Archives par mot-clé : histoire sociale

Diplômés des universités et service du prince : Les attentes déçues des ducs de Lorraine (1545–1633)

Antoine Fersing

Résumé

A partir de 1572, le duc de Lorraine met progressivement en place dans ses États une université à Pont-à-Mousson, à qui il confie la double mission de défendre l’orthodoxie religieuse de la province et de former des diplômés pour l’État ducal, dont les institutions centrales se développent rapidement. Le nouvel établissement, qui est bon exemple des universités territoriales qui se multiplient à cette époque dans l’Empire, prospère grâce au soutien du pouvoir ducal et forme effectivement plusieurs centaines de diplômés en droit jusqu’à l’arrivée des troupes françaises en 1633. Malgré cela, la proportion des diplômés parmi les officiers ducaux stagne à un niveau bas, les diplômés mussipontains étant peu nombreux à entrer au service du duc – ce qui peut s’expliquer par l’inadaptation de la politique ducale en la matière, les offices ducaux apparaissant aux gradués en droit comme peu rémunérateurs et difficiles d’accès.

Antoine Fersing, doctorant en histoire moderne au sein du laboratoire ARCHE (EA3400, Université de Strasbourg), prépare depuis 2011 une thèse consacrée aux officiers d’État dans les duchés de Lorraine et de Bar durant la première modernité, sous la direction d’Antoine Follain. Dans le cadre de ses recherches, il a été amené à s’intéresser à l’histoire des universités à l’époque moderne, à l’histoire sociale des agents de l’État, à la prosopographie et aux méthodes d’analyse quantitatives en histoire. Il est actuellement ATER au sein de l’Université de Lorraine, sur le site de Nancy.

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Le premier portrait de Buonaparte. Sur l’histoire d’un « faux »

Olivier Ihl

Résumé

Le dessin dont cet article propose une analyse socio-historique a fait l’objet d’une longue exposition publique dans les galeries du Louvre. Pourtant, au printemps 1914, une expertise du portrait fut réalisée. Conduite pour La Revue de l’art ancien et moderne, elle débouchait sur ce constat : costume et cheveux flottants sans cadenettes n’étaient pas ceux d’un officier du roi mais ceux d’un général de la Révolution. Autrement dit, c’était un faux. Faute d’indices, l’affaire fut classée, emportant avec elle plusieurs questions demeurées sans réponse. Qui était le vrai maître du faux ? Pourquoi avoir réalisé ce portrait d’illustration et dans quel but ? Quel était le sens de la dédicace « Mio caro amico Buonaparte, Pontornini del 1785-Tournone » qui lui servait de certificat d’authenticité ?
Revenir sur cette énigme, c’est éclairer la façon dont certaines images se matérialisent, entre tractations matérielles et aspirations esthétiques, souci de distinction sociale et stratagèmes artistiques. Car ce faux d’un genre si particulier – il faudrait parler d’une contrefiction – pose de nos jours un problème toujours actuel. Qu’est-ce pour un portrait de Napoléon de lui ressembler ?

Olivier Ihl est professeur de science politique à l’Institut d’études politiques de Grenoble et chercheur à l’UMR Pacte (CNRS). Né en 1965, il est l’auteur d’une douzaine d’ouvrages sur la socio-histoire des rites politiques, notamment La fête républicaine, Paris, Gallimard, 1996 (Bibliothèque des Histoires) et Le mérite et la république. Essai sur la société des émules, Paris, Gallimard, 2007. Son mail : olivier.ihl@iepg.fr
Ses thèmes de recherche actuels portent sur la double révolution de la représentation graphique et de la représentation électorale au XIXe siècle. Pour une présentation plus complète de ses publications:  http://www.olivierihl.fr


 

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