Mouniati Chakour
Résumé
Baltasar Carlos a porté le titre de prince des Asturies pendant 16 ans. Son manque de gouvernement, dû à sa mort tragique à l’âge de 16 ans à Saragosse, a fait que les historiens se sont peu intéressés à ce personnage. Cependant, en raison de sa qualité d’héritier de la monarchie hispanique, il est un personnage central des années 1620-1640 dont l’existence entre en relation avec le contexte politique, culturel et social de ces deux décennies. Notre communication s’intéressera à un processus bien singulier de la vie d’un prince héritier : son éducation. Quels sont les formes, les choix et les modes d’apprentissage pour l’éducation de Baltasar Carlos? Comment, par le biais de l’éducation d’un héritier, se construit la majesté d’un futur roi ?
Mouniati Chakour
Professeure certifiée en histoire géographie dans l’académie de Versailles puis de Mayotte. Mouniati Moana-Abdou Chakour a effectué un mémoire de master 1 intitulé « Le premier ministre et son mécénat culturel : les arts et les lettres chez Olivares et Richelieu », sous la direction de Delphine Carrangeot et Chantal Grell. En 2013, également, sous la direction de Chantal Grell et de Delphine Carrangeot, elle a présenté un mémoire de master 2 portant sur l’éducation de Baltasar Carlos, héritier de la monarchie hispanique 1629-1646. Membre co-fondatrice de la revue Circé. Histoires, Cultures & Sociétés, elle en a été la directrice de publication de 2011 à 2013.
Introduction
Fils de Philippe IV et d’Élisabeth de France, Baltasar Carlos fut l’héritier malheureux de la monarchie hispanique de 1629 à 1646.
Sa mort soudaine à l’âge de 16 ans, complexifia les affaires de la monarchie espagnole qui subissait en outre des revers en politique européenne, avec les pertes successives du Portugal et de la Catalogne en 1640 et la défaite contre les Français à Rocroi en 1643 dans le conflit de la guerre de Trente-Ans. Cette mort priva la monarchie hispanique de son seul héritier, elle qui prévalait sur la France sur ce point, jusqu’à la naissance de Louis XIV en 1638. À la mort de Baltasar Carlos, la France disposait de deux héritiers (Louis XIV et Philippe d’Orléans) tandis que l’Espagne devait faire face à un problème successoral.
Philippe IV qui, à la mort de sa femme Élisabeth de France, avait affirmé son intention de ne pas se remarier, était dès lors contraint de le faire. Le choix se porta vers celle qui fut promise à son fils Baltasar Carlos, Marianne d’Autriche. De cette union, naquirent deux héritiers : Philippe Prosper (1657-1661) et Charles II (1661-1700). Ce dernier succéda à son père sur le trône en 1665. Mais son incapacité à avoir des enfants et à assurer la succession monarchique, le contraignit à choisir un successeur en dehors de la branche espagnole des Habsbourg. Dans son testament, il désigna Philippe d’Anjou, petit-fils de Louis XIV et de sa sœur Marie-Thérèse d’Autriche, plutôt que l’empereur Léopold Ier de la branche autrichienne des Habsbourg, son cousin par son père et son oncle par sa mère. La mort de Charles II en 1700 entraîna alors l’arrivée sur le trône espagnol d’un Bourbon. La mort de Baltasar Carlos conduisit des historiens tels que Gregorio Marañón à percevoir cet événement comme le drame qui occasionna la disparition de la dynastie des Habsbourg du trône d’Espagne à l’aube du XVIIIe siècle :
peut-être que l’Espagne est un des pays où la mort prématurée de certains de ses hommes politiques a plus clairement changé son destin; et une de ces disparitions […]est celle de ce prince, chez qui, l’énergie de Dona Isabel [Élisabeth de France] avait rénové la vitalité agonisante du sang des Habsbourg et que le flegme maladif de Dona Mariana d’Autriche, seconde épouse de Philippe IV a achevé. Quel abîme entre don Baltasar Carlos, s’il avait régné, et le déchet humain de Charles II[1].
Gregorio Marañón souligne dans son ouvrage consacré au comte-duc d’Olivares en 1933, que Baltasar Carlos jouissait d’une bonne réputation de son vivant: « toutes les références contemporaines soulignaient sa sympathie et son talent»[2]. Ses qualités reconnues, opposées à celles déplorées chez Charles II, conduisirent Marañón à percevoir en lui celui qui aurait pu redresser la monarchie hispanique et ainsi empêcher l’arrivée des Bourbons en Espagne.
Nous tenterons, dans cet article, d’offrir une autre connaissance de ce prince héritier, en confortant nos conclusions sur la base des récents apports historiographiques qui récusent le terme de «décadence» associé au règne de Philippe IV[3] et des récentes études sur Baltasar Carlos et son éducation[4]. Nous proposons ainsi une nouvelle lecture historiographique, qui ne s’intéresse pas qu’aux conséquences de sa mort sur l’avenir de la monarchie mais aux éléments qui caractérisent son existence et son vivant.
Pour cela, nous analyserons et présenterons certains choix de l’éducation du prince Baltasar Carlos. Par éducation, nous entendons un processus, mis en place pour l’institution d’une personne, ici un prince héritier. Ce prince héritier est destiné à porter le titre de majesté, titre qui selon le dictionnaire du Moyen Français, renvoie à l’idée de grandeur, de dignité et de souveraineté[5]. Ce processus s’appuie sur des éléments, des choix, des modes, des moyens, des procédés pédagogiques et d’apprentissages, des ressources humaines et une organisation pour préparer et conditionner celui qui est amené à régner, au « savoir être roi ».
Quel roi éducateur fut Philippe IV ? Monarque régnant âgé de presque 30 ans au début de l’éducation de son héritier unique, il dresse un véritable programme éducatif pour son fils. Dans un deuxième temps, nous nous intéresserons à l’éducation intellectuelle et courtisane du prince. Enfin, nous verrons que la majesté de l’héritier s’affirme dans son initiation à la politique du royaume ainsi que dans les représentations utilisant sa figure.
Philippe IV, roi éducateur pour son fils Baltasar Carlos
Parmi les personnes ayant joué un rôle de premier plan dans l’éducation de Baltasar Carlos, celui de Philippe IV (1605-1665), fut particulièrement déterminant. Monarque régnant et père de l’héritier, il considérait avoir été mal formé pour la fonction de roi.
Je suis resté […] avec très peu ou pas d’informations de ce que je dois faire dans une si grande position, depuis mes jeunes années le roi, mon seigneur, qui est au ciel, ne pouvait m’introduire près de lui dans les affaires de cette monarchie…je me suis trouvé, comme j’ai dit, sans aucune connaissance de ce que je dois faire, au milieu de cet océan de difficultés et la mer de confusions[6]
La prise de conscience des lacunes de son éducation explique les motivations de Philippe IV pour mieux préparer son fils aux responsabilités qui l’attendaient. Pour cela, le roi avec la consultation de Juan Isasi Idiáquez, précepteur de Baltasar Carlos, élabora un véritable programme éducatif.
L’élaboration d’un programme éducatif complet à destination de Baltasar Carlos
Avant de recevoir le titre de maestro du prince, le secrétaire de Philippe IV, Geronimo Villanueva, écrivit à Juan Isasi Idiáquez pour l’informer de la décision du roi de le nommer précepteur du prince Baltasar Carlos, âgé tout juste de 5 ans. Juan Isasi répondit au roi que la meilleure formation pour celui qui doit devenir souverain ne se trouve ni dans les livres, ni dans les documents mais auprès de celui qui est déjà roi:
Il faut que son Altesse contemple votre majesté de très près, assiste votre majesté autant qu’il est possible parce que l’instruction par l’exemple de votre majesté sera l’instruction qui formera y informera son altesse comme il se désire avec âme, force et perfection pour que le prince soit et paraisse un prince parfait[7].
La lettre qu’Isasi écrivit au roi contenait des propositions pédagogiques pour l’apprentissage de l’héritier. Philippe IV répondit au précepteur le 31 octobre 1634, en même temps qu’il lui envoya son titre de maestro du prince, pour lui signifier ses instructions pour cette nouvelle charge[8]. Ces instructions reprenaient les propositions faites par le maestro, auxquelles le roi ajoutait souvent plus de précisions et de nouveaux éléments.
En tant qu’héritier de la monarchie catholique, la pratique et la défense de la foi étaient les premiers préceptes à transmettre au futur roi, selon Philippe IV et Isasi. En effet, pour Philippe IV, la réussite d’un bon gouvernement ne peut être conduite sans le respect du souverain envers Dieu[9]. Il était important que Baltasar Carlos « craigne Dieu et soit un grand observateur du culte divin et de l’Église Catholique ». Le roi demanda au précepteur, une attention particulière à cet effet afin que cela soit le « premier blason » du prince. Le prince devait aussi assister à la messe tous les jours et prier Dieu à chaque fois qu’il se lève et avant de se coucher. C’est après avoir compris qu’il doit agir en reconnaissance de Dieu que le prince pouvait apprendre à « très bien lire et écrire ».
Dans ses propositions, Isasi affirmait qu’il était important que le prince soit obéissant et respectueux envers le roi et la reine. Le roi reprit cette proposition en recommandant au maestro d’instruire son fils sur les «châtiments de Dieu envers les princes qui ont désobéi à leurs parents et les grands inconvénients dont ils ont été sujets»[10].
Isasi insista aussi sur le fait qu’il fallait transmettre au prince l’amour pour ses vassaux. Ce à quoi, le roi répondit qu’il fallait rappeler au futur roi qu’il devra gouverner avec amour pour ses vassaux. Il fallait l’instruire pour le conduire à gouverner sous l’observance de la religion, de la justice, de l’humanité et de la miséricorde. Parmi les autres vertus que le prince dut acquérir, le roi recommanda «la prudence, la magnanimité, la force, la tempérance et la constance ». Philippe IV insista donc sur les vertus cardinales, des vertus qui renvoient à la figure de majesté. Mais pour le roi éducateur, Baltasar Carlos devra aussi agir avec raison pour qu’il soit davantage craint, plus respecté et plus aimé. En somme, pour Philippe IV, la dignité d’un prince se manifeste par l’amour qu’il a pour ses sujets. L’amour de ses sujets envers lui doit être le fruit d’un rapport humain entre roi et sujets, guidé par la prudence et la justice.
Après avoir donné son avis sur les vertus principales qu’un héritier doit disposer, le roi donna ses indications quant à l’enseignement théorique.
Pour gouverner la monarchie espagnole, le prince devait avoir la maîtrise du «latin, français et italien», des langues jugées comme étant les plus utiles. Le latin est la langue de l’Eglise. En tant que langue mère de la latinité, celle-ci apportait au prince un savoir littéraire lui permettant de s’informer et de lire sur divers aspects. C’était aussi une langue utilisée dans la diplomatie comme en ont usé les empereurs Ferdinand III et Marie-Anne (tante et marraine de Baltasar Carlos), pour le féliciter de ses fiançailles avec sa cousine Marianne d’Autriche, seconde épouse de Philippe IV, régente d’Espagne et mère de Charles II[11]. L’italien lui permettait de mener les négociations en Italie, territoire où la monarchie gouvernait et où elle possédait des enjeux importants. Le français était utile pour mener les négociations avec la monarchie chrétienne avec qui l’Espagne était en conflit depuis Charles Quint. En plus des langues les plus utiles pour la diplomatie, Philippe IV recommanda fortement la connaissance «de toutes celles qui s’useront dans [mes] royaumes » afin que le prince puisse communiquer avec ses sujets et que les sujets soient satisfaits d’avoir un prince qui puisse comprendre leurs sollicitations.
Futur « seigneur du monde», le prince devait également avoir la maîtrise de l’espace. Ainsi, Philippe IV approuva l’opinion du précepteur selon laquelle la géographie, la sphère et la fortification étaient des « sciences très nécessaires pour le prince». En effet, le futur roi devait avoir une connaissance géographique de son royaume. Il devait aussi connaître les caractéristiques de ses différents royaumes, provinces et des frontières qu’il convenait de défendre. Pour l’héritier d’une monarchie universelle, la connaissance de la géographie de l’Europe et du monde était essentielle. La maîtrise de l’espace était complémentaire, selon Isasi, à celle de l’histoire. De ce fait, Philippe IV préconisa fortement la lecture de divers livres d’histoire pour le prince.
Philippe IV donna également ses recommandations sur la façon d’agir du prince. Il chargea le précepteur d’observer judicieusement l’évolution du prince, ses « inclinations et affections » afin de favoriser celles approuvées par la doctrine catholique. Pour ce faire, le roi conseilla de se servir de l’histoire, discipline qui enseigne à travers les exemples de princes, les modèles et les contre-modèles.
Pour Isasi et le roi, le prince devait chercher à gagner son honneur par le respect de ses sujets et pour ce faire, il devait porter une attention particulière à l’opinion et à la renommée. Cette renommée était utile pour le gouvernement et le prince devait chercher à la mériter. Philippe IV prôna ici le modèle d’un roi qui s’appuyait sur ses conseillers, sur ses sujets et qui était sensible à l’opinion pouvant établir sa renommée. Ce modèle de roi sensible à l’opinion est le contraire du tyran, archétype du contre-modèle pour un héritier. De plus, compte tenu de l’organisation de la monarchie espagnole en plusieurs royaumes, le gouvernement par l’opinion permettait de maintenir le consensus entre le roi et les différents royaumes, consensus si important à l’équilibre de la « monarchie composite » d’Espagne[12]. Pour que le prince ne soit pas un tyran et pour qu’il gouverne en s’appuyant sur les opinions de ses conseillers, il devait agir pour la vérité et ne pas se laisser persuader par ceux qui n’en useraient pas.
Le prince devait aussi estimer les nobles qui étaient susceptibles de se retourner contre le roi mais qui aidaient fortement au maintien de l’équilibre monarchique, à la défense et à la conservation de l’empire. Philippe IV recommanda à Isasi d’instruire son fils pour qu’il considère « la noblesse, les capitaines, les soldats, les conseillers et ministres », les personnes sans qui le futur roi ne peut mener un bon gouvernement. Prince prudent, il devait savoir manier avec expertise le secret, et ne placer dans la confidence que les personnes qu’il jugeait être les plus dignes de sa confiance. La distribution des privilèges et châtiments étant une de ses principales tâches, il avait pour obligation d’agir en prince modeste qui exclut la cruauté mais qui demeure toutefois juste en condamnant avec sévérité les vices.
Dans une dernière partie, Philippe IV donna les instructions concernant l’éducation du corps. Il approuva l’avis du précepteur sur le fait que le prince devait s’exercer à « monter à cheval, danser, escrimer, participer à des tournois, jouer au ballon et aux cartes », occupations honnêtes et saines pour le corps qui permettront au prince, selon Philippe IV de s’amuser comme il est de coutume à son âge et d’assister aux leçons sans que l’éducation théorique lui paraisse « si chargée ».
Enfin, Philippe IV, porta une dernière recommandation concernant les compagnons du prince. Il suggéra à Isasi de surveiller de près les échanges entre le prince et les menins pour qu’ils demeurent les « plus vertueux » afin qu’ils ne causent au prince aucun préjudice. Bien que les ménins soient les compagnons de jeux et d’enfance du prince, Philippe IV accorda une importance à ce qu’ils aient conscience du statut du prince héritier amené à être leur futur maître, à qui ils devront faire preuve de loyauté et de fidélité.
La perfectibilité du corps royal par une éducation princière réussie
Par ces instructions, Philippe IV élabora un programme précis, complet, dans lequel le père de l’héritier effectua son rôle en donnant des instructions sur tous les aspects de l’éducation de son fils.
De la qualité essentielle des souverains espagnols (celle de Rois Catholiques) à la surveillance des menins en passant par les vertus à développer chez le prince, son apprentissage intellectuel et les activités de maintien du corps, Philippe IV montre ici un roi et un père pointilleux pour l’éducation de son successeur. S’appuyant sur son expérience de roi, il souhaite que celui-ci soit un prince respecté, admiré, craint et reconnu par ses sujets : un modèle de prudence, d’honneur et de justice, pouvant aspirer à la fonction de la majesté royale.
L’enfance de Baltasar Carlos se déroula dans une période où se développa le statut des premiers ministres, les validos. Ces « technocrates » dont le roi Philippe IV renforça la compétence pour améliorer le fonctionnement de l’appareil d’État. Par conséquent, son éducation se déroula dans un contexte où la monarchie espagnole reconnaissant ses limites (Philippe IV), était également consciente que l’amélioration du corps royal pouvait passer par la formation de ses souverains. La conscience de la perfectibilité du pouvoir royal par l’éducation des héritiers avec l’éducation « incomplète » de Philippe IV explique ses intentions dans l’élaboration d’un programme éducatif aussi complet pour Baltasar Carlos.
Isasi prit ses fonctions en tant que précepteur de Baltasar Carlos le 31 octobre 1634. Le prince venait d’avoir cinq ans.
Il semble exister une constante chez les Habsbourg où les princes héritiers comme Philippe II[13], le prince héritier Carlos, Philippe III[14] et Philippe IV[15] commençaient l’apprentissage des leçons à l’âge de sept ans. Baltasar Carlos et Charles II ont été les seuls héritiers Habsbourg à avoir commencé leur formation auprès d’un précepteur à l’âge de cinq ans.
Philippe IV a choisi de faire commencer plus tôt l’éducation de ses fils. Il souhaitait prévenir une mauvaise préparation aux responsabilités qui les attendaient en rallongeant le temps de l’apprentissage pour des princes pouvant être amenés à régner dès l’âge de 14 ans.
L’apprentissage du prince au quotidien
L’apprentissage des langues
Dans l’apprentissage théorique du prince, les langues jouèrent un rôle de premier plan. Dans ses instructions à Isasi, Philippe IV exprima la recommandation suivante: «vous devez faire en sorte qu’il sache bien les langues latine, française et italienne, pour être les plus utiles pour le gouvernement de cette monarchie»[16].
Dans sa copia de abundancia qu’il publia en 1641, le précepteur relata une leçon qui s’est déroulée le 20 août 1641. Isasi affirma que le prince, âgé de 12 ans était «si avancé » en latin qu’il n’avait plus besoin de lui donner des leçons. Le prince, qui lit le matin le poète latin Martial et l’après-midi l’historien romain Justin[17] composait lui-même ses phrases en latin. Le maestro n’intervenait que pour corriger et apporter des recommandations à son élève :
il avait terminé de dire, propio Marte, une page entière en octave, du second livre de Justin, épitomé de l’histoire de Trogo; parce que son altesse est si avancée en latin, que je ne lui donne pas leçon mais que je supplie son altesse de me la faire, et quand il manque quelque chose, j’avise ou j’interviens[18].
Outre le latin, le prince apprenait également le grec tel que le suggère Isasi à la fin de sa leçon où il déplorait avoir oublié un livre qui aurait permis au roi de voir que le prince pouvait aussi bien faire en grec comme en latin.
Dans son apprentissage de l’italien, il était aidé par Vespasiano Gonzaga qui «assistait aux études de son altesse et qui souvent lui faisait la lecture en italien[19].
En plus des auteurs latins, le prince lisait également Baldassare Castiglione. Il lisait Le livre du courtisan en français et italien qu’il traduisait en castillan comme le suggère un échange rapporté par Juan de Isasi qu’il eût avec Luis Mendez de Haro[20], durant la leçon matinale du 17 août 1641:
Après la version, je dis à don Luis de Haro, en prenant le Livre du courtisan du comte Baldassare Castiglione, qui est en italien et en français: “tenez ce livre, ouvrez-le où vous voulez”. Il l’ouvrit jusqu’à la fin. Je lui dis: «signalez le chapitre qui vous plaît». Il le fit et son Altesse traduisit les deux langues en castellan[21].
Outre la lecture d’ouvrages (d’histoire, de poésie, sur des aspects de la vie de cour…), Isasi privilégia la traduction. Celle-ci était au cœur de l’apprentissage des langues anciennes comme des vivantes. En plus du Livre du courtisan qu’il parcourait en français et italien et traduisait en espagnol, le prince avait aussi traduit plus de 3 000 maximes éthico-politiques qu’il aurait souhaité voir publiées et dédicacées à son père :
Ils [le roi et le prince] sortirent le cahier des versions du castillan au latin, et son altesse traduisit cinq ou six phrases. Et c’est ainsi, que son altesse a déjà traduit plus de trois mille aethicopoliticas. Il dit à sa majesté qu’il souhaite les lui dédier, les publier et qu’ils passent en Italie, Flandres, après les avoir vu l’Espagne[22].
La transmission des valeurs de l’Histoire
Tous les auteurs des traités d’éducation s’accordaient à considérer l’histoire comme étant une discipline capitale dans l’apprentissage d’un prince. Discipline servant de science politique à l’époque moderne, c’est en elle que les précepteurs puisaient des modèles et contre-modèles à présenter aux princes. L’histoire permettait aussi d’accéder à des sources inépuisables d’informations sur le monde, le territoire sur lequel les princes aller régner et sur les États et territoires avec lesquels ils pouvaient être liés par des enjeux diplomatiques. C’est ainsi que Baltasar Carlos, lisant Justin, a baigné dans l’histoire profitant des 591 ouvrages d’histoire présents dans la bibliothèque de son père dans la Torre Alta del Alcázar de Madrid selon l’inventaire effectué en 1637[23], lui permettant de saisir la valeur de l’histoire et les préceptes enseignés par celle-ci.
La bibliothèque de Philippe IV contenait des chroniques sur l’histoire du monde, l’histoire de l’Afrique, l’histoire de l’Europe telles que l’histoire de l’Angleterre, de l’Allemagne, des pays scandinaves et de la France.
Philippe IV possédait aussi des ouvrages sur l’histoire des royaumes de sa monarchie comme la Castille, le Portugal, des Indes occidentales et sur la vie des personnages importants de l’histoire de la monarchie tels que des grands souverains ou les descendants des grandes lignées nobiliaires.
Pour Philippe IV, il fallait recourir à l’histoire car, selon, lui « tout se trouve dans les histoires ». Dans ses instructions à Isasi, le roi qui avait traduit l’histoire de l’Italie de Guichardin, exprima l’importance de l’histoire dans la formation de son successeur.
L’histoire est une vive représentation du passé qui offre d’importants documents et enseigne pour se libérer de certaines choses dans lesquels d’autres princes se sont fait remarquer. Et cela aide beaucoup de toujours tenir compte ce que disent les documents d’histoire pour la résolution de grandes choses. Il convient que le prince lise l’histoire avec considération et particulière attention pour qu’il lui reste en mémoire les actions des grands rois et les faits qui les rendirent glorieux[24].
Afin d’instruire le prince sur la connaissance de ses royaumes, notamment sur celui du Portugal, annexé en 1580 par Philippe II et qui peinait à reconnaître le roi espagnol comme son souverain naturel, Philippe IV demanda à l’historiographe portugais Antonio Brandao de rédiger en 1634, une histoire des rois du Portugal pour l’instruction de Baltasar Carlos[25]
L’ouvrage d’Antonio Brandao établit l’histoire des souverains portugais depuis Alphonse Ier jusqu’à Philippe IV, ici Philippe III de Portugal. Selon Fernando Bouza, il s’agissait, à travers cette œuvre d’éduquer Baltasar Carlos afin de lui transmettre la conscience de ce qui est portugais[26].
Il s’agissait alors de construire son identité de futur roi en prenant en compte toutes les particularités des différents royaumes sur lesquels il était amené à régner. Avec la transmission du Portugal comme héritage politique et territorial de la monarchie hispanique, le prince héritier dut apprendre à s’adapter et à composer avec ce territoire. Il répondait ainsi aux exigences de Philippe IV qui souhaitait que Baltasar Carlos soit bien informé sur ses territoires.
À ce titre, l’annexion du Portugal par Philippe II lui est présentée comme un acte légitime de la monarchie hispanique, car :
Le roi Philippe II dont la mère fut portugaise, était plus portugais que des autres nations qu’il existe en Espagne, et ainsi ses successeurs pour ce qu’ils sont en tant qu’espagnols, sont plus portugais que castillans et aragonais[27].
En 1644, Philippe IV commanda à Juan de Quiñones la traduction d’une œuvre latine du chroniqueur de sa majesté césarienne Nicolas Vernuleyo. La Disputa politica[28] est un traité sur l’art de bien faire la guerre qui s’appuie sur l’histoire pour dispenser son enseignement. Cette commande était destinée à Baltasar Carlos, alors âgé de 15 ans afin de compléter sa formation à la pratique militaire en lui présentant les vertus que doit avoir un roi lorsqu’il s’engage dans une guerre.
L’ouvrage comporte trois parties : la traduction de l’œuvre de Nicolas de Vernuleyo, composée en six chapitres qui dictent les bonnes conditions pour une conduite prudente dans la guerre selon la doctrine chrétienne, un commentaire de Juan de Quiñones à l’adresse de Baltasar Carlos puis une chorographie de la ville de Lérida, ville qui fut le théâtre de plusieurs conflits lors de la guerre de la Catalogne, opposant les armées du roi espagnol contre l’alliance franco-catalane.
S’appuyant sur les préceptes de Saint Augustin et de Saint Thomas d’Aquin, le traité insiste sur le fait qu’une guerre doit avoir une cause juste. Une guerre pour être gagnée, doit se faire avec l’aide de Dieu. Mais une guerre doit également se gagner avec la discipline militaire et sous la conduite d’un grand capitaine. La guerre doit être faite en territoire ennemi et il est préférable de n’avoir qu’un seul ennemi.
Après avoir traduit les six chapitres du traité de Verneluyo, Juan de Quiñones dans un commentaire libre, s’adressa directement au prince en ces termes :
Des six énoncés référés, je déduis que Sa Majesté votre père (Dieu le garde) et notre seigneur est la vertu même et par conséquent il est exemplaire de tout ce qui fut traité dans ces énoncés. Sans les avoir lu, il a expérimenté les doctrines et avertissements que donne l’auteur pour qu’une guerre se déroule bien. Je continuerai en ajustant certaines choses de celle qu’il y a à dire. Sa majesté a toujours montré la juste défense de sa cause, son âme catholique, son zèle au service de Dieu. Je désire que par ses réussites plus fondées dans le pouvoir de Dieu que dans ses armées, qu’il abaisse les forces des rebelles y assure la quiétude, la paix et le calme de ses sujets[29].
Les modèles de souverains prudents qui se sont engagés dans une guerre juste selon Vernuleyo, sont Alexandre le Grand, Charles Quint “modèle de prudence” et Philippe II. Avec le commentaire de Quinoñes à destination du prince, Philippe IV qui réunit toutes les vertus et toutes les qualités présentées, est placé au-dessus de tous ces modèles. Concentrant en lui toutes les vertus, il est le modèle des modèles. Ce d’autant plus qu’à la fin de l’ouvrage une grande gravure dépliable représente Philippe IV, sur un cheval en position de levade, sur un camp de guerre avec cette inscription: veni vidi, vicit deus (Je suis venu, j’ai vu, Dieu a vaincu)[30].
En pleine période de la guerre de Trente-Ans et de conflit pour la récupération de la Catalogne, le souverain a voulu se représenter aux yeux de ses contemporains et de l’opinion en présentant l’image d’un souverain prudent qui se lance dans des guerres justes. Ainsi, il rappelle à ses contemporains et signifie à la postérité que la reconquête de la Catalogne est une guerre ayant pour cause le retour de la paix au sein de la monarchie. La conscience de la mémoire et l’importance de laisser après sa mort, une image positive glorifiant son règne est à mettre en relation avec la lecture iconographique du Salon de Los Reinos au palais du Buen Retiro. En effet, les décennies 1630-1640 correspondent à une période où la monarchie saisissant l’importance de la postérité et de la mémoire, accentue sa communication et sa représentation.
Derrière la traduction de l’œuvre de Vernuleyo, il y a deux discours mémoriels et historiques : un discours généraliste destiné aux contemporains comme à la postérité et un discours plus spécifique destiné au fils et successeur de Philippe IV, à qui cette œuvre a été dédiée et réalisée pour compléter sa formation. En effet, la conscience qu’il faut accentuer la communication sur la transmission de sa mémoire et sa représentation dans la postérité poussa Philippe IV à vouloir transmettre une histoire à son fils. Par ce biais il n’est plus seulement un prince modèle aux yeux des contemporains et de la postérité, il l’est également à destination de son fils.
Philippe IV avait à cœur de lui inculquer en quoi la récupération de la Catalogne est une guerre juste et nécessaire pour la quiétude du royaume. Une guerre dont l’issue était encore incertaine en 1644 et que Baltasar Carlos aurait pu être amené à continuer s’il avait régné. Il est intéressant de voir ici l’utilisation d’une narration historique représentant Philippe IV et destinée à éduquer son successeur. Le discours historique apporte ici de la légitimité pour la transmission d’une des grandes conceptions de l’art de gouverner à l’époque moderne : celle de faire la guerre. Par cette commande, Philippe IV transmet aussi les valeurs de l’histoire et l’importance de la fabrication d’une narration historique pour celui qui est majesté.
Les menins et compagnons du prince : grandir aux côtés du prince et se former en même temps que lui
Les termes menin (menino) et ménine (menina) désignent une jeune personne noble attachée au service d’une maison princière. La fonction de menin ou ménine revenait aux membres des familles nobles les plus influents, généralement issus de la noblesse titrée[31].
Demeurant au sein de la Maison de sa mère, la reine Élisabeth de France jusqu’à l’âge de 13 ans, Baltasar Carlos grandit entouré de cette petite noblesse au service de la reine et du prince, et qui forma une «petite cour»[32] autour du prince, du moins pour les menins qui devaient le servir. Ces menins qui étaient à la fois les serviteurs et compagnons de jeux du prince, étaient également en formation au sein de la cour. De fait, ce grade de menin ou menine était leur premier accès au monde de la cour, et par lui, il leur permettait de saisir dès leur plus jeune âge les codes de la vie à la cour. Côtoyant le prince au quotidien et parce qu’ils sont des enfants, ils étaient soumis à une véritable discipline. Philippe IV, dans ses instructions au précepteur, ne manqua pas de l’interpeller sur la question des menins et de leurs échanges avec le prince :
La communication avec les menins doit être des plus vertueuses, avec grande modestie et concernant cela vous devez rester vigilant sur les dégâts que pourraient lui causer ces compagnies et s’il y avait de ceux-ci une personne qui apprendrait en même temps que le prince, cela aidera beaucoup leurs échanges. Ainsi, le prince pourra apprendre avec plus de facilité[33].
Les menins bénéficiaient aussi d’une formation encadrée. En effet, Philippe IV envoya également des instructions aux personnes participant à l’éducation courtisane et intellectuelle de Baltasar Carlos, afin de leur donner des précisions concernant le traitement des menins et leur éducation[34].
Les menins devaient apprendre la piété et les autres vertus avant les « lettres humaines ». Ils devaient participer à la messe tous les jours avec attention et dévotion et chacun à leur tour être présents aux messes auxquelles participait le prince. Ils devaient également se confesser pour les plus âgés ; pour les autres il convenait de leur transmettre cette pratique. Enfin, ils devaient demeurer dévots et prier Dieu à chaque fois qu’ils se levaient et avant de se coucher.
Le roi donna également des instructions concernant la manière dont ceux-ci devaient se comporter en présence du prince :
Que devant son altesse, ils gardent la révérence due et la modestie, que bien pour cela, ils peuvent sauter, jouer et rire[…]. Tous doivent faire selon le goût de son Altesse. Ils ne doivent jouer de mains devant son Altesse et se dire des noms par tous les endroits, et ils doivent faire tout cela devant les personnes supérieures et en public et dans les corridors de palais[35].
Sur leur comportement de manière générale, lors des goûters au palais, ils devaient demeurer modestes, ils ne devaient se servir eux-mêmes mais attendre qu’on leur serve. De cette manière, ils s’illustraient selon des principes chrétiens en faisant preuve d’honneur et de modestie. Ils étaient tenus d’aller tous les jours au palais et avaient des cours les matins et les après-midis. Ainsi, lorsque le prince faisait sa leçon avec Isasi, les menins avaient également cours dans une salle différente. Dans ces cours, ils apprenaient « la doctrine chrétienne et comment exactement servir la messe » ainsi que les principes de la langue française et latine.
Les ménins obéissaient à une discipline imposée par le roi Philippe IV et gérée par le binôme composé de la gouvernante du prince (la comtesse d’Olivares) et du maestro (Juan Isasi Idiáquez). La discipline imposée à ces jeunes nobles est évidemment à mettre en relation avec l’encadrement voulu par Philippe IV pour l’éducation de Baltasar Carlos. En éduquant intellectuellement les menins, en leur transmettant les rudiments de la vie courtisane et du service aux membres de la famille royale et en veillant à ce qu’on leur transmette les bonnes vertus, Philippe IV et le personnel chargé de l’éducation du prince veillaient à ce que les personnes entourant le prince, notamment les enfants, ne puissent pas porter préjudice au processus mis en place pour l’éduquer.
La majesté du prince héritier
Les cérémonies de juramento : présenter l’héritier aux différents royaumes de « la monarchie composite »
Dans la « monarchie composite » espagnole, les princes héritiers devaient se déplacer dans leurs différents royaumes pour une cérémonie les instituant comme futurs rois. Il s’agit en réalité d’un contrat entre l’héritier et le royaume. Les cérémonies pouvaient être unilatérales. Lorsque le royaume faisait une cérémonie de juramento à destination de l’héritier, il le reconnaissait comme son héritier naturel et lui jurait fidélité. Lorsque la cérémonie se destinait au royaume, l’héritier promettait de toujours agir pour l’intérêt du royaume et de respecter ses us et coutumes.
Chaque héritier devait donc se déplacer dans chaque royaume pour une cérémonie de juremento. Cependant, tous les monarques ne firent pas l’effort de se mouvoir dans chaque royaume pour présenter leur héritier. Toutefois, une cérémonie restait constante dans la pratique des souverains espagnols: la cérémonie de serment de l’héritier devant les Cortes de Castille[36]. Il s’agissait de la plus importante car y assistaient des représentants d’autres royaumes. À cette occasion, le prince recevait le titre de prince des Asturies, titre que portent les héritiers de la monarchie et qui légitiment leur position dans la succession monarchique.
La cérémonie de juremento de Baltasar Carlos eut lieu le 7 mars 1632 à Madrid. Les Cortes en 1632 étaient composées des députes des 19 villes représentants les neufs royaumes de Castille et se réunissaient surtout pour concéder des services extraordinaires au roi notamment de l’argent pour financer les guerres. Présenter l’héritier du trône aux États du royaume le plus influent de la monarchie fut une affaire importante puisque touchant à la succession monarchique. Pour la mise en place de cette cérémonie, le roi convoqua par le biais de cédules, les nobles, les représentants ecclésiastiques et du tiers-État pour venir jurer fidélité au prince héritier. Il est intéressant de voir comment cette cérémonie initiée par le roi régnant pour que ses sujets les plus influents politiquement reconnaissent son successeur, produit un discours sur la succession monarchique. Il ne s’agit pas d’être seulement fidèle et loyal envers l’actuel roi, il faut également prêter un serment de fidélité à son successeur.
Le 20 août 1645, Baltasar Carlos, âgé de 16 ans, effectua un autre juramento devant les fors d’Aragon dans l’église Metropolitana de Saragosse. Avec le conflit en Catalogne et redoutant une insurrection dans le royaume d’Aragon qui s’était soulevée en 1591-1592 contre Philippe II, Philippe IV fut très présent dans le royaume d’Aragon après la perte de la Catalogne en 1640. Cette présence politique et militaire avait pour but de rassurer l’élite locale et de défendre le royaume d’Aragon, suite au fait que la Catalogne devint française en janvier 1641. La Catalogne se trouvant au sein du royaume d’Aragon, cette présence avait aussi pour but de reconquérir le territoire perdu tout en assurant la conservation du royaume contre d’éventuelles intentions hégémoniques françaises et contre d’éventuelles intentions indépendantistes.
Cette présence royale en Aragon commença en 1642 et fut perçue par les Aragonais comme une faveur, puisque le roi, au lieu de demeurer à Madrid auprès de ses sujets castillans, avait fait le choix de se rapprocher de ses sujets aragonais pour mieux les défendre et rétablir l’ordre. Elle fut couronnée par la décision du roi en 1645, d’organiser une cérémonie de serment de fidélité au prince Baltasar Carlos afin que ce dernier prête un serment de fidélité aux «députés du royaume et jurés de Saragosse»[37].
Le prince devait jurer aux « prélats, ecclésiastiques, religieux, ducs, marquis, comtes, vicomtes, barons, nobles, chevaliers, citoyens, députés, des villes, et communautés du royaume d’Aragon » de respecter les fors, les libertés, les coutumes et les us du royaume. Ce serment de respect des particularités aragonaises s’appliquait aux autres royaumes et régions du royaume d’Aragon : à savoir le comté de Barcelone, le royaume de Valence, Majorque, etc.
Le 13 novembre de la même année, lors d’un voyage à Valence, le roi convoqua les Cortes du Royaume de Valence. À cette occasion, se fit un juramento de Baltasar Carlos. Il convient de noter ici une répétition. En effet, le royaume de Valence faisant également partie du royaume d’Aragon, le juramento effectué à Saragosse valait également pour le royaume de Valence. Il n’empêche, qu’avec le conflit en Catalogne, le roi sentit l’importance de convoquer les Cortes de Valence pour une cérémonie de jurement propre à leur royaume. Il tint, comme pour Saragosse, à renforcer les liens entre le corps royal et le royame de Valence :
Le treize novembre la ville de Valence connut un jour heureux, avec le jurement du prince don Baltasar Carlos d’Autriche s’est unie par la voie de la puissante connexion du serment de fidélité au royaume en jurant ses fors et lois, en tant qu’héritier légitime et futur roi de celui-ci et des autres couronnes après les longs et glorieux jours de sa majesté. Le royaume lui jura obéissance s’appuyant sur le lien inviolable de la fidélité[38].
Le 26 mai 1646, Baltasar Carlos effectua un juramento à Pampelune pour le royaume de Navarre. Il s’agissait ici de ratifier un serment effectué par le vice-roi de Navarre en 1632, à qui le roi avait délégué le droit de réaliser le serment de fidélité à la place du prince.
Dans une lettre écrite le 26 mai 1646 au royaume de Navarre, Philippe IV donna davantage d’explications concernant les enjeux de ce serment :
Illustres, révérends, nobles, mes magnifiques et bien aimés sujets, les trois États de mon royaume de Navarre, vous savez déjà que pendant les Cortes générales qui se sont célébrées suite à ma convocation dans cette ville de Pampelune, le 24 avril de l’année passée 1632, don Luis Bravo de Acuña, vice-roi et capitaine général de ce royaume, de ses frontières et de ses contrées, en vertu du pouvoir spécial que je lui donnai, comme tuteur et légitime administrateur du sérénissime prince don Baltasar Carlos, mon très cher et aimé fils, fit le serment de fidélité comme cela se fait traditionnellement et promit que le prince le ratifiera lorsqu’il sera en âge de le faire en personne et il le fera de nouveau s’il est nécessaire. Et pour l’accomplissement de cela, me trouvant ici et consentant votre supplique et avec ma volonté de vous favoriser avec une action et après avoir entendu le contentement que vous avez manifesté dans cette action, qui est conforme à votre fidélité et à la volonté avec laquelle vous m’avez servi et me servez, avec la volonté qu’il y a en moi pour vous remercier, j’ai résolu que se fasse la ratification et l’approbation du dit serment de fidélité dans la forme habituelle et que vous soyez convoqués et ensemble pour que cela ait lieu. Je veillerai toujours à votre bien et à votre protection comme je reconnais que c’est ainsi que doit agir la justice royale[39]
Les juramentos d’Aragon, de Valence et de Navarre ont eu lieu durant le conflit de la Catalogne. En cette période d’affrontement militaire où le pouvoir avait perdu deux de ses territoires (le Portugal et la Catalogne), le choix d’organiser ces juramentos de fidélité n’est pas anodin. Le royaume d’Aragon est l’entité gouvernementale auquel appartenait la Catalogne. Celui de Valence situé également dans le royaume d’Aragon est limitrophe à la Catalogne. Enfin, le royaume de Navarre, reste un point stratégique pour demeurer frontalier avec la France, avec qui l’Espagne est en conflit. Il est intéressant de voir par les exemples de Navarre, d’Aragon et Valence, comment dans les territoires où il pourrait être affaibli, le pouvoir s’est mu et communiqua à travers des cérémonies de serment de l’héritier, en affirmant ou en réaffirmant le contrat de fidélité entre l’héritier et ses royaumes.
Il convient de noter que la monarchie qui avait toujours gouverné à travers un consensus entre le pouvoir local et le pouvoir à Madrid, utilisa la figure de l’héritier pour maintenir voire renforcer ce consensus. En effet, par la présence du roi et de l’héritier, la monarchie offre un double privilège à ces royaumes. Un double privilège qu’avait déjà expérimenté le Portugal en 1619, quand Philippe III, sentant que les relations entre le Portugal et le pouvoir pourraient se détériorer, avait utilisé l’héritier Philippe IV, dans son voyage au Portugal pour réaffirmer le lien entre le Portugal et la Couronne espagnole. Le juramento bien qu’étant une cérémonie obligatoire, obéit souvent à des circonstances politiques précises. Ces cérémonies montrent que la monarchie espagnole n’est pas celle d’un roi absent, dissimulé. Elles montrent un roi qui se manifeste et qui a une maîtrise de ses interventions publiques, n’hésitant pas à se déplacer dans chaque royaume pour réaffirmer le contrat existant entre le roi et ses sujets. Malgré l’absence d’un État espagnol unificateur et centralisateur, le roi demeura toujours présent.
En outre, ces cérémonies participèrent à la représentation du prince en tant qu’héritier. Elles permirent au prince de voyager et d’aller à la connaissance de ses royaumes. Elles lui permirent aussi une initiation à la politique intérieure, par une familiarisation à l’organisation politique et au fonctionnement de la monarchie composite hispanique.
L’initiation aux affaires se faisait également par le biais d’assistance à des conseils. Durant l’absence de son père, en guerre en Catalogne, sa mère Elisabeth de France alors régente, s’occupa de son éducation politique, en le faisant assister à des conseils. Dans une lettre adressée à Philippe IV le 23 novembre 1642, Baltasar Carlos qui était âgé de 12 ans, mentionna un conseil auquel il assista avec sa mère :
Ma mère organisa un conseil hier qui commença à 12 heures et se termina environ à 12 heures (sic.) ou à 15 heures. Je suis rentré dans ma chambre, laissant ma mère dans le conseil[40]
À 12 ans, il semble que le prince avait conscience du rôle de régente de sa mère et qu’elle devait tenir plusieurs conseils. Dans une autre lettre, adressée à Philippe IV, il l’informa qu’en raison de sa maladie, sa mère n’a pu organier aucun conseil[41]. Un rapport envoyé par Isasi à Olivares sur une journée du prince, suggère qu’il s’agissait d’une activité courante dans l’éducation du prince. En plus de ses leçons, de ses sorties au Pardo pour chasser, le prince pouvait passer certaines après-midis dans des conseils :
Seigneur, hier je vous ai informé de la bonne leçon que fit son altesse (que Dieu garde) et du conseil qu’il eut. […] Le discours de son altesse fut prudent et très réussi. Le prince sortit ce matin pour le Pardo[42].
Selon l’historiographie aragonais Andrés Uztarros, durant les années 1645-1646, Philippe IV impliquait de plus en plus Baltasar Carlos dans les affaires du royaume, après la fin de son éducation auprès de son précepteur:
Le roi commençait déjà à cette période à faire participer son Altesse dans les dispositions de la monarchie, ainsi ses royaumes pouvaient bénéficier d’un tel bénéfice et le roi fut content qu’il assiste en sa compagnie aux affaires. Et dans ces occasions, il réfléchissait avec tant de sagesse comme s’il était plus âgé. Éduqué parmi les papiers d’État, il interrogeait, désirant savoir ce qui conviendrait le mieux pour bien faire. On l’informait sur toutes les affaires pour qu’il s’habituât, dans cet exercice si utile et nécessaire aux royaumes[43]
Le prince participait aussi tous les vendredis à la réunion entre le président de Castille et le conseil royal, où l’on discutait des affaires politiques les plus importantes de la semaine[44].
La majesté de l’héritier par Diego Velázquez : annoncer un futur roi
Tout visiteur du Prado a pu se rendre dans sa salle ovale où se trouve l’attraction principale du musée : les ménines de Velázquez. Mais avant d’accéder aux ménines et de se joindre à la foule subjuguée par ce chef-d’œuvre, l’attention se porte vers la série de portraits équestres peints par Diego Velázquez et présents dans la salle. À gauche, il note, le portrait équestre de Philippe III. Sur le mur de droite, celui de sa femme Marguerite d’Autriche. Un peu plus loin, celui d’Olivares qui évoque son valimiento. Son roi, Philippe IV, lui fait face, représenté de profil, de sorte à voir comme dans le portrait de son père l’étendu du paysage, censé rappeler le vaste territoire sur lequel il gouverne. La maîtrise de son cheval dans une position évoquant la majesté royale semble indiquer qu’il contrôle avec sang-froid les affaires du royaume. Sur le mur de gauche, faisant face à Philippe IV, Élisabeth de France apparaît majestueuse sur un cheval blanc. Sa présence, comme celle de Marguerite d’Autriche rend hommage à leur fonction de reines de la monarchie universelle. À côté d’Élisabeth de France, Baltasar Carlos (fig.1), âgé à peine de cinq ans, semble bondir vers le spectateur. Représenté sous une forme de portrait équestre comme ses parents et ses grands-parents, son cheval est néanmoins en mouvement, le bâton de commandement beaucoup plus relevé. Le dynamisme renvoyé par le tableau contraste avec la quiétude de Philippe III et Philippe IV. La majesté et la potestas du prince sont exaltées en montrant un héritier du trône déterminé à prendre bientôt le pouvoir de son royaume.
Le portrait équestre de Baltasar Carlos comme les quatre autres portraits équestres des membres de la famille royale font partie du programme iconographique du Salón de los reinos. Il s’agit d’un programme mis en place en 1636 pour le palais du Buen Retiro. Trois séries de peintures thématiques composaient ce programme: les tableaux qui représentaient les victoires les plus importantes du règne de Philippe IV, les travaux d’Hercule et les cinq portraits équestres que nous avons mentionnés et qui représentaient la continuation monarchique. Le discours de la continuation monarchique iconographique revêt ici plusieurs formes. D’abord, avec un Hercule Hispanicus (référence mythologique et personnage intemporel que tous les rois de la monarchie pouvaient s’approprier) et les portraits de Philippe III/Marguerite d’Autriche, il se transmet une narration historique appartenant à la tradition monarchique et à la mémoire du passé récent de la monarchie. Avec Élisabeth de France, Philippe IV et ses batailles, il s’agit d’une mémoire qui est à la fois vécue et en train d’être construite par ses protagonistes. Enfin, le portrait équestre de Baltasar Carlos, invite à envisager l’avenir. Contrairement aux autres peintures équestres, son cheval est en mouvement. Il est transmis ici, la conquête d’un royaume futur, une projection dans l’avenir qui annonce un futur gouvernant. Le choix portrait équestre à cet effet, n’est pas insignifiant.
Le salon des royaumes était particulièrement signifiant pour Baltasar Carlos, placé au centre de ce discours monarchique et à qui ce discours est destiné comme l’a démontré l’historien Pellicer dans un sonnet où il qualifiait le salon des royaumes «d’éloquente leçon construite pour Baltasar Carlos»[45]. En effet, le salón de los reinos avait une valeur pédagogique pour le prince qui put, par ce programme iconographique, saisir son histoire monarchique et l’importance de l’étendu territorial de la monarchie par les territoires que Philippe IV dut défendre ; ceux-ci étant illustrés par les tableaux des batailles. Il put également saisir de quelle manière un souverain peut mettre en scène et raconter son règne et dans une outre mesure, comment la protection accordée à des artistes permet à une cour et à un monarque de briller à l’échelle européenne par le témoignage de son estime pour l’art en entreprenant un fastueux programme iconographique.
À l’instar de Philippe III, l’éducation du prince Baltasar Carlos a été un argument de mise en scène de son statut d’héritier. Considéré comme un antécédent des Ménines[46], La Leçon d’équitation du prince Baltasar Carlos (fig.2), fut commandée à Velázquez par Olivares[47].
Le premier plan montre le prince à cheval, dans une position de levade. Au deuxième plan, le comte duc reçoit une lance d’Alonso Martínez de Espinar, maître de chasse du prince Baltasar Carlos. Derrière eux, nous percevons Juan Mateos, son autre instructeur de chasse et un nain qui semble être Francisco Lezcano, compagnon de divertissement du prince. Dans le balcon, le roi, la reine, et la comtesse d’Olivares observent le déroulement de la leçon. En représentant une partie des personnes de son environnement éducatif, la peinture est une allégorie de la société de l’éducation du prince. Toutefois, les différences de plan et d’échelles entre les personnes illustrées montrent un tableau glorifiant le valido, qui, ici, est bien plus mis en avant que le roi. Il s’agit d’un valido éducateur de l’héritier, qui est ici représenté. Mais le protagoniste reste, toutefois le prince. La publicité de son éducation est faite pour affirmer son habileté équestre. La maîtrise du cheval suggère une maîtrise de son éducation, laquelle comme dans la Copia de abundacia annonce la maîtrise d’un gouvernement futur.
Généralement, sont représentés sous la forme d’un portrait équestre, les souverains, les grands hommes influents politiquement comme les ministres importants, les reines, les frères du roi quand ils sont adultes mais jamais les princes dans leur enfance. De fait, Baltasar Carlos est le premier héritier de la monarchie hispanique et peut-être d’Europe, à être représenté sous la forme d’un portrait équestre, lorsqu’il était un enfant et sans avoir démontré son influence politique. Avec ce prince, il n’est guère question d’attendre son arrivée sur le trône, pour symboliser sa majesté par le portrait équestre. Sur son cheval dans le Salon des Royaumes, Baltasar Carlos semble déjà grand et puissant. Ainsi, ce tableau, en représentant de cette forme Baltasar Carlos lui procure une majesté qu’il ne peut acquérir par d’autres voies, en raison du fait qu’il est encore un enfant âgé de cinq ans et qu’il ne gouverne pas. On voit dès lors que cette majesté imagée du prince héritier annonce celle qui sera effective lorsqu’il régnera.
Conclusion
La présente étude a montré les remarquables qualités de Philippe IV en tant que roi éducateur. Saisissant mieux que quiconque les enjeux de l’éducation de son successeur, Philippe IV offrit une éducation intellectuelle, courtisane et politique très complète à Baltasar Carlos allant même jusqu’à l’initier aux éléments de communication et de représentation du pouvoir monarchique.
L’éducation de Baltasar Carlos fut celle d’un prince destiné à régner et à être le souverain de sujets auprès de qui il devait susciter honneur, respect et obéissance. De fait, l’éducation de Baltasar Carlos fut une majesté en construction dont tous les éléments convergeaient à lui faire prendre conscience et à transmettre aux contemporains sa future grandeur, supériorité et autorité sur les autres. Majesté étant la fonction qu’il devra exercer et par lequel ses sujets l’appelleront une fois roi. L’exemple de Baltasar Carlos montre que la raison divine ne suffit pas à assurer la majesté et la grandeur souveraine. Philippe IV en avait conscience, lui qui reconnaissait les défauts de son éducation. La reconnaissance des imperfections de son éducation entraina chez lui une prise de conscience sur le fait que la perfectibilité du corps royal pouvait passer par l’éducation des princes héritiers. Pour Isasi et Philippe IV, il ne s’agissait pas seulement d’instruire de manière érudite le prince ou de l’initier aux activités courtisanes, il fallait le former au métier pour lequel il était destiné et le plus longtemps possible, construire le plus tôt possibilité la majesté du futur roi.
[1] MARAÑÓN G., El Conde-Duque de Olivares, la pasión de mandar [1933], Madrid, Espasa Calpe, 2006, p.322.
[2] Ibidem
[3] Voir notamment ALCALA-ZAMORA J. & DE LLANO Q. (sous la direction de), Felipe IV, el hombre y el reinado, Madrid, Actes de Colloques, Fernando Villaverde ediciones, 2005.
Sur le gouvernement de son valido voir: ELLIOTT J.H., El conde-duque de Olivares: el político en una época de decadencia [1986], Barcelona, RBA Coleccionables, 2005
[4] BOUZA ALVAREZ F. J., «La herencia portuguesa de Baltasar Carlos de Austria: El directorio de fray Antonio Brandão para la educación del heredero de la monarquía católica » dans Cuadernos de Historia Moderna, N°9, 1988, pp 47-62.
AGUILAR-ADAN Ch., «L’institution d’un prince: leçons d’art de gouverner adressées à Baltasar Calos de Austria (1629-1646)», dans CIVIL P. (sous la direction de), Ecriture, pouvoir et société en Espagne aux XVIe et XVIIe siècles, hommage du CRES à Augustin Redondo, Paris, Presse de la Sorbonne Nouvelle, 2001, pp 77 -113.
[5] http://www.atilf.fr/dmf/
[6] HOFFMAN M.K., Raised to Rule: Educating Royalty at the Court of Spanish Habsbourg 1601-1634, Baton Rouge, Louisiana State University Press, 2011, p 198.
[7] Archives Nationales de France (ANF), Collection Tiran, AB/XIX/596/B, Papeles varios politicos y de Estado, p. 74.
[8] Real Academia de Historia, Salazar y Castro. M-60, fols. 6-8, Instructions données par Philippe IV à Isasi pour l’éducation de Baltasar Carlos
[9] Sa correspondance avec la sœur Marie d’Agréda dans laquelle le roi se confia en abordant les enjeux de politique intérieure et extérieure et en demandant à la sœur de prier constamment pour lui afin de l’aider à mieux réussir dans sa tâche, montre un roi, qui, reconnaissant que son pouvoir et ses responsabilités lui sont transmises par la voie divine, ne peut se résoudre à gouverner sans considérer la religion et sans l’aide de celle-ci.
GERMOND DE LAVIGNE A., La sœur Marie d’Agréda et Philippe IV roi d’Espagne, correspondante inédite traduite de l’espagnol, Paris, Auguste Vaton, 1855.
[10] Philippe IV se réfère ici certainement au prince Don Carlos, qui après avoir désobéi à son père Philippe II et alimenté une révolte aux Pays-Bas contre lui est condamné par l’Inquisition et enfermé en prison jusqu’à sa mort.
[11] Archivo General de Simancas, Estado, Alemania. leg. 2847.
[12] Sur l’évolution de l’organisation politique des monarchies européennes depuis le Moyen Âge en monarchies composites voir : ELLIOTT J.H., « A Europe of Composite Monarchies », Past and Present, n°137, Nov. 1992, p. 48- 71.
[13] GONZALO SANCHEZ – MOLERO J.L., El erasmismo y la educación de Felipe II…, p 193.
[14] TINEZ MILLAN J.& VISCEGLIA M.A. (sous la direction de) La monarquía de Felipe III : la Casa del Rey,
vol.3, Madrid, Fundación MAPFRE, 2008, p 87.
[15] HOFFMAN M.K., Raised to rule…, p 57.
[16] Real Academia de Historia, Salazar y Castro. M-60, fols. 6-8, Instructions données par Philippe IV à Isasi pour l’éducation de Baltasar Carlos
[17] ISASSI IDIAQUEZ J., Copia de la abundancia de la licion, que hizo de sus estudios el serenissimo senor Principe N.S.D. Baltasar Carlos, delante de la Magestad del Rey N.S. Flipe IIII. El Grande, en veinte de Agosto, de mil y seiscientos y quarenta y uno, Madrid, 1641.
[18] Ibidem, p 7.
[19] Ibidem, p. 32.
Marquis consort de Mirabel, Vespasiano Gonzaga devint le 18 juin 1643, gentilhomme de la chambre du prince.
[20] Luis Méndez de Haro y Sotomayor (1598-1661), marquis de Carpio, neveu d’Olivares. Il fit sa carrière à la cour sous la protection de son oncle, à qui il succède au valimiento en 1643.
[21] Copia de la abundancia p.3:
[22] Ibidem, p.3.
[23] Sur le rapport entre la bibliophilie et Philippe IV voir BOUZA F., El libro y el Cetro: La Biblioteca de Felipe IV en la Torre Alta del Alcázar de Madrid, Madrid, Instituto de Historia del Libro y de la Literatura, 2005.
[24] Real Academia de Historia, Salazar y Castro. M-60, fols. 6-8, Instructions données par Philippe IV à Isasi pour l’éducation de Baltasar Carlos
[25] Ms 2050 BNE, António Brandaó, Directorio sacados de las vidas i hechos de los esclarecidos Reies de Portugal, Madrid, 1633.
[26] BOUZA ALVAREZ F. J., « La herencia portuguesa de Baltasar Carlos de Austria: El directorio de fray Antonio Brandão para la educación del heredero de la monarquía católica » dans Cuadernos de Historia Moderna, N°9, 1988, pp 47-62.
[27] BRANDAÓ A., Directorio sacados de las vidas i hechos de los esclarecidos Reies de Portugal…, p. 63.
[28] VERNULEYO Nicolas, Disputa politica, qve consta en de seis oraciones, en qve se trata como se ha de hazer la guerra felizmente, escritas en lengua Latina el año de 1630. Traduzidas en castellas por Iuan de Quiñones, Madrid, Catalina de Barrio, 1644.
[29] VERNULEYO Nicolas, Disputa politica, qve consta en de seis oraciones, en qve se trata como se ha de hazer la guerra felizmente, escritas en lengua Latina el año de 1630. Traduzidas en castellas por Iuan de Quiñones…, p. 81.
[30] Le roi se réfère ici à la récupération de la ville de Lérida par les troupes espagnoles en 1644.
[31] En effet, pour le valido Olivares, ces fonctions devaient revenir aux enfants issus de la noblesse «de premier sang»
ELLIOTT J.H. & DE LA PEÑA J.F., Memoriales y cartas, T.II, p. 89.
[32] Nous reprenons ici un terme utilisé par Marie-Ange Boitel-Souriac dans une étude qu’elle a consacrée sur la jeune noblesse grandissant à la cour de France au XVIe siècle, autour des princes et princesses Valois. « L’analogie entre la cour du roi et la société des enfants de France soulignée par le précepteur de Philippe Strossi affirme donc qu’il existe dans le royaume de France deux cours évoluant en parallèle, celle du roi et celle de ses enfants: « la petite cour » qui, à en croire le choix du vocable employé par les contemporains, est une reproduction à plus petite échelle de la cour du roi de France. Reste à savoir si la teneur du qualificatif minorant cette cour renvoie à son faible poids numérique et structurel ou à la jeunesse de ses princes et courtisans ».
Voir BOITEL-SOURIAC M.-A., «Grandir à la cour dont le prince est un enfant, la petite cour des enfants de France au XVIe siècle, ou l’école des normes et codes de la société curiale » dans ROULLET A., SPINA O. & SCZECH N. (sous la direction de), Trouver sa place, individus et communautés dans l’Europe moderne, Madrid, Casa de Velázquez, 2011, p 37.
[33] Real Academia de Historia, Salazar y Castro. M-60, fols. 6-8, Instructions données par Philippe IV à Isasi pour l’éducation de Baltasar Carlos
[34] Archivo Histórico Fundación Álvaro de Bazán , caja 234. exp.1.
[35] Ibidem.
[36] Voir MARÍAS F., «La re/presentación del heredero: la imagen del príncipe de Asturias en la España de los Austrias » dans HEIMANN H.-D., KNIPPSCHILD S., MÍNGUEZ V., Ceremoniales, ritos y representación del poder, Castelló de la Plana, Publicaciones Universitat Jaume 1, 2004, pp 115-142.
[37] Relacion del juramento de los Fueros de Aragon, que hizo el Serenissimo Principe D. Baltasar Carlos, en la iglesia Metropolitana de la ciudad de Zaragoza, en 20 de agosto de 1645 (disponible en ligne: http://www .cervantesvirtual.com/obra/relacion-del-juramento-de-los-fueros-de-aragon-que-hizo-el-serenissimo- principe-d-baltasar-carlos-en-la-iglesia-metropolitana-de-la-ciudad-de-zaragoza-en-20-de-agosto-de-1645/)
[38] UZTARROS A., Obelisco Historico, I honorario qve la imperial civdad de Zaragoza erigio a la inmortal memira del Serenissimo Senor, Don Balthasar Carlos de Avstria, principe de las Españas, Zaragoza, Hispotal R.i G. de nuestra Senora de Gracia, 1646, p. 99.
[39] Ratificacion, o iuramento qve hizo el serenissimo principe don Baltasar Carlos principe natvral heredero deste Reyno de Naurra nuestro senor, por su persona, en presencia del Rey don Felipe Sexto su Padre nuestro senor, en la Iglesia Catedral de esta ciudad de Pamplona : y el que en sus Reales presencias prestaron a su Alteza los tres Estados deste Reyno, estando junto en sus Cortes generales el año 1646, Pamplona, Martin de Labáyen y Diego de Zabala, 1647. RAH 149156 (12).
[40] Bliblioteca Nacional de España, MSS 18201, fol. 230.
[41] Ibidem.
[42] AHFAB, caja 234, exp. 1
[43] UZTARROS A., Obelisco Historico…, pp. 103-104.
[44] Ibidem.
[45] BROWN J. & ELLIOTT J.H., A palace for a king: the Buen Retiro and the court of Philip IV [1980], New Haven, Yale University Press, 2003, p.201.
[46] GONZÁLEZ DE ZÁRATE J.M, “El retrato en el barroco y la Emblemática: Velázquez y la Lección de equitación del príncipe Baltasar Carlos”, Boletin del Museo e Instituo “Camón Aznar”, 27 (1987), p.30.
[47] ÚBEDA DE LOS COBOS A, (Sous la direction de,), El palacio del Rey Planeta: Felipe IV y el Buen Retiro Cat. Exp., Madrid, Museo Nacional del Prado, 2005, p.75-76.