Portrait de Béatrice Fraenkel, anthropologue de l’écrit

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Béatrice Fraenkel est directrice d’études à l’EHESS. Elle consacre ses recherches à la place que prend l’écrit dans les sociétés contemporaines. Ses travaux, souvent en collaboration avec des chercheurs d’autres disciplines, se situent à la frontière entre la linguistique, la sociologie du travail et l’histoire.

Transcription du portrait de Béatrice Fraenkel


Recherches personnelles – La signature, les écrits du travail et du monde de l’art

Vous êtes l’une des figures marquantes du renouveau des travaux sur la culture écrite dans les sciences sociales mais aussi dans d’autres sciences comme la psychologie cognitive. Comment vous est venue l’idée de prendre « l’écrit » comme un objet d’étude ?  Pourquoi vous êtes-vous intéressée d’abord à la signature ?

Est-ce que d’autres chercheurs travaillaient sur la signature à cette époque ou étiez-vous la seule à vous intéresser à cette question ?

Depuis les années 1990, vos recherches ont touché un grand nombre de champs disciplinaires en sciences sociales : la sociologie du monde du travail, l’anthropologie sociale, touchant notamment certaines minorités, la communication politique ou même la culture visuelle dans le monde de l’art. En quoi l’écrit constitue une grille de lecture pertinente pour tous ces champs de recherche ?

Au début des années 2000, certains de vos travaux ont porté sur les rapports entre la production écrite et le milieu de l’entreprise et du monde du travail. Pourquoi vous êtes-vous intéressée à ces relations ?

Quelle pertinence particulière de l’écrit pour analyser le monde du travail ? Quel lien particulier pourrait-on voir entre écrit et monde du travail ou de l’entreprise ?

Vous dirigez maintenant des travaux portant sur le rapport entre production écrite et production artistique. Cela pose aussi la question du rapport entre auteur et artiste. Comment vous est venu cet intérêt ?

Anthropologie et sciences humaines et sociales – L’écrit, la ville et le numérique

Une partie de vos travaux actuels s’intéresse aux mobilisations de l’écrit dans l’espace urbain, aussi bien par les pouvoirs publiques[1] que par certains groupes sociaux, sur le collectif Grapus[2], sur les slogans féministes[3]. Que pensez-vous du rôle de l’écrit dans la fabrique de la ville, de ses groupes sociaux et de leurs revendications ?

Comment l’écrit est repris par les groupes sociaux et comment peuvent-ils investir l’espace urbain par l’écrit ?

Quelles seraient les problématiques que posent la numérisation des écritures dans nos sociétés actuelles, en termes de langage et de nouvelles formes de communication ?

Conseils aux jeunes chercheurs – Enquête, travail collectif et interdisciplinarité

Dans vos recherches, l’articulation entre observation, enquête de terrain d’une part et théorie, conceptualisation d’autre part est particulièrement importante. Comment envisagez-vous la conceptualisation en sciences humaines et sociales ? Certains concepts vous sont-ils apparus particulièrement opérants ? Au contraire, quels risquent les concepts établis peuvent-ils représenter pour le jeune chercheur ?

Dès votre thèse, vous êtes allée chercher les signes de l’apparition de la signature dans l’altérité des sociétés du passé. Maintenant, certains de vos travaux et certaines thèses que vous avez dirigées ou que vous êtes en train d’encadrer s’intéressent à d’autres espaces que l’Occident européen (États-Unis, Sénégal, Mali ou le Chili par exemple). Selon vous, qu’apporte l’étude de l’altérité pour le jeune chercheur en sciences sociales ?

Vous avez participé à de nombreuses directions collectives d’ouvrages, édité avec vos collèges issus d’autres disciplines d’importants corpus de textes. Vos recherches ont porté aussi sur des collectifs engagés. En quoi le travail en groupe est important dans la production du savoir ? Quels conseils pourriez-vous donner à de jeunes chercheurs pour travailler en groupe ?

Quelle place accordez-vous à l’interdisciplinarité pour mieux réfléchir sur vos propres recherches ? Comme faire partager aux chercheurs des autres disciplines le regard de l’anthropologue ?


[1] Par exemple « L’affiche Hope », Gradhiva, vol. 11, no. 1, 2010, pp. 118-139.

[2] Avec Catherine de Smet (dir.), Études sur le collectif Grapus : 1970-1990, entretiens et archive Paris : B42 ; Rennes : Ecole européenne supérieure d’art de Bretagne, 2016.

[3]Avec Corine App, Anne-Marie Faure-Fraisse et Lydie Rauzier, 40 ans de slogans féministes : 1970-2010, Donnemarie-Dontilly, 2011, 243p.