Portrait de Karine Chemla, historienne des mathématiques de la Chine ancienne et médiévale

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Karine Chemla est directrice de recherche au CNRS et travaille au laboratoire SPHERE de l’Université Paris Diderot. Ses recherches portent sur l’histoire des mathématiques en Chine ancienne et médiévale, dans la perspective d’une histoire internationale.


L’état de la recherche

Vous êtes actuellement présidente du Comité National Français d’Histoire et de Philosophie des Sciences (CNFHPS), présidente de la Société Européenne d’Histoire des Sciences (ESHS), vous avez dirigé l’UMR REHSEIS (aujourd’hui laboratoire SPHERE)… des fonctions – nous ne les citons pas toutes – qui vous placent au cœur de la politique de la recherche en histoire des sciences. Alors dites-nous : comment se porte la recherche en histoire des sciences en France et quelle est sa visibilité à l’étranger ?

Relations interdisciplinaires

Comment décririez-vous les relations entre les chercheurs en histoire des mathématiques et les mathématiciens ? Parlons-nous de communautés séparées ou bien la coopération est-elle de mise ?

Les mathématiques et l’horizon du quotidien

A la lecture de vos articles, nous avons été surpris : naïvement, on s’attendait à devoir déchiffrer des formules complexes… Nous y avons plutôt trouvé une vision des mathématiques inscrites dans le fonctionnement quotidien d’une société, de ses pratiques et de ses savoirs ; des éléments, autrement dit, d’histoire culturelle et sociale. Cela renvoie à la question de l’articulation entre les aspects théoriques, mathématiques, et les aspects pratiques, historiques, qui doit être centrale en histoire des mathématiques… Pouvez-vous nous expliquer plus en détail comment vous gérez ces deux aspects dans votre travail ?

Les sources et leur spécificité

En tant qu’historiens, on imagine assez bien à quoi peuvent ressembler les sources qui permettent de se documenter sur l’Antiquité, mais qu’en est-il de celles utilisées en histoire des mathématiques ? Quelles sont les spécificités des sources que vous étudiez, de la constitution de vos corpus et de leur analyse ?

Le travail d’édition critique

La clé de voûte de vos travaux consiste en l’édition critique des Neuf chapitres sur les procédures mathématiques, un ouvrage antique chinois sur les mathématiques considéré comme un classique, un peu comme les Eléments d’Euclide en Europe. Comment en êtes-vous arrivée à l’idée de proposer une telle édition ? Qu’est-ce que ça représente comme travail, quelles en sont les grandes étapes ?

Renouvellements historiographiques

Dans nombre de vos écrits, vous déconstruisez des concepts ou des méthodes longtemps utilisés en histoire des mathématiques, pour faire émerger de nouvelles pistes de recherche : on pense par exemple au prologue de l’ouvrage sur « l’histoire des démonstrations dans les traditions anciennes » ou l’article sur les « dangers et promesses de l’histoire comparative des sciences ». Quels sont les enjeux de ce parti pris historiographique tant dans le milieu de la recherche que pour sa réception par le grand public ?

Les préjugés dans les sciences

Du point de vue du lecteur de culture occidentale, un intérêt d’ordre général de vos recherches est de fournir des matériaux pour lutter contre un certain nombre de préjugés tenaces sur les sciences en Chine (et de là, éventuellement, sur « les chinois »…). Citez-nous un préjugé parmi ceux qui vous ennuient le plus.

Ecriture et choix editoriaux

Votre bibliographie est constituée essentiellement de deux ensembles : des articles dans des revues et des ouvrages collectifs dont vous êtes éditrice ou contributrice. Vous n’écrivez donc pas de livres, ou plutôt pas seule. Dans quelle mesure cela reflète-t-il des contraintes liées à la nature pluridisciplinaire de votre domaine, dans quelle mesure est-ce dû à des convenances personnelles ?

Histoire des sciences et philosophie des sciences

Au moins dans les sigles des institutions de recherche, la philosophie et l’histoire des sciences apparaissent liées l’une à l’autre. Parlez-nous de ce lien : quel est sa teneur ?

Etre une chercheuse très occupée

Vous siégez dans des comités, en présidez d’autres, vous dirigez une école doctorale… En même temps, vous dirigez un projet de recherche financé par l’Europe, plusieurs livres dont vous êtes éditrice sont parus récemment et d’autres sont en préparation… Est-ce que vous dormez par moments ?

Conception : Basile Breyer, Mehdi Deghrar, Roxane Gray, sous la direction de Pierre Chaigneau.
Réalisation : Manon Chaigneau.
Montage : Nicolas Boileau.

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