle par le politique des informations contenues dans ce type d’histoire.
La forme et le contenu de son Histoire des guerres de religion signifièrent aussi le lien entre pratique historiographique et action politique chez l’historiographe. Dans sa dédicace au futur Philippe III, Herrera résuma la raison d’être de son œuvre comme suit :
» Il s’agit d’une histoire sans batailles, sans escarmouches où les faits de guerres sont rares. Il s’agit d’une histoire différente de celles écrites jusqu’alors. Les peuples de France luttèrent les uns contre les autres par pur zèle de religion, sans pour autant pénétrer les secrets et les fins de ceux qui les gouvernaient. Chaque parti avec l’aide de la langue, de la plume et de l’artifice, transformèrent les armes en paroles afin de négocier, de diviser l’ennemi, de maintenir dans le giron de leur foi leurs partisans et de se convaincre mutuellement [10]. »
Herrera attache ici une importance à la relativité des faits historiques. Dans le but de composer une histoire « non événementielle », celle où prime essentiellement la rhétorique des acteurs d’un passé récent, l’historien se présente face à son lecteur comme un simple présentateur de sources et de documents écrits, lesquels, par simple juxtaposition, dévoilent leurs véritables intentions. La pratique de l’historiographe s’apparente ici à celle d’un expert en cryptographie qui laisse à son lecteur l’initiative de reconstruire le sens caché de l’histoire [11]. Le but de ces opérations textuelles était de montrer les querelles au sein des catholiques français. Il s’agissait de réfuter l’opinion selon laquelle, l’entrée en guerre des troupes espagnoles en France n’était que la suite logique des divisions alimentées par le roi catholique dans le royaume de France. Herrera démontrait que Philippe II n’agissait pas pour maintenir le conflit entre protestants et catholiques mais pour protéger la religion catholique [12].
La censure a posteriori du livre d’Antonio de Herrera souligne aussi la situation précaire dans laquelle se trouve l’historiographe, chargé de défendre la réputation de son roi, à travers l’écriture de l’histoire récente de la monarchie. Malgré cela, Herrera fut le seul cronista de sa génération à se maintenir à sa charge trois règnes durant. Nous tenterons de mettre en relation cette longévité avec les formes d’acquisition, de partage et de contrôle de l’information employées par l’historiographe tout au long de sa carrière. L’historiographe dut gérer une information politique à partir de laquelle s’élabora une nouvelle conscience de la réalité qu’il vivait [13]. Il devint un des moteurs de la circulation de l’information politique au sein de la cour et en dehors d’elle [14].
Afin de comprendre la portée de ces transformations, l’analyse portera dans un premier temps sur la conception de l’histoire chez Herrera afin de définir le contexte social et intellectuel dans lequel il apprit à manier l’information. Ensuite, sera discutée la nécessité de l’acquisition de l’information pour un historiographe spécialiste de l’écriture de l’histoire récente. Cette partie posera la question des pratiques mises en place par Herrera, destinées à acquérir une information qui lui permît de bénéficier de la grâce royale. La nécessité d’acquérir l’information et les contradictions du pouvoir face à l’actualité du passé le menèrent plusieurs fois à dépasser les limites de sa charge d’historiographe et contribuèrent à l’impliquer dans des affaires concernant la diffusion de la littérature de critique politique à la cour de Philipe III. Enfin, seront abordés les mécanismes de partage et de contrôle de l’information mis en place par l’historiographe. En effet, Herrera constitua autour de lui un véritable marché de négociation de l’information historique.
I) Entre humanisme et pragmatisme : un apprentissage au cœur de l’information
Herrera ne fut par sa formation, un letrado (juriste) destiné à siéger dans les conseils de la monarchie [15]. Les premières années de sa vie sont peu connues. Âgé d’une dizaine d’années, il accompagna le comte de Luna dans ses ambassades dans le Saint-Empire et en Italie [16]. Entre le 18 janvier 1562 et le 3 avril 1563, il assista aux côtés du comte de Luna, à la troisième étape du concile de Trente [17]. À travers Luna, Herrera se familiarisa avec l’art de la diplomatie [18]. Il resta sous la protection du comte de Luna jusqu’à la mort de celui-ci en 1563, puis entra au service du duc d’Alburquerque [19], gouverneur de Milan à partir de 1564. Ces années passées à Milan lui permirent de prendre connaissance des enjeux géostratégiques de la monarchie dans le nord de l’Italie. Par la suite, il servit sous les ordres du condottiere Vespasien Gonzague Colonna [20]. Durant plus de dix ans, Herrera s’imprégna de diplomatie et de culture humaniste. Son goût pour l’histoire naquit au rythme des affaires italiennes [21]. Comme ses contemporains, il forgea son sens de l’autorité historique entre humanisme et pragmatisme politique. En tant que secrétaire de Vespasien Gonzague, il se familiarisa avec le maniement des papiers politiques et des langues telles que l’italien, le français et le latin. Ce lot de savoirs et d’expériences lui permit, à son arrivée à la cour de Madrid, de se présenter comme un spécialiste des affaires du nord de l’Italie.
À son expérience italienne s’ajoute le prestige de sa famille dont les membres sont des « vieux chrétiens ». Ses aïeux s’étaient illustrés comme des sujets fidèles de la dynastie des Habsbourg. Fort d’un nom honorable et d’une connaissance des opérations italiennes, Herrera fit son retour dans la péninsule ibérique lorsque Vespasien Gonzague fut nommé vice-roi et capitaine générale de Navarre en mars 1572 [22]. Une fois installé à Pampelune, il revendiqua auprès du roi un poste de secrétaire au service du vice-roi pour tenter d’obtenir une charge de procureur à l’audience de Navarre [23]. Lors de son séjour en Navarre il effectua plusieurs missions liées à l’espionnage espagnol en territoire français [24]. Ces missions contribuèrent à sa compréhension des conflits français. Herrera baignait alors dans une atmosphère politique où la recherche d’information jouait un rôle déterminant pour le maintien des frontières de la monarchie.
Lorsque Vespasien Gonzague fut nommé vice-roi du royaume de Valence (1575-1578), Herrera alterna les voyages entre la côte du Levant et la cour afin d’y représenter les intérêts de son patron [25]. Il profita de ses premières années à la cour pour se faire connaître en tant qu’historien et conseiller. Le retour de Gonzague en Italie le poussa à chercher de nouveaux appuis à la cour. Il réalisa alors ses premiers projets en tant qu’historien. Il ne cessa également, tout au long de sa carrière, de remettre aux conseils, des requêtes visant à améliorer les projets de réformes de la monarchie [26]. Les contenus de ces mémoires portaient sur des matières diverses touchant aussi bien aux fortifications urbaines, à la santé publique et à la politique extérieure [27]. Il construisait ainsi son image d’historien et de bon conseiller.
Le goût de Gonzague pour l’histoire et sa passion pour la lecture de chroniques espagnoles marquèrent Herrera [28]. En tant que secrétaire de Gonzague, il vit comment la gestion des affaires de la monarchie était intimement liée aux enseignements de l’histoire. En rédigeant les lettres de son maître, il observait comment la prudence politique et le sentiment d’appartenance de Vespasien Gonzague à la monarchie dépendaient de l’association de la conscience historique avec l’action politique. En plus de son expérience, la lecture d’histoires conféra à Gonzague une compétence de plus pour faire valoir sa candidature comme conseiller d’État. L’histoire avait pour Gonzague le pouvoir de l’assimiler à une identité espagnole [29]. De plus dans sa quête d’un poste de conseiller d’État, Gonzague allégua qu’il avait eu accès à la lecture d’histoires manuscrites. Cette remarque signifiait un accès privilégié à l’information contenue dans les manuscrits [30]. C’est à travers Gonzague qu’Herrera forgea sa conception de l’histoire [31], qui l’accompagnera tout au long de sa carrière à la cour.
Plutôt que l’histoire « divine », « ecclésiastique », et « naturelle » [32], Antonio de Herrera opta pour l’écriture d’une histoire « humaine » [33]. Bien que placée à un rang inférieur par rapport aux autres genres, l’histoire « humaine » selon Herrera, offrait à l’historien la possibilité de traiter « des choses publiques et particulières de diverses formes de républiques, empires et royaumes » [34]. Cette conception de l’histoire impliquait un lien étroit entre l’histoire comme discipline et la condition sociale et morale de l’historien. De ce fait, il existait pour Herrera trois types d’historiens. En premier lieu, ceux qui se limitaient à la description. En deuxième position, Herrera dressait le profil d’un historien fondé sur le modèle de Guichardin. Cet historien écrivait les choses qu’il jugeait les plus dignes. Il extrayait à partir du passé les points les plus vraisemblables pour en tirer des enseignements moraux, sources de prudence politique. En dernier lieu, apparaissait la figure du mauvais historien. Celui-ci n’était autre que celui qui résumait les faits en amoindrissant leur portée morale et politique. Herrera se rangea parmi le deuxième type d’historiens, capables de traiter des « choses publiques » [35]. Il s’agissait d’un type d’historien mêlé aux affaires de son époque, doté de prudence, capable de discerner l’importance du silence dans ses ouvrages. Si l’histoire, à travers l’expérience qu’elle communiquait à ses lecteurs, était maîtresse de prudence politique, l’historien devait l’être tout autant. Cette vertu signifiait une maîtrise de l’information. Le recours à l’information devint alors l’essence de la pratique de l’historien. Il ne s’agissait pas seulement « de mettre dans les histoires les choses qui se savent mais il fallait aussi être capable de s’informer avec diligence, sur les personnes présentes lors de l’événement ». L’historien devait tâcher de trouver ceux « qui furent présents pour qu’ils puissent le raconter eux-mêmes » [36]. L’histoire était avant tout une pratique où la rapidité d’accès à l’actualité était importante, au sein de laquelle, l’historien s’effaçait au profit de l’information [37].
Face à ce type de pratiques, une des principales obligations des historiographes du roi en Europe au début du xviie siècle consistait à s’associer dans la longue durée au travail collectif de compilation et de réécriture de l’histoire de la monarchie [38]. Dès la fin du xve siècle et tout au long du xviie siècle, la figure du coronista, perçue comme le confesseur de la mémoire et l’évangéliste de la majesté royale, fut répandue dans les traités d’histoire qui tentaient de définir le parfait chroniqueur [39]. Selon ces traités, la capacité de narrer le passé officiel résidait dans le corps royal, qui articulait la narration de ses propres faits. Les historiographes étaient perçus alors comme les artisans de cette narration. En principe, ces pensionnés du roi, ne pouvaient guère innover. Ils devaient se préoccuper d’entretenir une narration immémoriale de la royauté pour assurer sa continuité. Dans leurs histoires, la majesté devait se révéler d’elle-même, d’une manière naturelle. L’historien était chargé de la traduire sur un miroir de papier. Mais c’est précisément au cœur de cette opération de traduction que résida la « casuistique » particulière des « littérateurs d’histoire ». Le discours historique ne pouvait construire la légitimité du roi étant donné qu’elle était naturelle. Les historiographes du roi diluaient dans leurs œuvres l’épidictique afin de consolider une vérité avant tout politique [40]. Un lien organique unissait, au cœur de la narration historique, les faits du roi à la notion abstraite de majesté ainsi qu’à une certaine idée du « bien publique », fondée essentiellement sur la relation de réciprocité asymétrique unissant le roi à ses sujets.
Herrera fut l’historiographe qui adapta le mieux la conception pragmatique de l’histoire aux pratiques traditionnelles de l’historiographie espagnole. Son arrivée à la cour se fit dans un climat propice à l’écriture d’une histoire politique. Jusqu’au milieu des années 1580, Philippe II fit preuve d’une certaine prudence lorsqu’il fut question de recourir aux services de ses historiographes pour écrire l’histoire de son règne et de celui de son père, Charles Quint. Les événements des années 1580 changèrent la donne. Philippe II dut faire face à une augmentation de la propagande antiespagnole. L’annexion du royaume de Portugal en 1580 généra de nombreuses campagnes qui s’en prenaient à l’image du roi Catholique. Sur mer, les attaques répétées du corsaire anglais Francis Drake et l’épisode de l’Invicible Armada en 1588 contribuèrent à créer un climat d’insécurité au sein de la monarchie. Vinrent s’ajouter également les problèmes économiques et les débats juridiques internes aux territoires de la monarchie. Les troubles en Aragon entre 1590 et 1591, la question de la succession de l’infante Isabel Claire Eugénie au trône de France, le changement de souveraineté opéré par la ville de Cambrai ainsi que les banqueroutes déclarées par le roi, contribuèrent à la promotion de l’écriture d’une histoire du passé récent de la monarchie.
C’est dans ce climat de désenchantement que pénétrèrent en Espagne les idées de la philosophie néo-stoïque de Juste Lipse et de Giovanni Botero sur la raison d’État catholique [41], qui eurent une influence directe sur les travaux d’Antonio de Herrera [42]. L’idée, selon laquelle, l’histoire constituait une école de prudence politique capable de rendre les princes vertueux se renforça [43]. Comme l’a souligné José María Iñurritegui Rodríguez, ce fut dans les années 1590 que se cristallisa le débat historique et politique autour de la question de la conservation de l’État. Le recours à l’histoire était alors nécessaire puisqu’elle permettait, à travers l’expérience du passé, de poser les bases d’une science politique, destinée à soutenir les idéaux de conservation des royaumes. Parallèlement, la littérature de critique politique se développa [44] au rythme des inquiétudes visibles dans l’emprise d’une foi oscillante entre providentialisme et pronostics astrologiques [45]. Selon la thèse proposée par Richard Kagan, cet ensemble d’événements liés au contexte intellectuel de la Castille à la fin du xvie siècle, marquèrent le Political Turn de l’historiographie officielle sous Philippe II [46].
L’œuvre et la carrière d’Antonio de Herrera illustre le tournant politique de l’historiographie royale espagnole. Dès son arrivée à la cour, Herrera se mit à traduire des chroniques et des histoires étrangères afin d’acquérir des connaissances plus amples concernant les ennemis de la monarchie [47]. La traduction était pour lui un instrument d’acquisition de l’information politique. Il mit à profit cette information lorsqu’il rédigea des traités et des histoires portant sur des thèmes juridiques et sur des épisodes polémiques de l’histoire récente, ayant impliqué la figure du roi Catholique comme la mort de Marie Stuart [48]. Sa production s’adapta rapidement aux besoins de la monarchie en matière de propagande. La circulation en Europe de l’Histoire d’Espagne de Louis de Mayerne Turquet [49] et de l’Apologie de Guillaume d’Orange ainsi que d’une série manuscrite d’histoires abrégées du règne de Philippe II [50], contribuèrent à la publication en 1598 de son Histoire des guerres de religion françaises entre 1585 et 1598. Ces d’histoires manuscrites furent attribuées à Antonio Pérez, Pierre Mathieu ou Juan de Idiaquez aidé de la plume d’Herrera. Il s’agit de textes très critique envers la politique de Philippe II. Les doutes autour de l’attribution de ces textes et de leurs traductions, entre des historiographes français et des secrétaires et historiographes espagnols, démontrent à quel point l’esprit de critique politique à la fin du règne de Philippe II pénétra de manière ambivalente dans la monarchie. Le travail d’information réalisé par un historiographe tel qu’Herrera fut exigeant dans la mesure où cette confusion pouvait attribuer un texte soit à un serviteur du roi espagnol ou soit à un propagandiste français.
Durant son apprentissage en tant qu’historien à la cour, Herrera se servit d’autres histoires comme matériel informatif pour critiquer des discours gênants. C’est dans cet esprit qu’il répondit aux critiques que l’historien et gentilhomme génois Conestaggio adressa à Philippe II suite à l’annexion du Portugal en 1580 [51]. La méthode d’Herrera consistait à réutiliser les sources de Conestaggio pour le contredire [52].
À cet ensemble de pratiques vinrent s’ajouter de nombreuses mesures destinées à consolider l’image de la monarchie à travers l’écriture de l’histoire. En 1585, Antonio de Herrera fut chargé par le roi de rédiger l’histoire de son règne [53]. Deux ans après, fut créée la charge d’historiographe latin. Le poste fut confié au vieux chroniqueur Calvete de Estrella [54]. Selon Kagan, cette mesure visait à promouvoir la diffusion de l’historiographie espagnole dans le reste de l’Europe [55]. Quant aux affaires du Portugal, Juan Bautista Lavanha fut nommé cosmographe en 1591 et fray Bernardo de Brito chroniqueur majeur du royaume de Portugal en 1597. Ces mesures visaient à protéger la monarchie contre les attaques extérieures. Plusieurs projets visant à contrôler la monarchie dans l’espace et le temps se mirent en place tel les Relations Topographiques ou la création de l’académie de mathématique [56].
Grâce à une stratégie de répartition des dédicaces de ses traductions et de ses histoires entre les personnages les plus influents à la cour, Herrera atteint la faveur du roi. La mission d’écrire l’histoire récente de la monarchie lui fut confiée même si Esteban de Garibay fut nommé avant lui historiographe du roi en Castille [57]. C’est dans ce contexte, qu’en 1596 et en 1600, Herrera accéda consécutivement à la charge de Chroniqueur des Indes [58] et d’historiographe du roi en Castille. Il sollicita cette charge auprès de la Chambre de Castille en 1599 [59].
Herrera participa donc activement au tournant politique de l’historiographie espagnole. Cette réorientation fut aussi due à l’importance que Philippe II donna à l’éducation de Philippe III à travers l’histoire. Herrera traduit l’œuvre de Botero pour le prince Philippe III pour l’aider à atteindre la prudence politique à travers l’histoire [60]. Fort de l’appui royal, Herrera devint, dès le début du règne de Philippe III, le conseiller des conseillers du roi. Naviguant d’un thème à un autre, donnant des expertises sur des sujets multiples, il disposait désormais des charges qui allaient lui permettre d’acquérir l’information nécessaire pour composer ses histoires et se maintenir à la cour durant trois règnes successifs.
II) L’information cette substance nécessaire : l’écriture de l’histoire entre action politique et polémique
Une fois installé à la cour en tant qu’historiographe des Indes et de Castille, Herrera s’occupa d’écrire l’histoire du passé récent de la monarchie. Jusque lors, les histoires officielles s’arrêtaient au règne des rois catholiques. Durant les premières années de son règne, Philippe II avait réprimé toute velléité d’écrire l’histoire de son règne et de celui de son père [61]. Herrera désirait avant tout saisir l’actualité liée à la publication de cette histoire, afin de pouvoir se présenter à la cour comme un précieux conseiller détenteur de la prudence politique. Vivant dans une société constituée autour de la tradition, même le passé le plus lointain devenait l’affaire du présent, du fait de son actualité. L’histoire dans son ensemble était dotée d’un pouvoir normatif. La conscience de plus en plus forte des malheurs du temps à la fin du xvie siècle augmenta la valeur du passé récent. À travers ce passé, pouvaient s’apprécier les changements auxquels les contemporains firent face et qui étaient imperceptibles dans la longue durée. D’un point de vue général, l’historiographie castillane du début du xviie siècle considérait que depuis au moins le xiiie siècle persistait une continuité historique capable d’agir sur le présent [62]. Le présent devint une matière perfectible, susceptible d’être transformé par l’actualité d’un passé imminent. L’actualité du passé, selon Gracián, n’était autre que l’expression temporelle de la continuité morale et politique [63]. Dans cette recherche de l’actualité des temps présents de l’histoire, Antonio de Herrera chercha à se placer aux postes qui lui facilitèrent l’acquisition de l’information dont il avait besoin pour saisir le vif de l’histoire.
Les stratégies mises en place par Herrera pour recueillir l’information ne se limitèrent pas aux privilèges liés à son statut d’historiographe. Très tôt, il accéda au rang de secrétaire de la Junta de Minas. Cet organisme était chargé de contrôler la production et la levée des impôts portant sur l’exploitation minière. Bien que l’existence de cette junte durant le règne de Philippe III ait été de courte durée, Herrera contrôla une information décisive qui lui permit de mettre en relation la richesse des sols de la péninsule et des Amériques avec la puissance politique de la monarchie [64]. Son action au sein de la junte des mines lui servit à contrôler une information globale servant à l’écriture d’une histoire globale de la monarchie [65]. En tant qu’arbitrista, Herrera exerça un rôle de conseiller au sein de cette junte. Même si la junte dépendit du Conseil d’Hacienda, les affaires concernant l’exploitation minière lui furent remises directement. Cette logique suivait l’ordre royal du 20 février 1606 [66]. Son passage par le monde des juntas, le conduisit bientôt vers la charge de secrétaire du roi [67]. En tant qu’historiographe des temps présents, Herrera ne pouvait rêver mieux que d’une charge de secrétaire royal qui, selon les lieux communs de l’époque, symbolisait l’accès aux volontés secrètes du roi [68]. En parallèle à ses activités de secrétaire de cette junte, il exerça un contrôle sur l’information cartographique et sur la question des défenses et des fortifications de la monarchie [69].
La Chambre de Castille proposa son nom en 1614 pour occuper temporairement la charge d’archiviste de Simancas. Sous le règne de Philippe II, cette forteresse était devenue le lieu où se conservait la mémoire administrative et historique de la monarchie [70]. Une grande partie de l’information sur l’histoire récente de la monarchie y était conservée. Il avait la capacité de réclamer aux secrétaires des conseils d’État et de la Guerre l’envoi des mémoires relatifs aux affaires les plus importantes, traitées durant l’année qui venait de s’écouler [71]. Il était aussi chargé de localiser les papiers qui étaient restés en possession des ambassadeurs et autres représentants du roi, une fois leurs missions terminées. Ces responsabilités étaient une aubaine pour l’historiographe royal qui pouvait accéder à l’ensemble des archives des conseils de sa majesté [72]. Herrera eut accès à une grande partie des documents et des correspondances qui circulaient entre les membres des conseils et ses représentants externes tels que les ambassadeurs ou les vice-rois. Bien souvent, les historiographes eurent accès aux archives des secrétariats des conseils [73]. Il convient toutefois, de nuancer l’importance de ces sources dans l’utilisation du travail des historiographes. La plupart des informations traitées par Herrera provenaient de chroniques manuscrites ou imprimées. Le reste de l’information acquise par l’historien dépendait essentiellement de la position de l’historien dans les conseils de la monarchie.
Lorsqu’Herrera commença à travailler sur son histoire des Castillans en Amérique, le conseil des Indes lui fournit en exclusivité les manuscrits ayant appartenu à Bartolomé de las Casas [74]. Parallèlement, il eut recours à des pratiques traditionnelles de l’historiographie castillane et européenne, telle que la rédaction de questionnaires, souvent à partir d’indications données par le roi. Ces questionnaires étaient envoyés aux témoins afin qu’ils puissent répondre par écrit ou s’entretenir oralement avec lui, sur des questions qui touchaient à la mémoire personnelle ou aux archives privées des personnes interrogées.
La mort de l’archiviste Antonio de Ayala en 1610 rendit la gestion de la forteresse de Simancas difficile [75]. Son fils n’avait pas encore atteint la majorité pour pouvoir le remplacer à la tête des archives [76]. En moins de quatre ans, plusieurs personnes se succédèrent mais abandonnèrent rapidement le poste [77]. En 1614, la chambre de Castille décida de prendre les choses en main. Elle reçut plusieurs candidatures dont celles de Pedro Gutiérrez Rámirez [78], d’Hernando de Briviesca [79], de Diego de Isla [80] et de Pedro Mantuano. Ce clerc, originaire de Malaga, était connu pour être un proche du groupe du duc de Lerme, de son beau-frère le comte de Lemos et du connétable de Castille, Juan Fernández de Velasco. Dans sa requête remise au conseil, il rappelait combien les historiens du roi s’étaient fourvoyés lorsqu’il s’agissait d’écrire l’histoire récente de la monarchie. Célèbre pour sa critique de l’histoire du père Mariana, Mantuano se présentait comme le fidèle représentant des politiques d’histoire menées par le duc de Lerme. Il affirmait être le seul historien capable d’écrire sur « l’état de l’Europe entre 1585 et 1595 » et sur les « secrets d’État de tous ses princes ainsi que sur leur haine et leur amour envers » l’Espagne. Mantuano prétendait légitimer sa candidature en se présentant en historien qui fondait ses études sur le passé récent de la monarchie. Mantuano revendiquait ici face à Herrera, l’écriture d’une histoire dont la qualité dépendait essentiellement de la critique que pouvait réaliser l’historien à partir des documents de Simancas [81].
La chambre de Castille suggéra sa propre liste de candidats. Sur cette liste apparaissait en première position Antonio de Herrera, suivi, de son principal adversaire à la cour, Pedro de Valencia et du généalogiste et futur chroniqueur royal, Alonso López de Haro.
Le règlement interne de la forteresse de Simancas (1588) stipulait que les historiens du roi pouvaient accéder aux archives et lire en elles comme « dans des livres d’histoire » [82]. Mettre à la tête de Simancas un historiographe n’était pas une mince affaire. En effet, ce dépôt d’archives était avant tout un lieu à vocation administrative conçu comme une partie du patrimoine des rois [83]. Le pouvoir était encore sensible au fait de ne pas confondre la charge d’historiographe avec celle d’archiviste. La frontière entre le passé et le présent était difficile à percevoir au sein d’une monarchie où l’actualité politique se confondait avec l’histoire récente de la dynastie.
Les prétentions d’Antonio de Herrera, de Pedro Mantuano et de Pedro de Valencia furent vaines [84]. Le 13 mars 1615, le roi choisit de nommer Diego de Isla. Il est intéressant de remarquer comment le groupe du duc de Lerme, représenté par Mantuano et Valencia, tenta de contrôler l’accès à l’information des archives de Simancas. Le duc de Lerme avait était nommé en 1605 alcaide de la forteresse. Bien que ce titre fasse allusion à l’ancienne utilisation de Simancas comme forteresse et prison [85], il est possible qu’une fois entre ses mains, il tenta de puiser dans les fonds d’archives pour assurer ses privilèges, son patrimoine matériel, sa généalogie et ses politiques [86]. La nomination de Diego de Isla se fit à un moment où le pouvoir de Lerme était contesté. La nomination de Valencia aurait causé de fortes réactions, en particulier chez Herrera qui reprenait pied à la cour [87]. Cet épisode montre l’opposition d’Antonio de Herrera aux proches du duc de Lerme. Il reflète aussi l’accès limité des historiens aux archives de Simancas à cette époque. Même si quelques historiens bénéficièrent d’un accès direct aux archives, les pratiques d’acquisition d’information relatives à l’histoire récente de la monarchie se faisaient à travers l’envoi de copies depuis le dépôt où bien simplement à travers des échanges oraux avec les secrétaires et les conseillers. Bien souvent, l’information portait principalement sur des dossiers considérés comme clos par le pouvoir. L’historien était dans la nécessité de recourir à d’autres sources capables de le renseigner [88].
Antonio de Herrera tâcha de toujours bien se positionner à l’intérieur des réseaux afin d’acquérir les informations dont il avait besoin. Dès les premières années du règne de Philippe III, il fut impliqué dans l’affaire Ibáñez de Santa Cruz [89]. Ce secrétaire du duc de Lerme fut accusé d’avoir publié en 1599 un libelle intitulé Las causas de que resultó el ignorante y confuso gobierno que hubo en el tiempo del rey nuestro señor. Cet œuvre justifiait les réformes menées par Philippe III et son favori [90]. Le but du libelle consistait à critiquer la mémoire du gouvernement de Philippe II au profit de l’image de Philippe III, perçu comme le grand restaurateur de la monarchie. Herrera fut interrogé sur l’auteur du libelle mais nous ne savons pas si ce fut en qualité de suspect ou de témoin. Il est intéressant de noter que dès les premières années de sa carrière, Herrera fut proche des foyers de production de la littérature de critique politique. Son intérêt pour une information toujours plus fraîche le poussa aux frontières du politiquement correct. Tout au long de cette quête, il dut éviter les obstacles des sympathisants du duc de Lerme. Ceux-ci craignaient qu’il réunisse de nombreuses informations pouvant les compromettre. Fray Prudencio de Sandoval, fray Athanasio de Lobera, Juan de la Puente et Pedro de Valencia, nommés historiographes du roi et de Castille durant les cinq premières années du règne de Philippe III, furent liés à la clientèle de Lerme.
La nomination de Pedro de Valencia comme historiographe des Indes le 4 mai 1607 et comme historiographe du roi et de Castille le 22 de ce même mois, mit en péril le monopole qu’Antonio de Herrera avait sur l’information politique [91]. Cette rivalité constitue un nouveau cas à partir duquel Herrera, en tant qu’acteur politique, lutta pour maintenir son contrôle sur l’information politique. Cette information était la source des pratiques historiographiques à partir desquelles il généra son action politique à la cour et en dehors d’elle.
La nomination de Valencia comme historiographe permit au groupe de Lerme de bénéficier à la cour de l’image prestigieuse de cet humaniste. Le duc de Lerme affrontait une des crises les plus dures de son ministère. Deux de ses principales créatures, Alonso Ramírez de Prado et Pedro de Franqueza furent impliquées dans des affaires de corruption. L’arrivée de l’ancien disciple d’Arias Montano à la charge d’historiographe des Indes avait pour but de consolider l’image du gouvernement du duc de Lerme. Plus que simple historiographe, l’action de Pedro de Valencia en tant que conseiller devait transmettre une image positive des politiques de réforme et de paix entreprises par le pouvoir. Comme l’a indiqué Jesús Paniagua Pérez, Pedro de Valencia fut attiré à la cour par le beau-frère du valido (favori du roi), le comte de Lemos. Celui-ci, occupait la présidence du conseil des Indes. L’arrivée de Valencia visait à limiter l’influence d’Herrera qui, depuis quelques années était en compétition avec Francisco de Sandoval y Rojas. Lorsque Valencia prit possession des ses charges, on tenta de lui décerner le titre de chroniqueur général du royaume de Castille. Son salaire fut considérablement augmenté par rapport à celui d’Herrera. Ces mesures visaient à signifier l’infériorité du statut d’Herrera. Le président du conseil de Castille, le comte de Miranda, patron d’Herrera à la cour, s’opposa à la concession du titre de chroniqueur général à Valencia. Son salaire officiel en tant qu’historiographe de Castille fut fixé au même montant que celui d’Herrera [92]. Le duc de Lerme ne pouvait se permettre de laisser entre les mains de quelqu’un qu’il ne contrôlait pas la gestion de l’information et la censure des discours politiques. Valencia était habitué à traiter de la matière d’État. Ses traités touchant au « bien public » pouvaient bénéficier du prestige des politiques du valido. [93] Valencia ne tarda pas à intégrer plusieurs juntes pour y dispenser ses avis sur des sujets divers [94].
Telle était la situation dans laquelle se trouvait Herrera lorsque dans le courant du mois de mai 1608 fut découvert le complot que l’amiral d’Aragon Francisco de Mendoza (1547-1623) avait fomenté contre le duc de Lerme [95]. Les relations d’Herrera avec le groupe de l’amiral ne tardèrent à être découvertes. Ses papiers furent réquisitionnés, après qu’il en eut brûlé une partie [96]. Dès lors, Herrera clama qu’il ne disposait d’aucun papier appartenant à un organe officiel de la monarchie et que ses archives en tant qu’historien étaient très limitées [97]. En brûlant ses papiers, Herrera marqua une rupture dans les pratiques traditionnelles des historiographes. Ceux-ci héritaient des archives de leurs prédécesseurs. Herrera cessa de considérer ses papiers comme une partie du patrimoine royal. Le fait de les jeter aux flammes témoigne qu’il se voyait comme un auteur propriétaire de ses réflexions sur l’histoire.
Herrera fut aussi accusé d’entretenir des liens avec des agents milanais auxquels il aurait, selon ses accusateurs, communiqué des informations secrètes sur la monarchie [98]. Il venait juste de publier la seconde édition de son traité des sucesos de Milan [99]. Ces perquisitions dévoilèrent un réseau diffusant la littérature de critique politique qui conférait à Herrera un rôle d’espion et de conspirateur contre le duc de Lerme [100]. La disgrâce d’Herrera fut publiée par un aspirant à la charge d’historiographe, Luis Cabrera de Córdoba. Dans ses nouvelles de la cour, Cabrera diffusa l’information selon laquelle Herrera avait délivré des informations sur la cour à son réseau d’amis milanais, ce qui entraîna la colère de Lerme [101]. La disgrâce d’Herrera fut ainsi connue et bien que le manuscrit de Cabrera ne fut pas publié avant 1857, il circula à la cour [102].
L’arrestation d’Herrera doit être mise en parallèle avec l’emprisonnement en 1609, d’un autre opposant à la politique du duc de Lerme, l’historien Juan de Mariana. Ce jésuite fut arrêté et jugé en raison de la publication en 1603 d’un de ses traités portant sur les politiques de dévaluation monétaire menées par le valido. Lerme avait pour volonté de bloquer les informations susceptibles de mettre sa politique à mal. Durant tout ce processus judiciaire, Herrera maintint une entente cordiale avec plusieurs favoris du valido. En novembre 1609, après le procès de l’amiral, Herrera fut emprisonné pendant quelques mois. Durant cet exil, il prépara la version finale des manuscrits des dernières parties de ses deux grands projets éditoriaux. Il s’agissait de la troisième partie des Décades et de son Histoire générale du monde à l’époque de Philippe II. Avec ces deux œuvres, l’historiographe orchestrait son retour à la cour. En marge, il compléta une série de traités, présentés sous formes de lettres adressées à des personnages influents qui auraient put lui être d’un grand secours pour son retour en grâce. Selon le testament qu’il rédigea en 1612, il compila ces lettres afin d’en faire un livre qui devait s’intituler Varias epístolas dirigidas a algunos claros varones. Francisco de Texada devait s’occuper de les mettre en ordre et de les faire imprimer à titre posthume [103]. Malgré ses heurts avec le duc de Lerme, Herrera continuait de bénéficier des appuis de l’ancien corregidor de Valladolid, Diego Sarmiento de Acuña, mais aussi de ceux du vieux secrétaire royal, Juan de Idiáquez et du comte de Miranda. Ceux-ci facilitèrent son retour dans le courant de l’année 1612. Herrera obtint définitivement le pardon royal en 1614. Après trois ans passés hors de la cour, on lui restitua ses charges et ses salaires. Dans un mémoire envoyé le 18 mars 1612, Herrera sollicita une aide pour l’édition de la Troisième partie de son Histoire générale [104], que le chroniqueur rédigea pour sa réhabilitation. À travers cette requête, Herrera tenta de réaffirmer sa loyauté envers le roi. Il y souligna le fait qu’il était en possession d’une partie des papiers ayant appartenu à Antonio Pérez [105]. Il tentait de démontrer qu’il bénéficiait de la confiance du roi. En effet, selon Herrera, il serait inconcevable qu’un esprit séditieux (comme l’en avait soupçonné le duc de Lerme), puisse disposer d’informations tendancieuses. Indirectement, Herrera signifiait qu’il était le seul chroniqueur capable de répondre aux critiques des chroniqueurs aragonais contre le roi lorsqu’ils écrivaient sur l’épisode de la révolte aragonaise de 1591-92 [106]. La possession des papiers d’Antonio Pérez octroyait à Herrera une autorité considérable à un moment où la version officielle du roi sur les faits de 1591-92, formulée dans l’historiographie officielle castillane, devait être diffusée dans l’opinion publique. Quelques mois après l’envoi de sa requête à la Chambre de Castille, Herrera décida de publier, en plus de son histoire du règne de Philippe II, une histoire spécifique de cet épisode [107]. La stratégie d’Herrera consistait à publier un livre dans un format qui favoriserait sa diffusion. L’objectif de ce texte, dédicacé au roi, était de contrecarrer la version des historiographes aragonais et de conjuguer le respect des fueros (privilèges) aragonais avec la légitimité de la souveraineté du monarque dans ce royaume. L’enjeu consistait à faire de cette histoire une œuvre de circonstance visant à rétablir les faits et informer ceux qui « avaient été aveuglés par les couleurs rhétoriques ainsi que par les mots ambiguës et simulés » [108]. Par cette demande, Herrera voulut témoigner de sa fidélité envers le roi. Dès sa mise en liberté dans le courant de l’été de 1611, Antonio de Herrera se lança dans une campagne où chacun de ses faits et gestes visaient à rétablir sa réputation. Pour lui, l’important n’était pas de publier, mais de donner à voir la qualité de l’information dont il disposait en tant que narrateur officiel du passé récent. Dans sa requête, Herrera insistait sur le fait que l’écriture rapide de l’histoire et un accès privilégié à l’information constituaient deux éléments décisifs pour entretenir la réputation du roi. Dans la préface de son histoire sur les épisodes aragonais tout comme dans son mémoire, il rappelait au roi son désir de publier cette histoire alors que Pérez était toujours en vie. Mais il soulignait que « ses tâches, empêchements et travaux de l’esprit et du corps ne le lui permirent pas » de terminer son œuvre [109]. Indirectement, Herrera communiquait au roi que le retard dans la gestion des politiques d’histoire se devait à « ses travaux de l’esprit » faisant référence à son exil forcé hors de la cour. Sa présence en tant qu’historiographe à la cour était donc nécessaire pour mener à bien l’écriture de l’histoire du roi. L’histoire officielle devait s´écrire à la cour. Une fois rétabli, Herrera dédia en 1615 sa traduction des cinq premiers livres de Tacite à don Rodrigo Calderón « pour récompenser les bénéfices » qu’il « reçut de sa main » [110]. Sa traduction était prête depuis au moins 1613, année durant laquelle elle fut remise au conseil de Castille une autorisation pour publication [111]. Cette stratégie qui consistait à se placer en détenteur d’une information politique privilégiée sur le passé récent porta ses fruits. Le 28 mai 1612, le président du conseil de Castille [112] communiqua au secrétaire royal Tomás de Angulo l’information suivante :
» Vous direz à Antonio de Herrera de reproduire cette version des faits autant de fois qu’il aurait à le faire. Il devra dire qu’il n’a jamais été suspendu, ni condamné. Il sortit de la cour sous l’ordre secret de sa majesté […]. Que lorsqu’il sortit de la cour, il ne fut pas privé de ses biens et qu’on lui octroya une aide funèbre pour contribuer à la célébration des pompes organisée après le décès de la reine [113]. »
L’exil d’Herrera se transforma alors en une licencia de residencia [114]. Herrera revenait au devant de la scène. Fort de ses appuis au sein du conseil des Indes, il se servit de la prudence et du refus de Valencia d’écrire l’histoire des guerres du Chili pour l’évincer. Avec le départ du comte de Lemos, qui fut nommé en décembre 1609 vice-roi de Naples, Valencia perdit l’un de ses principaux soutiens au sein du conseil des Indes. Juan de Acuña succéda à Lemos. Juan de Acuña était le cousin de don Diego Sarmiento de Acuña, futur comte de Gondomar et ami d’Herrera [115]. Acuña comme Rodrigo Calderón, furent tous deux des fidèles participants à l’académie que Diego Sarmiento de Acuña fonda à Madrid et qui prit pour nom « corredorcillo de la jaula ». Le confesseur du roi, fray Luis de Aliaga, l’un des opposants les plus farouches à la politique de Lerme, participa aussi à cette académie. Au-delà de la logique des groupes formés au sein de la cour, il est nécessaire de prendre en compte ces espaces de réunion au sein desquels circulaient une information et des soutiens, qui dans le cas d’Herrera, lui permirent de se maintenir à la cour malgré les polémiques. Profitant des changements liés à la présidence des conseils de la monarchie, Herrera reprit en main l’ensemble des projets historiographiques liés au Nouveau Monde. L’affrontement entre Herrera et Valencia ne se limita pas une simple querelle courtisane. La conception de l’histoire de Valencia différait de celle d’Herrera. Même s’il reste à prouver que Valencia n’eut pas l’intention d’écrire de l’histoire, il souligna, néanmoins que l’exercice de l’écriture de l’histoire :
» ne requiert pas seulement des lettres, de l’étude mais aussi de l’expérience pratique dans les affaires concernant la paix, la guerre, les intentions, les conseils, les doutes, la malice des hommes ainsi qu’une grande activité et diligence pour s’informer au sujet de nombreuses personnes et chercher les papiers à l’intérieur et à l’extérieur du royaume. Parce que il est nécessaire de traiter l’histoire selon la vérité entière il est obligé de nombreuses fois de censurer les actions et les vies des princes et de leurs ministres et d’autres grands personnages, critiquer les capitaines, soldats et nobles familles durant les siècles à venir [116]. »
Valencia avait conscience du fait que l’histoire pouvait déranger les puissants mais à la différence d’Herrera, il ne se risqua pas à écrire de l’histoire dans de telles situations. Quant à Herrera, la prudence de l’historien ne résidait pas dans le fait de ne pas écrire, mais dans celui d’assumer la responsabilité de l’écriture au-delà du danger de la critique. Néanmoins il fit toujours la différence entre le fait de dissimuler de l’information dans ses textes et celui de se refuser à écrire. L’écriture était le but ultime de la charge d’historiographe. Chez Herrera, cette prudence dépendait d’une vision idéaliste de l’art de régner. Tel le père de ses sujets, le roi devait travailler en faveur de ses royaumes et non l’inverse [117]. La vérité politique dépendait donc chez Herrera des intérêts de cette communauté de sentiments unissant le roi et ses sujets. Les intérêts de cette communauté obligeaient l’historien à écrire sur l’actualité de l’histoire afin que celle-ci puisse être utile au bien commun, au risque que les politiques changent tout comme la vérité qui en dépendait. Voilà une des raisons qui explique pourquoi tout au long de sa quête, il cherchait à adapter son discours en permanence et se retrouva à la limite de la critique politique. Il faut aussi voir dans ses jeux d’adaptation, la marque d’une pratique visant à jouer sur l’ambiguïté dans laquelle le plaçait ses responsabilités. En effet, si les temps et les politiques changent et que l’historiographe s’expose à travers son récit, aux contradictions du pouvoir, il peut aussi s’en servir pour dissimuler l’acquisition d’une information qui n’était pas destinée à servir les intérêts du roi. La nécessité d’acquérir l’information plaça Herrera dans différents réseaux de la cour sans qu’il eût appartenu à aucun d’entre eux. Ses œuvres témoignent aussi d’une volonté de dissimulation de sa pensée critique au profit d’une réutilisation de textes et d’histoires. C’est bien cette nécessité d’information qui le poussa parfois aux limites du discours officiel qu’il tenait sur l’histoire. Le fait qu’il ne tomba jamais totalement en disgrâce fut lié en grande partie à son souci de partager ses informations. Il acquit par la même, un contrôle sur l’histoire qui lui assura une indépendance suffisante pour se maintenir à la cour.
III) Du partage au contrôle de l’information : histoire d’une illusion ?
La gestion de l’information par Antonio de Herrera fut influencée par la tension entre ses responsabilités comme historiographe et ses relations avec les différents partis impliqués dans l’écriture de ses histoires. Il convient de s’interroger sur la façon dont les jeux de partage et de contrôle de l’information politique conditionnèrent chez Herrera la pratique d’une écriture en collaboration. Le modèle d’une historiographie officielle dépendant exclusivement de son lien vertical avec le pouvoir royal doit être nuancé afin de comprendre comment le contrôle de l’écriture de l’histoire chez Herrera s’effectua à travers le partage de l’information. L’une des clefs du contrôle du discours historique au sein de ces systèmes de partage d’information et d’écriture en collaboration fut l’usage de la rumeur. Cette rumeur dépendit avant tout du fait qu’Herrera écrivait une histoire du passé récent. Son désir de contrôle de l’information à travers l’écriture de l’histoire reflète sa volonté de contrôle de la pensée historique manifestée au début du xviie siècle par les représentants du pouvoir monarchique. Cette volonté visait à institutionnaliser le contrôle de l’histoire face à l’apparition d’un marché de l’histoire qui au sein des territoires de la monarchie hispanique dépassa par la plasticité et la diversité de ses formes d’expression, les espaces de l’information contrôlés jusqu’alors par l’historiographie royale. Chez Herrera, cette volonté de contrôle s’exprima à travers une gestion individuelle de l’information. Dans un premier temps, le fait de ne pas dévoiler dans ses textes l’ensemble de l’information acquise au fil des lectures de correspondances, de conversations privées et du travail en archive servit à Herrera pour asseoir sa réputation à la cour et en dehors d’elle. En effet, la discrétion de l’historiographe était perçue comme l’expression d’une maîtrise de l’information qui, à son tour témoignait de la prudence de l’historiographe. De la qualité de cette prudence dépendait le degré de privanza (confiance) acquis par l’historiographe [118]. La capacité de l’historien à l’heure de dissimuler une partie de l’information délivrée par la privanza était révélatrice de sa fidélité au roi et de son respect du « bien public ». Elle en disait long sur sa discipline de bon courtisan. Il ne faut pas oublier que bien souvent dans les traités portant sur le chroniqueur idéal, les historiographes étaient comparés aux évangélistes. Cette comparaison était due au fait que les historiographes à travers la narration de la gloire du roi se positionnaient comme témoins de la trame secrète des plans divins. Les historiens du roi se chargèrent de transformer la raison du roi en une raison historique représentative du caractère providentiel et messianique de la monarchie [119]. En ce qui concerne le genre de l’histoire humaine pragmatique, cultivé par Herrera, il s’agissait d’écrire en prenant en compte le sens implicite qui articulait l’information sur les faits récents du roi avec le souvenir immémorial de son pouvoir. Les pratiques traditionnelles de l’écriture de l’histoire en Espagne s’articulaient autour de la logique du pacte entre factions. Les acteurs concernés par l’écriture de l’histoire officielle devaient coopérer et négocier pour se maintenir à la place qui leur correspondait dans les textes d’histoire. L’envoi de questionnaires était une des pratiques courantes de l’historiographie espagnole de cette époque [120]. Le but était d’accumuler un maximum d’informations et de faire participer à travers leur mémoire les agents qui contribuèrent au prestige de la monarchie. L’écriture de l’histoire ne se limitait pas seulement aux faits du roi mais elle tentait de saisir leurs reflets à travers les actions de ses sujets les plus renommés. La composition d’une mémoire partagée dans un espace de représentation tel que le texte d’histoire, fut l’une des pratiques les plus courantes de l’historiographie officielle. Même si cette pratique fut déterminée dans ses intentions par une volonté de glorification royale, elle contribua aussi à la création d’un marché de l’histoire où circulaient de nombreuses traces manuscrites qui firent de l’histoire royale un véritable laboratoire de théories politiques et sociales. Bien qu’une grande partie de ce matériel ne fût pas destinée à l’impression, il fit partie des archives personnelles des historiographes et leur permit de disposer d’un patrimoine et de sources d’information exclusives, très prisées par les amateurs d’histoire et les collectionneurs de manuscrits. Grâce à son influence comme conseiller à la cour, Herrera acquit un contrôle considérable sur la censure de l’écriture de l’histoire. Cette volonté de monopoliser l’écriture de l’histoire apparut chez Herrera avant sa nomination comme historiographe royal. Dans la préface de ses Cinq livres de l’histoire du Portugal (1591), Herrera affirma « qu’étant Castillan, je ne comprends pas l’idée selon laquelle je ne puisse écrire l’histoire du Portugal, compte tenu du fait que celui-ci fait désormais partie intégrante de ma nation et il va de soi que la liberté et la vérité alimentent l’âme de l’histoire. [121] » Herrera tentait depuis le royaume de Castille de légitimer la « succession » du roi catholique sur le trône de Portugal (1580) tout en contestant les thèses de l’historien génois Conestaggio. En qualité d’historiographe du roi et de Castille, Herrera associait le prestige de la couronne et de la langue castillane aux autres royaumes de la monarchie. Trente-six ans après la publication de son histoire du Portugal, en 1616, et toujours en relation avec l’histoire portugaise, Herrera donna son avis sur la nécessité qu’avait le cronista mayor du Portugal, Bernard de Brito, de consulter les archives de Simancas [122]. Le fait que le conseil de la Chambre recourût à Herrera pour traiter cette affaire n’était pas innocent. Simple coïncidence ou pas, quelques années auparavant, le comte de Gondomar, bon ami et protecteur d’Herrera, avait entretenu avec Brito plusieurs polémiques sur des points relatifs à l’histoire de la Galice [123]. La revanche de l’ambassadeur de Philippe III à Londres passait donc par la censure d’Herrera du programme de recherche en archives de Brito. Sa défense des illustres galiciens injuriés par les écrits de fray Bernardo de Brito contribua à conforter chez Gondomar l’idée de la nécessité de la création d’un conseil capable de contrôler la publication de livres d’histoire [124]. Herrera chercha à concentrer entre les mains des historiographes castillans le monopole du récit du passé de la monarchie [125]. Mais il ne faut pas oublier, l’influence des Cortes de Castille sur les histoires d’Herrera. L’identification de l’histoire de la royauté et de la dynastie à celle du royaume de Castille dépendit aussi du fait que les Cortes financèrent plusieurs éditions de ses histoires [126]. Ceci explique l’intitulé de son « Histoire des faits des castillans dans les îles et la terre ferme de la mer océane ». La figure d’Herrera à la cour ne s’associa pas à celle d’un simple compilateur de faits [127]. La chambre de Castille avait pour habitude de le consulter avant de nommer un nouvel historiographe. Lorsqu’en 1603, Atanasio de Lobera sollicita cette charge, Herrera dut informer la Chambre de la possibilité de nommer un deuxième historiographe, chargé d’écrire l’histoire générale de l’Espagne aux cotés de fray Prudencio de Sandoval. Herrera rappela que durant le règne de l’empereur Charles Quint, plusieurs historiographes travaillèrent pour écrire l’histoire générale de la monarchie. En plus de la gestion de l’information historique et politique, Herrera acquit le contrôle de l’information administrative de la charge d’historiographe. Antonio de Herrera usa de son pouvoir sur l’information pour financer ses œuvres. L’étude de la correspondance du duc de Parme Ranuce Farnèse avec ses agents à Madrid, atteste qu’Herrera tenta d’extorquer de l’argent à ce dernier en le menaçant de publier des documents compromettants dans la troisième partie de son Histoire Générale du Monde. Ces documents mettaient en doute la fidélité d’Alexandre Farnese en tant que gouverneur des Pays-Bas entre 1578 et 1592 et au sujet d’une intervention armée des troupes de Philippe dans le royaume de France [128]. Au fil des négociations de la trêve de douze ans, Ranuce pensait avoir l’opportunité d’occuper le gouvernement des Pays-Bas. Les documents détenus par Herrera pouvaient compromettre sa réputation à travers celle de son père [129]. Ses agents à Madrid lui signalèrent qu’Herrera n’utiliserait pas certains documents en échange « d’une petite dotation » [130]. Expert en négociations, Herrera confessa au nonce à Madrid, qu’il disposait de documents qui démontraient qu’Alexandre Farnèse « fut l’un des pires ennemis de la monarchie » [131]. Herrera laissa échapper cette rumeur qui se répandit chez les agents de Ranuce. De son côté, le duc était en possession de documents qui n’avaient pas été déposés dans les archives royales. Ceux-ci concernaient l’épisode de la gouvernance d’Alexandre de Farnèse dans les Pays-Bas [132]. Dans ce face-à-face où chaque parti tenta de démontrer, par la rumeur, qu’il disposait de plus d’informations que l’autre, Herrera proposa au duc de répondre à un questionnaire rédigé par ses soins. L’utilisation de la rumeur permit à Herrera d’acquérir et de contrôler une information qui lui était inaccessible. Grâce à l’envoi du questionnaire, il s’assura aussi de l’obtention d’une preuve écrite qui certifiait le partage de l’information. En effet, le questionnaire prouvait que les informations dont il disposait étaient le résultat d’un échange avec Ranuce. Le partage de l’information offrait à l’historiographe la possibilité de partager ses responsabilités. Il est intéressant d’observer comment l’historiographe contrôla la rumeur et en limita sa portée. Une fuite trop ample de la rumeur lui aurait fait perdre le contrôle de l’information et aurait pu le compromettre. La rumeur dépendait de l’histoire qui allait s’écrire. Herrera bénéficia de son statut d’historiographe royal pour montrer qu’il avait accès aux secrets d’États à travers la mémoire et les archives personnelles des descendants de cette histoire. Les agents extérieurs intéressés par ces travaux n’avaient pas connaissance des informations qu’il manipulait. Herrera utilisa cette nébuleuse au profit de ses intérêts. Le recours à la rumeur, lui permit d’éviter la censure a posteriori. Comme nous l’avons vu, le doute autour des informations dont disposait l’historien impliquait un temps de négociation durant lequel les partis impliqués tentaient de s’informer sur l’information dont disposait l’autre afin de trouver un terrain d’entente. En 1607, Herrera sollicita du duc de Parme une aide de mille ducats [133], qui visait à financer la moitié de l’édition de la troisième partie de son histoire générale du règne de Philippe II. Deux ans plus tard, Herrera reçut une partie de la dotation (150 écus d’or), mais le 24 août 1609, il fut emprisonné lors du procès de l’amiral d’Aragon. Bien que terminée, Herrera n’imprima l’œuvre qu’en 1612. Le 19 juillet 1611, il fut libéré avec la condition de résider à plus de cinquante kilomètres de la cour. Le pardon royal survint au début de l’année 1612 et les mille ducats promis lui furent concédés. Bien qu’avide d’argent, Herrera cherchait avant tout à être reconnu en tant qu’historiographe même si pour cela, il devait affronter les critiques. La polémique devint l’un des éléments qui forgea son image d’hommes de lettres. La rumeur, le secret, le bruit étaient les blasons d’un historiographe avide d’ascension sociale à la cour de Philippe III. La négociation autour des informations qui allaient composer le contenu de ses textes devint un élément important de son travail. La dimension fictionnelle de l’information joua également un rôle important dans les stratégies sociales de l’historiographe. La polémique historiographique ne fut pas toujours relative à l’apparition d’un texte manuscrit ou imprimé. De nombreuses chroniques ne virent jamais le jour. Les œuvres des historiographes renferment une polyphonie d’influences et d’interventions. Les traces de ses manœuvres attestent du caractère contractuel de ces œuvres. Celles-ci n’étant que des reflets littéraires des pratiques sociopolitiques de la monarchie hispanique. Chez Herrera, le non-dit ne fut pas uniquement le produit de l’ingénuité et de l’ignorance mais plutôt une technique de dissimulation de l’information. La gestion de la production historiographique devint une priorité au moment de l’écriture, où l’historiographe figeait la mémoire de plusieurs lignages. Cette gestion ne dépendait pas uniquement du roi. D’autres acteurs, dont la plupart furent des nobles, eurent une influence importante depuis la cour ou en dehors d’elle. Si Herrera mit en place des pratiques historiographiques lui permettant de dépasser la recherche en archives ou le plagiat, cela fut du au fait qu’il exerça une grande influence sur la censure de l’information politique. Selon Richard Kagan, il était devenu le « censeur officiel » de la monarchie. En tant que censeur de la mémoire officielle, ses rivalités avec d’autres historiens s’accentuèrent au moment d’écrire l’histoire du passé récent. Son activité de censure ne se limita pas aux conseils de Castille et des Indes. Elle fut liée de manière générale à sa capacité de gestion de l’information et au contrôle qu’il exerça sur celle-ci.
Conclusion
Antonio de Herrera profita de la disgrâce du duc de Lerme en 1619, pour atteindre son objectif ultime, celui d’être secrétaire du roi et de devenir ainsi, un agent, par qui circulait l’information. Le secrétaire était le « fonctionnaire » qui approchait les espaces et conversations des hommes du pouvoir. Il sollicita cette charge pour la première fois en 1605 [134]. La chambre de Castille ne la lui concéda pas mais lui promit qu’elle prendrait en compte sa demande dans l’avenir. En 1616, il renouvela sa candidature mais sans succès. Dans la requête qu’il remit au conseil, il rappelait que d’autres historiographes, tel qu’Hernando del Pulgar ou bien encore le fameux chroniqueur d’Aragon, Jerónimo de Zurita, avaient bénéficié du statut de secrétaire royal. Il ne faisait aucun doute que l’acquisition de ce titre lui permettait de mieux contrôler l’information politique et de rétablir définitivement sa réputation à la cour [135]. Suite à ces échecs, Herrera oscilla entre le désir de prendre sa retraite et celui de rester à la cour pour bénéficier des informations qui lui permettaient d’obtenir la charge de secrétaire. Après l’échec de sa candidature en 1616, Herrera sollicita une licence pour s’absenter de la cour [136]. À la vue de l’influence grandissante du groupe opposé au duc de Lerme, dirigé par Balthasar de Zúñiga, Herrera fit le choix de rester à la cour afin de se garantir un accès permanent aux livres et aux papiers qui allaient lui permettre de rédiger les œuvres destinées à créer des liens avec les puissants [137]. Les éloges qu’il rédigea à la mort de grands conseillers de la monarchie, lui permirent d’assurer sa position d’historiographe durant la transition du règne de Philippe III à celui de Philippe IV en 1621. La nouvelle politique, destinée à contredire la politique pacifiste du duc de Lerme, lui offrit la possibilité de jouer son rôle de conseiller. Les Cortes de Castille lui demandèrent son avis sur les troubles survenus avec la France dans le nord de l’Italie [138]. L’avis d’Herrera sur ces questions géostratégiques était donné directement au valido, qui le remettait ensuite au conseil. L’information dont disposait Herrera sur ces dossiers précis circulait dans un premier temps, dans la sphère privée du roi avant d’atteindre les conseils [139]. Après avoir exercé en tant que « conseiller non officiel », Herrera obtint son titre de secrétaire à titre honorifique après la mort de Philippe III [140]. Plusieurs des hommes de lettres opposés au duc de Lerme furent récompensés au début du règne de Philippe IV. Le jésuite Juan de Mariana accéda aux honneurs d’historiographe au même moment qu’Herrera fut nommé secrétaire royal. Herrera passa les dernières années de sa vie à la cour. Il participa de manière active à plusieurs censures de livres et intervint en tant que témoin dans le procès de béatification du roi castillan Alphonse VIII [141]. Herrera composa ses discours en étant conscient de traiter une information contradictoire et en perpétuel mouvement. De cette manière, il ne pouvait être déclaré responsable de la qualité de celle-ci mais pouvait néanmoins en contrôler la diffusion. Il tenta de devenir le logos de la monarchie [142]. Cette prétention insuffla chez lui un esprit tragique. Il développa une frustration que l’on peut définir comme la tension d’un historien qui durant le règne de Philippe III dut résister d’une part, aux charmes de la littérature de critique politique et d’autre part, assurer le contrôle du monopole de l’écriture officielle de l’histoire. Il comprit que les informations circulaient en permanence. Il dut s’adapter à ces mouvements afin de les contrôler. Le tournant politique de l’historiographie survenu à la fin du xvie siècle et le développement de l’écriture de l’histoire du passé récent, le poussèrent à la quête d’une information historique toujours plus actuelle et plus politique. L’information politique devint un des sujets centraux de ses histoires. L’information contenue dans ses textes se négocia à l’intérieur des réseaux. Elle le lia à l’actualité et lui permit de jouer avec sa virtualité, profitant des ambiguïtés créées par la rumeur. D’un côté, Herrera dut s’ouvrir aux multiples canaux de diffusion de cette information et de l’autre, limiter sa transformation en information historique. L’actualité de cette information, contribua à la constitution d’une conscience historique du temps présent opposée à une conception d’un temps historique figé [143]. Son omniprésence à la cour et le contrôle sur l’information contribuèrent à déterminer un champ littéraire autour de sa charge d’historiographe. D’une certaine manière, Herrera entra en rupture avec les autorités traditionnelles de l’écriture de l’histoire. Écrire l’histoire des temps présents impliquait une redéfinition des sources historiques capables de rendre une image cohérente du présent [144]. Il entra donc en conflit avec les littérateurs de son temps, parmi lesquels Lope de Vega [145]. Après plusieurs tentatives pour accéder à la charge d’historiographe royal [146], ce dernier transmit au comte de la Roca son opinion sur Herrera. Le comte de la Roca venait d’envoyer le manuscrit de son œuvre intitulé l’Ambassadeur afin qu’il soit approuvé par le conseil de Castille. Au printemps de 1620, Lope l’interpella en ces termes [147] : Cela me désole que votre livre (L’ambassadeur) soit passé entre les mains d’Antonio de Herrera. Sa vaniteuse circonspection ne se contente que d’elle et connaissant son esprit arrogant, je ne doute pas que quelconque matière ayant attrait à l’histoire et ne sortant pas de son chai, ou devrai-je dire, de sa boutique, lui pèse sur le cœur et la conscience [148].
Lope de Vega se lamentait du fait que le conseil de Castille avait donné à Herrera la responsabilité de censurer l’œuvre de son correspondant [149]. Selon lui, la publication du livre de son ami était menacée. Il proposa d’intervenir en faveur du comte de la Roca auprès du conseil. À la fin de sa lettre, à la suite de la formule de bienveillance traditionnelle « que Dieu vous garde encore de nombreuses années », Lope, avec ironie, souhaita à son correspondant, que ses prochains livres ne soient plus envoyés chez Herrera, car même si celui-ci « paraît être un prophète, il n’est en réalité qu’un chroniqueur » [150]. Selon l’épitaphe qu’il confectionna pour sa tombe, Herrera, en tant qu’historiographe fut « heureux dans ses entreprises » mais en tant que courtisan, il eut le sentiment de ne pas avoir été reconnu. Ce fut le prix qu’il paya pour avoir cru que la relation entre conseil et prudence politique, allait lui permettre d’obtenir un prestige pour la postérité. Seul le roi pouvait prétendre à un tel objectif. Finalement, Herrera corrobora à travers son épitaphe les propos de Lope, en prenant conscience qu’il n’avait été « en réalité qu’un chroniqueur ».
Notes
[1] Ce travail est le résultat de recherches menées dans le cadre du projet dirigé par Alfredo Alvar Ezquerra « La escritura del recuerdo en primera persona. Diarios, memorias y correspondencias de reyes, embajadores y cronistas », HAR2011-30251. Pour sa réalisation, j’ai bénéficié de l’appui financier du Conseil Supérieur de Recherches Scientifiques (CSIC, programme JAE-PREDOC). Je tiens à remercier le laboratoire de l’ESR et tout particulièrement sa directrice, madame Chantal Grell, de m’avoir offert la possibilité de mener à bien mes travaux durant un séjour de recherche effectué courant 2011 à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en Yvelines.
[2] Archivo General de Simancas (AGS), Estado, Negocios de partes de España, leg. 2741, 21-III-1600.
[3] Antonio de Herrera y Tordesillas, Historia […] de los sucessos de Francia, desde el año de 1585 que començó la liga Católica, hasta en fin del año 1594, Madrid, Lorenço de Ayala, 1598. Avec l’accord du roi, le conseil décida d’octroyer 200 des 350 ducats sollicités par Antonio de Herrera.
[4] Sur cette affaire vid. Alfred Morel-Fatio, “El cronista Antonio de Herrera y el archiduque Alberto”, Revista de Archivos, Bibliotecas y Museos, nº 12, 1905, p. 55-57.
[5] Ibidem, p. 57.
[6] Archivo General de Simancas (AGS), Estado, Negocios de partes de España, leg. 2741, 21-III-1600.
[7] Le comte de Miranda contribua à la désignation d’Herrera comme historiographe de Castille en 1600. Herrera lui dédia la première partie de son Historia Général del Mundo publiée à Valladolid en 1601. La femme du comte ne fut pas non plus oubliée par l’historiographe dans ses dédicaces. Vid. Antonio de Herrera y Tordesillas, Primera parte de la Historia general del mundo […] desde el año MDLIIII hasta el de MDLXX, Valladolid, Juan Godinez de Millis, 1606 (1re ed. 1601) ; Elogio a don Juan de Zúñiga Bazán y Abellaneda, primer duque de Peñaranda, Madrid, 1608. Batalla espiritual y arte de servir a Dios con la corona y Ledania de la Virgen María, compuesta por el Cardenal de Fermo, traduzido del italiano por Antonio de Herrera, Madrid, Juan Flamenco, 1601.
[8] Il n’y avait pas de titre d’historiographe de la monarchie catholique. Herrera fut historiographe du roi de Castille et des Indes.
[9] La Cámara de Castilla (chambre dispensatrice de la grâce et de la justice des affaires « privées » du roi), était l’organisme chargé de contrôler les historiographes du roi. Depuis quelques années s’affirmait une tendance selon laquelle chaque conseil (en fonction de sa spécialité et de sa juridiction) devait contrôler l’édition des livres traitant de matières le concernant. Vid. Richard L. Kagan, Clio and the Crown. The politics of History in Medieval and Early Modern Spain, Baltimore, John Hopkins University Press, 2009, p. 172. À propos du Conseil d’État vid. Santiago Fernández Conti, Los consejos de Estado y Guerra de la Monarquía Hispana en tiempos de Felipe II, 1548-1598, Valladolid, Junta de Castilla y León, 1998.
[10] « no es historia a donde se hallan muchas batallas, recuentros, escaramuzas, y otro hechos de guerra, sino muy diferente de las que hasta ahora se hallan escritas, porque peleando los pueblos de Francia unos con otros porfiadamente por el puro zelo de la religión, sin penetrar los secretos fines, y designios de los que los governavan, se han valido por la mayor parte de la lengua, de la pluma y del artificio, para con ello y sus negociaciones, cada una de las partes, o convencer a la otra, o enflaquecer sus fuerças, dividiéndolas y mantener en fe a los de su bando. » Antonio de Herrera y Tordesillas, « Al altísimo y sereníssimo Príncipe don Felipe nuestro Señor », Historia […] de los sucesos… Vid. Gonzalo Pasamar Alzuria, « Orígenes de la historia del presente : el modelo de las “historiae ipsius temporis” en los siglos xvi y xvii », Tiempos modernos, nº 19 (2009/2), p. 29. Cette conception de l’histoire ne se limita pas aux seules réflexions d’Antonio de Herrera. Lorsqu’en 1603 la Chambre de Castille employa un nouvel historiographe, les conseillers indiquèrent que cette charge « n’impliquait pas seulement l’écriture des vies des rois et des guerres, des paix, des bons et des mauvais événements […] » mais qu’il s’agissait aussi que l’historiographe « observe et écrive sur d’autres aspects de la monarchie. ». Madrid, Archivo Histórico Nacional (AHN), Cámara de Castilla, Consultas de Gracía, leg. 4416, consulta 105, 8-VI-1603, Sobre lo que toca al título de cronista de vuestra majestad que pide fray Atanasio de Lobera.
[11] Antonio de Herrera décida de publier et d’incorporer dans le corps de sa narration concernant les guerres de religion entre 1585 et 1594, le maximum de sources possibles de l’époque. La part de création de l’historiographe résidait dans le choix des documents. Son corpus était fondé sur des textes officiels. La plupart étaient des traductions du français et du latin à l’espagnol. En tant que compilateur mais aussi auteur, traducteur ou encore compositeur, Herrera ne donne aucun renseignement à son lecteur au sujet de l’ « autorité » de ces traductions. Celles-ci s’incorporent dans le texte d’une manière anodine. Par le jeu de l’illusion typographique et par celui de l’autorité de la citation, l’historiographe annule les marques de son intervention afin de créer l’illusion d’un témoignage direct des acteurs. Il ne faut pas oublier que la trame des événements suivie par Herrera prit comme modèle les témoignages d’ambassadeurs espagnols tels que Bernardino de Mendoza, par exemple. Sur les sources d’Herrera vid. Richard L. Kagan, Clio and the Crown […], p. 138, n. 43. Aux sources proposées par Kagan pourrait venir s’ajouter le livre de Pedro Cornejo, Compendio y breve relación de la Liga y confederación francesa : con las cosas en aquel reyno acontecidas, desd el año ochenta y cinco hasta el de noventa : en el qual ultra de la historia se tocan las más notables cosas en la Francia se hallan, Madrid, Pedro Madrigal, 1592.
[12] AGS, Estado, Negocios de partes de España, leg. 2741, 21-III-1600.
[13] Xavier Gil Pujol, « Las fuerzas del rey. La generación que leyó a Botero », Mario Rizzio, José Javier Ruiz Ibáñez, Gaetano Sabatini (eds.), Le forze del Principe, recursos, instrumentos y límites en la práctica del poder soberano en los territorios de la monarquía hispánica, Murcia, Universidad de Murcia, 2003, vol. II, p. 990.
[14] Lucien Bély (dir.), L’information à l’époque moderne. Actes du Colloque de 1999 de l’Association des Historiens Modernistes des Universités, Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2001.
[15] Pour plus de détails sur sa biographie vid. Mariano Cuesta Domingo, José Luis de Rojas et José Andrés Jiménez Garcés, Antonio de Herrera y Tordesillas, historiador acreditado, Cuellar, Caja Segovia, 2009 et Richard L. Kagan, Clio and the Crown […], p. 135-200.
[16] Il s’agit de Claudio Fernández Vigil de Quiñones, comte de Luna ( ?-28-XII-1563). Sur ce personnage, je m’en remets à la thèse de doctorat de Blas Casado Quintanilla, Claudio Fernández Vigil de Quiñones, embajador de Felipe II en el Imperio y en el Concilio de Trento (III etapa), sous la direction de Tomás Marín Martínez, Université Complutense de Madrid, 1984 (Thèse de doctorat non publiée). Du même auteur vid. « La biblioteca de Claudio Fernández Vigil de Quiñones, conde de Luna y embajador de Felipe II », Archivos Leoneses : revista de estudios y documentación de los Reinos Hispano-Occidentales, nº 74, 1983, p. 353-378.
[17] Cet épisode de la vie d’Herrera mériterait une étude approfondie. Nous ne disposons d’aucun renseignement concernant le statut qu’il occupa aux côtés du comte de Luna. Les essais biographiques sur la vie d’Herrera ne mentionnent pas cet épisode. Cette information provient d’un mémorial qu’ Herrera rédigea pour solliciter une place de procureur de l’Audience de Navarre. Vid. AGS, Cámara de Castilla, Personal, leg. 13, Antonio de Herrera, s. f.
[18] Dans son Histoire du monde à l’époque de Philippe II, Herrera dressa avec minutie un tableau des débats menés par le comte de Luna durant le concile de Trente. Vid. Antonio de Herrera y Tordesillas, Primera parte de la historia general del mundo […], p. 525-528.
[19] Il s’agit de Gabriel III de la Cueva y Girón (Cuellar ca. 1515-Milan 1571). Vice-roi de Navarre entre 1560 et 1564 et gouverneur de Milan à partir de 1564 jusqu’à 1571.
[20] Vespasien Gonzague Colonna (1531-1591). Fondateur de la ville de Sabbioneda. Militaire, diplomate, littérateur mais aussi mécène et passionné d’architecture militaire. Sur ce personnage vid. Ugo Bazzotti, Daniela Ferrari, Cesare Mozzarelli, Vespasiano Gonzaga e il ducato di Sabbioneta : atti del convegno : Sabbioneta-Mantova 21-13 ottobre 1991, Academia nazionale virgiliana di scienze, lettere ed arti, 1993 ; Leandro Ventura, Il collezionismo di un principe : la raccolta di marmi di Vespasiano Gonzaga Colonna, F. C Panini, 1997 ; E. Asinari, Vespasiano Gonzaga Colonna, duca di Sabbioneta e cavaliere del Toson d’Oro, Sabbioneta, A Passo d’Uomo, 2001 ; Gian Claudio Civale, « La formazione e l’ascesa di Vespasiano Gonzaga Colonna, un principe italiano al servizio degli Asburgo », José Martínez Millán, Manuel Rivero Rodríguez (coords.), Centros de poder italianos en la monarquía hispánica (siglos xv-xviii), Madrid, Polifemo, vol. 1, 2008, p. 163-206.
[21] Antonio Ballesteros-Berreta (ed.), Historia general de los hechos de los castellanos en las islas y tierra firme del mar océano por Antonio de Herrera, Madrid, Real Academia de la Historia, 1936, p. XVII.
[22] Pour plus de précisions vid. Fernández Conti, Los consejos […], p. 128, n. 97.
[23] AGS, Cámara de Castilla, Personal, leg. 13, Antonio de Herrera, s. f.
[24] Herrera recevait aussi des informations sur l’état du royaume de France grâce à plusieurs correspondants résidant à Bordeaux. Londres, British Library (BL), Add. 28380, f. 18.
[25] Gonzague sollicita une place de contino pour son protégé à la cour. Il s’agissait de lui assurer un salaire et une situation qui lui permettraient de défendre au mieux les intérêts de son patron. Madrid, Instituto Valencia de Don Juan (IVDJ), envío 10, carpeta 18, f. 394, 8-X-1575.
[26] Madrid, IVDJ, envío 21, carpeta 30, f. 191, (1582) et IVDJ, envío 23, carpeta 35, f. 144, (XI-1583).
[27] Londres, BL, Add. 28380, f. 401, Relación de la fortificación de la ciudad de Pamplona, Fuenterrabía y San Sebastián y lo que se ha gastado en ello.
[28] Lettre de Vespasien Gonzague à Matheo Vázquez, Madrid, IVDJ, envío 10, carpeta 18, f. 460, Valence-Madrid, 16-V-1677 et Lettre d’Antonio de Herrera secretario de Vespasiano Gonzaga en su nombre, Londres, BL, Add. 28380, f. 401, s. l., s. d.
[29] À travers l’apprentissage de la prudence, elle faisait prendre conscience à son lecteur des nécessités du bon gouvernement, le transformant en conseiller capable d’orienter le prince dans ses choix.
[30] Sur cette soif d’acquérir des histoires manuscrites de la part des nobles espagnoles à la fin du xvie et début du xviie s. vid. Fernando Jesús Bouza Álvarez, Corre manuscrito. Una historia cultural del Siglo de Oro, Madrid, Marcial Pons, p. 248-261. Fabien Montcher, « La carta como taller historiográfico. Elaboración y circulación de materia genealógica entre Alonso López de Haro y Diego Sarmiento de Acuña (1608-1620) », Manuel Joaquín Salamanca López (dir.), La materialidad histórica : nuevos enfoques para su interpretación, Oviedo, Instituto de Estudios para la Paz y la Cooperación, 2011, p. 109-200.
[31] Sur la théorie de l’histoire chez Herrera vid. José María Iñurritegui, « Antonio de Herrera y Tordesillas : Historia y discurso político en la Monarquía Católica », Chiara Continisio et Cesare Mozzarelli (eds.), Repubblica e virtù : pensiero politico e Monarchia Cattolica fra xvi e xvii secolo : atti del convegno, ottobre 1993, Roma, Bulzoni, 1995, p. 121-150 ; Renaud Malavialle, « Temps, récit et vérité historique chez Antonio de Herrera y Tordesillas », Cahiers de Narratologie [En ligne], nº 15, 2008, mis en ligne le 14 décembre 2008, consulté le 23 novembre 2011. URL : http://narratologie.revues.org/698.
[32] Herrera reprend ici l’argumentation de Jean Bodin en faveur de cette classification vid. Anthony Grafton, What was history ? The Art of History in Early Modern Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 2007, p. 28.
[33] Antonio de Herrera y Tordesillas, « De los provechos de la historia. Que cosas y de quantas maneras del officio del historiador y de cómo se ha de inquirir la fe y utilidad y como se ha de escribir », Madrid, Biblioteca Nacional de España (BNE), ms. 3011, f. 141r-149v. Le manuscrit 3011 est une copie postérieure des traités qu’Herrera rédigea tout au long de sa carrière. Ce traité en particulier fut dédié à un des descendants du duc d’Alburquerque. Pour les originaux vid. Madrid, BNE, ms. 1035, f. 105. Il existe un autre manuscrit composé de 29 traités originaux, semblables pour la plupart au manuscrit nº 1035 conservé à la BNE. Celui-ci est conservé à la Fondation Lázaro Galdiano (Madrid), M 34-13, inventario 15092, ms. 177. Vid. Juan Antonio Yeves Andrés, Manuscritos españoles de la Biblioteca Lázaro Galdiano, Madrid, Ollero & Ramos, Fundación Lázaro Galdiano, t. I, p. 498-499. Le manuscrit comporte plusieurs traités n’apparaissant pas dans le manuscrit nº 1035 de la BNE et dans l’édition incomplète réalisée au début du xixe siècle par Juan Antonio de Zamacola (ed.), Discursos morales, políticos e históricos, Madrid, 1804.
[34] Antonio de Herrera y Tordesillas, « De los provechos de la historia […] ».
[35] Ibidem, f. 145v.
[36] Ibidem, f. 147r.
[37] Christian Jouhaud, Dinah Ribard et Nicolas Schapira, Histoire, Littérature, Témoignage. Écrire les malheurs du temps, Paris, Gallimard, 2009, p. 192.
[38] Chantal Grell, « Les historiographes en France xvie-xviie siècles », Les historiographes en Europe, Paris, Presses Universitaires Paris Sorbonne, 2006, p. 128.
[39] Enrique García Hernán, « La España de los cronistas reales en los siglos XVI y XVII », Norba. Revista de Historia, vol. 19 (2006), p. 129.
[40] Louis Marin, Le portrait du roi, Paris, Les éditions de minuit, 1981, p. 92 et Christian Jouhaud, Les pouvoirs de la littérature. Histoire d’un paradoxe, Paris, Gallimard, 2000.
[41] Id. J. A. Fernández-Santamaría, Natural Law, Constitutionalism, Reason of State, and War. Counter-Reformation Spanish Political Thought, volume II, New-York, Peter Lang, 2006.
[42] Juste Lipse fût nommé historiographe royal des Pays-Bas à titre honorifique tandis que Botero entretint des relations avec la cour de Savoie à Turin et en particulier avec l’infante d’Espagne Catherine Michelle qui s’était marié avec le duc Charles Emmanuel le 18 mars 1585. Richard L. Kagan, Clio and the Crown […], p. 125.
[43] Antonio de Herrera fut le premier historiographe qui articula la mémoire de Philippe II autour de l’image du roi prudent. Herrera remit à Philippe III un mémoire dans lequel il lui proposait plusieurs surnoms. L’objectif était que par le biais de ce surnom Philippe II s’inscrive au sein d’une tradition castillane visant à donner un surnom à ses rois. Je développerai cette affaire plus longuement dans un chapitre de ma thèse de doctorat. Vid, Madrid (AHN), Consejos, Cámara de Castilla, Consultas de Gracia, leg. 4416, expediente 101, año 1600.
[44] Fernando Bouza Álvarez, Imagen y propaganda. Capítulos de la historia cultural del reinado de Felipe II, Madrid, Akal, 1998.
[45] Richard L. Kagan, Lucrecia’s Dreams. Politics and Prophecy in Sixteenth-Century Spain, Berkeley, University of California Press, 1990.
[46] Richard L. Kagan, « Antonio de Herrera y Tordesillas and the Political Turn in the Oficial History of Seventeenth-Century Spain », dans Chantal Grell (dir.), Les historiographes en Europe. De la fin du Moyen Âge à la Révolution, Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2006, p. 277-296.
[47] Antonio de Herrera y Tordesillas, Historia de la guerra entre turcos y persianos escrita por Iuan Tomás Minadoy en quatro libros, començando del año de 1576 que fueron los primeros motivos della, hasta el año de 1585 ; traducida del italiano en castellano […], Madrid, Francisco Sánchez, 1588 et Advertencias que los Católicos de Inglaterra escrivieron a los Católicos de Francia, tocantes a las presentes revoluciones y cerco de París. Traduzido de lengua Francesa en Castellana […], Zaragoza, Lorenzo de Robles, 1592.
[48] Antonio de Herrera y Tordesillas, Historia de lo sucedido en Escocia y Inglaterra, en treinta e quatro años en que vivió María Estuardo, reyna de Escocia, Madrid, Pedro Madrigal, 1589 ; Informe en hecho y relación de lo que passo en Milán, en las competencias entre las juridiciones eclesiástica y seglar, desde el año de 1595 hasta el de 1598, Madrid, 1598.
[49] Louis de Mayerne Turquet, Histoire générale d’Espagne, Lyon, 1586.
[50] Madrid, Real Academia de la Historia (RAH), Colección Salazar y Castro, M-26, Compendio de la vida de Phelipe II por Juan de Idiáquez, f. 63-80 et Ibidem, M-42, Breve compendio y elogio de la vida del rey don Phelipe II de felicíssima memoria. Escritto en francés por Pedro Mateo chronista mayor del reyno de Francia y traducido en castellano. Con la muerte del príncipe don Carlos y causas della y los succesos de Antonio Pérez, f. 261-273v. Madrid, BNE, ms. 10818/29, Breve compendio y eloxio de la vida y hechos de Phelipe Segundo, rey de España y del nuevo mundo, con la muerte del Príncipe Carlos, su hixo. Compuesta en francés por Pierre de Piete, coronista del rey de Francia y traducida en español por cavallero castellano. Londres, BL, Add. 28708, Elogio y vida del rey don Phelipe 2, rey de las Españas con la muerte del príncipe don Carlos su hijo compuesto en francés por Pierres de Pietres, coronista del rey de Francia traducido en castellano por un caballero español. Paris, BNF, mss. españoles, nº 178 (1), Breve compendio y elogio de la vida de el rey Phelipe Segundo de España, escrita por Antonio Pérez su secretario. Attribué à tort à Antoine Pérez. Il s’agit seulement pour Morel Fatio de la traduction de la quatrième narration du livre premier de l’Histoire de France et des choses mémorables advenues aux provinces étrangères durant sept années de paix etc. de Pierre Mathieu, Paris, 1606. Cette version espagnole, comme l’indique Morel-Fatio dans son catalogue des manuscrits espagnols conservés à la Bibliothèque Nationale de France à été publié par Antonio Valladares de Sotomayor sous ce titre : Vida interior del rey D. Felipe II atribuida comúnmente al abad de san Real y por algunos al célebre español Antonio Pérez, su secretario de Estado, Madrid, 1788. Vid. Alfredo Morel-Fatio, Bibliothèque nationale. Département des manuscrits. Catalogue des manuscrits espagnols et des manuscrits portugais, Paris, Imprimerie Nationale, 1881, p. 65.
[51] Girolamo Franchi di Conestaggio, Dell’Unione del Regno Di Portogallo Alla Corona Di Castiglia, Gênes, Girolamo Bartoli, 1585.
[52] Antonio de Herrera y Tordesillas, Cinco libros de Antonio de Herrera de la historia de Portugal y conquista de las Islas de los Açores en los años 1582 y 1583, Madrid, en casa de Pedro Madrigal, 1591.
[53] Richard L. Kagan, Clio and the Crown […], p. 129-130.
[54] Alfredo Alvar Ezquerra, « Datos administrativos básicos inherentes al oficio de cronista real », Alberto Marcos Martín (ed.), Hacer historia desde Simancas. Homenaje a José Luis Rodríguez de Diego, Valladolid, Junta de Castilla y León, 2011, p. 46-47.
[55] Richard L. Kagan, Clio and the Crown […], p. 133.
[56] Xavier Gil Pujol, « Las fuerzas del rey […] », p. 1012.
[57] Madrid, Archivo Biblioteca Zabalburú (ABZ), carpeta 160, nº 54, consulte du 30-I-1596. Citada por Kagan, Clio and the Crown […], p. 127. Bien qu’il eût préparé le plan de l’histoire du règne de Philippe II, Garibay ne put réaliser son œuvre. Durant les dernières années de sa vie, il se concentra sur des travaux généalogiques et reçut de nombreuses critiques de la part de Juan de Mariana qui venait de terminer son histoire d’Espagne Ce plan a été étudié et édité par Richard L. Kagan, El rey recatado : Felipe II, la historia y los cronistas del rey, Valladolid, Universidad de Valladolid, 2004. Richard L. Kagan, Clio and the Crown […], p. 139-144. Sur la vie et l’œuvre d’Estéban de Garibay, je m’en remets aux études récentes d’Alfredo Alvar Ezquerra réunies sur le site web : http://www.proyectos.cchs.csic.es/h….
[58] Archivos de los duques de Alba (ADA), caja. 68187, Título de coronista mayor de las Indias para Antonio de Herrera, 1596. Herrera fut choisi parmi plusieurs prétendants à la charge tels qu’Esteban de Garibay et le chroniqueur aragonais Lupercio Argensola. Séville, Archivo General de Indias, Indiferente General, leg. 743, nº 209.
[59] AGS, Escribanía Mayor de Rentas, Quitaciones de Corte, leg-8-1 (primera parte), f. 368, 20-XII-1600. Vid. Alfredo Alvar Ezquerra, « Datos administrativos […] », p. 49.
[60] Antonio de Herrera y Tordesillas, Diez libros de la razón de estado. Con tres libros de las causas de la grandeza y magnificencia de las ciudades de Juan Botero, traduzido del italiano en castellano […], Madrid, Luis Sánchez, 1593.
[61] Richard L. Kagan : Clio and the Crown […], p. 100. Vid. Juan de Mariana, De rege et regis institutione libri III, Toleti, Petrum Rodericum, 1599. Vid. Harald E. Braun, Juan de Mariana and Early Modern Spanish Political Thought, Ashgate, 2007. La Primera parte de la vida y hechos del emperador Carlos quinto de Prudencio de Sandoval, marqua le début de la bibliographie produite par l’historiographie officielle sur la vie de l’empereur. Prudencio de Sandoval, Primera parte de la vida y hechos del emperador Carlos quinto max. Fortissimo […], Valladolid, Sebastián de Cañas, 1604
[62] Sur l’idée de l’actualité de la matière moyenâgeuse au début du xviie siècle en Castille vid. Fernando Jesús Bouza Álvarez, « Entre el archivo, la biblioteca y las prensas : modernos usos de médiévale letras », XII Jornadas de Estudios Históricos, Universidad del País Vasco (en ligne). Consulté le 12 juin 2011. URL : http://ehutb.ehu.es/es/serial/385.html.
[63] Baltasar Gracián, El Criticón, Santos Alonso (ed.), Madrid, Cátedra, 2007 (1ª ed. 1980), Crisi Sexta, « Estado del Siglo », p. 128.
[64] Julio Sánchez Gómez, Guillermo Mira Delli-Zotti et Rafael Dobado, La savia del Imperio. Tres estudios de economía colonia, Salamanca, Universidad de Salamanca, 1997, p. 180-181.
[65] Sanjay Subrahmanyam, « On World Historians in the Sixteenth Century », Representations, nº 91 (2005), p. 26-57.
[66] Juan Francisco Baltar Rodríguez, Las Juntas de Gobierno en la Monarquía Hispánica (siglos xvi-xvii), Madrid, Centro de Estudios Políticos y Constitucionales, 1998, p. 200.
[67] Madrid, Archivo Histórico Nacional (AHN), Consejos, Cámara de Castilla, Consultas de Gracia, leg. 4417, carp. 5, consulta nº 177, 7-XI-1605.
[68] Lettre d’Esteban de Garibay à Francisco González de Heredia, Madrid, 21-VIII-1599, Londres, BL, Egerton 337, f. 157.
[69] Richard L. Kagan, « Cartografía y comunidad en el mundo hispánico », Pedralbes : Revista d’historia moderna, nº 20 (2000), p. 11-36.
[70] José Luis Rodríguez de Diego, Instrucción para el gobierno del Archivo de Simancas (año 1588), Madrid, Ministerio de Cultura, 1989.
[71] Ibidem, p. 69.
[72] En tant qu’historiographe des Indes et de Castille, Herrera avait accès à une vision d’ensemble des affaires de la monarchie. Pour sa part le conseil des Indes régula dès 1571, par le biais d’une ordonnance royale, les prêts de documents accordés aux historiographes. Ibidem, p. 70.
[73] En ce qui concerne les règnes de Philippe III et Philippe IV, les archives des secrétariats des conseils n’ont pas été conservées. Seuls les documents relatifs aux décisions royales et aux transferts administratifs officiels ont été conservés aux archives de Simancas. Nous ne connaissons pas le type de travail qu’Herrera effectua sur ces sources. Celles-ci nous permettraient de connaître les différentes phases de négociations des affaires traitées par les conseils.
[74] Le 16 octobre 1597, pour un montant de quarante ducats, le conseil des Indes fit l’acquisition de l’Histoire de la Nouvelle Espagne du docteur Francisco Cervantes de Salazar (¿1514 ?-1575). Le manuscrit fut remit à Herrera afin qu’il puisse s’en inspirer pour rédiger sa chronique des Indes. Madrid, BNE, ms. 2011. Vid. Antonio de León Pinelo, « Índice general de los papeles del Consejo de Indias », Colección de Documentos Inéditos relativos al descubrimiento, conquista y organización de las antiguas posesiones españolas de Ultramar, 2ª serie, Madrid, Real Academia de la Historia, 1885-1932.
[75] Sur cet épisode vid. Patrick Williams, “The Ayala family and the development of the Archivo General de Simancas, 1546-1676”, Alberto Marcos Martín (ed.), Hacer historia desde Simancas. Homenaje a José Luis Rodríguez de Diego, Valladolid, Junta de Castilla y León, 2011, p. 856.
[76] Madrid, AHN, Consejos, Cámara de Castilla, Consultas de Gracia, leg. 4420, expediente. 177, año 1614.
[77] Les Cortes de Castilla, réunies à Madrid entre le 4 décembre 1611 et le 18 avril 1612, se plaignirent de l’état de la gestion des archives. Durant les sessions du 14 et du 28 janvier, les députés signifièrent leur mécontentement face à l’absentéisme du secrétaire-archiviste. Il ne faut pas oublier que pour les Cortes, Simancas était le lieu de conservation par excellence de la mémoire juridique et historique des privilèges et intérêts de la noblesse qu’elle représentait. Les Cortes avaient pour habitude de représenter les intérêts des oligarchies urbaines de Castille.
[78] Il occupa les charges de veedor et de proveedor liées à la construction et à l’entretien des sites royaux de Valladolid et de son district pendant plus de vingt ans. Il participa aussi aux travaux de construction du palais -monastère de l’Escorial. Il exerça durant quatre ans la charge de jardinier et durant deux autres années, celle de garde des jardins et des bois de l’Escorial.
[79] Il fut regidor de la ville de Salamanque. Son père et son oncle occupèrent respectivement la charge de guarda joyas et de guardaropa de Philippe II.
[80] Agé de trente ans, il disposait à cette époque d’une charge d’officier majeur dans les secrétariats du patronage royal, des ordres militaires et des décharges des seigneurs rois de Castille.
[81] De la même manière qu’Herrera, Mantuano revendiquait son expérience dans les affaires d’État auprès du connétable de Castille à Milan. Il mit en avant ses travaux comme censeur face aux polémiques qu’alimentèrent par exemple le père Mariana ou bien le cardinal Baronius depuis Rome. Selon Mantuano la figure de l’historien était alors inséparable de celle d’un homme de lettres formé au cœur de l’action politique ayant la capacité d’user d’une information récente au profit de la défense des intérêts de la monarchie. Madrid, AHN, Consejos, Cámara de Castilla, Consultas de Gracia, leg. 4420, expediente. 177, año 1614.
[82] L’accès des historiographes aux archives demeura rare à cette époque. La fonction principale de l’archiviste consistait à délivrer sous caution d’une cédule royale des copies de documents pouvant servir comme pièces à conviction lors de litiges juridiques touchants au patronage royal ou bien aux affaires privées des sujets du roi. Les historiographes collaborèrent avec l’archiviste et secrétaire de Simancas mais durent toujours passer par cet intermédiaire afin de consulter l’information qu’ils désiraient. Vid. José Luis Rodríguez de Diego, Instrucción para el gobierno […], p. 69. Fernando Jesús Bouza Álvarez, Del escribano a la biblioteca. La civilización escrita europea en la Alta Edad Moderna (siglos xv-xviii), Madrid, Síntesis, 1992, p. 88 et Richard L. Kagan : « The secret of Simancas », Alberto Marcos Martín (ed.), Hacer historia desde Simancas. Homenaje a José Luis Rodríguez de Diego, Valladolid, Junta de Castilla y León, 2011, pp. 439-444.
[83] Krysztof Pomian, « Les historiens et les archives dans la France du xviie siècle », Acta Poloniae Historica, nº XXVI (1972), p. 109-125.
[84] AGS, Cámara de Castilla, leg. 882, doc. 43, año 1604.
[85] Magdalena de Guzmán, marquise del Valle, et Ana de Mendoza furent les dernières prisonnières de la forteresse. Diego de Isla fut chargé en 1605 de surveiller ces prisonnières. Ibidem, p. 22.
[86] Ángel de la Plaza Bores, Archivo General de Simancas. Guía del investigador, Madrid, Ministerio de Cultura, 1992, p. 20
[87] Gaspar Morocho Gayo, « Una historia de Felipe III escrita por Pedro de Valencia », Juan Abellán Pérez (ed.), Homenaje al profesor Juan Torres Fontes, Murcia, Universidad de Murcia, 1987, p. 1141-1151.
[88] AGS, Estado-Estados pequeños de Italia, leg. 1494, doc. 97, El comendador mayor de León a 3 de abril de 1611. Sobre lo que contiene un memorial del coronista Pedro de Valencia.
[89] Santiago Martínez Hernández, Rodrigo Calderón. La sombra del valido. Privanza, favor y corrupción en la corte de Felipe III, Madrid, Centro de Estudios Europa Hispánica y Marcial Pons Histoira, 2009, p. 93.
[90] Par exemple, la Junta de noche (institution restreinte de consultation créée par Philippe II) disparut au profit de la réaffirmation du conseil d’État Antonio Feros, El duque de Lerma […], p. 119.
[91] Les autres historiographes, tels que Prudencio de Sandoval et Juan de la Puente se réunissaient au sein de leur congrégation religieuse hors de la cour ou dans les archives du nord de la péninsule. Leur but était de poursuivre l’écriture de l’histoire générale de l’Espagne depuis ses origines.
[92] En marge de son salaire, il perçut une somme supplémentaire. Jesús Paniagua Pérez, « Pedro de Valencia, cronista e historiógrafo oficial de las Indias (1607-1620) », Anuario de Estudios Americanos, t. LIII, 2, 1996, p. 242.
[93] Discurso sobre materias del Consejo de Estado dirigido a una persona que le pidió dictamen, Madrid, BNE, ms. 11160, s. f., s. l. f. 27r).
[94] Actas Cortes de Castilla, t. XXIV, p. 545-546, p. 555-556, p. 560-561. Vid. Grace Magnier, Pedro de Valencia and the Catholic Apologists of the Expulsion of the Moriscos. Visions of Christianity and Kingship, Leiden-Boston, Brill, 2010, p. 199-207. D’autres polémiques, telle l’affaire qui opposa Antonio de Herrera au comte de Puñonrostro au sujet de la mémoire de son ancêtre Pedrarias Dávila, ne seront pas abordées dans cette étude compte tenu du fait qu’elles ont déjà été étudiées. Vid. Bethany Aram, Leyenda negra y leyendas doradas en la conquista de América : Pedrarias y Balboa, Madrid, Marcial Pons, 2008, p. 34. Qui plus est, celle-ci sera bientôt l’objet d’un nouveau livre de Richard Kagan. Vid. Richard L. Kagan : Clio and the Crown […], p. 182-183.
[95] Plusieurs pasquins attaquant le valido apparurent sur les portes de l’Alcazar et à l’intérieur de la résidence royale. Fernando Bouza a relaté comment, à partir de cette affaire, se multiplièrent à la cour, entre les années 1608 et 1610, les contrôles dans les centres de production d’écriture madrilènes afin de trouver les responsables de cette attaque. Le poète Gabriel Lobo Lasso de la Vega et le chevalier Pedro Granada Venegas durent observer comment les alcaldes de la maison et de la cour du roi effectuèrent l’inventaire et expurgèrent leurs papiers pour apporter des preuves au procès de l’amiral. Vid. Antonio Rodríguez Villa, « Don Francisco de Mendoza, Almirante de Aragón », en Homenaje a Menéndez Pelayo en el vigésimo año de su profesorado. Estudios de erudición española, Madrid, Librería General de Victoriano Suárez, t. II, pp. 487-610.
[96] Lettre d’Antonio de Herrera y Tordesillas à Diego Sarmiento de Acuña, ¿ ?-Valladolid, 20-IX-1609, Madrid, Real Biblioteca de Palacio, II-2144, doc. 230.
[97] Dans son premier testament, signé le 15 décembre 1612, Herrera souligna qu’il avait restitué à Francisco Texada l’ensemble des papiers qui lui avait été transmis par le conseil de Castille et celui des Indes. Madrid, Archivo General de Protocolos Notariales Madrid (AGPM), P. 2846, f. 1565v. Au fil de la polémique qui l’opposa au comte de Puñonrostro, une des principales critiques lancées contre l’historiographe concernait la possession illégale de documents privés. Il est manifeste qu’Herrera prit en compte ces attaques en anticipant d’autres critiques. En tant qu’historien du passé récent, il prit conscience des limites qui résidaient entre son implication officielle dans l’écriture du passé récent de la monarchie et ses intérêts personnels à la cour.
[98] Fernando Jesús Bouza Alvárez, « Quién escribe dónde. Autoría y lucha política : los pasquines del Alcázar (1608) », Papeles y opinión. Políticas de publicación en el Siglo de Oro, Madrid, CSIC, 2008, p. 198
[99] Antonio de Herrera y Tordesillas, Información en el hecho y relación de lo que passo en Milán en las competencias, entre las juridiciones eclesiástica y seglar, desde el año de 1595 hasta el de 1598, Madrid, Luis Sánchez, 1609.
[100] Santiago Martínez Hernández, « Nobleza de Corte : Estrategias y lucha política durante el valimiento de los Sandoval », José Martínez Millán (ed.), La monarquía de Felipe III, La casa del Rey, Madrid, Fundación Mapfre, 2008, vol. 2, p. 524-581.
[101] Luis Cábrera de Córdoba, Relaciones de las cosas sucedidas en la Corte de España desde 1599 hasta 1614, Salamanca, 1997, p. 379.
[102] Cabrera maintint avec Herrera de nombreuses polémiques quant à leur perception de l’histoire, s’accusant mutuellement de plagiat et autres pratiques historiographiques douteuses. Luis Cábrera de Córdoba, Historia de Felipe II, José Martínez Millán et Carlos Javier de Carlos Morales (eds.), Valladolid, Junta de Castilla y León, 1998, p. 1052 et 1142.
[103] Madrid, AGPM, P. 2846, f. 1566r.
[104] AHN, Consejos, Escribanías de Cámara, Ayala, Pleitos, leg. 36211, carpeta 5.
[105] Santiago Martínez Hernández, Rodrigo Calderón […], p. 273.
[106] Cabrera de Córdoba décida de ne pas publier la deuxième partie de son histoire de Philippe II compte tenu du fait qu’il refusa d’y apporter des retouches concernant l’épisode aragonais. Bartolomé Leonardo Argensola fut le chroniqueur chargé de revoir son texte.
[107] Antonio de Herrera y Tordesillas, Relación y discurso histórico de los movimientos de Aragon. Sucedidos en los años de mil y quinientos y noventa y uno, y de mil y quinientos y noventa y dos y de su origen y principio, hasta que la majestad de D. Filipe II el Prudente rey nuestro señor compuso y quieto las cosas de aquel reyno, Madrid, Imprenta Real, 1612.
[108] Ibidem, p. 3.
[109] Id.
[110] Antonio de Herrera y Tordesillas, Los cinco primeros libros de los annales de Cornelio Tacito, que comienzan desde el fin del Imperio de Augusto, hasta la muerte de Tiberio. Traducidos de la lengua latina en castellana […] con una declaración de los nombres latinos, que en la lengua castellana no tienen significación propia, Madrid, Juan de la Cuesta, 1615. Il est fort probable que Calderon céda ses papiers de Pérez à Herrera, suite au voyage qu’il effectua à Paris.
[111] Plusieurs censeurs furent d’avis de ne pas autoriser la publication de la traduction d’Herrera, puisque les écrits de Tacite circulaient en forme manuscrite. Il n’y avait donc pas nécessité de leur faire plus de publicité. Vid. Madrid, BNE, ms. 13086, « Censura (anónima) sobre los Annales y Historias de Caio Cornelio Tacito para consultar si será bien imprimir en español su traducción. »
[112] Il s’agit de Juan de Acuña (Dueñas 1543-Madrid 1615). Fils du comte de Buendía et de Mariña de Dueñas. Il étudia le droit canon à l’université de Salamanque avant de devenir le recteur de cette université. Il siégea à la chancellerie de Valladolid (1578) en tant qu’oydor et réalisa plusieurs visites d’inspection à la chancellerie de Grenade ainsi qu’à l’audience de Séville. En 1587, il obtint une charge de conseiller au sein de la chambre de Castille. Il occupa la présidence du conseil des finances en 1602 pour ensuite passer à celle des Indes en 1609.
[113] AGS, Cámara de Castilla, leg. 1001, doc. 6.
[114] Ce document officiel était octroyé aux historiographes lorsque ceux-ci devaient s’absenter de la cour pour motifs personnels ou pour aller consulter des archives.
[115] Madrid, BNE, ms. 1035, nº 10, f. 51v, « Discurso y tratado que la felicísima Monarquía Castellana fue acrecentando su Imperio por los mismos modos que la República Romana. »
[116] Séville, Archivo General de Indias, Indiferente General, leg. 752. Vid. Jesús Paniagua Pérez, « Pedro de Valencia […] », p. 240.
[117] Antonio de Herrera y Tordesillas, Historia de lo sucedido en Escocia e Inglaterra, en cuarenta y cuatro años que vivió María Estuarda, Reyna de Escocia, Madrid, 1589, f. 12v. Vid. Antonio Feros, El duque de Lerma […], p. 63.
[118] Virgilio Malvezzi, Ritratto del privato político cristiano, Bologne, 1635.
[119] « Dans la routine des affaires, la rédaction de l’histoire du roi était inséparable de la rédaction des dépêches aux ambassadeurs et aux généraux et la recherche de Dieu par la prière presque collective. La rédaction de l’histoire du roi consistait à enregistrer les paroles et les actions qui exprimaient la volonté de Dieu. C’est une grande comptabilité des effets de la Raison Divine ou des actions glorieuses de Louis XIII, de ses ministres et de ses sujets. » Vid. Orest Ranum, « Richelieu, l’histoire et les historiographes », Roland Mousnier (dir.), Richelieu et la culture, Paris, CNRS, 1987, p. 128.
[120] Sur l’histoire de ces pratiques vid. Alfredo Alvar Ezquerra, « Problemas epistemológicos al historiar », Arbos, nº 633, 1998, p. 86.
[121] Antonio de Herrera y Tordesillas, Cinco libros de Antonio de Herera de la Historia de Portugal y conquista de las islas de los Açores, en los años de 1582 y 1583, Madrid, Pedro Madrigal, 1591.
[122] AGS, Cámara de Castilla, leg. 1066, doc. 24, año 1616.
[123] Carmen Manso Porto, Don Diego Sarmiento de Acuña, conde de Gondomar (1567-1626). Erudito, mecenas y bibliófilos, Xunta de Galicia, 1996, p. 339
[124] Pascual de Gayangos, Cinco cartas político-literarias de D. Diego Sarmiento de Acuña, Madrid, Sociedad de Bibliófilos Españoles, 1869, p. 99-117.
[125] Son attitude différait notablement de celle de Pedro de Valencia. Lorsque le conseil des Indes chargea Valencia de faire l’inventaire des papiers du jésuite Alonso Sánchez et d’émettre une opinion sur ses travaux concernant l’histoire de la Chine, Valencia jugea qu’une telle tâche incombait aux chroniqueurs du conseil de Portugal. Lettre de Pedro de Valencia donnant son opinion à propos du travail sur la chine et les îles Philippines écrit par le jésuite Alonso Sánchez, Madrid, 21-XII-1609, Londres, BL, Add. 13977, f. 114. Vid. Jesús Paniagua Pérez, « Pedro de Valencia […] », p. 245 et John A. Jones, « Pedro de Valencia en su correspondencia : carta y relación de unos papeles de Alonso Sánchez », Boletín de la Real Academia Española, nº 65-234, 1985, p. 142.
[126] Actas de Cortes de Castilla, Cortes à Madrid 1607-1611, t. XXIV, p. 486.
[127] AGS, Cámara de Castilla, leg. 841, doc. 17, 26-IV-1603.
[128] Mes propos s’inspirent de l’étude classique de Ciriaco Pérez Bustamante, El cronista Antonio de Herrera y la historia de Alejandro Farnesio, Madrid, Tipografía de Archivos, Olózaga, 1933 et G. M. Vergara, « ¿Qué délito cometió Herrera, En dónde nació este célebre escritor ? », Revista Contemporánea, t. CXVII, 1900, p. 491-493. Vid. José Javier Ruiz Ibáñez, “Le choix du roi. Les limites de l’intervention espagnole en France (1592-1598), La paix de Vervins (1598), Fédération des Sociétés d’Histoire et d’Archéologie de l’Aisne, 1998, p. 140.
[129] Ciriaco Pérez Bustamante, El cronista […], p. 9. Cabrera de Córdoba sollicita aussi des informations auprès du duc afin de compléter ces données sur les gouverneurs des Flandres.
[130] Ibidem, p. 12.
[131] Tous pensaient qu’Herrera faisait référence au projet d’alliance de Farnèse avec l’Angleterre d’Elisabeth I. Richard L. Kagan, Clio and the Crown […], p. 191.
[132] Ciriaco Pérez Bustamante, El cronista […], p. 13.
[133] Ibidem, p. 15.
[134] Madrid, AHN, Consejos, Cámara de Castilla, Consultas de Gracia, leg. 4417, carpeta 5, consulta 177, 7-XI-1605.
[135] Madrid, AHN, Consejos, Cámara de Castilla, Consultas de Gracia, leg. 4420, expediente 77, 193, 23-VI-1616.
[136] AGS, Cámara de Castilla, leg. 1078, doc. 169, année 1617.
[137] AGS, Cámara de Castilla, leg. 1116, doc. 55, année 1621.
[138] Antonio de Herrera y Tordesillas, Comentarios de los hechos de los españoles, franceses y venecianos, Madrid, Juan Delgado, 1624. Herrera termina la rédaction de ce livre en 1621 et le publia en 1624. Cette œuvre avait pour but de démontrer l’effet négatif de la politique française en Italie depuis les Vêpres Siciliennes de 1282, avec l’intervention de Charles d’Anjou et du Pape sur l’île, jusqu’à la paix de Cateau-Cambresis de 1559. Cette paix signifia le retrait de la France des territoires italiens durant la seconde partie du xvie siècle et parut consolider le pouvoir de la monarchie hispanique à l’intérieur de ses territoires. Les commentaires d’Herrera servirent à appuyer les manœuvres militaires menées depuis le Milanais vers la vallée de la Valteline en 1621. AGS, Estado, Milán y Saboya, leg. 1296, doc. 120, 22-IX-1604 et doc. 191.
[139] Herrera donna son avis sur les conditions relatives à la signature de la paix d’Asti entre Philippe III et le duché de Savoie. AGS, Estado, Milán y Saboya, leg. 1917, doc. 32-37, année 1617. Paris, BNF, ms. espagnols 336-13071, f. 206, 28-VIII-1596.
[140] AGS, Escribanía Mayor de Rentas, Quitaciones de Corte, leg. 8-1 (primera parte), f. 374, Madrid, 23-XII-1621.
[141] AHN, Códices, libro 771, “Compendio de las informaciones, compulsas de historias […] acerca de la vida y santidad de Alfonso VIII de Castilla y Toledo […]”. Je tiens à remercier le professeur Fernando Bouza pour m’avoir indiqué l’existence de cette référence.
[142] Renaud Malavialle, « Temps, récit […] ».
[143] Daniel Woolf, « News, history and the construction of the present in early modern England », Brendan Dooley, Sabrina Baron (eds.), The politics of Information in Early Modern Europe, Londres et New York, Routledge, 2001, p. 82.
[144] Alfredo Alvar Ezquerra, « La historia, los historiadores y el Rey en la España del humanismo », Imágenes Históricas de Felipe II, Alcalá de Henares, Centro de Estudios Cervantinos, 2000, p. 229.
[145] Elisabeth Wright, Pilgrimage to patronage : Lope de Vega and the Court of philip III, 1598-1621, Lewisburg-Londres, Bucknell University Press et Associated University Presses, 2001, p. 136.
[146] Lope était secrétaire du duc de Sessa. Il s’agît de Luis Fernández de Córdoba (1582-1642), sixième duc de Sessa (1605-1635). Il fut le principal mécène de Lope de Vega et l’un de ses principaux faire-valoir lorsque celui-ci tenta de faire son entrée à la cour comme serviteur officiel du roi. Vid. Teresa Valls, « Teatro y mecenazgo en el Siglo de Oro : Lope de Vega y el duque de Sessa », Aurora Egido, José Enrique Laplana (eds.), Mecenazgo y humanidades en tiempos de Lastanosa. Homenaje a Domingo Ynduráin, Zaragoza, Instituto de estudios altoaragoneses et Institución Fernando el Católico, 2008, p. 113-134.
[147] Il s’agit du 1er comte de la Roca (1583-1658), Juan Antonio de Vera y Zúñiga o Figueroa.
[148] « Pésame que el Embaxador (le livre) aya visitado a Antonio de Herrera, cuya circunspección remirada no se contenta más que de si misma, y he conocido de su arrogante ingenio que le pessa de que todas materias historiales no salgan de su bodega : oficina havia de decir […]. »
[149] Selon Fernando Bouza, le conseil de Castille assuma « dans une bien plus grande mesure qu’on ne le croyait jusqu’ici, la responsabilité des concessions de licence et privilège d’impression ». Le conseil mena sa propre politique de publication. Vid. Fernando Jesús Bouza Álvarez, Hétérographies. Formes de l’écrit au siècle d’or espagnol, Madrid, Casa de Velázquez, 2010, p. 92.
[150] Lettre de Lope de Vega a don Juan Antonio de Vera y Figueroa, Comte de la Roca, Madrid, mai-juin 1620, Lope de Vega Carpio, Epistolario, Agustín González de Amezúa y Mayo (ed.), Madrid, Aldus, 1943, pp. 204-205, t. IV. Finalement, l’affaire fut résolue lorsque le 2 juillet 1620 Herrera remit à travers sa censure un avis favorable à la publication du manuscrit de Juan de Vera. Le jésuite Diego Granado fut chargé par le vicaire général de l’archevêché de Séville d’émettre à son tour une autre censure (signée le 17 juillet 1617). Les deux censeurs reconnurent l’utilité politique du livre de Vera y Figueroa. Leurs censures furent publiées dans l’ouvrage de Vera, lequel à son tour fut dédié au roi Philippe III et parut à Séville en 1620. Vid. Juan Antonio de Vera y Figueroa, El enbaxador, Seville, Francisco de Lyra, 1620
[151] Ce travail est le résultat de recherches menées dans le cadre du projet dirigé par Alfredo Alvar Ezquerra « La escritura del recuerdo en primera persona. Diarios, memorias y correspondencias de reyes, embajadores y cronistas », HAR2011-30251. Pour sa réalisation, j’ai bénéficié de l’appui financier du Conseil Supérieur de Recherches Scientifiques (CSIC, programme JAE-PREDOC). Je tiens à remercier le laboratoire de l’ESR et tout particulièrement sa directrice, madame Chantal Grell, de m’avoir offert la possibilité de mener à bien mes travaux durant un séjour de recherche effectué courant 2011 à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en Yvelines.
[152] Archivo General de Simancas (AGS), Estado, Negocios de partes de España, leg. 2741, 21-III-1600.
[153] Antonio de Herrera y Tordesillas, Historia […] de los sucessos de Francia, desde el año de 1585 que començó la liga Católica, hasta en fin del año 1594, Madrid, Lorenço de Ayala, 1598. Avec l’accord du roi, le conseil décida d’octroyer 200 des 350 ducats sollicités par Antonio de Herrera.
[154] Sur cette affaire vid. Alfred Morel-Fatio, “El cronista Antonio de Herrera y el archiduque Alberto”, Revista de Archivos, Bibliotecas y Museos, nº 12, 1905, p. 55-57.
[155] Ibidem, p. 57.
[156] Archivo General de Simancas (AGS), Estado, Negocios de partes de España, leg. 2741, 21-III-1600.
[157] Le comte de Miranda contribua à la désignation d’Herrera comme historiographe de Castille en 1600. Herrera lui dédia la première partie de son Historia Général del Mundo publiée à Valladolid en 1601. La femme du comte ne fut pas non plus oubliée par l’historiographe dans ses dédicaces. Vid. Antonio de Herrera y Tordesillas, Primera parte de la Historia general del mundo […] desde el año MDLIIII hasta el de MDLXX, Valladolid, Juan Godinez de Millis, 1606 (1re ed. 1601) ; Elogio a don Juan de Zúñiga Bazán y Abellaneda, primer duque de Peñaranda, Madrid, 1608. Batalla espiritual y arte de servir a Dios con la corona y Ledania de la Virgen María, compuesta por el Cardenal de Fermo, traduzido del italiano por Antonio de Herrera, Madrid, Juan Flamenco, 1601.
[158] Il n’y avait pas de titre d’historiographe de la monarchie catholique. Herrera fut historiographe du roi de Castille et des Indes.
[159] La Cámara de Castilla (chambre dispensatrice de la grâce et de la justice des affaires « privées » du roi), était l’organisme chargé de contrôler les historiographes du roi. Depuis quelques années s’affirmait une tendance selon laquelle chaque conseil (en fonction de sa spécialité et de sa juridiction) devait contrôler l’édition des livres traitant de matières le concernant. Vid. Richard L. Kagan, Clio and the Crown. The politics of History in Medieval and Early Modern Spain, Baltimore, John Hopkins University Press, 2009, p. 172. À propos du Conseil d’État vid. Santiago Fernández Conti, Los consejos de Estado y Guerra de la Monarquía Hispana en tiempos de Felipe II, 1548-1598, Valladolid, Junta de Castilla y León, 1998.
[160] « no es historia a donde se hallan muchas batallas, recuentros, escaramuzas, y otro hechos de guerra, sino muy diferente de las que hasta ahora se hallan escritas, porque peleando los pueblos de Francia unos con otros porfiadamente por el puro zelo de la religión, sin penetrar los secretos fines, y designios de los que los governavan, se han valido por la mayor parte de la lengua, de la pluma y del artificio, para con ello y sus negociaciones, cada una de las partes, o convencer a la otra, o enflaquecer sus fuerças, dividiéndolas y mantener en fe a los de su bando. » Antonio de Herrera y Tordesillas, « Al altísimo y sereníssimo Príncipe don Felipe nuestro Señor », Historia […] de los sucesos… Vid. Gonzalo Pasamar Alzuria, « Orígenes de la historia del presente : el modelo de las “historiae ipsius temporis” en los siglos xvi y xvii », Tiempos modernos, nº 19 (2009/2), p. 29. Cette conception de l’histoire ne se limita pas aux seules réflexions d’Antonio de Herrera. Lorsqu’en 1603 la Chambre de Castille employa un nouvel historiographe, les conseillers indiquèrent que cette charge « n’impliquait pas seulement l’écriture des vies des rois et des guerres, des paix, des bons et des mauvais événements […] » mais qu’il s’agissait aussi que l’historiographe « observe et écrive sur d’autres aspects de la monarchie. ». Madrid, Archivo Histórico Nacional (AHN), Cámara de Castilla, Consultas de Gracía, leg. 4416, consulta 105, 8-VI-1603, Sobre lo que toca al título de cronista de vuestra majestad que pide fray Atanasio de Lobera.
[161] Antonio de Herrera décida de publier et d’incorporer dans le corps de sa narration concernant les guerres de religion entre 1585 et 1594, le maximum de sources possibles de l’époque. La part de création de l’historiographe résidait dans le choix des documents. Son corpus était fondé sur des textes officiels. La plupart étaient des traductions du français et du latin à l’espagnol. En tant que compilateur mais aussi auteur, traducteur ou encore compositeur, Herrera ne donne aucun renseignement à son lecteur au sujet de l’ « autorité » de ces traductions. Celles-ci s’incorporent dans le texte d’une manière anodine. Par le jeu de l’illusion typographique et par celui de l’autorité de la citation, l’historiographe annule les marques de son intervention afin de créer l’illusion d’un témoignage direct des acteurs. Il ne faut pas oublier que la trame des événements suivie par Herrera prit comme modèle les témoignages d’ambassadeurs espagnols tels que Bernardino de Mendoza, par exemple. Sur les sources d’Herrera vid. Richard L. Kagan, Clio and the Crown […], p. 138, n. 43. Aux sources proposées par Kagan pourrait venir s’ajouter le livre de Pedro Cornejo, Compendio y breve relación de la Liga y confederación francesa : con las cosas en aquel reyno acontecidas, desd el año ochenta y cinco hasta el de noventa : en el qual ultra de la historia se tocan las más notables cosas en la Francia se hallan, Madrid, Pedro Madrigal, 1592.
[162] AGS, Estado, Negocios de partes de España, leg. 2741, 21-III-1600.
[163] Xavier Gil Pujol, « Las fuerzas del rey. La generación que leyó a Botero », Mario Rizzio, José Javier Ruiz Ibáñez, Gaetano Sabatini (eds.), Le forze del Principe, recursos, instrumentos y límites en la práctica del poder soberano en los territorios de la monarquía hispánica, Murcia, Universidad de Murcia, 2003, vol. II, p. 990.
[164] Lucien Bély (dir.), L’information à l’époque moderne. Actes du Colloque de 1999 de l’Association des Historiens Modernistes des Universités, Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2001.
[165] Pour plus de détails sur sa biographie vid. Mariano Cuesta Domingo, José Luis de Rojas et José Andrés Jiménez Garcés, Antonio de Herrera y Tordesillas, historiador acreditado, Cuellar, Caja Segovia, 2009 et Richard L. Kagan, Clio and the Crown […], p. 135-200.
[166] Il s’agit de Claudio Fernández Vigil de Quiñones, comte de Luna ( ?-28-XII-1563). Sur ce personnage, je m’en remets à la thèse de doctorat de Blas Casado Quintanilla, Claudio Fernández Vigil de Quiñones, embajador de Felipe II en el Imperio y en el Concilio de Trento (III etapa), sous la direction de Tomás Marín Martínez, Université Complutense de Madrid, 1984 (Thèse de doctorat non publiée). Du même auteur vid. « La biblioteca de Claudio Fernández Vigil de Quiñones, conde de Luna y embajador de Felipe II », Archivos Leoneses : revista de estudios y documentación de los Reinos Hispano-Occidentales, nº 74, 1983, p. 353-378.
[167] Cet épisode de la vie d’Herrera mériterait une étude approfondie. Nous ne disposons d’aucun renseignement concernant le statut qu’il occupa aux côtés du comte de Luna. Les essais biographiques sur la vie d’Herrera ne mentionnent pas cet épisode. Cette information provient d’un mémorial qu’ Herrera rédigea pour solliciter une place de procureur de l’Audience de Navarre. Vid. AGS, Cámara de Castilla, Personal, leg. 13, Antonio de Herrera, s. f.
[168] Dans son Histoire du monde à l’époque de Philippe II, Herrera dressa avec minutie un tableau des débats menés par le comte de Luna durant le concile de Trente. Vid. Antonio de Herrera y Tordesillas, Primera parte de la historia general del mundo […], p. 525-528.
[169] Il s’agit de Gabriel III de la Cueva y Girón (Cuellar ca. 1515-Milan 1571). Vice-roi de Navarre entre 1560 et 1564 et gouverneur de Milan à partir de 1564 jusqu’à 1571.
[170] Vespasien Gonzague Colonna (1531-1591). Fondateur de la ville de Sabbioneda. Militaire, diplomate, littérateur mais aussi mécène et passionné d’architecture militaire. Sur ce personnage vid. Ugo Bazzotti, Daniela Ferrari, Cesare Mozzarelli, Vespasiano Gonzaga e il ducato di Sabbioneta : atti del convegno : Sabbioneta-Mantova 21-13 ottobre 1991, Academia nazionale virgiliana di scienze, lettere ed arti, 1993 ; Leandro Ventura, Il collezionismo di un principe : la raccolta di marmi di Vespasiano Gonzaga Colonna, F. C Panini, 1997 ; E. Asinari, Vespasiano Gonzaga Colonna, duca di Sabbioneta e cavaliere del Toson d’Oro, Sabbioneta, A Passo d’Uomo, 2001 ; Gian Claudio Civale, « La formazione e l’ascesa di Vespasiano Gonzaga Colonna, un principe italiano al servizio degli Asburgo », José Martínez Millán, Manuel Rivero Rodríguez (coords.), Centros de poder italianos en la monarquía hispánica (siglos xv-xviii), Madrid, Polifemo, vol. 1, 2008, p. 163-206.
[171] Antonio Ballesteros-Berreta (ed.), Historia general de los hechos de los castellanos en las islas y tierra firme del mar océano por Antonio de Herrera, Madrid, Real Academia de la Historia, 1936, p. XVII.
[172] Pour plus de précisions vid. Fernández Conti, Los consejos […], p. 128, n. 97.
[173] AGS, Cámara de Castilla, Personal, leg. 13, Antonio de Herrera, s. f.
[174] Herrera recevait aussi des informations sur l’état du royaume de France grâce à plusieurs correspondants résidant à Bordeaux. Londres, British Library (BL), Add. 28380, f. 18.
[175] Gonzague sollicita une place de contino pour son protégé à la cour. Il s’agissait de lui assurer un salaire et une situation qui lui permettraient de défendre au mieux les intérêts de son patron. Madrid, Instituto Valencia de Don Juan (IVDJ), envío 10, carpeta 18, f. 394, 8-X-1575.
[176] Madrid, IVDJ, envío 21, carpeta 30, f. 191, (1582) et IVDJ, envío 23, carpeta 35, f. 144, (XI-1583).
[177] Londres, BL, Add. 28380, f. 401, Relación de la fortificación de la ciudad de Pamplona, Fuenterrabía y San Sebastián y lo que se ha gastado en ello.
[178] Lettre de Vespasien Gonzague à Matheo Vázquez, Madrid, IVDJ, envío 10, carpeta 18, f. 460, Valence-Madrid, 16-V-1677 et Lettre d’Antonio de Herrera secretario de Vespasiano Gonzaga en su nombre, Londres, BL, Add. 28380, f. 401, s. l., s. d.
[179] À travers l’apprentissage de la prudence, elle faisait prendre conscience à son lecteur des nécessités du bon gouvernement, le transformant en conseiller capable d’orienter le prince dans ses choix.
[180] Sur cette soif d’acquérir des histoires manuscrites de la part des nobles espagnoles à la fin du xvie et début du xviie s. vid. Fernando Jesús Bouza Álvarez, Corre manuscrito. Una historia cultural del Siglo de Oro, Madrid, Marcial Pons, p. 248-261. Fabien Montcher, « La carta como taller historiográfico. Elaboración y circulación de materia genealógica entre Alonso López de Haro y Diego Sarmiento de Acuña (1608-1620) », Manuel Joaquín Salamanca López (dir.), La materialidad histórica : nuevos enfoques para su interpretación, Oviedo, Instituto de Estudios para la Paz y la Cooperación, 2011, p. 109-200.
[181] Sur la théorie de l’histoire chez Herrera vid. José María Iñurritegui, « Antonio de Herrera y Tordesillas : Historia y discurso político en la Monarquía Católica », Chiara Continisio et Cesare Mozzarelli (eds.), Repubblica e virtù : pensiero politico e Monarchia Cattolica fra xvi e xvii secolo : atti del convegno, ottobre 1993, Roma, Bulzoni, 1995, p. 121-150 ; Renaud Malavialle, « Temps, récit et vérité historique chez Antonio de Herrera y Tordesillas », Cahiers de Narratologie [En ligne], nº 15, 2008, mis en ligne le 14 décembre 2008, consulté le 23 novembre 2011. URL : http://narratologie.revues.org/698.
[182] Herrera reprend ici l’argumentation de Jean Bodin en faveur de cette classification vid. Anthony Grafton, What was history ? The Art of History in Early Modern Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 2007, p. 28.
[183] Antonio de Herrera y Tordesillas, « De los provechos de la historia. Que cosas y de quantas maneras del officio del historiador y de cómo se ha de inquirir la fe y utilidad y como se ha de escribir », Madrid, Biblioteca Nacional de España (BNE), ms. 3011, f. 141r-149v. Le manuscrit 3011 est une copie postérieure des traités qu’Herrera rédigea tout au long de sa carrière. Ce traité en particulier fut dédié à un des descendants du duc d’Alburquerque. Pour les originaux vid. Madrid, BNE, ms. 1035, f. 105. Il existe un autre manuscrit composé de 29 traités originaux, semblables pour la plupart au manuscrit nº 1035 conservé à la BNE. Celui-ci est conservé à la Fondation Lázaro Galdiano (Madrid), M 34-13, inventario 15092, ms. 177. Vid. Juan Antonio Yeves Andrés, Manuscritos españoles de la Biblioteca Lázaro Galdiano, Madrid, Ollero & Ramos, Fundación Lázaro Galdiano, t. I, p. 498-499. Le manuscrit comporte plusieurs traités n’apparaissant pas dans le manuscrit nº 1035 de la BNE et dans l’édition incomplète réalisée au début du xixe siècle par Juan Antonio de Zamacola (ed.), Discursos morales, políticos e históricos, Madrid, 1804.
[184] Antonio de Herrera y Tordesillas, « De los provechos de la historia […] ».
[185] Ibidem, f. 145v.
[186] Ibidem, f. 147r.
[187] Christian Jouhaud, Dinah Ribard et Nicolas Schapira, Histoire, Littérature, Témoignage. Écrire les malheurs du temps, Paris, Gallimard, 2009, p. 192.
[188] Chantal Grell, « Les historiographes en France xvie-xviie siècles », Les historiographes en Europe, Paris, Presses Universitaires Paris Sorbonne, 2006, p. 128.
[189] Enrique García Hernán, « La España de los cronistas reales en los siglos XVI y XVII », Norba. Revista de Historia, vol. 19 (2006), p. 129.
[190] Louis Marin, Le portrait du roi, Paris, Les éditions de minuit, 1981, p. 92 et Christian Jouhaud, Les pouvoirs de la littérature. Histoire d’un paradoxe, Paris, Gallimard, 2000.
[191] Id. J. A. Fernández-Santamaría, Natural Law, Constitutionalism, Reason of State, and War. Counter-Reformation Spanish Political Thought, volume II, New-York, Peter Lang, 2006.
[192] Juste Lipse fût nommé historiographe royal des Pays-Bas à titre honorifique tandis que Botero entretint des relations avec la cour de Savoie à Turin et en particulier avec l’infante d’Espagne Catherine Michelle qui s’était marié avec le duc Charles Emmanuel le 18 mars 1585. Richard L. Kagan, Clio and the Crown […], p. 125.
[193] Antonio de Herrera fut le premier historiographe qui articula la mémoire de Philippe II autour de l’image du roi prudent. Herrera remit à Philippe III un mémoire dans lequel il lui proposait plusieurs surnoms. L’objectif était que par le biais de ce surnom Philippe II s’inscrive au sein d’une tradition castillane visant à donner un surnom à ses rois. Je développerai cette affaire plus longuement dans un chapitre de ma thèse de doctorat. Vid, Madrid (AHN), Consejos, Cámara de Castilla, Consultas de Gracia, leg. 4416, expediente 101, año 1600.
[194] Fernando Bouza Álvarez, Imagen y propaganda. Capítulos de la historia cultural del reinado de Felipe II, Madrid, Akal, 1998.
[195] Richard L. Kagan, Lucrecia’s Dreams. Politics and Prophecy in Sixteenth-Century Spain, Berkeley, University of California Press, 1990.
[196] Richard L. Kagan, « Antonio de Herrera y Tordesillas and the Political Turn in the Oficial History of Seventeenth-Century Spain », dans Chantal Grell (dir.), Les historiographes en Europe. De la fin du Moyen Âge à la Révolution, Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2006, p. 277-296.
[197] Antonio de Herrera y Tordesillas, Historia de la guerra entre turcos y persianos escrita por Iuan Tomás Minadoy en quatro libros, començando del año de 1576 que fueron los primeros motivos della, hasta el año de 1585 ; traducida del italiano en castellano […], Madrid, Francisco Sánchez, 1588 et Advertencias que los Católicos de Inglaterra escrivieron a los Católicos de Francia, tocantes a las presentes revoluciones y cerco de París. Traduzido de lengua Francesa en Castellana […], Zaragoza, Lorenzo de Robles, 1592.
[198] Antonio de Herrera y Tordesillas, Historia de lo sucedido en Escocia y Inglaterra, en treinta e quatro años en que vivió María Estuardo, reyna de Escocia, Madrid, Pedro Madrigal, 1589 ; Informe en hecho y relación de lo que passo en Milán, en las competencias entre las juridiciones eclesiástica y seglar, desde el año de 1595 hasta el de 1598, Madrid, 1598.
[199] Louis de Mayerne Turquet, Histoire générale d’Espagne, Lyon, 1586.
[200] Madrid, Real Academia de la Historia (RAH), Colección Salazar y Castro, M-26, Compendio de la vida de Phelipe II por Juan de Idiáquez, f. 63-80 et Ibidem, M-42, Breve compendio y elogio de la vida del rey don Phelipe II de felicíssima memoria. Escritto en francés por Pedro Mateo chronista mayor del reyno de Francia y traducido en castellano. Con la muerte del príncipe don Carlos y causas della y los succesos de Antonio Pérez, f. 261-273v. Madrid, BNE, ms. 10818/29, Breve compendio y eloxio de la vida y hechos de Phelipe Segundo, rey de España y del nuevo mundo, con la muerte del Príncipe Carlos, su hixo. Compuesta en francés por Pierre de Piete, coronista del rey de Francia y traducida en español por cavallero castellano. Londres, BL, Add. 28708, Elogio y vida del rey don Phelipe 2, rey de las Españas con la muerte del príncipe don Carlos su hijo compuesto en francés por Pierres de Pietres, coronista del rey de Francia traducido en castellano por un caballero español. Paris, BNF, mss. españoles, nº 178 (1), Breve compendio y elogio de la vida de el rey Phelipe Segundo de España, escrita por Antonio Pérez su secretario. Attribué à tort à Antoine Pérez. Il s’agit seulement pour Morel Fatio de la traduction de la quatrième narration du livre premier de l’Histoire de France et des choses mémorables advenues aux provinces étrangères durant sept années de paix etc. de Pierre Mathieu, Paris, 1606. Cette version espagnole, comme l’indique Morel-Fatio dans son catalogue des manuscrits espagnols conservés à la Bibliothèque Nationale de France à été publié par Antonio Valladares de Sotomayor sous ce titre : Vida interior del rey D. Felipe II atribuida comúnmente al abad de san Real y por algunos al célebre español Antonio Pérez, su secretario de Estado, Madrid, 1788. Vid. Alfredo Morel-Fatio, Bibliothèque nationale. Département des manuscrits. Catalogue des manuscrits espagnols et des manuscrits portugais, Paris, Imprimerie Nationale, 1881, p. 65.
[201] Girolamo Franchi di Conestaggio, Dell’Unione del Regno Di Portogallo Alla Corona Di Castiglia, Gênes, Girolamo Bartoli, 1585.
[202] Antonio de Herrera y Tordesillas, Cinco libros de Antonio de Herrera de la historia de Portugal y conquista de las Islas de los Açores en los años 1582 y 1583, Madrid, en casa de Pedro Madrigal, 1591.
[203] Richard L. Kagan, Clio and the Crown […], p. 129-130.
[204] Alfredo Alvar Ezquerra, « Datos administrativos básicos inherentes al oficio de cronista real », Alberto Marcos Martín (ed.), Hacer historia desde Simancas. Homenaje a José Luis Rodríguez de Diego, Valladolid, Junta de Castilla y León, 2011, p. 46-47.
[205] Richard L. Kagan, Clio and the Crown […], p. 133.
[206] Xavier Gil Pujol, « Las fuerzas del rey […] », p. 1012.
[207] Madrid, Archivo Biblioteca Zabalburú (ABZ), carpeta 160, nº 54, consulte du 30-I-1596. Citada por Kagan, Clio and the Crown […], p. 127. Bien qu’il eût préparé le plan de l’histoire du règne de Philippe II, Garibay ne put réaliser son œuvre. Durant les dernières années de sa vie, il se concentra sur des travaux généalogiques et reçut de nombreuses critiques de la part de Juan de Mariana qui venait de terminer son histoire d’Espagne Ce plan a été étudié et édité par Richard L. Kagan, El rey recatado : Felipe II, la historia y los cronistas del rey, Valladolid, Universidad de Valladolid, 2004. Richard L. Kagan, Clio and the Crown […], p. 139-144. Sur la vie et l’œuvre d’Estéban de Garibay, je m’en remets aux études récentes d’Alfredo Alvar Ezquerra réunies sur le site web : http://www.proyectos.cchs.csic.es/h….
[208] Archivos de los duques de Alba (ADA), caja. 68187, Título de coronista mayor de las Indias para Antonio de Herrera, 1596. Herrera fut choisi parmi plusieurs prétendants à la charge tels qu’Esteban de Garibay et le chroniqueur aragonais Lupercio Argensola. Séville, Archivo General de Indias, Indiferente General, leg. 743, nº 209.
[209] AGS, Escribanía Mayor de Rentas, Quitaciones de Corte, leg-8-1 (primera parte), f. 368, 20-XII-1600. Vid. Alfredo Alvar Ezquerra, « Datos administrativos […] », p. 49.
[210] Antonio de Herrera y Tordesillas, Diez libros de la razón de estado. Con tres libros de las causas de la grandeza y magnificencia de las ciudades de Juan Botero, traduzido del italiano en castellano […], Madrid, Luis Sánchez, 1593.
[211] Richard L. Kagan : Clio and the Crown […], p. 100. Vid. Juan de Mariana, De rege et regis institutione libri III, Toleti, Petrum Rodericum, 1599. Vid. Harald E. Braun, Juan de Mariana and Early Modern Spanish Political Thought, Ashgate, 2007. La Primera parte de la vida y hechos del emperador Carlos quinto de Prudencio de Sandoval, marqua le début de la bibliographie produite par l’historiographie officielle sur la vie de l’empereur. Prudencio de Sandoval, Primera parte de la vida y hechos del emperador Carlos quinto max. Fortissimo […], Valladolid, Sebastián de Cañas, 1604
[212] Sur l’idée de l’actualité de la matière moyenâgeuse au début du xviie siècle en Castille vid. Fernando Jesús Bouza Álvarez, « Entre el archivo, la biblioteca y las prensas : modernos usos de médiévale letras », XII Jornadas de Estudios Históricos, Universidad del País Vasco (en ligne). Consulté le 12 juin 2011. URL : http://ehutb.ehu.es/es/serial/385.html.
[213] Baltasar Gracián, El Criticón, Santos Alonso (ed.), Madrid, Cátedra, 2007 (1ª ed. 1980), Crisi Sexta, « Estado del Siglo », p. 128.
[214] Julio Sánchez Gómez, Guillermo Mira Delli-Zotti et Rafael Dobado, La savia del Imperio. Tres estudios de economía colonia, Salamanca, Universidad de Salamanca, 1997, p. 180-181.
[215] Sanjay Subrahmanyam, « On World Historians in the Sixteenth Century », Representations, nº 91 (2005), p. 26-57.
[216] Juan Francisco Baltar Rodríguez, Las Juntas de Gobierno en la Monarquía Hispánica (siglos xvi-xvii), Madrid, Centro de Estudios Políticos y Constitucionales, 1998, p. 200.
[217] Madrid, Archivo Histórico Nacional (AHN), Consejos, Cámara de Castilla, Consultas de Gracia, leg. 4417, carp. 5, consulta nº 177, 7-XI-1605.
[218] Lettre d’Esteban de Garibay à Francisco González de Heredia, Madrid, 21-VIII-1599, Londres, BL, Egerton 337, f. 157.
[219] Richard L. Kagan, « Cartografía y comunidad en el mundo hispánico », Pedralbes : Revista d’historia moderna, nº 20 (2000), p. 11-36.
[220] José Luis Rodríguez de Diego, Instrucción para el gobierno del Archivo de Simancas (año 1588), Madrid, Ministerio de Cultura, 1989.
[221] Ibidem, p. 69.
[222] En tant qu’historiographe des Indes et de Castille, Herrera avait accès à une vision d’ensemble des affaires de la monarchie. Pour sa part le conseil des Indes régula dès 1571, par le biais d’une ordonnance royale, les prêts de documents accordés aux historiographes. Ibidem, p. 70.
[223] En ce qui concerne les règnes de Philippe III et Philippe IV, les archives des secrétariats des conseils n’ont pas été conservées. Seuls les documents relatifs aux décisions royales et aux transferts administratifs officiels ont été conservés aux archives de Simancas. Nous ne connaissons pas le type de travail qu’Herrera effectua sur ces sources. Celles-ci nous permettraient de connaître les différentes phases de négociations des affaires traitées par les conseils.
[224] Le 16 octobre 1597, pour un montant de quarante ducats, le conseil des Indes fit l’acquisition de l’Histoire de la Nouvelle Espagne du docteur Francisco Cervantes de Salazar (¿1514 ?-1575). Le manuscrit fut remit à Herrera afin qu’il puisse s’en inspirer pour rédiger sa chronique des Indes. Madrid, BNE, ms. 2011. Vid. Antonio de León Pinelo, « Índice general de los papeles del Consejo de Indias », Colección de Documentos Inéditos relativos al descubrimiento, conquista y organización de las antiguas posesiones españolas de Ultramar, 2ª serie, Madrid, Real Academia de la Historia, 1885-1932.
[225] Sur cet épisode vid. Patrick Williams, “The Ayala family and the development of the Archivo General de Simancas, 1546-1676”, Alberto Marcos Martín (ed.), Hacer historia desde Simancas. Homenaje a José Luis Rodríguez de Diego, Valladolid, Junta de Castilla y León, 2011, p. 856.
[226] Madrid, AHN, Consejos, Cámara de Castilla, Consultas de Gracia, leg. 4420, expediente. 177, año 1614.
[227] Les Cortes de Castilla, réunies à Madrid entre le 4 décembre 1611 et le 18 avril 1612, se plaignirent de l’état de la gestion des archives. Durant les sessions du 14 et du 28 janvier, les députés signifièrent leur mécontentement face à l’absentéisme du secrétaire-archiviste. Il ne faut pas oublier que pour les Cortes, Simancas était le lieu de conservation par excellence de la mémoire juridique et historique des privilèges et intérêts de la noblesse qu’elle représentait. Les Cortes avaient pour habitude de représenter les intérêts des oligarchies urbaines de Castille.
[228] Il occupa les charges de veedor et de proveedor liées à la construction et à l’entretien des sites royaux de Valladolid et de son district pendant plus de vingt ans. Il participa aussi aux travaux de construction du palais -monastère de l’Escorial. Il exerça durant quatre ans la charge de jardinier et durant deux autres années, celle de garde des jardins et des bois de l’Escorial.
[229] Il fut regidor de la ville de Salamanque. Son père et son oncle occupèrent respectivement la charge de guarda joyas et de guardaropa de Philippe II.
[230] Agé de trente ans, il disposait à cette époque d’une charge d’officier majeur dans les secrétariats du patronage royal, des ordres militaires et des décharges des seigneurs rois de Castille.
[231] De la même manière qu’Herrera, Mantuano revendiquait son expérience dans les affaires d’État auprès du connétable de Castille à Milan. Il mit en avant ses travaux comme censeur face aux polémiques qu’alimentèrent par exemple le père Mariana ou bien le cardinal Baronius depuis Rome. Selon Mantuano la figure de l’historien était alors inséparable de celle d’un homme de lettres formé au cœur de l’action politique ayant la capacité d’user d’une information récente au profit de la défense des intérêts de la monarchie. Madrid, AHN, Consejos, Cámara de Castilla, Consultas de Gracia, leg. 4420, expediente. 177, año 1614.
[232] L’accès des historiographes aux archives demeura rare à cette époque. La fonction principale de l’archiviste consistait à délivrer sous caution d’une cédule royale des copies de documents pouvant servir comme pièces à conviction lors de litiges juridiques touchants au patronage royal ou bien aux affaires privées des sujets du roi. Les historiographes collaborèrent avec l’archiviste et secrétaire de Simancas mais durent toujours passer par cet intermédiaire afin de consulter l’information qu’ils désiraient. Vid. José Luis Rodríguez de Diego, Instrucción para el gobierno […], p. 69. Fernando Jesús Bouza Álvarez, Del escribano a la biblioteca. La civilización escrita europea en la Alta Edad Moderna (siglos xv-xviii), Madrid, Síntesis, 1992, p. 88 et Richard L. Kagan : « The secret of Simancas », Alberto Marcos Martín (ed.), Hacer historia desde Simancas. Homenaje a José Luis Rodríguez de Diego, Valladolid, Junta de Castilla y León, 2011, pp. 439-444.
[233] Krysztof Pomian, « Les historiens et les archives dans la France du xviie siècle », Acta Poloniae Historica, nº XXVI (1972), p. 109-125.
[234] AGS, Cámara de Castilla, leg. 882, doc. 43, año 1604.
[235] Magdalena de Guzmán, marquise del Valle, et Ana de Mendoza furent les dernières prisonnières de la forteresse. Diego de Isla fut chargé en 1605 de surveiller ces prisonnières. Ibidem, p. 22.
[236] Ángel de la Plaza Bores, Archivo General de Simancas. Guía del investigador, Madrid, Ministerio de Cultura, 1992, p. 20
[237] Gaspar Morocho Gayo, « Una historia de Felipe III escrita por Pedro de Valencia », Juan Abellán Pérez (ed.), Homenaje al profesor Juan Torres Fontes, Murcia, Universidad de Murcia, 1987, p. 1141-1151.
[238] AGS, Estado-Estados pequeños de Italia, leg. 1494, doc. 97, El comendador mayor de León a 3 de abril de 1611. Sobre lo que contiene un memorial del coronista Pedro de Valencia.
[239] Santiago Martínez Hernández, Rodrigo Calderón. La sombra del valido. Privanza, favor y corrupción en la corte de Felipe III, Madrid, Centro de Estudios Europa Hispánica y Marcial Pons Histoira, 2009, p. 93.
[240] Par exemple, la Junta de noche (institution restreinte de consultation créée par Philippe II) disparut au profit de la réaffirmation du conseil d’État Antonio Feros, El duque de Lerma […], p. 119.
[241] Les autres historiographes, tels que Prudencio de Sandoval et Juan de la Puente se réunissaient au sein de leur congrégation religieuse hors de la cour ou dans les archives du nord de la péninsule. Leur but était de poursuivre l’écriture de l’histoire générale de l’Espagne depuis ses origines.
[242] En marge de son salaire, il perçut une somme supplémentaire. Jesús Paniagua Pérez, « Pedro de Valencia, cronista e historiógrafo oficial de las Indias (1607-1620) », Anuario de Estudios Americanos, t. LIII, 2, 1996, p. 242.
[243] Discurso sobre materias del Consejo de Estado dirigido a una persona que le pidió dictamen, Madrid, BNE, ms. 11160, s. f., s. l. f. 27r).
[244] Actas Cortes de Castilla, t. XXIV, p. 545-546, p. 555-556, p. 560-561. Vid. Grace Magnier, Pedro de Valencia and the Catholic Apologists of the Expulsion of the Moriscos. Visions of Christianity and Kingship, Leiden-Boston, Brill, 2010, p. 199-207. D’autres polémiques, telle l’affaire qui opposa Antonio de Herrera au comte de Puñonrostro au sujet de la mémoire de son ancêtre Pedrarias Dávila, ne seront pas abordées dans cette étude compte tenu du fait qu’elles ont déjà été étudiées. Vid. Bethany Aram, Leyenda negra y leyendas doradas en la conquista de América : Pedrarias y Balboa, Madrid, Marcial Pons, 2008, p. 34. Qui plus est, celle-ci sera bientôt l’objet d’un nouveau livre de Richard Kagan. Vid. Richard L. Kagan : Clio and the Crown […], p. 182-183.
[245] Plusieurs pasquins attaquant le valido apparurent sur les portes de l’Alcazar et à l’intérieur de la résidence royale. Fernando Bouza a relaté comment, à partir de cette affaire, se multiplièrent à la cour, entre les années 1608 et 1610, les contrôles dans les centres de production d’écriture madrilènes afin de trouver les responsables de cette attaque. Le poète Gabriel Lobo Lasso de la Vega et le chevalier Pedro Granada Venegas durent observer comment les alcaldes de la maison et de la cour du roi effectuèrent l’inventaire et expurgèrent leurs papiers pour apporter des preuves au procès de l’amiral. Vid. Antonio Rodríguez Villa, « Don Francisco de Mendoza, Almirante de Aragón », en Homenaje a Menéndez Pelayo en el vigésimo año de su profesorado. Estudios de erudición española, Madrid, Librería General de Victoriano Suárez, t. II, pp. 487-610.
[246] Lettre d’Antonio de Herrera y Tordesillas à Diego Sarmiento de Acuña, ¿ ?-Valladolid, 20-IX-1609, Madrid, Real Biblioteca de Palacio, II-2144, doc. 230.
[247] Dans son premier testament, signé le 15 décembre 1612, Herrera souligna qu’il avait restitué à Francisco Texada l’ensemble des papiers qui lui avait été transmis par le conseil de Castille et celui des Indes. Madrid, Archivo General de Protocolos Notariales Madrid (AGPM), P. 2846, f. 1565v. Au fil de la polémique qui l’opposa au comte de Puñonrostro, une des principales critiques lancées contre l’historiographe concernait la possession illégale de documents privés. Il est manifeste qu’Herrera prit en compte ces attaques en anticipant d’autres critiques. En tant qu’historien du passé récent, il prit conscience des limites qui résidaient entre son implication officielle dans l’écriture du passé récent de la monarchie et ses intérêts personnels à la cour.
[248] Fernando Jesús Bouza Alvárez, « Quién escribe dónde. Autoría y lucha política : los pasquines del Alcázar (1608) », Papeles y opinión. Políticas de publicación en el Siglo de Oro, Madrid, CSIC, 2008, p. 198
[249] Antonio de Herrera y Tordesillas, Información en el hecho y relación de lo que passo en Milán en las competencias, entre las juridiciones eclesiástica y seglar, desde el año de 1595 hasta el de 1598, Madrid, Luis Sánchez, 1609.
[250] Santiago Martínez Hernández, « Nobleza de Corte : Estrategias y lucha política durante el valimiento de los Sandoval », José Martínez Millán (ed.), La monarquía de Felipe III, La casa del Rey, Madrid, Fundación Mapfre, 2008, vol. 2, p. 524-581.
[251] Luis Cábrera de Córdoba, Relaciones de las cosas sucedidas en la Corte de España desde 1599 hasta 1614, Salamanca, 1997, p. 379.
[252] Cabrera maintint avec Herrera de nombreuses polémiques quant à leur perception de l’histoire, s’accusant mutuellement de plagiat et autres pratiques historiographiques douteuses. Luis Cábrera de Córdoba, Historia de Felipe II, José Martínez Millán et Carlos Javier de Carlos Morales (eds.), Valladolid, Junta de Castilla y León, 1998, p. 1052 et 1142.
[253] Madrid, AGPM, P. 2846, f. 1566r.
[254] AHN, Consejos, Escribanías de Cámara, Ayala, Pleitos, leg. 36211, carpeta 5.
[255] Santiago Martínez Hernández, Rodrigo Calderón […], p. 273.
[256] Cabrera de Córdoba décida de ne pas publier la deuxième partie de son histoire de Philippe II compte tenu du fait qu’il refusa d’y apporter des retouches concernant l’épisode aragonais. Bartolomé Leonardo Argensola fut le chroniqueur chargé de revoir son texte.
[257] Antonio de Herrera y Tordesillas, Relación y discurso histórico de los movimientos de Aragon. Sucedidos en los años de mil y quinientos y noventa y uno, y de mil y quinientos y noventa y dos y de su origen y principio, hasta que la majestad de D. Filipe II el Prudente rey nuestro señor compuso y quieto las cosas de aquel reyno, Madrid, Imprenta Real, 1612.
[258] Ibidem, p. 3.
[259] Id.
[260] Antonio de Herrera y Tordesillas, Los cinco primeros libros de los annales de Cornelio Tacito, que comienzan desde el fin del Imperio de Augusto, hasta la muerte de Tiberio. Traducidos de la lengua latina en castellana […] con una declaración de los nombres latinos, que en la lengua castellana no tienen significación propia, Madrid, Juan de la Cuesta, 1615. Il est fort probable que Calderon céda ses papiers de Pérez à Herrera, suite au voyage qu’il effectua à Paris.
[261] Plusieurs censeurs furent d’avis de ne pas autoriser la publication de la traduction d’Herrera, puisque les écrits de Tacite circulaient en forme manuscrite. Il n’y avait donc pas nécessité de leur faire plus de publicité. Vid. Madrid, BNE, ms. 13086, « Censura (anónima) sobre los Annales y Historias de Caio Cornelio Tacito para consultar si será bien imprimir en español su traducción. »
[262] Il s’agit de Juan de Acuña (Dueñas 1543-Madrid 1615). Fils du comte de Buendía et de Mariña de Dueñas. Il étudia le droit canon à l’université de Salamanque avant de devenir le recteur de cette université. Il siégea à la chancellerie de Valladolid (1578) en tant qu’oydor et réalisa plusieurs visites d’inspection à la chancellerie de Grenade ainsi qu’à l’audience de Séville. En 1587, il obtint une charge de conseiller au sein de la chambre de Castille. Il occupa la présidence du conseil des finances en 1602 pour ensuite passer à celle des Indes en 1609.
[263] AGS, Cámara de Castilla, leg. 1001, doc. 6.
[264] Ce document officiel était octroyé aux historiographes lorsque ceux-ci devaient s’absenter de la cour pour motifs personnels ou pour aller consulter des archives.
[265] Madrid, BNE, ms. 1035, nº 10, f. 51v, « Discurso y tratado que la felicísima Monarquía Castellana fue acrecentando su Imperio por los mismos modos que la República Romana. »
[266] Séville, Archivo General de Indias, Indiferente General, leg. 752. Vid. Jesús Paniagua Pérez, « Pedro de Valencia […] », p. 240.
[267] Antonio de Herrera y Tordesillas, Historia de lo sucedido en Escocia e Inglaterra, en cuarenta y cuatro años que vivió María Estuarda, Reyna de Escocia, Madrid, 1589, f. 12v. Vid. Antonio Feros, El duque de Lerma […], p. 63.
[268] Virgilio Malvezzi, Ritratto del privato político cristiano, Bologne, 1635.
[269] « Dans la routine des affaires, la rédaction de l’histoire du roi était inséparable de la rédaction des dépêches aux ambassadeurs et aux généraux et la recherche de Dieu par la prière presque collective. La rédaction de l’histoire du roi consistait à enregistrer les paroles et les actions qui exprimaient la volonté de Dieu. C’est une grande comptabilité des effets de la Raison Divine ou des actions glorieuses de Louis XIII, de ses ministres et de ses sujets. » Vid. Orest Ranum, « Richelieu, l’histoire et les historiographes », Roland Mousnier (dir.), Richelieu et la culture, Paris, CNRS, 1987, p. 128.
[270] Sur l’histoire de ces pratiques vid. Alfredo Alvar Ezquerra, « Problemas epistemológicos al historiar », Arbos, nº 633, 1998, p. 86.
[271] Antonio de Herrera y Tordesillas, Cinco libros de Antonio de Herera de la Historia de Portugal y conquista de las islas de los Açores, en los años de 1582 y 1583, Madrid, Pedro Madrigal, 1591.
[272] AGS, Cámara de Castilla, leg. 1066, doc. 24, año 1616.
[273] Carmen Manso Porto, Don Diego Sarmiento de Acuña, conde de Gondomar (1567-1626). Erudito, mecenas y bibliófilos, Xunta de Galicia, 1996, p. 339
[274] Pascual de Gayangos, Cinco cartas político-literarias de D. Diego Sarmiento de Acuña, Madrid, Sociedad de Bibliófilos Españoles, 1869, p. 99-117.
[275] Son attitude différait notablement de celle de Pedro de Valencia. Lorsque le conseil des Indes chargea Valencia de faire l’inventaire des papiers du jésuite Alonso Sánchez et d’émettre une opinion sur ses travaux concernant l’histoire de la Chine, Valencia jugea qu’une telle tâche incombait aux chroniqueurs du conseil de Portugal. Lettre de Pedro de Valencia donnant son opinion à propos du travail sur la chine et les îles Philippines écrit par le jésuite Alonso Sánchez, Madrid, 21-XII-1609, Londres, BL, Add. 13977, f. 114. Vid. Jesús Paniagua Pérez, « Pedro de Valencia […] », p. 245 et John A. Jones, « Pedro de Valencia en su correspondencia : carta y relación de unos papeles de Alonso Sánchez », Boletín de la Real Academia Española, nº 65-234, 1985, p. 142.
[276] Actas de Cortes de Castilla, Cortes à Madrid 1607-1611, t. XXIV, p. 486.
[277] AGS, Cámara de Castilla, leg. 841, doc. 17, 26-IV-1603.
[278] Mes propos s’inspirent de l’étude classique de Ciriaco Pérez Bustamante, El cronista Antonio de Herrera y la historia de Alejandro Farnesio, Madrid, Tipografía de Archivos, Olózaga, 1933 et G. M. Vergara, « ¿Qué délito cometió Herrera, En dónde nació este célebre escritor ? », Revista Contemporánea, t. CXVII, 1900, p. 491-493. Vid. José Javier Ruiz Ibáñez, “Le choix du roi. Les limites de l’intervention espagnole en France (1592-1598), La paix de Vervins (1598), Fédération des Sociétés d’Histoire et d’Archéologie de l’Aisne, 1998, p. 140.
[279] Ciriaco Pérez Bustamante, El cronista […], p. 9. Cabrera de Córdoba sollicita aussi des informations auprès du duc afin de compléter ces données sur les gouverneurs des Flandres.
[280] Ibidem, p. 12.
[281] Tous pensaient qu’Herrera faisait référence au projet d’alliance de Farnèse avec l’Angleterre d’Elisabeth I. Richard L. Kagan, Clio and the Crown […], p. 191.
[282] Ciriaco Pérez Bustamante, El cronista […], p. 13.
[283] Ibidem, p. 15.
[284] Madrid, AHN, Consejos, Cámara de Castilla, Consultas de Gracia, leg. 4417, carpeta 5, consulta 177, 7-XI-1605.
[285] Madrid, AHN, Consejos, Cámara de Castilla, Consultas de Gracia, leg. 4420, expediente 77, 193, 23-VI-1616.
[286] AGS, Cámara de Castilla, leg. 1078, doc. 169, année 1617.
[287] AGS, Cámara de Castilla, leg. 1116, doc. 55, année 1621.
[288] Antonio de Herrera y Tordesillas, Comentarios de los hechos de los españoles, franceses y venecianos, Madrid, Juan Delgado, 1624. Herrera termina la rédaction de ce livre en 1621 et le publia en 1624. Cette œuvre avait pour but de démontrer l’effet négatif de la politique française en Italie depuis les Vêpres Siciliennes de 1282, avec l’intervention de Charles d’Anjou et du Pape sur l’île, jusqu’à la paix de Cateau-Cambresis de 1559. Cette paix signifia le retrait de la France des territoires italiens durant la seconde partie du xvie siècle et parut consolider le pouvoir de la monarchie hispanique à l’intérieur de ses territoires. Les commentaires d’Herrera servirent à appuyer les manœuvres militaires menées depuis le Milanais vers la vallée de la Valteline en 1621. AGS, Estado, Milán y Saboya, leg. 1296, doc. 120, 22-IX-1604 et doc. 191.
[289] Herrera donna son avis sur les conditions relatives à la signature de la paix d’Asti entre Philippe III et le duché de Savoie. AGS, Estado, Milán y Saboya, leg. 1917, doc. 32-37, année 1617. Paris, BNF, ms. espagnols 336-13071, f. 206, 28-VIII-1596.
[290] AGS, Escribanía Mayor de Rentas, Quitaciones de Corte, leg. 8-1 (primera parte), f. 374, Madrid, 23-XII-1621.
[291] AHN, Códices, libro 771, “Compendio de las informaciones, compulsas de historias […] acerca de la vida y santidad de Alfonso VIII de Castilla y Toledo […]”. Je tiens à remercier le professeur Fernando Bouza pour m’avoir indiqué l’existence de cette référence.
[292] Renaud Malavialle, « Temps, récit […] ».
[293] Daniel Woolf, « News, history and the construction of the present in early modern England », Brendan Dooley, Sabrina Baron (eds.), The politics of Information in Early Modern Europe, Londres et New York, Routledge, 2001, p. 82.
[294] Alfredo Alvar Ezquerra, « La historia, los historiadores y el Rey en la España del humanismo », Imágenes Históricas de Felipe II, Alcalá de Henares, Centro de Estudios Cervantinos, 2000, p. 229.
[295] Elisabeth Wright, Pilgrimage to patronage : Lope de Vega and the Court of philip III, 1598-1621, Lewisburg-Londres, Bucknell University Press et Associated University Presses, 2001, p. 136.
[296] Lope était secrétaire du duc de Sessa. Il s’agît de Luis Fernández de Córdoba (1582-1642), sixième duc de Sessa (1605-1635). Il fut le principal mécène de Lope de Vega et l’un de ses principaux faire-valoir lorsque celui-ci tenta de faire son entrée à la cour comme serviteur officiel du roi. Vid. Teresa Valls, « Teatro y mecenazgo en el Siglo de Oro : Lope de Vega y el duque de Sessa », Aurora Egido, José Enrique Laplana (eds.), Mecenazgo y humanidades en tiempos de Lastanosa. Homenaje a Domingo Ynduráin, Zaragoza, Instituto de estudios altoaragoneses et Institución Fernando el Católico, 2008, p. 113-134.
[297] Il s’agit du 1er comte de la Roca (1583-1658), Juan Antonio de Vera y Zúñiga o Figueroa.
[298] « Pésame que el Embaxador (le livre) aya visitado a Antonio de Herrera, cuya circunspección remirada no se contenta más que de si misma, y he conocido de su arrogante ingenio que le pessa de que todas materias historiales no salgan de su bodega : oficina havia de decir […]. »
[299] Selon Fernando Bouza, le conseil de Castille assuma « dans une bien plus grande mesure qu’on ne le croyait jusqu’ici, la responsabilité des concessions de licence et privilège d’impression ». Le conseil mena sa propre politique de publication. Vid. Fernando Jesús Bouza Álvarez, Hétérographies. Formes de l’écrit au siècle d’or espagnol, Madrid, Casa de Velázquez, 2010, p. 92.
[300] Lettre de Lope de Vega a don Juan Antonio de Vera y Figueroa, Comte de la Roca, Madrid, mai-juin 1620, Lope de Vega Carpio, Epistolario, Agustín González de Amezúa y Mayo (ed.), Madrid, Aldus, 1943, pp. 204-205, t. IV. Finalement, l’affaire fut résolue lorsque le 2 juillet 1620 Herrera remit à travers sa censure un avis favorable à la publication du manuscrit de Juan de Vera. Le jésuite Diego Granado fut chargé par le vicaire général de l’archevêché de Séville d’émettre à son tour une autre censure (signée le 17 juillet 1617). Les deux censeurs reconnurent l’utilité politique du livre de Vera y Figueroa. Leurs censures furent publiées dans l’ouvrage de Vera, lequel à son tour fut dédié au roi Philippe III et parut à Séville en 1620. Vid. Juan Antonio de Vera y Figueroa, El enbaxador, Seville, Francisco de Lyra, 1620