Editorial n°8

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Avec ce huitième numéro, Circé. Histoires, Cultures & Sociétés vous propose pour la seconde fois un dossier thématique. En le dédiant à l’histoire des sciences, nous sommes heureux de pouvoir donner, dans une revue d’histoire et de sciences sociales, une visibilité à ce champ qui n’est pas tout à fait extérieur à l’histoire mais qui ne la recouvre pas entièrement.

Le mot d’ordre, avec ce dossier, est de vous proposer un modeste panorama de la recherche en histoire des sciences. Deux lignes de force le traversent. D’abord, nous présentons quelques renouvellements récents de la recherche: Karine Chemla, spécialiste de la Chine antique, évoque les découvertes récentes en archéologie et leurs apports pour la connaissance des mathématiques chinoises. Egalement, l’article de Sabine Rommevaux-Tani révèle dans son article la richesse de l’aire latine à l’époque médiévale alors que la majorité des travaux portant sur cette période concerne l’aire orientale.
Ensuite, notre dossier illustre les passerelles existantes entre les disciplines. L’article de Thierry Joffredo semblera particulièrement familier aux historiens habitués à l’étude des sources épistolaires. L’étude de la correspondance entre deux mathématiciens lui permet de comprendre la construction de leur pensée et nous replonge dans les pratiques des scientifiques, lettrés et philosophes de la période moderne. La contribution de Romain Thomas à notre rubrique « Perspectives » vous présentera le dialogue fécond qui s’est instauré entre sciences expérimentales et sciences sociales et humaines autour de l’étude du patrimoine matériel. La philosophie des sciences, que ce soit dans le portrait de Karine Chemla ou l’article de Marie-Noëlle Doutreix, est également une des manifestations du dialogue qui est au cœur de certaines disciplines.

Comme à son habitude, Circé vous propose également un recueil de varia. Dans son article sur la prostitution à Amiens, Julie Pilorget étudie le cadre de cette activité où réglementation ne signifie pas institutionnalisation, et ne manque pas d’interroger l’organisation spatiale de la pratique. Antoine Fersing consacre son article à la formation et au recrutement par le duché de Lorraine d’officiers et de diplômés, et met en lumière l’inadéquation entre une politique de formation universitaire et les besoins du service du prince. Stéphane Le Bras, quant à lui, expose dans son article la stratégie de patrimonialisation d’une entreprise vinicole qui a cherché à pérenniser son commerce et à le maintenir dans une forme familiale. Enfin, Elisa Capdevilla, autour de l’histoire d’un quartier d’artistes, interroge les circulations culturelles et l’attractivité parisienne dans l’après Seconde Guerre Mondiale en ne manquant pas de réintroduire la question de l’espace urbain.

Ce printemps 2016 marque aussi le cinquième anniversaire de la fondation de notre revue. Il y a cinq ans, quatre étudiantes et un étudiant de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines se proposaient de créer une revue généraliste d’histoire, qui publierait des articles d’histoire et de sciences sociales recouvrant tous les sujets actuels de la recherche, sur toutes les périodes. Les membres fondateurs avaient pris pour modèle la revue des Annales, dont le directeur de publication, Etienne Anheim, fut un soutien indéfectible. Depuis, si l’équipe s’est renouvelée à plusieurs reprises, Circé a poursuivi sa route en conservant son attachement à l’éclectisme, la diversité et l’exigence. Et si depuis ses origines Circé affiche un certain penchant pour l’histoire culturelle, c’est moins par goût des membres de son équipe que du fait du bouillonnement qui agite ce domaine de l’histoire.

Huit numéros ont depuis été publiés selon un rythme semestriel, soit 63 articles et 7 portraits de chercheur.es. Depuis le départ, l’originalité de Circé réside bien dans ces portraits filmés qui accompagnent chaque numéro et qui inaugurent désormais les dossiers thématiques. La revue Circé s’honore autant de publier des jeunes doctorants et docteurs que  des chercheurs expérimentés. Surtout, cette entreprise éditoriale est un formidable moyen de former par la recherche les étudiants de master et les doctorants qui composent son équipe et qui en font un lieux précieux d’échange et d’apprentissage entre générations.
Nous adressons un salut chaleureux aux membres fondateurs, qu’ils soient ici remerciés pour ce qu’ils ont créé. Merci à Christophe Boucheron, Mathilde Geley, Inès Lalande, Mouniati Moana-Abdou Chakour et Pauline Thiverville.
Nous réitérons également nos remerciements à nos fidèles soutiens ainsi qu’aux enseignants-chercheurs qui permettent, par leur travail de relecture, à la jeune revue qu’est Circé de publier des articles conformes aux exigences scientifiques qui sont les nôtres et celles de notre communauté.

Et comme toujours, bonne lecture!

Le comité de rédaction de Circé.