Tous les articles par Revue Circe

Le culte d’Ammon à Athènes (Ve – IIIe siècle avant J.-C.) : chronique d’une intégration avortée ?

Elodie Matricon-Thomas

Résumé

La cité athénienne a accueilli de nombreux cultes étrangers au fil des siècles. Or, Ammon occupe une place particulière parmi eux, en raison de la chronologie originale de son intégration, rythmée en trois étapes. Après un premier temps au cours duquel les Athéniens prennent contact avec Ammon dans son sanctuaire de Siwah (Ve siècle avant J.-C.), le dieu est ensuite introduit sur le territoire de la cité athénienne, où il reçoit un culte public (durant le deuxième quart du IVe siècle avant J.-C.). Au tournant des IVe – IIIe siècles avant J.-C., celui-ci disparaît au moment même où se développe un culte associatif privé au Pirée, attesté jusqu’à la fin du IIIe siècle. Cette disparition prématurée, signe de l’échec de l’intégration du dieu, pose question.
Plusieurs éléments de réponse peuvent être avancés : l’absence de substrat ethnique, l’incapacité d’Ammon à assumer les nouvelles fonctions que lui ont attribué les Athéniens et enfin, un contexte politique devenu défavorable. Continuer la lecture de Le culte d’Ammon à Athènes (Ve – IIIe siècle avant J.-C.) : chronique d’une intégration avortée ?

Bucéphale, compagnon d’exception d’Alexandre : la construction d’un mythe

Emilie Glanowski

Résumé

Cet article, tiré d’un mémoire de Master 2, est consacré à l’exploration de l’image de Bucéphale. Dans un premier temps, il s’agit de tenter de restituer l’image du Bucéphale tel qu’il aurait pu exister. Puis, par l’analyse des différentes symboliques qui lui sont attachées dans les sources sur l’histoire d’Alexandre, ainsi que de ses multiples évolutions au cours du temps, il est possible d’analyser la construction d’un mythe servant la figure du jeune roi macédonien. Le couple Bucéphale-Alexandre constitue en effet une exception pour l’Antiquité. Plus qu’une simple monture, Bucéphale est un personnage à part entière et s’impose comme une figure centrale de l’épopée de son maître. Continuer la lecture de Bucéphale, compagnon d’exception d’Alexandre : la construction d’un mythe

La couleur du corps dans l’image médiévale : Le Missel de Troyes, Paris, B.n.F., Latin 818 (Vers 1060)

Marie Aschehoug-Clauteaux

Résumé

Ma recherche sur les couleurs du corps dans le manuscrit enluminé des Xe-XIIe siècles s’articule essentiellement autour de la couleur du nu et de son rapport avec la couleur du vêtement qui le recouvre. Le statut iconographique d’un personnage, que ce statut soit symbolique, social, religieux, moral ou purement formel et “plastique”, pourrait-il déterminer le choix de la couleur du corps ?… À ce sujet, le manuscrit qui fera l’objet de cette présentation, le Missel de Troyes, 1 originaire de la région de Champagne et datant du milieu du XIe siècle, est un témoignage extrêmement intéressant pour éclairer mon questionnement. L’ouvrage ne comporte que deux peintures, caractérisées toutes les deux par une palette réduite. Pourtant, la mise en couleur des personnages, le degré subtil de saturation de certaines nuances en fonction de la place qu’elles occupent dans l’image, et le système iconographique et chromatique qui y est mis en lumière ouvre des perspectives aux nombreuses questions et hypothèses que je pose sur la couleur du corps dans l’image médiévale.

1 Paris, B.N.F., Latin 818, Parchemin, 256 feuillets, 32,5 x 23 cm.

Continuer la lecture de La couleur du corps dans l’image médiévale : Le Missel de Troyes, Paris, B.n.F., Latin 818 (Vers 1060)

Ni vaine ni plaisante ? La matière de Bretagne et les chroniqueurs

Pierre Courroux

Résumé

La matière de Bretagne a souvent été présentée comme le lieu d’émergence d’un roman indépendant de l’historiographie, entre la fin du XIIe siècle et le début du XIIIe. Elle devient synonyme de mensonge pour bien des auteurs du Moyen Âge. Cela signifie-t-il pour autant que la matière de Bretagne puisse être considérée comme un marqueur fictionnel évident ? Nous voudrions montrer que l’assimilation entre matière de Bretagne, fabula, et conte plaisant, qui existe dès le Moyen Âge, n’est pas la seule position possible face à la matière de Bretagne : il existe une matière de Bretagne historique, contenue dans les chroniques, de Wace à Jean de Wavrin. Or, le premier topos de tout écrit historique médiéval est la quête d’une vérité de fait, qui semble s’opposer à l’utilisation traditionnelle de la matière de Bretagne. Quelle sélection les historiens font-ils dans la matière de Bretagne ? Par quels procédés insistent-ils sur la véracité d’une matière ailleurs considérée comme mensonge ? Continuer la lecture de Ni vaine ni plaisante ? La matière de Bretagne et les chroniqueurs

Les arcanes de l’historiographie au XVIème siècle, maïeutique de l’œuvre de Paolo Giovio?

Emmanuelle Pujeau

Résumé
Point de référence sur la question turque, Paolo Giovio se montra toujours très bien informé sur son époque et fin connaisseur de l’Histoire. Cependant, prétendre reconstituer ses sources relève de la gageure car il se montra d’une discrétion presque obsessionnelle sur l’origine de ses informations, livrant à ses lecteurs toujours le minimum qu’il pouvait. Pourtant, l’examen attentif de ses ouvrages et de sa correspondance révèle des pistes permettant de reconstituer dans une certaine mesure ses cercles relationnels. C’est par cette étude pratiquement épistémologique de son œuvre que l’on peut mettre au jour les constituants de son univers et pénétrer dans les arcanes de l’historiographie du XVIe siècle ! Continuer la lecture de Les arcanes de l’historiographie au XVIème siècle, maïeutique de l’œuvre de Paolo Giovio?