Tous les articles par Revue Circe

Le milieu ancien combattant d’Alger face à la guerre d’indépendance algérienne

Samuel André-Bercovici

Résumé

Le rôle des anciens combattants parmi les mouvements patriotiques qui mobilisent, pendant la guerre d’indépendance algérienne, la population européenne contre l’indépendance, le FLN et les gouvernants accusés de « brader » l’Algérie, est déjà souligné par des acteurs de ces événements. Face à la multiplicité de mouvements ultras, ces dernières présentent, en effet, un caractère original : structure antérieures à 1954, elles multiplient les manifestations de 1955 à 1962. Ce sont donc les organisations qui possèdent la plus grande longévité pendant cette période. La mobilisation d’anciens combattants soulève plusieurs interrogations. Qui sont les vétérans qui participent à ces mouvements? Quel écho ceux-ci obtiennent-il dans le milieu associatif ancien combattant ? Enfin comment ces groupements évoluent-ils face à l’évolution de la crise algérienne pour devenir des acteurs de la vie politique algéroise ? Continuer la lecture de Le milieu ancien combattant d’Alger face à la guerre d’indépendance algérienne

Double morale. Rôles sexués et stigmates de genre au mitan des « Trente Glorieuses »

Ludivine Bantigny

Résumé

C’est sans doute dans les phénomènes, marginaux certes, mais qui font beaucoup parler d’eux, comme la délinquance juvénile, que l’on perçoit le mieux la façon dont une société construit ses discours et ses codes. En l’occurrence, ce qui est dit de la délinquance juvénile montre très bien, en creux, l’archétype idéal de la jeune fille et les injonctions sexuées. C’est en ce sens que le système judiciaire et pénal peut aussi être analysé au prisme du genre, dans la mesure où s’y loge l’expression intense des normes genrées. Cet article analyse la délinquance juvénile féminine durant l’après-Deuxième Guerre mondiale et au cœur des « Trente Glorieuses » : les statistiques des tribunaux pour enfants, les faits eux-mêmes et les interprétations fournies par psychologues, psychiatres et éducateurs permettent de saisir non pas seulement le traitement réservé aux jeunes délinquantes et aux adolescentes « en danger », mais bien des valeurs socio-culturelles et des codes sexués. Le traitement judiciaire des jeunes filles « déviantes » dessine des valeurs professionnelles, morales et sexuelles, notamment une représentation de ce que doit être une jeune fille et de ce qu’elle doit devenir : bonne épouse, bonne ménagère et bonne mère. Continuer la lecture de Double morale. Rôles sexués et stigmates de genre au mitan des « Trente Glorieuses »

Una mirada desde la historia conceptual: Orígenes lexicales e ideológicos del término «feudalismo», Siglos XVII-XVIII

Diego Améndolla

SEHSEM, Université Nationale Autonome du Mexique

Résumé

Desde hace más de medio siglo autores como Marc Bloch, Reinhart Koselleck y Michel Foucault, entre otros, plantearon la necesidad ahondar en el análisis de los términos utilizado por los historiadores para nombrar y explicar las realidades pasadas.

Es así que a partir de dicha aseveración, en este artículo se plantea el análisis de los conceptos feudal, feudalidad, gobierno feudal y feudalmente entre los siglos XVII y XVIII en textos de origen francés, con el fin de comprender los procesos que dieron pie al surgimiento del concepto de feudalismo en 1823.

Las obras utilizadas para este análisis son de diversa índole, es así que diversos diccionarios de la lengua francesa, tratados políticos y textos historiográficos son de gran utilidad para comprender la evolución histórico-lingüística de dichos términos para, así, establecer las bases sobre las cuales fue acuñado el concepto de feudalismo.  Dicho análisis es realizado en cuatro niveles de interpretación, a saber: conceptual, discursivos, académico y social, con el fin de poder observar las diversas etapas constructivas de los conceptos presentados. Continuer la lecture de Una mirada desde la historia conceptual: Orígenes lexicales e ideológicos del término «feudalismo», Siglos XVII-XVIII

Le premier portrait de Buonaparte. Sur l’histoire d’un « faux »

Olivier Ihl

Résumé

Le dessin dont cet article propose une analyse socio-historique a fait l’objet d’une longue exposition publique dans les galeries du Louvre. Pourtant, au printemps 1914, une expertise du portrait fut réalisée. Conduite pour La Revue de l’art ancien et moderne, elle débouchait sur ce constat : costume et cheveux flottants sans cadenettes n’étaient pas ceux d’un officier du roi mais ceux d’un général de la Révolution. Autrement dit, c’était un faux. Faute d’indices, l’affaire fut classée, emportant avec elle plusieurs questions demeurées sans réponse. Qui était le vrai maître du faux ? Pourquoi avoir réalisé ce portrait d’illustration et dans quel but ? Quel était le sens de la dédicace « Mio caro amico Buonaparte, Pontornini del 1785-Tournone » qui lui servait de certificat d’authenticité ?
Revenir sur cette énigme, c’est éclairer la façon dont certaines images se matérialisent, entre tractations matérielles et aspirations esthétiques, souci de distinction sociale et stratagèmes artistiques. Car ce faux d’un genre si particulier – il faudrait parler d’une contrefiction – pose de nos jours un problème toujours actuel. Qu’est-ce pour un portrait de Napoléon de lui ressembler ?

Olivier Ihl est professeur de science politique à l’Institut d’études politiques de Grenoble et chercheur à l’UMR Pacte (CNRS). Né en 1965, il est l’auteur d’une douzaine d’ouvrages sur la socio-histoire des rites politiques, notamment La fête républicaine, Paris, Gallimard, 1996 (Bibliothèque des Histoires) et Le mérite et la république. Essai sur la société des émules, Paris, Gallimard, 2007. Son mail : olivier.ihl@iepg.fr
Ses thèmes de recherche actuels portent sur la double révolution de la représentation graphique et de la représentation électorale au XIXe siècle. Pour une présentation plus complète de ses publications:  http://www.olivierihl.fr


 

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Editorial n°6

Nous vous l’avions annoncé, ce nouveau numéro de Circé marque un renouvellement de la ligne éditoriale. C’est en effet avec un grand intérêt et autant d’exigence que par le passé que nous avons décidé de vous proposer un dossier thématique articulé autour du portrait. Michelle Perrot nous a fait l’honneur de répondre à nos questions et c’est donc très logiquement autour de la question de la femme et des femmes que nous avons orienté la première partie de ce numéro 6.

S’intéresser au statut de la femme dans l’histoire, c’est contribuer à ce grand courant historiographique renouvelé dans les années 1970 de l’histoire des femmes. C’est à cette tâche que s’attellent les trois auteurs qui ont apporté leur contribution à ce dossier. Notre revue s’attache encore une fois à couvrir l’ensemble des périodes, et nous vous emmènerons donc de la Mésopotamie des IIe et Ier millénaires aux Etats-Unis des années 1960. En histoire ancienne, Laura Cousin interroge la notion de dot dans cette Mésopotamie des IIe et Ier millénaires en s’appuyant sur les sources disponibles et sur la bibliographie récente. Nous sauterons ensuite quelques millénaires pour nous intéresser avec Pauline Ferrier à la figure de Marie de Maupéou qui, pour la toute fin du XVIIe siècle, témoigne du rôle des femmes dans les actions de charité, tout en se distinguant par l’extrême efficacité et rationalité de ses initiatives. Enfin, la dernière contribution du dossier prend pour objet un groupe féminin spécifique : celui des lesbiennes, et décrypte les modalités de leur apparition dans le cinéma américain des années 1930-1968. Temps de censure via l’application du code Hays, cette ‘minorité invisible’ développe des stratégies de contournement pour prendre la parole et s’adresser à son public malgré l’interdit. Ces trois articles apportent ainsi chacun à leur manière un éclairage sur la position des femmes dans l’histoire et illustrent la grande richesse de cette thématique.

Deuxième nouveauté de ce numéro : l’inauguration de la rubrique « Perspectives ». Son principe consiste à prolonger, à travers un article, certaines des réflexions abordées dans le dossier thématique mais qui n’en sont pas le thème central. A la fois ouverture et écho au dossier, cette prise de parole interroge des concepts et des pratiques historiennes, dégage des tendances historiographiques, ouvre des perspectives. Didier Lett inaugure pour nous cet exercice avec un article programmatique qui défend l’histoire du genre et des différences sociales, en l’appliquant à la période médiévale. La question de la différence entre histoire du genre et histoire des femmes traverse en effet le dossier : d’abord évoquée par Michelle Perrot dans sa première réponse, elle est repérable dans l’ensemble des contributions. Nous espérons que cette première « Perspectives » s’avèrera convaincante et stimulante, comme nous l’avons conçue.

Enfin, nous n’avons pas voulu renoncer à l’identité généraliste de Circé, et nous vous proposons donc une partie de varia, ouverte comme toujours à l’ensemble des périodes historiques et aux autres sciences humaines. La littérature s’invite dans Circé avec l’article de Claire Bitoun, qui analyse les conceptions artistiques de Théophile Gautier comme précurseur du cospomolisme. La question de l’identité d’un territoire, que traite Clémence Weber-Pallez à travers le cas de l’Argolide des époques archaïque et classique, nous donne l’occasion d’une incursion dans les méthodes et les problématiques de la géographie historique. L’histoire culturelle, qui reste une orientation forte de notre revue, est encore une fois bien présente dans ces varia. Ludmila Acone nous offre une étude fouillée du motif chorégraphique de la danse de David, par opposition à celle de Saül dans le théâtre florentin de la Renaissance. Dans un tout autre registre, Isabelle Gourgues nous propose quant à elle une lecture historique du travail anthropologique mené par Henry David Thoreau sur les Indiens d’Amérique au XIXe siècle. Enfin, Lauric Henneton étudie l’utilisation de la peur comme arme électorale aux Etats-Unis dans le cadre de la campagne présidentielle de 2008, au prisme d’une approche originale qui sollicite enquêtes neuro-psychologiques et spots de campagne.

Beaucoup de nouveautés donc pour ce numéro 6, mais ces renouvellements s’inscrivent néanmoins dans les lignes qu’ont tracées les fondateurs de la revue, et ils sont donc pour nous une manière de vous proposer un contenu toujours exigeant. Nous espérons quoi qu’il en soit que vous prendrez autant de plaisir à découvrir ce nouveau numéro que nous en avons eu à le réaliser.

Le comité de rédaction de Circé