Un microsystème de ponctuation : les notations didascaliennes dans les pièces pédagogiques de Gérard de Vivre (XVIe siècle)

Imprimer ou télécharger cet article

Susan Baddeley

Résumé
À travers l’exemple d’un système particulier de ponctuation mis en place par un auteur de pièces scolaires au xvie siècle, nous interrogeons à la fois l’usage de la ponctuation « ordinaire » de l’époque, et les efforts faits par les enseignants des langues vulgaires pour réduire le décalage important qui existait alors entre l’oral et sa représentation par les systèmes écrits conventionnels.

Abstract
Through this example of a micro-system of punctuation invented by a 16th-century author of school plays, we address the wider issue of the role of punctuation in the printed texts of the time, and we highlight some of the efforts made by schoolteachers at that time to reduce the gap between the spoken language and its written counterpart.

Née à Newcastle-upon-Tyne (Royaume-Uni), Susan Baddeley a étudié les langues modernes (français et russe) à l’Université d’Oxford. Titulaire d’un doctorat en Sciences du Langage obtenu à Paris III en 1991, elle intègre l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines en 1993. Elle est depuis 2010 directrice adjointe de l’Institut d’Études Culturelles, en charge des relations internationales. Ses travaux de recherche et ses publications portent essentiellement sur le xvie siècle français et francophone : histoire de l’orthographe et de la ponctuation du français, histoire de la grammaire française et de son enseignement en Angleterre, histoire de la traduction français-anglais. Sa dernière publication est un volume collectif, codirigé avec Anja Voeste de l’Université de Giessen : Orthographies in Early Modern Europe (Berlin, Walter de Gruyter, 2012)[1].


L’histoire de la ponctuation constitue, depuis quelques années, une approche féconde de l’histoire des textes et de leurs lecteurs[2]. Système de signes qui vient en renfort des signes alphabétiques, et qui remplit plusieurs fonctions à la fois – une fonction grammaticale, venant en appui de (ou à la place de) marqueurs grammaticaux[3] ; fonction syntaxique, permettant d’appréhender les articulations majeures du texte ; et enfin, fonction orale, facilitant la lecture à haute voix d’un texte selon un système gradué de pauses – le statut de la ponctuation pendant la période moderne reste néanmoins encore controversé[4]. Ces trois fonctions[5] sont incontestablement toutes présentes dans les systèmes de ponctuation des langues européennes ; cependant, le débat porte sur le fait de savoir si telle ou telle fonction a prédominé à telle période.

Il ne s’agit pas ici d’une problématique purement théorique : en effet, c’est une question qui intéresse directement tous ceux qui s’occupent de l’étude et de l’édition de textes anciens, et qui, devant une ponctuation qui leur semble aberrante ou, en tout cas, non conforme aux usages actuels, doivent prendre une décision parfois lourde de conséquences : moderniser ou non ? Il existe à ce sujet plusieurs écoles, dont certaines ont des positions très nettement tranchées et à première vue irréconciliables : préconisant soit la liberté totale de l’éditeur scientifique en la matière, soit recommandant le respect absolu de la graphie et de la ponctuation de l’original. André Tournon, en éditant Montaigne, a notamment mis en évidence les ravages que peut commettre un éditeur scientifique qui a la main un peu lourde, avec l’exemple des Essais et leurs avatars à l’époque contemporaine[6]. En même temps, peu d’éditeurs actuels sont favorables au maintien de la ponctuation (et de l’orthographe) d’époque, s’agissant du xvie siècle et des périodes antérieures, en raison de la difficulté de la lecture qui en résulte et qui restreint, de ce fait, le public qui pourra y accéder. Mais au-delà de ces considérations éditoriales et commerciales, la question se pose réellement de savoir quelle valeur accorder à la ponctuation d’un texte ancien et comment l’interpréter. S’agit-il d’un système (comme certains ont pu l’affirmer) qui notait surtout des pauses orales ? Ou s’agit-il plutôt déjà d’un dispositif « pour les yeux », dont le but est de montrer l’agencement syntaxique et sémantique du texte, dans le cadre d’une lecture silencieuse ? Et qui en est responsable : l’auteur, le scribe, ou l’imprimeur ? Ces questions sont, parfois, loin d’être anodines.

Alors que les manuscrits étaient, très souvent, peu ponctués, le passage du manuscrit à l’imprimé s’est accompagné de l’arrivée en masse de signes de ponctuation dans les textes. La plupart du temps, les auteurs restent étrangers à tout ce qui concerne la mise en texte de leur œuvre (choix de caractères, orthographe, ponctuation, mise en page…), tous ces aspects relevant, en général, des typographes et des maisons d’édition[7]. Les rares prises de position et initiatives à ce sujet émanant d’auteurs nous sont donc, à ce titre, précieuses, car la ponctuation d’un texte (tout comme son orthographe et sa mise en page) peut être porteuse d’indices utiles quant au public visé et aux modalités de sa transmission et de sa lecture. Elles permettent d’apporter des éléments dans un domaine où les connaissances sont, pour le moment, assez fragmentaires.

Le petit groupe de textes dont il sera question dans cet article[8], pour lesquels leur auteur avait inventé un système de ponctuation spécifique, méritait donc de retenir toute notre attention. Il s’agit de trois pièces de théâtre écrites par un maitre d’école gantois, Gérard de Vivre, qui tenait une école à Cologne où il enseignait le français à de jeunes Allemands. Ces pièces étaient destinées à être jouées dans le cadre d’un apprentissage scolaire de la langue française. À côté de la ponctuation « ordinaire » des textes de l’époque, qui est présente dans ces pièces, l’auteur introduit une série de sept signes particuliers qu’on peut qualifier de « didascaliens », destinés à faciliter le jeu des jeunes acteurs en leur fournissant des indications quant aux pauses à observer, au volume et au débit de la voix à adopter à tel ou tel moment de la pièce, pour améliorer leur performance et pour renforcer les jeux de scène. Ces pièces ont été imprimées à Anvers et à Paris en 1577-1578, puis, à partir de 1580, dans des recueils regroupant les trois pièces. Notre propos ici sera de décrire le fonctionnement de ces signes, mais aussi de tenter d’éclairer l’interaction entre ces signes et le système de ponctuation « classique », pour mieux cerner l’usage de ce dernier, dans ces textes théâtraux et dans les textes de l’époque de manière générale.

L’auteur : qui était Gérard de Vivre ?

On sait relativement peu de choses de l’auteur de ces textes. Nous ne connaissons ni la date de naissance de Gérard de Vivre, ni de manière certaine celle de sa mort (survenue avant 1597). L’essentiel des renseignements biographiques dont on dispose le concernant[9] a été rassemblé par Brigitte Hébert, dans la préface de son édition de la Grammaire et de la Briefue Institution de la langue françoise expliquée en aleman de De Vivre (Paris, Champion, 2006[10]). D’après les quelques renseignements qu’il fournit lui-même dans les préfaces de ses œuvres, on sait qu’il était natif de Gand, et que sa langue maternelle était le flamand. Il s’installa à Cologne en 1563, pour des raisons qu’il expose dans la préface de l’édition de ses Synonimes de 1565[11], adressée à Charles, fils du duc Guillaume de Juliers et de Clèves. Dans cette préface, De Vivre déplore la « malice du temps » responsable de la « dissipation de plusieurs sciences, arts et bonnes practiques[12] », et notamment « en ce temps ici, de la desolation des Pays Bas, lequel a quasi dégorgé et vuydé hors tout ce qu’il auoit de scauant, de bon et de subtil »[13]. De Vivre indique que ce sont ces évènements politiques et religieux qui l’ont poussé à quitter les Pays-Bas pour se réfugier à Cologne, ville libre de l’Empire, où d’après lui se sont « renduz plusieurs tant Marchands, gens Mechaniques, que de ceux qui font estat d’enseigner diuersité de Langages, & entre aultres aulcuns bons Maistres & Enseigneurs de ceste langue Françoise ». Les habitants de Cologne, selon lui, tenaient jusque-là la langue française en peu d’estime (« ceste langue Françoise, laquelle, auant ma venuë en ce Pays ici estoit tant estrange & incogneuë aux Habitans, que quasi n’en faisoient aucun compte. Voire aucuns estoient si temeraires & stupides de le mespriser & vilipender »), et on devine qu’il eut du mal à s’imposer sur place. Cependant, il finit par convaincre les Colognois de « la grande vtilité, que peult amener à vne Republique, vn, ou plusieurs langages, estants deuement enseignez à la Ieunesse » : autrement dit, de l’intérêt du plurilinguisme pour la conduite du commerce dans cette grande cité marchande devenue plus cosmopolite par l’afflux de réfugiés. De fait, il y installa à partir de 1564 une école pour l’enseignement du français aux fils des marchands de la ville. Le français servait alors d’interlangue de communication entre les commerçants de Cologne et ceux de la France toute proche, mais aussi entre marchands d’autres pays. Ces bourgeois négociants avaient en outre le souci de faire apprendre le français à leurs fils non seulement en raison de ses applications pratiques, mais aussi en raison du statut social de la langue française en tant que langue de culture et de prestige.

Le Universal Short-Title Catalogue (USTC)[14] liste 35 éditions connues de Gérard de Vivre. Comme nous le verrons, De Vivre n’a pas enseigné seulement la grammaire et le français pratique (dialogues de situation, vocabulaire du commerce, rédaction de documents et de correspondance professionnels utiles aux marchands), mais aussi un français plus littéraire. Dans la préface de ses Douze dialogues et colloques[15], il insiste sur la difficulté particulière que présentait l’enseignement de la langue française à des germanophones :

Parauant, sembloit à d’aucuns (& principalement aux Hauts Alemans) fort difficile, confuz et malaisé à entendre & apprendre. Ce que i’en dis, n’est pas par coniecture […], car i’ay esté le premier, qui ait monstré la Langue Françoise aux Hauts Alemans, & à mon aduis, il n’y à Nation en toute l’Europe, à qui il soit plus difficile d’enseigner ceste Langue (pour la grande difference qu’il-y-a, entre le vray Haut Aleman, & le naif Francois) qu’à ceux là[16].

De Vivre avoue avoir eu un peu de mal au début (« aucuns estoient si temeraires & stupides de le [= le français] mespriser & vilipender »), mais il ne renonce pas à son idée, et publie en relativement peu de temps toute une série d’ouvrages en lien avec son activité. Le premier ouvrage que nous ayons de lui est l’édition de ses Synonimes, parue à Cologne en 1565, suivie peu de temps après par une Grammaire en 1566[17], faite sur le modèle des grammaires latines, rédigée en allemand et publiée également à Cologne[18]. Cette dernière constitue le premier ouvrage systématique d’apprentissage du français paru en langue vernaculaire sur le sol allemand[19]. En 1568 parait une Briefue Institution de la langue françoise[20], en français et en allemand, et des recueils de lettres-types, Lettres Missives, à partir de 1576[21]. Toutes les éditions bilingues français-allemands furent publiées à Cologne, et s’adressaient en priorité à ses élèves ; les autres, publiées à Anvers ou à Rotterdam, grandes cités marchandes, venaient alimenter le stock grandissant d’ouvrages pratiques destinés à des populations – et non seulement des marchands – de plus en plus avides d’apprentissage de langues vivantes étrangères[22].

À partir de 1573, on voit apparaitre sous son nom de petits recueils de dialogues français-flamands[23], imprimés à Anvers, puis vers la fin des années 1570 une série de trois « pièces pédagogiques », qui sont les pièces dans lesquelles il utilise le microsystème de ponctuation qui nous concerne ici. Comme le dialogue[24], la pièce scolaire destinée à être jouée dans le cadre de l’apprentissage d’une langue étrangère est également un genre très bien représenté au xvie siècle. On sait que Montaigne apprit à jouer des tragédies latines au Collège de Guyenne à Bordeaux. Et, comme le signale Charles Mazouer[25], les Jésuites utilisaient beaucoup les pièces de théâtre (souvent d’inspiration religieuse) comme moyen d’enseignement des langues. Les Jésuites avaient justement installé leur premier collège sur le sol allemand à Cologne dès 1544, et on pourrait peut-être voir dans l’initiative de De Vivre une volonté de reproduire dans sa propre école le modèle de ce type d’enseignement, dont l’efficacité avait été prouvée.

 Les Comédies

 De Vivre composa et fit publier trois pièces de théâtre qu’il avait fait jouer par ses jeunes élèves de Cologne. Toutes les trois sont qualifiées de « comédies » puisque, d’après leur auteur, elles « traitent coustumierement de choses basses, communes & moyennes, de personnages de basse, populaire & moyenne condition, de mariages, d’amours & de festins[26] », bien que les thèmes et la tonalité soient assez différents d’une pièce à l’autre. La Comedie de la Fidelité nuptiale s’inspire de la Commedia dell’Arte italienne, avec des personnages-types convenus : une jeune épouse qui croit que son mari est mort et se fait courtiser par un autre, le mari qui réapparait, des serviteurs facétieux. L’intrigue est mince, et les effets comiques proviennent essentiellement d’une comique de situation et d’action, fondée sur des quiproquos (situations mal comprises, messages mal interprétés) et de nombreux lazzi. La Comedie des amours de Theseus et Dianira, moins franchement comique (mais qui se solde par une happy end), s’inspire du genre du roman grec ancien (narration en prose relatant les aventures mouvementées de deux personnages fictifs, dont l’exemple le plus connu est sans doute Daphnis et Chloé de Longus). Elle relate les épreuves de deux jeunes gens qui s’aiment, que le destin sépare, et qui se retrouvent après de nombreuses péripéties (erreurs sur l’identité, Theseus qui croit que Dianira aime un autre, etc.). Enfin la troisième pièce, Du Patriarche Abraham et sa servante Agar, se base sur un épisode biblique de l’Ancien testament. On pourrait y voir un écho de la pièce de Théodore de Bèze, Abraham sacrifiant de 1550 (mais qui est, elle, une tragédie[27]).

La première pièce imprimée semble avoir été la Comedie de la Fidelité nuptiale, dont la dédicace, « A Monsieur T. M. marchand, demeurant à Colongne, mon tres-cher compere & bon amy » est datée du 14 avril 1577[28]. Il s’agit de la toute première comédie à l’italienne publiée en français en imitation des pièces des comédiens italiens nouvellement installés en France, au cours des années 1570[29]. Dans une longue préface « Aux Lecteurs », De Vivre explique que ses disciples jouent depuis cinq ou six ans des pièces, « qui desia passé long temps ont esté composez par moy, & ce en faueur de la ieunesse »[30]. « Il n’y a meilleur moyen », poursuit-il, « pour rendre les ieunes gens (qui communement sont honteux en parlant) hardis & prompts en toutes langues, [pour leur enseigner à parler distinctement, à se tenir droits, à euiter toutes mauuaises coustumes & mœurs indecentes, à estre modestes] que cestuy-la »[31]. Ces comédies ont effectivement toutes une portée morale, qui est mise en avant plus explicitement dans les titres augmentés des pièces dans le recueil collectif de 1580[32] : « Des Amours pudiques et loyales de Theseus et Dianira. De la Fidelité nuptiale d’une honeste Matrone enuers son mari et espoux. Du Patriarche Abraham et sa seruante Agar. Le Tout pour l’utilité de la ieunesse et vsage dans les écoles françoises ». De Vivre quant à lui souligne l’aspect du « théâtre miroir de la vie » dans une envolée lyrique qui n’est pas sans rappeler Shakespeare[33] :

Et quand tout est dict nostre vie, en ce bas val de miseres, n’est autre chose qu’vne Comedie, laquelle (selon l’estat & condition que nous tenons en nostre vocation) nous commençons, iouons & paracheuons, durant le cours de ceste vie mortelle, chascun à l’aduenant du personnage qu’il représente, & du rolle qu’il doit iouer[34].

La deuxième pièce, Comedie des amours de Theseus et Dianira[35] est dédiée à Peter Heyns, célèbre pédagogue qui exerçait à Anvers, où il tenait une école française très réputée, pour des filles de bonne famille. Heyns lui-même écrivait de la poésie et, à l’occasion, des pièces scolaires[36]. La dédicace est datée du 24 mai 1577.

La troisième et dernière pièce[37], Du Patriarche Abraham et sa servante Agar, est tirée d’un épisode de la Genèse (16, xxi). Sarah, la femme d’Abraham, longtemps demeurée stérile, encourage l’union de son mari avec sa servante égyptienne Agar. Une intervention divine donne finalement un enfant légitime (Isaac) aux époux – ce qui entraine le bannissement d’Agar et de son fils Ismaël dans le désert, où des anges les sauveront de la mort. Même si De Vivre qualifie cette œuvre de « comédie », elle serait plutôt une tragi-comédie. Des trois pièces, elle est la moins réussie. D’ailleurs, les pièces de manière générale sont d’une qualité littéraire plutôt médiocre. Charles Mazouer émet le verdict suivant, sans appel : « Le théâtre de Gérard de Vivre ne se recommande à la postérité ni par la vigueur de sa pensée, ni par l’adresse de sa dramaturgie, ni par la qualité de son style[38]» ; cependant, l’intérêt principal de ces pièces ne réside pas dans leur qualité littéraire, mais plutôt par leur valeur de témoignage : elles constituent à bien des égards des innovations dans le paysage théâtral d’expression française qui était en train de se développer[39].

Comme ces textes sont entièrement en français, De Vivre les confia non pas à ses imprimeurs habituels de Cologne, mais à des imprimeurs anversois et parisiens. Il est également possible qu’il ait fait ainsi parce qu’il voulait que ses pièces puissent avoir un écho plus large, dans les pays francophones. Elles ont connu un certain succès, dont témoignent leurs rééditions, ainsi que leur publication sous forme de recueil. Cependant, la plupart des éditions furent publiées aux Pays-Bas[40], ce qui laisse penser que leur public était, pour l’essentiel, le milieu scolaire et les nombreuses écoles de français qui existaient dans la région[41]. Les enseignants de français aux Pays-Bas se livraient d’ailleurs une guerre sans merci, dont certaines préfaces font l’écho, pour imposer leurs publications dans ce marché en pleine expansion[42].

Les signes didascaliens

 Au début des deux pièces La Fidelité nuptiale et Theseus et Dianira, après la liste des dramatis personae, De Vivre donne la liste de sept signes qu’il emploie « dans toutes [ses] Comedies ». Aucun autre dramaturge (ni autre auteur) n’a, à notre connaissance, utilisé ce système, qui semble être entièrement original, et De Vivre n’a pas non plus employé ces signes dans ses autres ouvrages. La liste est reproduite en Figure 1.

1[Figure 1 : Liste des signes didascaliens]

 De ces sept signes, six servent à donner des indications concernant la voix des acteurs (pauses, volume, débit) ; le septième est le seul qui indique un mouvement sur scène, « vn pourmenement par tout le Theatre ». Et, sur les six signes « de la voix », trois indiquent des pauses graduées de un à trois (l’auteur précise que « chacune pause vaut vne reprise d’haleine »), un autre indique le volume (« ceci signifie parler bas ») et les deux restants indiquent le débit : « parler plus viste que le reste », « parler plus lentement que le reste ». Si l’on peut considérer qu’il existait déjà dans la typographie de l’époque des signes de ponctuation correspondant à des « pauses » (mais nous reviendrons, bien sûr, sur cette notion), aucun signe de ponctuation ne permettait en revanche d’indiquer le volume ni le débit de la voix. Quatre signes sur les sept sont donc entièrement sans correspondant dans les systèmes de l’époque[43]. En dehors de ces signes particuliers, les textes sont ponctués tout à fait « normalement », selon les usages de l’époque : les signes en présence sont le point, la virgule, les deux-points (peu utilisés), les points d’exclamation et d’interrogation, et les parenthèses rondes.

On peut s’interroger brièvement sur l’aspect graphétique[44] de ces signes, et leur origine. On ne sait si l’auteur est à l’origine du choix des caractères pour ces signes didascaliens, ou s’il en a laissé le choix à son imprimeur, en fonction de ce que celui-ci possédait dans sa casse. Bien que nous n’ayons pas d’image contemporaine d’une casse d’imprimerie de l’époque où De Vivre publiait ses pièces[45], la représentation d’une casse dans les planches d’accompagnement de l’Encyclopédie de Diderot (1762)[46] laisse penser que ces signes auraient pu être choisis en raison de leur proximité dans la casse : en effet, comme on peut le constater, cinq de ces signes se trouvent regroupés dans le quart supérieur droit de la casse, dans les quatre rangées du bas ; un sixième (l’astérisque) se trouve isolé dans le quart supérieur gauche, à la ligne du bas.

2[Figure 2 : Casse d’imprimerie de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert (1762)]

 De Vivre n’avait pas voulu, semble-t-il, créer de nouveaux signes (ce qui aurait été couteux pour son imprimeur), mais a réutilisé des signes qui existaient déjà dans la casse. Ces signes étaient employés dans d’autres fonctions dans la typographie de l’époque, et n’avaient à priori aucun lien avec la fonction à laquelle ils sont associés ici. Cependant, il se trouve que tous ces signes avaient, anciennement, des fonctions pour le commentaire critique des textes[47] : on peut donc se demander si leur choix est entièrement le fruit d’un hasard.

Parmi ces sept signes, le seul à n’avoir plus aucune fonction en dehors d’une fonction décorative à l’époque est celui de la feuille de lierre (hedera) š : qui est, comme par hasard, le seul signe de ce répertoire n’ayant aucun rapport avec la voix. Dès l’Antiquité, des signes en forme de feuille de lierre stylisée étaient parfois utilisés comme séparateurs entre les mots ; cependant, il s’agit là d’un usage très ancien[48].

De même, un signe en forme de croix carré avait été utilisé anciennement pour le punctus, signe de ponctuation forte, par les premiers imprimeurs[49], mais n’avait plus cours dans cette fonction à l’époque de De Vivre : le punctus avait déjà acquis la forme ronde de notre point final. La croix représente ici une pause « ordinaire ».

Le crochet carré représentant deux pauses dans le système de De Vivre était utilisé parfois comme simple variante des parenthèses rondes. Cependant, comme le note Estienne Dolet dans De la punctuation de la langue francoyse[50] :

 On trouue aussi ces demys cercles [= les parenthèses rondes] aulcunesfoys doublés : & ce sans force de parenthese. Ilz se doublent doncq’ ainsi [   ] ou ainsi {  } Et lors en iceulx est comprinse quelque addition, ou exposition nostre sur la matiere, que traicte l’Autheur par nous interpreté. Mais le tout (comme i’ay dict) se faict sans efficace de parenthèse (1540 : 23).

Il s’agit donc ici d’un signe de critique textuel, signalant l’intervention d’un éditeur sur le texte, et qui existe encore dans les pratiques éditoriales actuelles[51].

Le signe en forme d’étoile, l’astérisque (Ö), valant ici une triple pause, était employé anciennement pour noter une omission, le texte de l’omission étant fourni dans la marge, en face du signe. Par la suite, il fut adopté comme signe de renvoi, comme dans notre usage actuel.

Le pied de mouche (¶) ou paragraphus s’est développé à partir de la lettre C (pour capitulum « chapitre »), traversée d’un trait vertical (₵). Ce signe était employé dans les manuscrits et dans les imprimés anciens pour indiquer un début de paragraphe ou de section (d’un texte)[52].

Le signe actuel du paragraphe (§) servait également pour marquer le début d’un paragraphe ou une section de texte[53].

Enfin, les guillemets doubles (  ; à l’origine, signe double appelé diplè) étaient placés dans la marge pour attirer l’attention du lecteur sur un élément notable du texte[54]. Pendant le Moyen âge, ils servaient surtout à souligner, dans un texte, des passages extraits des Écritures Saintes, ou particulièrement dignes d’intérêt. Ils ont été repris dans cette fonction par les imprimeurs, et on les trouve, par exemple, dans le Champ Fleury de Geofroy Tory de 1529, servant à mettre en valeur des passages notables. Comme ces passages correspondaient le plus souvent à des citations d’autorités, il y a eu un glissement de l’usage, et l’usage des guillemets s’est spécialisé ensuite dans la fonction de notation du discours direct[55]. Il est intéressant de voir la présence de ces guillemets doubles dans des pièces de théâtre de Jacques Grévin (Cesar, Les Esbahis, La Tresoriere[56]) ou de Robert Garnier, qui sont un peu antérieures à celles de De Vivre : placés dans la marge de gauche, ils mettent en valeur les « sentences » ayant valeur d’enseignement moral, voire même le statut de proverbes[57].

La distribution de ces signes dans les pièces n’est pas uniforme. Leur fréquence varie, d’abord, d’une pièce à une autre. Dans la Fidelité Nuptiale, pièce inspirée de la Commedia dell’arte, il y a de nombreux jeux de scène qui s’appuient sur des variations de la qualité de la voix : certains personnages parlent bas pour ne pas être entendus des autres, d’autres parlent vite sous l’effet de l’émotion, et il y a des effets comiques fondés sur le contraste des voix (un personnage parle fort, l’autre doucement). Par conséquent, ces signes sont bien représentés dans cette pièce, alors que la pièce Abraham et Agar présente une densité bien moindre de ces signes : il y a dans cette dernière moins d’action et moins de jeux de scène. Cependant, la répartition peut aussi être très variable à l’intérieur même des pièces : on peut passer des pages et des pages sans tomber sur aucun des ces signes particuliers, puis tomber sur des pages entières où les signes sont très denses, comme celle reproduite à la Figure 3, qui ne comporte pas moins de dix-huit occurrences.

3Figure 3 : page de la Fidelité Nuptiale (1577)

Matériellement, les signes de débit et de volume (§,  , ¶) se placent dans la marge extérieure de la page et peuvent encadrer des portions de texte qui s’étalent sur plusieurs lignes, alors que les signes-pauses se trouvent typiquement à l’intérieur du texte, et se placent en général après un signe de ponctuation « classique » (point, virgule, deux-points, point d’exclamation et d’interrogation, parenthèses rondes).

Dans le recueil regroupant les trois pièces réalisé par Antoine Tyron en 1580[58], on constate quelques changements (mais pas beaucoup) dans la ponctuation « ordinaire » des pièces et dans le placement de ces signes spéciaux. En revanche, les signes spéciaux ont des formes différentes[59]. Quelques signes pour parler bas / vite / lentement ont également été rajoutés.

Valeur des signes-pauses

Les « signes-pauses » sont avant tout des repères techniques pour aider les jeunes acteurs (non francophones, de surcroit) à mieux « respirer » leur texte et à éviter un débit trop rapide et inintelligible (J. P. Ryngaert, op. cit., parle de « frein au néophyte trop pressé »). Ils permettent aussi de ménager un certain nombre d’effets dramatiques ou comiques liés à l’intrigue, de venir renforcer certains jeux de scène, ou de souligner les émotions ressenties par les personnages. La répartition de ces signes est présentée dans le Tableau 1.

4[Tableau 1 : Relevé des signes particuliers dans les trois pièces de Gérard de Vivre]

L’accumulation de signes marquant une pause courte permet parfois d’obtenir l’effet d’un texte « haché », correspondant par exemple au rythme haletant du personnage qui vient de se faire agresser (et de recevoir un seau d’eau sur la tête), dans la Fidelité nuptiale (Acte 3, scène 5) :

Ascanio : Qu’est cecy ? [ voire, … voicy bien de la matiere, pour auoir peur, [ d’estre frappé, … d’estre mocqué, d’estre tiré par les iambes, … douyr chanter, rire & parler, douyr ouurir les fenestres & les portes … d’estre mouillé d’eau, & de ne voir personne cy aupres, c’est assez pour perdre patience […].

Comme l’a souligné Jean-Pierre Ryngaert (1972 : 195)[60], le signe de la « triple reprise d’haleine » (Ö) est encore plus productif de ce point de vue, puisqu’il permet d’accompagner plusieurs types de jeu théâtral : marquer un changement de ton ou une reprise après une digression, regarder un interlocuteur, attendre une réponse qui ne vient pas, ou maitriser une émotion forte, comme dans cet extrait de la même pièce (Acte 4, scène 5) :

Palestra : […] L’apprehension seulement des maux qui me menassent, me fait trembler de sorte que ie ne sçay quasi ce que ie fais ou dis. Ö Ie sens de si estranges altercations [sic] & changemens en moy, que ie ne sçay que cela veut dire. Ö Il vaut mieux, que ie me retire vn peu en ma chambre, en attendant que Monsieur mon pere vienne […].

Les signes « parler plus vite que le reste » () sont assez rares (ce qui n’est pas surprenant, si le premier souci de De Vivre était de freiner la fougue d’élèves peu habitués à s’exprimer en français, et de s’assurer que le public les comprenne), et correspondent à une précipitation du personnage (résumant rapidement des faits déjà connus, ou pressé de partir), ou encore à une émotion vive, comme celle du mari qui retrouve sa femme après une longue séparation. Un débit lent, en revanche, accompagne typiquement des passages empreints de pathos : les adieux, les pleurs, les lamentations sur son sort, les méditations d’ordre philosophique.

Quant aux signes « parler bas » (¶), ils figurent à plusieurs reprises dans la Fidelité nuptiale : lorsqu’un personnage voit arriver un autre qu’il veut éviter ; pour ne pas se faire entendre d’un autre personnage ; ou de nuit, pour ne pas réveiller ceux qui dorment :

 Chares : Ha m’amie, dites moy vn peu.

Pardelisca : Parlez bas, car Madame ne ¶

dort point : elle vous entendroit parler[61].  ¶

Ces « effets de voix » sont certes parfois un peu rudimentaires et prévisibles, et peuvent prêter à sourire de nos jours par leur côté naïf et convenu. Cependant, De Vivre a mis beaucoup de soin à les marquer de manière cohérente dans le texte de ses pièces, et ils devaient être d’un réel secours aux apprentis acteurs, leur permettant de dire leur texte non pas d’une manière plate, mais de donner un sens à leurs paroles en une langue étrangère : aussi bien pour eux que pour leur public, composé aussi vraisemblablement de non-francophones[62].

Les signes de De Vivre et la ponctuation ordinaire

La question reste maintenant de l’articulation entre les signes-pauses spéciaux et la ponctuation ordinaire des textes selon le système tripartite en vigueur, composé de la virgule, des deux-points et du point final. En effet, dans un article de 1998, Jacques Lemaire[63] estimait que les signes-pauses spéciaux rajoutés par De Vivre « n’ajoutent rien de neuf au régime des ponctèmes en usage à la fin du xvie siècle»[64], et que « l’auteur-pédagogue adjoint au code existant un nouveau système de signes, sans toutefois éliminer les éléments inutiles ou inefficaces du premier. Ce faisant, il contribue à embrouiller la situation plutôt qu’à l’éclaircir, et verse volontiers dans des redondances préjudiciables à la bonne interprétation du texte »[65]. J. Lemaire donne, pour appuyer sa démonstration, l’exemple d’un passage chez De Vivre où les ponctèmes classiques « devraient suffire à indiquer la répartition relative des arrêts de la parole ».

Tout cela revient à dire que Lemaire considère que ce qu’il appelle le « régime des ponctèmes de la fin du xvie siècle » avait pour fonction essentielle, voire unique, d’indiquer des pauses de l’oral, et cela selon un système de gradation (virgule – deux-points – point). Cela reviendrait aussi à dire que l’auteur de ces pièces – pourtant pédagogue – ne savait pas ce qu’il faisait, et que ces « erreurs » ont été bêtement répercutées au fil des rééditions.

Mais testons donc cette hypothèse. Si le système de ponctuation « ordinaire » de ces éditions de De Vivre (point, deux-points, virgule) indique déjà des pauses, et que les signes qui sont rajoutés à côté de ces points traditionnels indiquent également des pauses, on pourrait dans ce cas s’attendre à ce qu’il y ait, sans que les deux systèmes coïncident tout à fait, au moins une très grande convergence entre les usages des deux systèmes, et que les mêmes signes didascaliens viennent « doubler » régulièrement les mêmes points : autrement dit, que l’étoile (la pause la plus longue, qui vaut trois reprises d’haleine) vienne doubler le point final, le crochet carré les deux-points, et la croix la virgule. Or, le relevé systématique des deux séries de points dans l’ensemble des pièces (Tableau 2) permet de constater qu’il y a convergence jusqu’à un certain point, mais qu’elle est loin d’être systématique.

5[Tableau 2 : Relevé des signes de ponctuation et des signes spécifiques]

Si l’étoile, qui représente la triple pause, se trouve en effet le plus souvent associée à un point final, elle peut également se trouver associée aux deux-points, même si les occurrences ne sont pas très nombreuses (un peu plus de 12% dans la Fidelité nuptiale). En revanche, pour les deux autres signes, le crochet carré et la croix, les résultats sont beaucoup plus nuancés. Tout comme l’étoile, le crochet carré suit aussi majoritairement un point final, un point d’interrogation ou d’exclamation (71% des cas), censés représenter la « pause » la plus forte. On aurait pu s’attendre à ce que le signe de pause « moyenne » du crochet carré soit plutôt associé aux deux-points ; or, ce n’est le cas que dans 12% des occurrences. Et, s’agissant enfin de la croix, signe de pause la plus brève, son usage est loin de coïncider avec le signe supposé le plus faible dans le système traditionnel, à savoir, la virgule (34% des occurrences). Au contraire, dans plus de la moitié des cas, la croix vient aussi après un point final. Même si le nombre d’occurrences des trois signes spéciaux associés aux points traditionnels reflète une certaine gradation dans les pauses, les deux usages ne se recouvrent que partiellement : ce qui semble apporter un démenti à l’idée que les signes traditionnels de ponctuation pourraient représenter aussi des pauses graduées.

D’où vient donc cette idée que « le régime des ponctèmes en usage à la fin du xvie siècle » reflète essentiellement des pauses dans une lecture oralisée, et que les signes-pauses indiqués par De Vivre auraient donc été en concurrence avec ces signes ? Jacques Lemaire lui-même définit pourtant, en début de son article, la ponctuation comme un « système de signes destinés à aérer la phrase, à la scander, [et] à en définir les parties »[66]. Ce qu’il décrit ensuite pour le xvie siècle ne correspond donc pas du tout (ou très peu) à cette définition donnée en exergue. Est-ce que l’usage de la ponctuation au xvie siècle était réellement très différent du nôtre ? C’est ce que nous allons essayer de déterminer dans la section suivante.

Témoignages contemporains sur la ponctuation

Que savons-nous exactement de la fonction de la ponctuation au xvie siècle? Il n’existe pas de travail exhaustif là-dessus, aucun relevé fait sur un corpus large selon une grille typologique[67]. Deux sources se présentent : le témoignage des auteurs, et le témoignage de l’usage réel des textes[68].

Peu d’auteurs ont écrit, en France, avant le xviie siècle, sur la ponctuation. L’ouvrage qui a fait autorité au xvie siècle, qui a été réédité à de nombreuses reprises à l’époque[69] et repris dans plusieurs recueils épistolaires, c’est De la punctuation de la langue Francoyse d’Estienne Dolet (1540). Serré entre un petit traité sur la manière de bien traduire et un autre sur les accents, le traité sur la ponctuation de Dolet ne fait que huit pages (et même plutôt sept, puisque la première et la dernière page sont très courtes). Mais lorsque Dolet en vient à décrire la fonction de la ponctuation, la première chose qu’il évoque est le sens : il affirme, en parlant du signe des deux-points (qu’il nomme comma), que ce signe « tient le sens en partie suspens »[70], puis en parlant du point (qu’il appelle colon), qu’il « conclud la sentence ». Un peu plus loin, en décrivant la « période » dont, d’après lui, tout discours est constitué, il indique que la période est « une diction Grecque, que les Latins appellent clausula, ou compraehensio uerborum : c’est adire une clausule, ou une comprehension de parolles »[71]. Et c’est seulement après ces remarques sur la fonction essentiellement sémantique de la ponctuation que Dolet évoquera, pour la première (et l’unique) fois de tout son exposé, la question de la pause au sens d’un arrêt dans le flux de paroles et d’une reprise d’haleine : « Et communement [la période] ne doibt auoir que deux, ou trois membres : car si par sa longueur il excede l’alaine de l’home, il est vicieux »[72]. Et encore, cette remarque vaut pour l’ensemble de la « période » (notion qui correspond plutôt à notre paragraphe[73]), mais ne dit rien de la façon dont des points placés entre les « membres » de la période pourraient éventuellement correspondre à des pauses à l’oral.

Dolet était lui-même imprimeur, et son traité sur la ponctuation, comme celui qu’il a fait dans le même volume sur les accents, était en grande partie destiné à ses confrères, pour lesquels ces usages étaient relativement nouveaux[74]. Les indications qu’il donne pour placer la ponctuation ne sont guère exhaustives, mais le peu d’éléments qu’il apporte concernent des divisions à effectuer en fonction soit du sens, soit de la syntaxe : mais jamais en fonction de pauses orales à effectuer. S’agissant de la virgule, Dolet indique qu’elle sert à « distinguer les dictions, & locutions l’une de l’aultre. Et ce ou en adiectifs, substantifs, uerbes, ou aduerbes simples »[75]. Il donne, en exemple, « Il est bon, beau, aduenant, ieune, & riche ». Plus loin, Dolet indique qu’il faut placer la virgule devant les mots (= les conjonctions) ou et et : il s’agit donc d’un usage venant en renfort de marqueurs grammaticaux, obéissant à une logique purement syntaxique et distributionnelle[76].

Ce petit traité de Dolet a été repris de nombreuses fois, tel quel, tout au long du siècle, notamment dans de petits ouvrages de pédagogie à l’intention de jeunes enfants, ou dans des recueils de lettres-types ou bien sur l’art de l’écriture. Son impact a été clairement démontré de manière quantitative par Mireille Huchon, s’appuyant sur des corpus d’éditions de Rabelais parues avant ou après le traité de Dolet[77]. La question se pose alors de savoir si d’autres auteurs, notamment des grammairiens, auraient écrit quelque chose sur la ponctuation. Et la réponse est qu’il y a très peu de choses. Jacques Lefèvre d’Étaples dans sa Grammatographia de 1529[78] évoque l’usage des trois signes, comma, colum et periodus (virgule, deux-points et point) pour indiquer non pas des pauses, mais si tel ou tel type de proposition forme ou non un sens complet :

Comma, mĕdiat dictiônes, & sentêntias incomplêtas.

Colum, claudit sentêntiam complêtam.

Periodus, claudit totam matĕriam cum aut nihil sĕquitur, aut quod sĕquitur ăliam tractet matĕriam[79].

L’imprimeur, philologue et éditeur de textes Geofroy Tory, dans son Champ Fleury de la même année (1529), met également en relief la fonction des points pour indiquer des gradations non dans les pauses, mais dans le sens (sens « parfait », « imparfait » ou « pendant ») :

Ie dis ainsi selon Constantin Lascaris qui a laisse par escript en sa Grammaire greque Στιγμη εστι διανοιασ τελειασ σημειον. Punctum, est sententiae perfectae signum. Cest a dire. Le point est le signe dune sentence perfecte. Et celluy point veult estre quarre. De ce Point carre sont faicts les autres points qui sont ditz & appelez Points impropres & imparfaicts. & ceulx sont, point Crochu, & point Triangulaire. Sentence imparfaicte, est signee du point Crochu. Sentence pendente, & qui veult quon procede en auant & oultre, est signee du point Triangulaire ayant le dernier angle dembas vng peu plus longuet que les deux autres[80].

Louis Meigret dans sa Grammaire de 1550[81], tout en reprenant la notion d’unité de sens complet/incomplet, introduit aussi pour la première fois une dimension qu’on pourrait qualifier de « pneumatique » de la ponctuation. Aux appellations classiques de virgule/point à queue, comma, et point, Meigret substitue celles de souspir, semipoze, pose et periode, termes qui ne sont pas sans rappeler la notation musicale, et leur définition comporte quelques indications les reliant à des pauses de l’oral : ainsi, le semipoze « reqiert plus de tęms qe le soupir », et le point « fęt paoze a la fin du discours »[82]. Il s’agit cependant de deux remarques isolées, noyées dans une masse d’explications qui sont plutôt d’ordre syntaxique, «  pour dresser vn bon bátimęnt de langaje » pour reprendre les termes de Meigret. Pierre de La Ramée, dit Ramus, reprendra l’essentiel des remarques de Meigret sur la ponctuation, dans ses grammaires de 1562 et de 1572, y compris sa terminologie particulière, mais ne l’appliquera pas : le signes spéciaux qu’il préconise, des points situés à différentes hauteurs sur la ligne, ne seront jamais mis en œuvre[83]. On aurait pu s’attendre de la part de deux grammairiens aussi attachés à la représentation de l’oral dans l’écrit, et qui avaient mis au point et promu des systèmes phonétiques pour l’orthographe du français, des analyses de la ponctuation qui insistent sur les liens de celle-ci avec l’oral : or, ce n’est pas du tout le cas. S’ils évoquent cet aspect, c’est de manière très sommaire, et après avoir évoqué en premier lieu les fonctions syntaxiques et sémantiques de la ponctuation.

Dans les ouvrages théoriques de l’époque, donc, très peu de témoignages vont dans le sens de l’existence d’une relation directe entre les signes de ponctuation et des pauses (ou autre chose) à l’oral. Au xvie siècle, la ponctuation est une affaire qui intéresse surtout les imprimeurs, et elle n’a guère été théorisée avant le xviiie siècle. Lorsqu’elle le sera, par des auteurs comme Beauzée ou Grimarest, férus d’art oratoire, leur vision de la ponctuation comme une aide à la déclamation sera calquée rétrospectivement sur les périodes précédentes, dont on ne savait pas grand-chose du rôle de la ponctuation, faute de témoignages et d’études exhaustives. Cependant, le fait même qu’un auteur comme Gérard de Vivre ait dû précisément concevoir un système tout autre que la ponctuation ordinaire des ateliers d’imprimerie de son époque semble suggérer suffisamment que cette ponctuation ne constituait pas, justement, un guide suffisamment fiable pour l’oralisation d’un texte écrit et la façon de marquer des pauses.

Conclusion

Gérard de Vivre, comme bon nombre de ses contemporains qui enseignaient la langue française à des étrangers (dont certains qui comme lui n’étaient pas francophones d’origine), était particulièrement sensible et attentif aux phénomènes de l’oral, aux décalages qui existaient entre l’oral et le système écrit, et aux insuffisances des moyens de l’écrit pour noter convenablement la prononciation. Dans ses Dialogues, textes destinés à l’oralisation par excellence, De Vivre adopte un système orthographique très modernisé, en distinguant i et j selon leurs valeurs phoniques bien avant que cette distinction ne devienne courante dans les imprimés en France, et en exponctuant les consonnes non prononcées à l’oral[84]. Une autre innovation qu’on lui doit est celui du -t- euphonique entre le verbe et le pronom postposé, lorsque celui-là finissait par une voyelle (formes du type ira-t-il ?)[85]. Ce /t/ était prononcé à l’oral de longue date, mais n’était pas noté à l’écrit. Et la dernière innovation que nous ayons de lui est, bien sûr, le système de ponctuation théâtrale que nous venons de décrire ici. À côté de la ponctuation ordinaire de l’époque, mise en place essentiellement par les imprimeurs et dont la fonction première n’est pas de noter de quelconques pauses « de l’oral », mais de différencier les parties constitutives de ce qui allait devenir la phrase, mais qui s’appelait encore la période, Gérard de Vivre élabore un système secondaire propre à marquer les pauses « pneumatiques » avec reprise d’haleine. Son système n’a pas eu de succès en dehors de ses pièces, et ses pièces elles-mêmes n’ont guère résisté à l’épreuve du temps. Cependant, l’existence de ce microsystème de ponctuation de type didascalien constitue un élément précieux dans une histoire de la ponctuation qui reste encore largement à faire, et contribue utilement au débat concernant le statut de la ponctuation et son rôle dans les pratiques de lecture au xvie siècle.

[1] L’auteur de cet article applique les Rectifications de l’orthographe, recommandées par le Conseil supérieur de la langue française, approuvées par l’Académie française, et publiées dans le Journal Officiel (Documents Administratifs) du 6 décembre 1990.

[2] Deux ouvrages fondamentaux sur l’histoire de la ponctuation ont vu le jour dans les vingt dernières années : le premier est celui de Malcolm B. PARKES, Pause and Effect. An Introduction to the History of Punctuation in the West (Menston, Scolar Press, 1992, 327p.), et le deuxième, plus récent, est le volume collectif Storia della punteggiatura in Europa, dirigé par Bice MORTARA GARAVELLI (Roma/Bari, Editori Laterza, 2008, 650p.). La ponctuation et notamment ses rapports avec les pratiques de lecture est une question qui intéresse de plus en plus les historiens de la culture : voir à ce sujet notamment l’ouvrage de Paul SAENGER, Space between Words : the origins of silent reading (Stanford University Press, 1997, 480p.).

[3] De nos jours, certains signes de ponctuation remplissent un rôle que jouaient jadis, dans les textes plus anciens, des mots grammaticaux et notamment les coordonnants. Si les textes médiévaux paraissent peu ponctués, ils présentent souvent, en contrepartie, une plus forte densité de mots grammaticaux et structurants comme et, mais, car …. : « Une page de chronique médiévale abonde plus en coordonnants qu’aucune page de prose moderne commune », disait Gérald ANTOINE, cité par Nina CATACH (La Ponctuation, Paris, PUF, collection “Que sais-je?”, 1994, p.7). On observera en effet, dans les premiers imprimés, que tel coordonnant (par exemple, car) est presque systématiquement précédé du même signe de ponctuation (les deux-points). Puis, à partir d’un certain moment, les deux-points seuls assumeront la fonction d’introduire le complément annoncé par car.

[4]Voir à ce sujet le volume récent dirigé par Nathalie DAUVOIS et Jacques DÜRRENMATT, La Ponctuation à la Renaissance (Paris, Classiques Garnier, 2011), faisant état des dernières recherches sur la ponctuation française à la Renaissance, et permettant de contrecarrer un certain nombre d’idées reçues à ce sujet, notamment celle de l’existence d’une ponctuation qui aurait été essentiellement « orale » à cette période.

[5] On pourrait également indiquer pour le point d’exclamation et le point d’interrogation une fonction « ecphonétique », indiquant une prononciation affective ou modalisante. Cependant, cette fonction n’est associée qu’à ces deux signes.

[6] André Tournon a consacré à la question plusieurs articles très convaincants, où il démontre tout l’intérêt de revenir aux textes originaux du xvie siècle (et notamment à l’exemplaire de Bordeaux, annoté par Montaigne lui-même) ; cf. « La segmentation du texte : usages et singularités », Éditer les Essais de Montaigne, Actes du Colloque de l’Université de Paris-Sorbonne (janvier 1995), p.173-190 ; « “Ny de la punctuation”. Sur quelques avatars de la segmentation autographe des Essais », Nouvelle Revue du Seizième Siècle, 17/1, 1999, p.147-159, et, bien sûr, son édition des Essais : Essais de Michel de Montaigne. Présentation, établissement du texte, apparat critique et notes par André Tournon, Imprimerie Nationale [La Salamandre], 1998, 3 vol. in-8° : texte de l’Exemplaire de Bordeaux ; orthographe modernisée ; segmentation conforme aux retouches autographes et double apparat critique.

[7]L’Allemand Hieronymus Hornschuch, dans son Orthotypographia de 1608 (ouvrage édité par S. Baddeley et J.-F. Gilmont, Paris, Éditions des Cendres, 1997) conseille à ceux qui veulent faire imprimer leurs œuvres de donner à l’imprimeur une copie correctement ponctuée (p.89), en ajoutant que les copies d’auteur bien ponctuées sont plutôt l’exception que la norme. Ces remarques valent aussi pour le xviie siècle, et notamment pour la ponctuation du théâtre classique français : voir à ce sujet l’ouvrage récent d’Alain RIFFAUD (La Ponctuation du théâtre imprimé au xviie siècle, Genève, Droz, 2007), qui a mené une enquête sur les usages des ateliers typographiques parisiens de l’époque, qui lui permet de mettre en cause l’idée répandue que la ponctuation des pièces des auteurs classiques du xviie siècle pouvait constituer une aide à la déclamation.

[8] Ce travail a été présenté dans le cadre du séminaire commun CNRS-LAMOP – SYLED-Université Paris III, Pratiques Langagières : Oral et écrit d’hier de d’aujourd’hui le 18 mai 2011, lors d’une journée d’études sur le thème « Écritures de l’oralité : la ponctuation ».

[9] Deux articles dans le volume Grammaire et enseignement du français, 1500-1700, coordonné par Jan de Clercq, Nico Lioce et Pierre Swiggers (Louvain, Peeters, Orbis / Supplementa tome 16, 2000), l’un par Angela Weißhaar (« “Nomen est omen” oder wie erscheint eine Wortart bei drei kölner Grammatikern des 16. und 17. Jahrhunderts ? », p.371-400) et un autre par Günter Holtus (« Gérard du Vivier : Grammaire Françoise (1566) », p.401-424), consacrés essentiellement à la Grammaire de De Vivre, fournissent néanmoins quelques détails d’ordre biographique sur notre auteur. L’étude la plus exhaustive à ce sujet reste l’article de Bert van Selm, « « The schoolmaster Gerard de Vivre » dans Quaerendo, n°7, 1977, p.209-242, qui donne l’état le plus complet de nos connaissances de la biographie de De Vivre.

[10] Cette édition papier est également disponible sous forme numérisée, dans la base de données électronique Grand Corpus des grammaires françaises, des remarques et des traités sur la langue, xive-xviie siècles. Corpus des grammaires françaises de la Renaissance.Sous la direction de Bernard Colombat et de Jean-Marie Fournier. Paris, Garnier Électronique, 2011.

[11] Synonimes. C’est-à-dire plusieurs propos, propres tant en escriuant qu’en parlant, tirez quasi tous a un mesme sens, pour monstrer la richesse de la langue françoise. Recueilliz en françois à aleman. Cologne, H. von Aich, 1565. Montbéliard, Médiathèque municipale.

– Cologne, H. von Aich, 1569. 8°. Gand, Centrale Bibliotheek van de Universiteit Gent : 7985. Disponible sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k51013k.r=.langEN. C’est cette édition que nous citons.

– Cologne, H. von Aich, 1574. Aucun exemplaire connu.

– Anvers, s.n., s.d. Aucun exemplaire connu.

[12] Dans toutes les citations faites à partir d’éditions du xvie siècle, nous respectons rigoureusement l’orthographe et la ponctuation de l’original, à deux détails près : nous avons résolu les abréviations, et transcrit le ſ long par un s rond..

[13] De Vivre fait allusion ici aux émeutes religieuses survenues aux Pays-Bas surtout pendant l’année 1566, durement réprimées par le Duc d’Albe, nommé gouverneur par Philippe II cette même année. Il y installa l’année suivante un « Conseil des Troubles » destiné à faire régner l’ordre d’une main de fer. À la différence de nombreux réfugiés protestants qui ont fui les persécutions en France, en Espagne ou en Italie et se sont établis à l’étranger comme maitres d’école, De Vivre ne semble pas avoir adhéré à la Réforme protestante (pour autant qu’on puisse en juger d’après les très rares allusions qu’on trouve dans son œuvre) et semble être resté fidèle à la religion catholique. Cologne était d’ailleurs une ville très catholique. Le départ de De Vivre des Pays-Bas a pu être motivé simplement par la volonté d’échapper à un climat de violence et de peur.

[14] Base de données élaborée par l’Université de Saint Andrews, ayant pour projet de recenser tous les livres imprimés en Europe depuis l’invention de l’imprimerie jusqu’à la fin du xvie siècle : http://www.ustc.ac.uk/. Cette base reprend l’ensemble des éditions recensées par l’ouvrage French Vernacular Books (dir. A. PETTEGREE, A. WILKINSON et M. WALSBY, Leyde, Brill, 2007), mais ne recense pas les (encore nombreuses) éditions de De Vivre parues au xviie siècle.

[15] Douze dialogues et colloques, traitans de diuerses matieres, tres propres aux Nouueaux Apprentifs de la Langue Françoise. Composez par Gerard de Viure, Maitre d’Escole en la Ville de Coloigne. Anvers, Jan van Waesberge, 1574. 4°. Munich, Bayerische Staatsbibliothek : 4°L lat. f.61.

– Anvers, Jan van Waesberge, 1581. Utrecht, Universiteitsbibliotheek :MAG: B qu 114 rariora

Rotterdam, s.n., 1610. 8°. Arsenal : 8-BL-1467.

[16]Douze dialogues, op. cit.,Fol. A2.

[17] Grammaire Françoise, Touchant la Lecture, Declinaisons des Noms, & Coniugaisons des Verbes. Le tout mis en François & Allemang, Par Gerard du Viuier Gantois, Maistre d’Escole Françoise, en ceste Ville de Coloigne, Deuant les Freres Mineurs. […] Gedruckt zu Cöllen durch Maternum Cholinum. M.D. LXVI (1566). 8°. BnF : Rés. X 1941. Disponible sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k74440q.r=G%C3%A9rard+de+Vivre+grammaire.langFR.

– Cologne, G. Greuenbruch, 1599. 8°. Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek 😛 937 8o Helmst.

[18] Elle est signée à la page de titre « Gerard du Viuier », forme qu’il abandonnera par la suite. La forme flamande de son nom, qui figure à la page de titre des Douze dialogues…., semble avoir été « Geeraert vanden Viure » ou « vanden Vijvere ». Dans la préface de l’édition de ses Lettres Missives de 1597, la forme francisée choisie pour son nom de famille donne lieu à un jeu de mots : « [le] temps, lequel fait coustumierement mourir ceux [de nos écrits] qui sont indignes d’estre leuz : & au contraire, ceux qui le meritent & sont dignes de mémoire, les fait longuement VIVRE » (fol. A2 v°).

[19] Sur les débuts de l’enseignement de la langue française en Allemagne, voir : Mechtild BIERBACH, « Die Anfänge des Französischunterrichts im 16. Jh. im Rheinland : Gérard de Vivre », in Romanistik in Geschichte und Gegenwart, tome 3, 1, 1997, p.27-47, et Albert STREUBER, « Französische Grammatik und französischer Unterricht in Deutschland während des 16. Jahrhunderts », in Zeitschrift für französische Sprache und Literatur, n°79, 1969, p.172-191.

[20] Briefue institution de la langue françoise, expliquée en aleman, par Girard du Vivier, Gantois. Gedruckt zu Collen für Margarden, bey H. von Aich in Kösten des Authors. S.d. [15 février 1568]. BnF : Rés. X. 1942. 12°.

– Cologne, H. von Aich, 1568. 8°.

– Cologne, s.n., 1596. Aucun exemplaire connu.

– Les Fondaments de la langue Françoise, Composez, en faueur des Alemans : Par Gerard de Viure, Maitre D’escole.Gedruckt zu Cölln bey Heinrich von Ach, vnd man findt sie zu kauff fur den Minrebrüdern bey dem Author. Anno M. D. LXXIII (1574). 4°. Utrecht, Universiteitsbibliotheek :MAG: S qu 656 (Rariora) dl 1-3.

[21]Lettres missives familieres, entremeslees de certaines confabulations non moins vtiles que recreatiues. Ensemble deux liures de l’vtilité du train de Marchandise. Le tout composé, par Gerard de Viure. En Francois. Anvers, chez Iean Waesberge, 1576. 8°. Gand, Centrale Bibliotheek van de Universiteit Gent : 7988.

– Rotterdam, Jan van Waesberge, 1588. 8°. Cambridge, Sidney Sussex College Library : M7 28.

– Cologne, G. Greuenbruch, 1591. 8°. Munich, Bayerische Staatsbibliothek : Res. Epist. 925. Exemplaire numérisé sur le site du MDZ (Münchener Digitalisierungs Zentrum : http://dfg-viewer.de/show/?set[mets]=http%3A%2F%2Fdaten.digitale-sammlungen.de%2F~db%2Fmets%2Fbsb00028205_mets.xml).

– Anvers, chez Guislain Jansens, 1591. 8°. Bruxelles, Bibliothèque Royale : II 8317 A.

– Cologne, G. Greuenbruch, 1597. 8°. Munich, Bayerische Staatsbibliothek : Res. Epist. 926. Exemplaire numérisé sur le site du MDZ (Münchener Digitalisierungs Zentrum : http://reader.digitale-sammlungen.de/de/fs1/object/display/bsb10176167_00005.html

– Rotterdam, Jan van Waesberge, [1597]. 8°. Gand, Centrale Bibliotheek van de Universiteit Gent : 7988.

[22] Les habitants des Pays-Bas passaient pour être particulièrement doués pour l’apprentissage des langues. D’après Luther, « ceux des Pays-Bas ont l’esprit éveillé : ils ont aussi de la facilité pour apprendre les langues étrangères. C’est un proverbe que si l’on portait un Flamand dans un sac à travers l’Italie et la France, il n’en apprendrait pas moins la langue du pays » (cité par Jean-Antoine CARAVOLAS, La Didactique des langues. Précis d’histoire I : 1450-1700, Presses de l’Université de Montréal/Tübingen, Gunter Narr Verlag, 1994, p.247).

[23]Dialogues françois flameng, traictans du faict de la marchandise. Anvers, Jan van Waesberge, 1573. 8°. Berlin, Staatsbibliothek Preußischer Kulturbesitz : 8° Zh 10005.

– Rees, Derick Wijlickx van Santen, 1585. 8°. Bruxelles, Bibliothèque Royale.

– Rees, Derick Wijlickx van Santen, 1585. 8°. Bruxelles, Bibliothèque Royale (autre édition).

Cologne, G. Greuenbruch, 1597. Aucun exemplaire connu.

Cologne, G. Greuenbruch, 1617.

[24] Le dialogue constitue, depuis des temps immémoriaux, l’un des outils de choix de l’apprentissage des langues. Jean-Antoine CARAVOLAS (La Didactique des langues, op. cit, p.3) cite un exemple datant environ de 2000 avant notre ère, permettant à des élèves de langue akkadienne d’apprendre le sumérien. En Europe, la popularité des Colloques pour l’apprentissage des langues anciennes ne s’est pas démentie pendant tout le Moyen âge, et ces ouvrages ont connu un véritable succès grâce à l’introduction de l’imprimerie à partir du milieu du xve siècle. Il faut mentionner aussi à ce titre l’extraordinaire succès des « Berlaimont », recueils multilingues de dialogues assortis de lexiques rudimentaires), Le Universal Short-Title Catalogue dénombre 143 éditions différentes des Dialogues de Noël de Berlaimont, entre 1511 et 1600. Pour une étude et une bibliographie analytique de ce corpus, voir Monique DA SILVA et Sylviane LAZARD, « Le Dialogue itinérant ou enseigner la langue aux voyageurs : une méthode didactique des xvie  et xviie  siècles, les Colloquia, issus du Vocabulaire de Noël de Berlainmont », Les Langues romanes en dialogue(s), Maria Helena Araújo Carreira (dir.), Travaux et Documents 11, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, 2001, p.17-72.

[25] Charles Mazouer, « Le théâtre de Gérard de Vivre », Revue d’Histoire du Théâtre 43 (1991), p.275-284.

[26] Préface “Aux Lecteurs” de la Comedie de la fidelité nuptiale, éd. de Paris, 1578, fol.Aii v°.

[27] Voir J. S. Street, French Sacred Drama from Bèze to Corneille : Dramatic Forms and their Purposes in the Early Modern Theatre, Cambridge University Press, 1983.

[28] 1re édition : Comedie de la Fidelité nuptiale composee par Gerard de Vivre, Gantois, Maistre d’escole à Colongne. Anvers, s.n., 1577. Édition mentionnée par La Croix du Maine (Bibliothèque du Sieur de La Croix du Maine, Paris, A. L’Angelier, 1584, vol. 1, p.122) ; aucun exemplaire recensé. Nous avons utilisé et nous citons l’édition de Paris, Nicolas Bonfons, 1578. 8°. BnF : Rés. P-YC-1198 (disponible sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k710119.r=.langEN).

[29] Cf. Brian JEFFERY, Renaissance Comedy 1552-1630, Oxford, Clarendon Press, 1969, p.77.

[30]Fidelité nuptiale, éd. de 1578, fol. Aii v°.

[31] Ibid., fol. Aiii.

[32] Trois Comedies Francoises de Gerard de Vivre, Gantois. La premiere, Des Amours pudiques & loyales de Theseus & Dianira. La seconde, De la fidelite nuptiale dvne honeste Matrone envers son Mari & espoux. Et la troisieme, Du Patriarche Abraham & sa servante Agar. Et tout pour lvtilite de la ieunesse & vsage des escoles françoises. Reueu & corrige par Ant. Tyron. Anvers, Henri Hendricx, 1580. 8°. BnF : Rothschild IV, 2bis (63).

– Rotterdam, Jan van Waesberge, 1589. 12°. Arsenal : 8-BL-12604.

– Anvers, Guislain Ianssens, 1595. 8°. BnF, Arts du Spectacle : 8-RF-1576.

– Anvers, Guislain Ianssens, 1602. 8°. Arsenal : 8-BL-12605.

[33] « All the world’s a stage / And all the men and women merely players », As You Like It, acte II, scène 7.

[34]Fidelité nuptiale, éd. de 1578, fol. Aiii-Aiiiv°.

[35] Comedie des Amours de Theseus et Dianira. Composé [sic] par Gerard de Viure Gantois, Maistre d’escole à Colongne. A Paris, Par Nicolas Bonfons, ruë neuue nostre Dame, à l’Enseigne sainct Nicolas. 1577. 8°. Arsenal : 8-BL-12603. C’est cette édition que nous citons.

– Paris, Nicolas Bonfons, 1578. 8°. Il s’agit d’une nouvelle émission (avec une page de titre refaite) de l’édition de 1577. BnF : Rés. P-YC-1198. Disponible sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k71012n.r=.langEN).

[36] Sur Heyns, voir Maurits SABBE, Peter Heyns en de nimfen uit den Lauwerboom, Antwerpen / ‘s-Gravenhage, 1929. Heyns, à la différence de De Vivre, était un protestant fervent, mais il a eu une carrière un peu semblable : après l’occupation d’Anvers par les Espagnols, il émigre d’abord à Francfort, puis revient aux Pays-Bas pour s’installer à Haarlem. Comme De Vivre, il est l’auteur de plusieurs ouvrages pour l’enseignement du français : une grammaire à la latine (avec les « huit parties du discours »), une Instruction de la Lecture Françoise, et aussi de plusieurs comédies scolaires moralisatrices inspirées d’histoires bibliques.

[37] Cette pièce ne semble pas avoir connu d’édition séparée. Une note manuscrite non datée sur l’exemplaire de l’Arsenal des Trois comedies de 1589 indique (dans l’orthographe de l’original) : « gerard de viure ouduvivier degant etoit maitre de langue francoise a cologne ses deux premieres pieces ontetè imprimées separèment a anuers en 1577. La 3e abraham ne setrouve que dans cerecueil cy ».

[38] « Le théâtre de Gérard de Vivre », op. cit., p.284.

[39] D’après Brian JEFFERY (French Renaissance Comedy, op. cit.), la première véritable « comédie » proprement française, en dehors de la tradition farcesque, était L’Eugène d’Etienne Jodelle de 1552.

[40] Par « Pays-Bas » nous entendons ici les anciennes « Dix-Sept Provinces », incluant une partie de la Belgique actuelle, dont le comté de Flandre. C’est à partir de 1581 que les sept provinces septentrionales de l’ensemble feront sécession d’avec celles du sud (qui resteront sous la domination des Espagnols) et s’appelleront « Provinces-Unies » jusqu’à l’appellation « Royaume de Hollande » en 1806.

[41] Sur l’enseignement du français aux Pays-Bas, voir Jean-Antoine CARAVOLAS, La Didactique des langues, op. cit., p.248-260.

[42] De Vivre adopte souvent, dans ses préfaces, une position défensive, exprimant l’insécurité linguistique du non-natif, et dans la préface des Douze dialogues (op. cit., 1574, fol. A2 v°) il s’adresse de la manière suivante « Au Zoyle » : « Zoyle, Zoyle, ie te voy des-ia tout prest, en grinçant les dents pour me mordre, mais ie ne crain point tes morsures, encore que tu eusses les dents longues, comme de puis Anuers iusques à Coloigne ». Il est possible que le « Zoyle » en question (Zoïle était le censeur d’Homère) soit Gabriel Meurier, qui régnait en maitre sur la production anversoise de manuels pédagogiques pour le français, qui était renommé pour son mauvais caractère, et qui avait déjà été aux prises, à préfaces interposées, avec le Français réfugié à Londres Claude de Sainliens.

[43] Pour un résumé des points et des usages en présence dans la typographie française du xvie siècle, voir Nina CATACH, L’Orthographe française à l’époque de la Renaissance, Genève, Droz, 1968, p.295-304.

[44] Pour étudier les systèmes d’écriture, on distingue les niveaux graphétique et graphémique. Le premier concerne la forme physique que prennent les signes écrits (lettres, signes auxiliaires, signes de ponctuation) utilisés pour représenter une langue ; le niveau graphémique s’attachera à étudier les rapports entre les signes de l’écrit et les éléments constitutifs de l’oral. Cf. Claude GRUAZ, Quand le mot se fait signe : Pour une sémiotique de l’écrit (Presses de l’Université de Rouen, 2002, p.26) : « L’usage graphétique recouvre toutes les conventions associées au tracé des caractères dans une communauté donnée, par delà les variantes individuelles ».

[45] Le traité de typographie le plus ancien dans lequel est représentée visuellement une casse d’imprimerie est l’ouvrage de l’Anglais Joseph MOXON, Mechanick Exercises, et qui date de 1683 : plus d’un siècle plus tard. Pour l’imprimerie en langue française, le premier traité comportant une image de la casse d’imprimerie est celui d’Antoine-François MOMORO, Traité élémentaire de l’imprimerie, ou Le manuel de l’imprimeur … par Ant.-Franc. Momoro, Paris, A.-F. Momoro, 1793. BnF Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k123176g.r=Momoro.langFR.

[46] Recueil de planches, sur les sciences, les arts libéraux, et les arts méchaniques, avec leur explication. A Paris, Chez Briasson, David, Le Breton et Durand, 1762. Série « L’Imprimerie en caractères », planche n°3. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50555n.r=Recueil+de+planches%2C+sur+les+sciences%2C+les+arts+lib%C3%A9raux+et+les+arts+mechaniques.langES

[47] Comme le souligne Nina CATACH (La Ponctuation, op. cit., p.17-18), nos signes de ponctuation actuels remontent à des traditions de critique textuelle datant du IIIe – IIe siècles avant notre ère. D’autres signes conventionnels que nous utilisons encore aujourd’hui sont déjà présents dans l’usage des notae d’Isidore de Séville (VIIe siècle) : « Entre autres, les signes de paragraphe, le tiret (obelus), le signe de citation ou diplè (sous plusieurs formes, y compris une forme qui ressemble beaucoup à celle de nos guillemets, et sert à distinguer deux mots entre eux), l’astérisque, etc. (19 signes en tout, qui seront repris au XIIe s. par Hugues de Saint-Victor) », op. cit., p.18, note 2.

[48] Il s’agit de l’un des plus anciens signes de ponctuation, attesté dès le ier siècle; cf. E. Otha WINGO, Latin Punctuation in the Classical Age, Berlin, Walter de Gruyter, 1972, p. 122-127.

[49] Malcolm Beckwith PARKES, Pause and Effect : A History of Punctuation in the West, Menston, Scolar Press, 1992, p.306.

[50] Estienne DOLET, La Manière de bien traduire d’vne langue en aultre. D’aduantage, De la punctuation de la langue Francoyse. Plus. Des accents d’ycelle. Le tout faict par Estienne Dolet natif d’Orleans. Lyon, Estienne Dolet, 1540. BnF Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k106073c.r=Dolet+punctuation.langFR.

[51] D’après Parkes (Pause and Effect, op. cit., p. 305), les parenthèses doubles utilisées pour encadrer un contenu interpolé datent du xive siècle.

[52] Ibid., p. 305.

[53] Id.

[54]Ibid, p. 303.

[55] D’après l’imprimeur Martin Dominique FERTEL (La Science pratique de l’imprimerie, Saint-Omer, 1723, p.57), les guillemets pouvaient être employés « quand un Auteur rapporte des passages, des preuves, ou discours qui contiennent quelquefois une page ou plus, & cela se fait pour épargner le caractère italique qui se doit employer en d’autres endroits où il est plus nécessaire ». Fertel nous livre au passage l’origine du terme guillemet : « L’étimologie de ce mot vient d’un nommé Guillemet, qui s’en est servi le premier » (op. cit., p.57, note marginale). L’identité de ce Guillemet (diminutif de Guillaume) n’est pas établie, et l’explication de Fertel (qui fleure bon l’étymologie populaire) est peut-être une invention de toutes pièces.

[56] Le Théatre de Iaques Grevin, de Clermont en Beauvaisis … Ensemble, la seconde partie de l’Olimpe et de la Gelodacrye. Paris, Vincent Sertenas et Guillaume Barbé, 1562. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k71938t.r=Jacques+Grevin.langFR.

[57] Exemples (op. cit.) : « “Ainsi le plus souuent on se rend seruiteur / “ De ceux desquels on doit estre le seul seigneur » (Cesar, fol. Bi v°) ; ou encore « “Nous fuyons tousiours nostre bien, / “Iamais iamais à un bon chien / “Ne tombera quelque bon os » (La Tresoriere, fol. Eiiiv°-Eiv).

[58]Op. cit. ci-dessus, note 30.

[59] Les sept signes utilisés sont, dans l’ordre, U, [ et … pour les pauses, ₡ pour le « pourmenement », œ pour parler bas, pour parler vite et ─ pour parler lentement.

[60] Jean-Pierre Ryngaert, « Un exemple de codification du jeu de l’acteur au xvie siècle : Le théâtre de Gérard de Vivre », Revue d’Histoire Littéraire de la France 72 (n°2), mars-avril 1972, p.193-201.

[61]La Fidelité nuptiale (Acte 2, scène 1).

[62] Si De Vivre s’est bien inspiré, comme nous le pensons, de la tradition des pièces scolaires des Jésuites, les représentations étaient probablement ouvertes au public.

[63] Jacques LEMAIRE, « Un système de ponctuation original dans l’œuvre d’un dramaturge français du xvie siècle », dans J.-M. Defays, L. Rosier et F. Tilkin (dir.), À qui appartient la ponctuation ?, Bruxelles, Duculot, 1998, p.47-56.

[64]Ibid., p.52.

[65]Ibid., p.54.

[66] J. Lemaire, art. cit., p.47.

[67]Pour la période du Moyen âge, une grille typologique a été élaborée par Alexei LAVRENTIEV, « Pour une méthodologie d’étude de la ponctuation médiévale basée sur une approche typologique », in B. Combettes et C. Marchello-Nizia (dir.), Études sur le changement linguistique en français. Communications du colloque « Diachro 2 », Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 2007, p.191-204.

[68] Voir S. BADDELEY, « Sources pour l’étude de la ponctuation française au xvie siècle », dans J. DÜRRENMATT et N. DAUVOIS (dir.), La Ponctuation à la Renaissance, op. cit., p.191-227. Cet article donne un relevé exhaustif des travaux faits sur la ponctuation française du xvie siècle, et reproduit les principaux témoignages des auteurs et des théoriciens de l’époque.

[69] L’USTC indique quinze éditions parues entre 1540 et 1600.

[70]Estienne DOLET, La Punctuation…., op. cit., p.18. Nous soulignons.

[71]Ibid., p.19.

[72]Id.

[73] La phrase, dans le sens où nous entendons aujourd’hui cette notion, ne date que du xviiie siècle ; voir à ce sujet l’ouvrage incontournable de Jean-Pierre SEGUIN, L’invention de la phrase au XVIIIe siècle : contribution à l’histoire du sentiment linguistique français, Paris, Peeters, collection « Bibliothèque de l’Information Grammaticale », 1993, 466p.

[74] Les premiers imprimés en français sont peu ponctués, et ne comportent le plus souvent, comme signes de ponctuation, que la virgule (sous sa forme actuelle ou sous forme de barre oblique), et le point final. Le système tripartite, virgule, deux-points, point, semble avoir été mis en place vers 1501 dans les éditions d’Alde Manuce à Venise, et se serait répandu en France à partir de cette date grâce aux contrefaçons lyonnaises des éditions aldines. Cf., à ce sujet, Paolo TROVATO, « Serie di caratteri, formato e sistemi di interpunzione nella stampa dei testi in volgare (1501-1550) » in Storia e Teoria dell’interpunzione (dir. E. Cresti, N. Maraschio, L. Toschi), Rome, Bulzoni, 1992, p.89-110.

[75] Dolet, La Punctuation…, op. cit., p.20.

[76]Ibid., p.21 : « Deuant que de uenir aux aultres poincts, ie te ueulx aduertir, que le poinct à queue [la virgule] se mect deuant ce mot, ou : semblablement deuant ce mot & ». On observe chez Dolet le même usage systématique d’une virgule devant la conjonction que précédant une proposition complétive, usage qu’on retrouve de nos jours en allemand.

[77] Mireille HUCHON, Rabelais grammairien. De l’histoire du texte aux problèmes d’authenticité. Genève, Droz, 1981.

[78]Grammatographia ad prompte citoque discendam grammaticen, tabulas tum generales, tum speciales continens. Paris, Simon de Colines, octobre 1529.

[79] « La virgule sépare les mots et les propositions incomplètes. Le deux-points clôt une proposition complète. Le point clôt un contenu complet, quand rien ne suit ou bien quand ce qui suit expose une autre matière ».

[80] Geofroy TORY, Champ Fleury. Paris, G. de Gourmont, 1529, fol. lxv v° – lxvi.

[81] Louis MEIGRET, Le Tretté de la Grammere Françoeze. Paris, Chrestien Wechel, 1550.

[82] Meigret, Le Tretté de la Grammere Françoeze, op. cit., fol. 141v°-142v°.

[83] À ce titre, on peut citer un ouvrage curieux, d’un certain Aulus Antonius OROBIUS (Auli Antonii Orobii Libellus de ratione punctorum. Bologne, Benoît Hector, 1518), qui présente, à côté de l’ancien système manuscrit de points situés à différentes hauteurs, le système typographique de la virgule, deux-points et point final : au total, un système à onze points différents. Ce petit traité est resté inédit.

[84] L’exponctuation se fait au moyen d’un petit signe ┬ placé en-dessous de la consonne muette. Exemple : « Donneẕ moi vne chemise blanche, j’ay porté ceṣte-cy pluṣd’vne semaine ».

[85] Dans la préface au lecteur de ses Synonimes de 1569, De Vivre indique que, dans des phrases comme Ne vous baillera ’ il plus de credit ?, où il y a une rencontre entre deux voyelles, il faut « lire auec vne reprinse d’haleine, comme s’il y auoit vne lettre t. entre deux ». De Vivre signale ce phénomène d’hiatus par une apostrophe.