Darouèche Hilali Bacar
Résumé
Cet article porte essentiellement sur l’étude de Ḏâkirat li al-nisyân (Une Mémoire pour l’oubli, 1987, trad. 1994) et Nuǧûm arîḥâ (Etoiles sur Jéricho, 1993, trad. 2001), deux romans qui racontent respectivement l’histoire d’un personnage tourmenté et en exil, hanté par le rêve et la nostalgie, qui tente de renouer avec un passé douloureux. Le caractère autobiographique de ces deux ouvrages marque un tournant radical dans l’œuvre de leurs auteurs. Après avoir longtemps incarné la figure d’« auteurs militants », Mahmoud Darwich et Liana Badr changent de perspective narrative : ils adoptent l’écriture de soi, se livrent davantage aux lecteurs et partagent avec ces derniers le regard qu’ils portent sur l’histoire. L’article se propose d’analyser la particularité de cette écriture autobiographique à travers les similitudes entre les deux récits, tout en décelant la part de fiction. Cette analyse nous conduit, tout d’abord, à montrer la difficulté qu’il y a pour un individu, en quête de soi et d’un passé perdu, à traiter de la réalité historique. Nous verrons par la suite que l’un des rôles principaux de l’écrivain dans une société est d’être le gardien de la mémoire collective. Enfin, nous montrerons que la visée de l’auteur va au-delà d’une simple transcription de la Mémoire collective pour atteindre une dimension universelle de l’histoire.
Abstract
This article focuses on studying Ḏâkirat li-l-nisyân (Memory for forgetfulness, 1987) and Nuǧûm arîḥâ (Jericho’s stars, 1993) two novels, each one telling the story of a character tormented and exiled who finds himself in a constant dreamlike and nostalgic search of a lost past. The autobiographical nature of these two novels marks a turning point in the work of their authors. Indeed, after assuming the role of “militant writers” for a long time, Mahmoud Darwich and Liana Badr alter their views by revealing more of their personal feelings and experiences so as to bring the reader to share their own view on History. It is relevant to point out the specificities and similarities of these two autobiographical writings as well as the fictional elements they contain. First, we concentrate on studying how difficult it is for an individual to deal with historical events while searching for one’s own self and trying to recapture one’s lost past. This leads us to show that, in a society, the main role of the writer is to be the guardian of the people’s memory, a memory that do not only concern a particular community but that involves everyone in a universal history dimension. Continuer la lecture de Quand l’écriture du moi transcrit la Mémoire collective : à propos de Ḏâkirat li al-nisyân (Une Mémoire pour l’oubli) de Mahmoud Darwich et de Nuǧûm arîḥâ (Etoiles sur Jéricho) de Liana Badr →