Éditorial n°11

Imprimer ou télécharger cet article

C’est avec un grand plaisir que nous vous présentons ce onzième numéro de Circé qui réinscrit la revue dans un rythme semestriel. Chaque nouvelle publication est le fruit d’un investissement collectif important et d’une grande exigence scientifique afin de proposer des articles de qualité. Cela ne serait évidemment pas possible sans le renouvellement perpétuel de notre comité de rédaction qui s’appuie sur le concours de jeunes chercheurs dont la revue tire toute sa force. La question du renouvellement est en effet essentielle pour une entreprise éditoriale telle que Circé, qui repose sur le travail bénévole d’une équipe composée en majorité d’étudiants. Nous adressons à cet égard nos remerciements chaleureux à trois anciens membres de la revue Nicolas Lahaye, Thibault Le Hégarat et Lucie Tryoen qui ont su assurer la direction puis la transmission de la revue ; ce serait un euphémisme de dire que Circé leur doit beaucoup. Bien sûr, la revue est aussi reconnaissante envers ses nombreux soutiens ainsi qu’à la bienveillance et à la rigueur des enseignants-chercheurs qui nous accompagnent à chaque numéro. La revue reste, depuis sa création,un lieu d’échanges, de formation et le produit d’une collaboration active pour proposer des contributions offrant une grande diversité d’approches et mettant en avant des corpus de sources d’une richesse indéniable. Cet éclectisme se retrouve une nouvelle fois dans les sept varia de ce numéro.

Juliette Roy se penche sur la figure de Démétrios de Phalère, philosophe à la cour de Ptolémée Ier Sôter, et interroge le rôle de ces experts qui s’appuient sur leurs multiples savoirs et compétences pour en tirer un prestige politique et incarner des rouages indispensables au fonctionnement des monarchies hellénistiques. Autres figures liées au pouvoir, les affranchis impériaux sont un groupe particulièrement important pour appréhender les intrigues de cour sous le règne de Néron car, comme le montre Gurvanne Wellebrouck, ils sont au cœur de la familia Caesaris et de ses réseaux. Ces deux articles interrogent avec intérêt la place de ces individus qui gravitent dans les réseaux de pouvoir.Le numéro que nous vous présentons accorde ainsi une large part à une histoire sociale, comme le montre également l’article de Marie-Christine Delamotte qui questionne la figure et les caractéristiques des femmes meurtrières dans la Bretagne du XVIIIe siècle et en esquisse un portrait par l’étude des archives judiciaires du Parlement de Bretagne.

Deux de nos articles témoignent de la diversité des approches mobilisées à partir d’objets similaires, ici les foires. Benoît Saint-Cast prend le parti de s’intéresser au personnel des procureurs postulants au tribunal de la conservation des foires de Lyon du XVIIIe siècle, pris dans les conflits et les rivalités avec les juridictions ordinaires et les tentatives d’uniformisation de la monarchie. Quant à Boris Cattan, il propose une analyse des foires aux chevaux dans la France révolutionnaire et plus particulièrement de la politique d’incitations financières menée par le Directoire pour mettre en place une politique nationale du cheval.

Dans une perspective historique et anthropologique, l’article de Vittorio Biancardi sur le microdosage de substances psychédéliques s’inscrit dans un champ de recherche relativement récent sur cette pratique spécifique de consommation d’hallucinogènes. Il propose ainsi un état de la recherche et ouvre de nouvelles perspectives en s’appuyant à la fois sur des travaux scientifiques renouvelés ainsi que sur ses propres enquêtes ethnographiques.

Enfin, interrogeant les liens entre espaces et cultures, Ana Marianela Porraz Castillo s’appuie sur les travaux de l’architecte et photographe Fernand Marcon pour livrer une réflexion historique et architecturale sur les transformations urbaines et sociales du Mexique à l’aube du XXe siècle, s’inscrivant dans l’ouverture disciplinaire chère à Circé.

Comme il est de tradition désormais, ce nouveau numéro s’accompagne d’un portrait de chercheur.se. Nous nous sommes entretenus avec Béatrice Fraenkel, anthropologue spécialiste de l’écrit animant depuis plusieurs années le séminaire « Anthropologie de l’écriture » à l’EHESS, qui nous livre ici une réflexion stimulante sur son parcours et ses travaux. Nous effleurons avec elle la question de la place de l’écrit dans la société, de la signature comme symbole de la culture écrite, le rapport entre production écrite et production artistique en passant par l’inscription de l’écrit dans le monde du travail ou l’espace urbain. Enfin cet entretien, riche, rappelle la nécessité du dialogue : dialogue entre disciplines, dialogue entre chercheur.ses.

Comme vous pouvez le constater, malgré les embûches, Circé continue son chemin, forte de la qualité de ses auteurs et de ses soutiens. En attendant le prochain numéro, nous vous souhaitons une excellente lecture.

Le comité de rédaction de Circé. Histoires, Savoirs, Sociétés