« Bohémiens », « gens sans aveu » : désigner les nomades (Seine et Oise, 1900-1940)

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Isabelle Guichon

Cet article est tiré d’un mémoire de master 1 histoire réalisé à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines soutenu en juin 2011. Isabelle GUICHON, « La représentation de l’altérité : le cas des nomades en Seine-et-Oise (1900-1940) », sous la direction de Juliette Aubrun et Christian Delporte, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, 2011 (mémoire de Master 1 non publié).

Résumé
Se basant sur des archives administratives (arrêtés municipaux, correspondance, pétitions…) conservées aux Archives départementales des Yvelines (dans la sous-série 5M), cet article résulte de l’étude terminologique des expressions servant à désigner les nomades et ainsi, de la représentation que l’on peut en avoir. Les termes recensés sont dès lors souvent marqueurs d’altérité à une époque où se développent les pratiques policières d’identification et où se met en place la surveillance des nomades à l’échelle nationale via l’imposition du carnet anthropométrique d’identité (loi du 16 juillet 1912).

Isabelle Guichon est née le 27 février 1988. Après une licence d’histoire à l’université Rennes 2, elle effectue son master 1 histoire à l’université Saint Quentin-en-Yvelines en étudiant les représentations autour des nomades (termes employés, méfaits qui leur sont attribués, dispositions prises à leur encontre) au niveau local, dans le département de Seine-et-Oise. Suite à l’obtention d’un master professionnel « métiers des archives » au sein de cette même université en 2012, elle travaille actuellement en tant qu’assistante archiviste au sein du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris.
guichonisabelle@yahoo.fr


Appelés « Egyptiens », « Bohémiens », « Romanichels », puis « nomades » à partir de la mise en place de la loi du 16 juillet 1912 (c’est-à-dire il y a tout juste cent ans), les Tsiganes forment un peuple depuis longtemps entouré de mystère[1] dont les nombreuses façons de les nommer révèlent la difficulté à savoir précisément d’où ils viennent et qui ils sont.

            Installés en France pour certains depuis le XVe siècle, ils font l’objet d’une certaine curiosité, mais surtout d’une forme de peur comme en témoignent les différentes mesures prises à leur encontre au fil des siècles[2] : mesures d’expulsion sous Louis XII (1504), édit de François 1er (24 juin 1539), ordonnance de Charles IX (janvier 1561), « déclaration du Roy contre les Bohèmes » de Louis XIV (11 juillet 1682)…

             La fin du XIXe et le début du XXe siècles, années de consolidation de la République[3], pérennisent les vieux stéréotypes et apparait comme un moment de transition vers un régime de contrôle plus sévère[4] caractérisé par une « intolérance administrative » de plus en plus grande envers les nomades et par une pression des élus locaux qui réclament que des mesures soient prises.

            Ne s’attachant plus seulement à la citoyenneté, la troisième République (proclamée en 1870) porte un véritable intérêt pour la nationalité (la première loi française sur la nationalité date de 1889) et s’attache à définir le principe d’identité sur lequel constituer l’unité de la nation[5]. Les politiques protectionnistes se développent aussi dans les années 1880. En parallèle, la xénophobie s’intensifie à la même période[6] (années 1880-1890)avec l’émergence de deux paradigmes : l’étranger inférieur et l’étranger criminel[7], alors que la « pensée raciale » se mue en idéologie à une époque où débute l’ère impérialiste et l’ère de la colonisation, qui aboutit à une vision inégalitaire et hiérarchisée de la société[8]. L’anthropologie acquiert son autonomie et son institutionnalisation en tant que nouvelle « science de l’homme » et les anthropologues prennent place au sein du paysage intellectuel français avec des savants comme Broca, Letourneau, Gobineau, Lapouge…  La troisième République est aussi un tournant dans l’histoire des pratiques policières d’identification (on passe d’un système de surveillance à un système de contrôle)[9] avec la multiplication des documents d’identité et l’essor d’un savoir-faire d’Etat mobilisé à des fins de maintien de l’ordre[10], notamment avec l’essor de l’anthropométrie, qui doit beaucoup à Alphonse Bertillon, et l’introduction de la photographie comme moyen d’identification.

            Réputés insaisissables et supposés jouir d’une impunité totale, à une époque où le vagabondage constitue un délit et est interprété comme un refus du travail[11], les nomades, dont le mode de vie dérange souvent, font l’objet d’un rejet de la part d’une certaine partie de la population, des élus et de la presse, et l’on cherche donc à mettre en place un dispositif législatif permettant une meilleure surveillance et un meilleur contrôle. Leur caractère mobile est vu comme une anomalie par les pouvoirs publics et il suscite la suspicion quand ce n’est le mépris. La première mesure d’envergure a être prise est la décision d’organiser un recensement des « nomades, Bohémiens et vagabonds » qui a lieu simultanément, à l’échelle du territoire national, le 20 mars 1895 et le vote d’un ordre du jour à la Chambre des députés le 29 octobre 1907 pour « débarrasser le pays des incursions des bandes de romanichels[12] », qui aboutit quelques années plus tard au vote de la loi du 16 juillet 1912, qui met en place le régime des nomades et qui leur impose le port du carnet anthropométrique d’identité. Par l’article 3 de cette loi, les nomades sont définis comme « tous les individus circulant en France sans domicile ni résidence fixe et ne rentrant dans aucune des catégories ci-dessus spécifiées [les marchands ambulants et les forains], même s’ils ont des ressources ou prétendent exercer une profession », et ce quelle que soit leur nationalité. On le voit, une catégorie est crée, aux critères assez flous. Les nomades se définissent négativement : sans domicile, sans métier avoué. Plus tard, cette mise en catégorie préalable sert à la politique d’internement mise en place sous le régime de Vichy.

            S’attachant au département de la Seine-et-Oise (disparu le 1er janvier 1968 pour former les départements de l’Essonne, du Val d’Oise et des Yvelines), cet article est le résultat de l’étude, sur le plan local, de la façon dont on se représente cette catégorie de la population, que l’on appelle les « nomades » (et qui s’opposent donc aux « sédentaires ») entre la toute fin du XIXe siècle et avant la Seconde Guerre mondiale. Plutôt que de s’attacher à décrire un groupe caractérisé par une exclusion, il s’agit d’appréhender le processus qui conduit à cette situation[13], visible à travers une étude terminologique du vocabulaire utilisé pour désigner le nomade[14].

Certaines catégories d’individus peuvent faire l’objet d’une mise à l’écart, du fait  qu’ « avant d’être jugés sur leurs opinions et leurs actions », ils le sont « au nom de ce qu’ils sont »[15], selon une évaluation hiérarchique de leur différence. Dans chaque société, la figure incarnée par l’Autre est toujours l’objet de représentations, changeant au gré des circonstances[16], « derrière les mots et les images se profile toujours un ensemble d’idées et de croyances qui est la traduction de notre relation à soi et à autrui[17] ». Les archives étudiées (arrêtés municipaux, correspondance pour plaintes, pétitions) sont révélatrices de la multiplicité des noms qui servent à désigner le nomade, à qui l’on refuse le statut de citoyen, même si on ne nie pas le fait qu’il soit de nationalité française dans la grande majorité des cas[18]. Cette diversité lexicale est aussi révélatrice des théories et hypothèses au sujet des origines du peuple tsigane, mais aussi de son mode de vie. Souvent confondus dans une même peur, « le nomade, le mendiant, le vagabond, le bohémien participent à la fin du XIXe siècle à la construction d’une figure emblématique symbole de toutes les peurs et obsessions d’une société en proie à une psychose croissante d’insécurité[19] ». Il convient donc d’étudier quels sont les termes utilisés pour désigner le nomade, et ainsi signifier son altérité.

S’opposant au mot « sédentaire »[20], le terme « nomade »[21] est celui qui est le plus usité dans les archives étudiées ; il est présent dans 140 arrêtés municipaux, extraits de registres de délibérations de conseil municipal, arrêtés de police, correspondance, sur un corpus total de 171 documents. Il semble que c’est au XIXe siècle qu’apparaissent les emplois figurés du nom (1832) et de l’adjectif (1892)[22] qui désigne alors « l’errant, l’itinérant »[23]. Il sert donc à utiliser non seulement les Tsiganes, mais aussi les mendiants et les travailleurs migrants nationaux ou étrangers. Dans le corpus de documents étudiés, on observe qu’il n’y a pas de coupure nette dans l’usage du mot avec la mise en place de la loi du 16 juillet 1912 qui introduit la catégorie « nomade » sur le plan juridique[24] en la définissant dans son article 3. En effet, le mot est utilisé aussi souvent avant cette date, même si on éprouve alors parfois le besoin de l’expliciter en l’associant à d’autres termes :

« Considérant que le nombre de nomades : bohémiens, vanniers ambulants est sans cesse croissant […][25] »

Ou bien alors de montrer qu’on englobe sous ce terme différentes composantes du monde du voyage, en utilisant le terme « de toutes catégories » :

« Les nomades de toutes catégories ne pourront séjourner et établir leurs voitures et leurs campements sur le territoire de la commune […] [26]»

Une fois la loi du 16 juillet 1912 mise en application, on ne trouve qu’un seul arrêté municipal qui y fait explicitement référence :

« Il est défendu aux individus réputés nomades par l’article 3 de la loi du 16 juillet 1912 de séjourner sur le territoire d’Orsay [27]»

Cependant, on trouve parfois des références au fait que des personnes sont nomades car elles possèdent le carnet anthropométrique d’identité institué par la loi :

« Ces nomades (possesseurs d’un carnet) vivent groupés en bordure d’un chemin viticole […] [28]»

On le voit, ici le fait de posséder un carnet apporte la preuve que les personnes désignées sont des nomades. Le carnet fait le nomade, l’inverse est moins évident. Il est à noter que si le mot « nomade » est très utilisé dans les documents émanant des autorités municipales, il l’est moins dans la correspondance pour plaintes et les pétitions où il laisse la place à des termes beaucoup plus péjoratifs.

Après « nomade », c’est le terme « bohémien »[29] qui arrive en deuxième place, puisqu’il est utilisé dans 19 documents, mais il est souvent associé au premier :

« Considérant que les nomades, bohémiens, vagabonds parcourent les rues, les chemins et les champs de culture de la commune […] [30]»

« Des bandes nomades de bohémiens […] [31]»

Enfin, la dernière expression qui revient un peu plus souvent que les autres utilisées plus ponctuellement est celle de « romanichels »[32] que l’on retrouve à 13 reprises, il a une connotation nettement plus péjorative que les deux autres.

       Les autres termes utilisés le sont beaucoup moins fréquemment : « chemineux » (une fois), « roulottiers » (4 fois)… On trouve le terme « gitan »[33] une seule fois (il est employé dans une lettre d’un habitant de la Seine-et-Oise au préfet du département datée du 23 mai 1911).

            Cette multiplicité des termes, comme on l’a dit, est révélatrice du fait que l’on a du mal à savoir à qui l’on a à faire, ce qui est également visible dans les débats qui ont précédé la mise en place de la loi du 16 juillet 1912, quand il a fallu définir ce qu’était un nomade. La plupart des députés se vantaient de pouvoir les reconnaître quand ils en voyaient mais personne n’arrivait à dresser une définition crédible qui pourrait servir de base juridique à la nouvelle loi[34] (on affirme ainsi que le nomade tsigane voyage en roulotte, qu’il présente des caractéristiques physiques particulières, qu’il donne une image de pauvreté et a de nombreux enfants[35]). Bien que le critère racial ait été évoqué[36], les députés le rejettent, refusant de légiférer sur de telles bases[37], à un moment où s’est imposée la science « raciale » et où la corrélation entre caractéristiques morphologiques et développement des facultés morales et intellectuelles acquiert une légitimité scientifique[38].

La nomination est toujours une étape importante, et le choix d’un nom crucial[39], mais avec les nomades, on remarque qu’on a du mal à savoir à qui on à faire, qui on désigne sous ce nom. On juxtapose les termes « nomades », « bohémiens », « vagabonds » pour être sûr de n’oublier personne, ou bien, comme on l’a vu, on les définie par la périphrase « nomades de toutes catégories ». On doute quant à la pertinence du nom par lesquelles on les désigne :

« Des bandes de Bohémiens, dites Romanichels […] parcourent le département de Seine-et-Oise […] [40]»

Le doute est ici visible à travers le mot « dites », on délègue à l’autre la responsabilité de la nomination[41]. On remarque qu’en ce qui concerne les Tsiganes, la désignation n’est jamais de leur fait[42], le nom qu’on emploie pour les désigner sert de support aux impressions, aux clichés et aux représentations, la réputation tient dès lors lieu d’identité.

Pas plus qu’on ne sait trop comment le désigner et à qui on a à faire, on ne sait d’où il vient :

« Cette tribu, venant en voiture d’on ne sait où […] [43] »

 Si on ne sait pas trop qui ils sont, on est cependant sûr d’une chose, c’est qu’ils ne sont pas comme « nous », qu’ils ne font pas partie du tout dans lequel s’inscrivent ceux qui ont produit ces archives. Même si le terme « étranger »[44] n’est jamais employé ici, on peut quand même affirmer qu’on leur donne une position marginale, dans le sens d’une personne « au sein de cet espace social, éloignée du foyer des valeurs dominantes, mais cependant reliée à elle puisque le marginal porte le signe inversé de la norme qu’il n’accomplit pas, il marque un écart[45]. », le marginal ainsi « ne se définit que négativement [46]». Cela se voit avec l’emploi de mots marqueurs de l’altérité, à commencer par l’utilisation fréquente de l’adjectif démonstratif « ces » : « ces individus » (employé cinq fois), « ces gens[47] », « ces colonies[48] » ou encore « ces peuples[49] ». L’utilisation de cet adjectif montre bien le désir de signifier la non-appartenance des nomades à la communauté dont se déclare partie intégrante ceux qui l’emploient. Désigner l’Autre, c’est lui attribuer un statut différent de la majorité[50], c’est « dessiner des frontières réelles ou symboliques conduisant à des différenciations internes par catégories sociales, culturelles et morales. [Cela] donne lieu à un jeu de hiérarchisation subjective et/ou objective qui paradoxalement s’appuie sur des valeurs partagées. [51]». « Prisonnier d’un binôme hiérarchique [52]» (nomade/sédentaire), son rejet est justifié par des idées reçues et l’utilisation d’épithètes péjoratives qui montrent qu’on ne veut pas de la présence des nomades chez soi : « romanichels », « charlatans [53]», « malandrins [54]», « ces gens indésirables[55] ». On va même jusqu’à faire des sous-entendus avec un supposé caractère sauvage, non-civilisé des nomades : on parle de « tribus [56]» qui « errent[57]» qu’il convient de « chasser [58]» car animées d’instinct plus ou moins animaliers :

« […] quelles sont les décisions à prendre pour interdire aux nomades de stationner sur le territoire de la commune, surtout pendant l’été, en raison des récoltes chez les maraîchers, petits pois, fraises, etc. qui sont des appâts pour les caravanes […] [59]»

Avec l’emploi de ces expressions fortement péjoratives, et à l’aide du recours à « la naturalisation de la différence[60] » on les assimile dès lors à des « asociaux indésirables [61]». La plupart des personnes les côtoyant ignorant qui ils sont, on projette sur les nomades les inquiétudes, les stéréotypes[62] , les idées reçues qui s’appliquent à les dévaloriser[63], dans un contexte de discours sécuritaires et xénophobes[64].

Pour les désigner, on fait donc appel à ces stéréotypes. Au fil des siècles, la référence à une appartenance territoriale originelle (« les Egyptiens ») est abandonnée, on cherche alors à désigner les nomades par des noms symbolisant leur mode de vie[65]. On utilise donc le terme « nomade », s’opposant au mode de vie sédentaire, mais aussi « bohémien », « roulottiers »[66] (qui apparaît quatre fois) ou « chemineux »[67]. Le nomade est aussi souvent associé au vagabond, dont il est sensé partagé le mode de vie, qui est alors stigmatisé et puni par la loi car interprété comme un refus du travail[68] :

« Considérant que le campement et le stationnement sur les voies publiques ainsi que sur le territoire de la commune des vagabonds, roulottiers, bohémiens de toutes catégories présentent de nombreux inconvénients […] [69]»

« Le stationnement et le campement des vagabonds, roulottiers, bohémiens et nomades est interdit sur le territoire de la ville. [70]»

La mobilité des nomades va souvent de pair avec l’utilisation de voitures et de roulottes (d’où le terme « roulottiers ») dont on fait souvent mention dans les arrêtés municipaux, notamment du fait qu’elles servent aussi pour leur habitation :

« Il est interdit aux voitures de saltimbanques, roulottes ou autres de stationner sur la place publique. [71] »

« Il est absolument interdit à tout nomade ou autre passager exerçant un métier ou une profession quelconque de stationner sur la place publique avec leurs voitures, grandes ou petites, lors même qu’elles serviraient de logement. [72]»

Pas plus qu’ils ne possèdent de réels noms, on ne leur reconnaît l’exercice de véritables métiers. Le nomade est très souvent désigné par ses professions dans les arrêtés municipaux et celles-ci sont multiples. Il s’agit souvent de professions du monde des arts du spectacle : « saltimbanques [73]», « chanteur ambulant, faiseur de tours, joueur d’orgue [74]», « acrobates, baladins[75], bateleurs [76][…}, chanteurs, musiciens »[77].

On a aussi des allusions à des professions relevant plutôt de la petite économie de la campagne, comme par exemple la vannerie : « raccommodeur de paniers [78]», « vanniers ambulants [79]»

On fait aussi mention au fait que ce sont des travailleurs saisonniers venant là ponctuellement pour les récoltes[80] :

« Considérant qu’au moment de la récolte des pois, les cultivateurs emploient en général des nomades, qui sont obligés de loger dans leurs voitures avec leur famille […][81] »

« […] Les maraîchers en particulier les emploient pour certains travaux tel la cueillette des petits pois […] [82]»

Pourtant malgré toutes ces allusions, il arrive souvent qu’on ne reconnaisse pas de véritable profession, à une époque ou petit à petit, l’idée a déjà fait son chemin selon laquelle celui qui ne travaille pas est un oisif donc un fautif[83], dans un contexte de forte xénophobie où il est de bon ton de mettre en valeur son « honnêteté professionnelle » pour faire valoir son intégration dans la société française[84]. On trouve alors les termes « gens sans profession avouable [85]» ou « gens sans métier avouable [86]». L’autre expression qui revient est celle de « gens sans aveu [87]» ou « gens souvent sans aveu [88]» qui peut se définir comme « les individus ne possédant rien, des individus sans moralité, dont l’activité et les revenus sont inavouables [89]». Cela rejoint les allusions à la malhonnêteté avec l’utilisation de termes comme « charlatans [90]» ou « malandrins[91] ».

Ainsi, on le voit, on ne reconnaît pas aux nomades de véritables métiers, les professions du spectacle qu’ils sont sensés exercer et la maraude qu’ils sont accusés de pratiquer les asocialisent et les marginalisent davantage.

            En ce tout début du XXe siècle, le nomade n’est donc pas perçu comme un individu, encore moins comme un citoyen, mais plutôt comme l’élément d’une catégorie[92] renforcée par l’idée du nomade qui, dans les archives étudiées, est surtout vu comme faisant partie d’un groupe voyageant en « troupes ». On trouve souvent cette « illusion du grand nombre [93]», symbolisé par la récurrence du mot « bandes » et « troupes »[94]. On trouve ainsi quatre fois l’expression « bandes nomades de bohémiens » mais aussi les termes « tribus nomades [95]», « ces colonies[96] », « troupe de gitans [97]» accompagnées de nombreux enfants : « […] Une nichée de gamins tous dépenaillés sont à gambader […] [98]». Il est à noter que si on fait allusion au grand nombre, on ne voit jamais indiqué le nombre de personnes qui compose ces groupes (une ou plusieurs familles, plusieurs dizaines, voire centaines d’individus ?), sauf dans un seul cas : « […] Des bandes de Bohémiens, dites Romanichels, composées de 50 à 150 personnes, […] parcourent le département de Seine-et-Oise […] [99]». Cependant on remarque qu’il n’y a pas d’indications précises, la fourchette présentée étant assez large.

Cette mention du groupe est souvent associée avec l’impression d’un nombre qui tendrait à croître :

« […] Considérant que le nombre de nomades : bohémiens, vanniers ambulants, est sans cesse croissant […] [100]»

« Depuis la guerre, le séjour des nomades dans la commune est de plus en plus fréquent et prolongé […] [101]»

« […] J’ai l’honneur de vous faire connaître que depuis le début de la guerre, séjournent sur le territoire de Moisselles quelques roulottes de nomades dont le nombre et surtout la population tendrait à augmenter […][102] »

Cette sensation va de pair avec l’impression d’être envahie, qu’on retrouve plusieurs fois dans les documents du corpus étudié :

« […] Les habitants de la Borde soussignés protestent contre l’envahissement de leur hameau par les tribus nomades qui y séjournent continuellement. [103]»

« M. B. attire l’attention de Monsieur le préfet sur l’envahissement de certaines régions du département par des bandes de romanichels et de vagabonds […][104] »

« Monsieur le préfet, la commune est presque continuellement envahie de nomades lesquels portent préjudice à bien des gens […] [105]»

Cela donne l’impression de ne pouvoir faire face à ces personnes qui « terrorisent » la population :

« Des bandes de Bohémiens, dites Romanichels […] parcourent le département de Seine-et-Oise, en semant la terreur […] [106]»

« […] Les bohémiens et les romanichels qui toujours en quête de mauvais coups à faire, terrorisent les campagnes […] [107]»

« Je suis informé que des bandes de bohémiens et de vagabonds continuent à errer dans le département, commettant des méfaits en tous genres et semant le trouble parmi les populations des campagnes […] [108]»

Il convient donc, comme seule solution proposée, de les expulser de toute urgence : on trouve l’emploi des termes « débarrasser [109]», « chasser » (comme on en a déjà parlé).

            Cette impression du grand nombre, de l’arrivée de « bandes » participent à la « construction d’une figure emblématique symbole de toutes les peurs et de toutes les obsessions d’une société en proie à une psychose d’insécurité[110].» Véritable « fléau des campagnes », la venue de « bohémiens », qui ne présentent pas les caractères habituels d’une nation (langue, religion et surtout territoire), de fait puisqu’ils sont des français pour la plupart, inquiète, mais est aussi vue comme une « sorte de calamité naturelle et récurrente [111]», et également comme une menace.

            Réputé pour voyager en groupe, le nomade est donc assimilé à ce groupe, il ne peut s’en détacher. On ne prend dès lors jamais en compte son individualité et sa singularité. Il est donc désigné à l’aide stéréotypes tendant à la généralisation d’une perception totalisante. Il est cerné « par quelques traits » de ce groupe par lesquels « on désigne toutes les unités qui le composent [112]».

            Comme on le voit, le fait de fixer des étiquettes au nomade lui donne le visage de l’Autre « dont la seule différence se charge d’inquiétude et de menace [113]». Dès lors que l’on comprend que la « dénomination est un moment fondamental dans la constitution d’un péril social [114]», il apparaît que les nomades sont vus comme des « étrangers de l’intérieur », pour reprendre une expression souvent utilisée, de plus en plus nombreux et donc menaçant la société française. Leur mode de vie dénote avec le comportement de la majorité et ils sont donc définis négativement (pas de travail, pas d’habitations, souvent on dit qu’ils n’ont pas de nationalité véritable). Cette « rationalisation de l’altérité [115]» permet de justifier le rejet, renforcé par tous les méfaits qu’on leur attribue, et de justifier ainsi la mise en place de la loi du 16 juillet 1912 les obligeant au port du carnet anthropométrique d’identité, et qui entérine juridiquement toutes les représentations que l’on s’en fait (ce que l’on a vu à travers les termes employés pour désigner les nomades). Dans un contexte de renforcement de la xénophobie et de la consolidation d’une conception ethnique de la nation[116], l’anti-nomadisme s’exprime ouvertement et publiquement, comme en témoignent ces arrêtés municipaux, correspondance pour plaintes et pétitions, et il se traduit aussi dans les reproches que l’on fait aux nomades et dans les mesures prises dans le but de « protéger » les sédentaires. A la même époque (surtout après 1885), les articles de presse deviennent également plus dépréciatifs avec l’emploi de propos très généralisant permettant la stigmatisation[117] et qui permet de diffuser la pensée, dans le monde rural, d’une nécessaire « surveillance du territoire »[118].

Notes

[1] François DE VAUX DE FOLETIER, Mille ans d’histoire tsigane, Paris, Fayard, 1970, p. 13.

[2]Ibidem,  p. 77.

[3] André GUESLIN, Dominique KALIFA, Les exclus en Europe 1830-1930, Paris, Les Éditions de l’Atelier, 1999,  p. 220.

[4]Ilsen ABOUT, « De la libre circulation au contrôle permanent. Les autorités françaises face aux mobilités tsiganes transfrontalières 1860-1930 », Cultures et conflits, n° 76, hiver 2009.

[5] Gérard NOIRIEL, Etat, nation et immigration, vers une histoire du pouvoir, Paris, Belin, 2001, p. 277, on entend par nation « conventionnellement et juridiquement des communautés humaines dotées d’un Etat qui exerce une souveraineté au moins formelle sur un territoire et qui organise –de manière très diverse- l’expression politique de la communauté qui y réside », Blaise WILFRIET-PORTAL, « nation et nationalisme » in DELACROIX, DOSSE, GARCIA, OFFENSTADT, Historiographies, concepts et débats, Paris, Gallimard, 2010, 2ème tome, p. 1090-1102, p. 1090.

[6] Laurent DORNEL, La France hostile. Socio-histoire de la xénophobie (1870-1940), Paris, Hachette littératures, 2004, p. 59.

[7] Ibidem, p. 181.

[8] Carole REYNAUD-PALIGOT, La République raciale, Paris, Presses universitaires de France, 2006.

[9] Gérard NOIRIEL, État, nation et immigration… p. 344.

[10] Ilsen ABOUT, Vincent DAVID, Histoire de l’identification des personnes, Paris, La Découverte, 2010, p. 69.

[11] André GUESLIN, Dominique KALIFA, Les exclus en Europe…, p. 220.

[12] Henriette ASSÉO, « Pourquoi tant de haine ? L’intolérance administrative à l’égard des Tsiganes de la fin du XIXe siècle à la veille de la Seconde Guerre mondiale », Diaspora, n° 10, 2007, p. 50-67, p. 54.

[13] Serge PAUGAM, L’exclusion, l’état des savoirs, Paris, La Découverte, 1996, p. 15.

[14] Pour une étude des termes utilisés dans la presse, voir Marc BORDIGONI, « Des mots pour dire les maux de société. « Tziganes », « Bohémiens » et autres nomades dans la presse auvergnate du XIXe siècle » in Sarga MOUSSA (dir.), Le mythe des Bohémiens dans la littérature et les arts en Europe, Paris, L’Harmattan, 2008, p.347-367

[15] Eleni VARIKAS, « La figure du paria : une exception qui éclaire la règle », Tumultes, n°21-22, 2003, p. 87-105, p. 88.

[16] René GAUSSOT, Mondher KILANI, Annamaria RIVERA, L’imbroglio ethnique en 14 mots-clés, Lausanne, Editions Payot, 2000, p. 250.

[17] Ibidem, p. 249.

[18] André GUESLIN, Dominique KALIFA, Les exclus en Europe…, p. 225.

[19] Jean-Marc BERLIÈRE, « La République et les nomades (1880-1914) », Etudes tsiganes, n° 18-19, 2ème et 3ème trimestres 2004, p. 52-64, p. 52.

[20] « Sédentaire : qualifie une personne attachée à un lieu », http://www.akadem.org/photos/contextuels/8580_ASSEO_4_qui_sont_les_tsiganes.pdf.

[21] « Nomade : qualifie un peuple ou des personnes n’ayant pas d’habitation fixe. Statut administratif en vigueur de 1912 à 1969 », http://www.akadem.org/photos/contextuels/8580_ASSEO_4_qui_sont_les_tsiganes.pdf.

[22] Laurent DORNEL, La France hostile. Socio-histoire de la xénophobie (1870-1914), Paris, Hachette littératures, 2004, p. 246.

[23] Ibidem, p. 246.

[24] Christophe DELCLITTE, « La catégorie juridique « nomade » dans la loi de 1912 », Hommes et migrations, n° 188-189, 1995, p. 23-30.

[25] AD Yvelines, 5M 69 bis, extrait du registre de délibérations du conseil municipal de Presles, 25 juin 1908

[26] AD Yvelines, 5M 69 bis, arrêté municipal de Bullion, 8 juillet 1908

[27] AD Yvelines, 5M 69 bis, Arrêté municipal Orsay, 13 octobre 1931

[28] AD Yvelines, 5M 69 bis, lettre du maire de Moiselles au préfet de Seine-et-Oise, 1er octobre 1918

[29] « Bohémien : nom donné aux Roms à la fin du Moyen-âge. Sigismond, roi de Bohême, aurait donné des lettres de recommandation aux premiers saltimbanques. Cette expression de Bohême est devenue populaire signifiant un mode de vie insouciant et romantique. Autre interprétation, les premiers Tsiganes arrivés en France venaient de la Bohême (une région de la République tchèque actuelle) d’où ce surnom », http://www.akadem.org/photos/contextuels/8580_ASSEO_4_qui_sont_les_tsiganes.pdf.

[30] AD Yvelines, 5M 69 bis, arrêté de police Montesson, 1er juin 1908.

[31] AD Yvelines, 5M 69 bis, arrêté municipal Montgeroult, 1er avril 1911.

[32] « Romanichels ou romano : le mot est dérivé de Romani en sinto, ce qui signifie « groupe d’hommes ». En français, le mot a pris par extension le sens de « vagabond » ou de « personne sans domicile fixe » et a tendance péjorative », http://www.akadem.org/photos/contextuels/8580_ASSEO_4_qui_sont_les_tsiganes.pdf.

[33] « Gitans : à leur arrivée en Grèce au IXe siècle, les Tsiganes se sont regroupés dans le Péloponnèse au pied du mont Gype. Par la suite, les voyageurs italiens appelèrent ce lieu « la petite Egypte » et leurs habitants Egyptianos. Le même mot a donné Gitano en Espagne et au Portugal, puis Gitan en France et Gipsy en Grande-Bretagne. En France, il désigne surtout les Tsiganes du Midi », http://www.akadem.org/photos/contextuels/8580_ASSEO_4_qui_sont_les_tsiganes.pdf.

[34] Marie-Christine HUBERT, « Les réglementations anti-tsiganes en France et en Allemagne avant et pendant l’Occupation », Revue d’histoire de la Shoah, n° 167, septembre-décembre 1999, p. 20-52, p. 23

[35] Emmanuel FILHOL, Marie-Christine HUBERT, Les Tsiganes en France. Un sort à part 1939-1946, Paris, Perrin, 2009, p. 58 ; « Le nomade est celui qui n’a point d’habitudes régulières, vit au jour le jour, sans profession bien définie et avec des moyens d’existence toujours équivoques », définition du « nomade » par opposition à l’ « ambulant » dans l’exposé des motifs du projet de loi Clémenceau de 1908, Jean-Marc BERLIÈRE, « La République et les nomades (1880-1914) », Etudes tsiganes, n° 18-19, 2ème et 3ème trimestres 2004, p. 52-64, p. 62.

[36] Le député républicain de Haute-Savoie Fernand David emploie l’expression « signe de race » pour parler des nomades étrangers et du fait qu’ils sont aisément reconnaissables lors de la séance du 29 octobre 1907, Emmanuel FILHOL, Marie-Christine HUBERT, Les Tsiganes en France…, p. 33.

[37] Ibidem, p. 23.

[38] Carole REYNAUD-PALIGOT, La République raciale, Paris, Presses universitaires de France, 2006, p. 24.

[39] Patrick WILLIAMS, « Or c’étaient des Tsiganes… », Etudes tsiganes, n° 18-19, 2ème et 3ème trimestres 2004, p. 195-210, p. 210.

[40] AD Yvelines, 5M 69 bis, lettre du préfet de Seine-et-Oise au chef d’escadron commandant la compagnie de gendarmerie de Seine-et-Oise, 6 septembre 1901.

[41] Patrick WILLIAMS, « Or c’étaient… » p. 203.

[42] « Le Tsigane se désigne lui-même comme Rom, du moins en Europe, ou comme manouche : il s’agit d’un vocable d’origine indienne qui signifie « homme » et plus spécialement « homme libre » », François DE VAUX DE FOLETIER, Mille ans d’histoire…, p. 13.

[43] AD Yvelines, 5M 69 bis, article de presse, non daté, non signé, accompagnant une pétition des habitants de Saint Gratien adressée au préfet de Seine-et-Oise, 1er septembre 1911.

[44] « Le terme d’étranger est resté, tout au long du XIXe siècle, ambigu et dans le langage courant continue à désigner le non-résident, quelle que soit sa nationalité. Or c’est dans cette dernière acceptation que l’on peut comprendre le mécanisme qui fit évoluer le « nomade » en un « vagabond étranger » indésirable pour lequel cependant la nationalité reste un élément secondaire. », Henriette ASSÉO, « L’invention des « nomades » en Europe au XIXe siècle et la nationalisation impossible des Tsiganes », in Gérard NOIRIEL, L’identification, genèse d’un travail d’Etat, Oaris, Belin, 2007, p. 161-180, p. 168.

[45] Serge PAUGAM, L’exclusion, l’état des savoirs, Paris, La Découverte, 1996, p. 32.

[46] Bronislaw GEREMEK, Les marginaux parisiens aux XIVe et XVe siècles, Paris, Flammarion, 2009, p. 6.

[47] AD Yvelines, 5M 69 bis, lettre des habitants de Montesson au maire de la commune, 25 août 1908, pétition des habitants de Saint Gratien adressée au préfet de Seine-et-Oise, 1er septembre 1911.

[48] AD Yvelines, 5M 69 bis, lettre du lieutenant Lavigne, commandant la section de gendarmerie de Montmorency, au sous-préfet de Pontoise, 24 septembre 1911.

[49] AD Yvelines, 5M 69 bis, lettre du maire de Ponthévrard au préfet de Seine-et-Oise, 2 février 1912.

[50] Riva KASTORYANO, « Définir l’autre en France, en Allemagne et aux Etats-Unis », in Les codes de la différence race-origine-religion, France, Allemagne, Etats-Unis, Paris, Les Presses de Sciences Po, 2005, p. 16.

[51]Ibidem, p. 14.

[52] Eleni VARIKAS, “La figure du para…”, p. 100.

[53] AD Yvelines, 5M 69 bis, arrêté municipal Sucy en Brie, 22 avril 1916.

[54] AD Yvelines, 5M 69 bis, article de presse, non daté, non signé, accompagnant une pétition des habitants de Saint Gratien adressée au préfet de Seine-et-Oise, 1er septembre 1911.

[55] AD Yvelines, 5M 69 bis, lettre du maire de Neauphle le Château au préfet de Seine-et-Oise, 21 mars 1940.

[56] AD Yvelines, 5M 69 bis, extrait du registre de délibérations du conseil municipal de Vémars, 25 novembre 1911, « […] J’ai des récoltes saccagées depuis plusieurs années à cette saison-ci par des tribus de nomades », lettre de M. F. au préfet de Seine-et-Oise, 1er juin 1911.

[57] « [ …] Je suis informé que des bandes de bohémiens et de vagabonds continuent à errer dans le département […] », AD Yvelines, 5M 69 bis, lettre du préfet de Seine-et-Oise au chef d’escadron commandant la compagnie de gendarmerie de la Seine-et-Oise, 21 mai 1910.

[58] « […] Nous vous serions très obligé de nous faire savoir s’il vous est possible de chasser ces gens dans les plus courts délais possibles […] », AD Yvelines, 5M 69 bis, lettre au maire de Montesson, 28 mai 1908

[59] C’est nous qui soulignons, AD Yvelines, 5M 69 bis, lettre du maire d’Igny au préfet de Seine-et-Oise, 26 mai 1934.

[60] Christophe DELCLITTE, « La catégorie juridique « nomade » dans la loi de 1912 », Hommes et migrations, n° 188-189, 1995, p. 23-30, p. 25.

[61] Emmanuel FILHOL, « Les Tsiganes en France : du contrôle à la répression (1895-1946) », Revue trimestrielle des droits de l’homme, n° 68, 2006, p. 889.

[62] « Le stéréotype désigne l’association d’idées partagées par les membres d’un groupe. Ce sont des idées si prégnantes qu’il est difficile de s’y attaquer et de remettre en question. C’est l’idée que l’on se fait de quelqu’un ou de quelque chose, l’image qui surgit automatiquement lorsqu’il s’agit d’évaluer ou de juger une personne, un groupe, un évènement. » René GAUSSOT, Mondher KILANI, Annamaria RIVERA, L’imbroglio ethnique … p. 249.

[63] Emmanuel FILHOL, « La loi de 1912 sur la circulation des « nomades » tsiganes en France », Revue européenne des migrations internationales, n° 23, 2007, p. 135-158.

[64] Laurent DORNEL, La figure du paria…, p. 225-311.

[65] Patrick WILLIAMS, “Or c’étaient…”,p. 197.

[66] AD Yvelines, 5M 69 bis, arrêté de police de Montesson, 1er juin 1908.

[67] AD Yvelines, 5M 69 bis, arrêté municipal Ermont, 13 juillet 1905.

[68] André GUESLIN, Dominique KALIFA, Les exclus en Europe…,  p. 220.

[69] AD Yvelines, 5M 69 bis, arrêté municipal Magny en Vexin, 3 octobre 1925.

[70] AD Yvelines, 5M 69 bis, arrêté municipal Aulnay-sous-Bois, 10 décembre 1926.

[71] AD Yvelines, 5M 69 bis, arrêté municipal Rolleboise, 1er juillet 1907.

[72] AD Yvelines, 5M 69 bis, extrait du registre de délibérations du conseil municipal Champlan, 31 mai 1908.

[73] AD Yvelines, 5M 69 bis, arrêté municipal Rolleboise, 1er juillet 1907.

[74] AD Yvelines, 5M 69 bis, arrêté de police Montesson, 1er juin 1908.

[75] « Baladin : danseur de théâtre ambulant, comédien ambulant », www.cnrtl.fr.

[76] « Bateleur : personne exécutant des tours d’adresse ou de force dans les foires ou sur les places publiques », www.cnrtl.fr.

[77] AD Yvelines, 5M 69 bis, arrêté municipal Sucy-en-Brie, 22 avril 1916.

[78] AD Yvelines, 5M 69 bis, arrêté de police Montesson, 1er juin 1908.

[79] AD Yvelines, 5M 69 bis, arrêté municipal Vigneux-sur-Seine, 23 octobre 1920, mais on le retrouve dans plusieurs autres arrêtés.

[80] Dans l’article cité plus haut, Marc Bordigoni démontre page 354 que si les journalistes s’attachent à préciser la profession des « bohémiens » qu’ils décrivent (faiseurs de tours, diseuses de bonnes aventures…), ils ne sont pas qualifiés comme tels quand ils pratiquent des activités de journaliers dans les exploitations agricoles.

[81] AD Yvelines, 5M 69 bis, arrêté municipal Ezanville, 10 juillet 1909.

[82] AD Yvelines, 5M 69 bis, lettre du lieutenant Lavigne commandant la section de gendarmerie de Montmorency au sous-préfet de Pontoise, 24 septembre 1911.

[83] Arlette FARGE, « Marginalités », in C. DELACROIX, F. DOSSE, P. GARCIA, N. OFFENSTADT (dir.), Historiographies…, p.494.

[84] Anne-Sophie BRUNO, Philippe RYGIEL, Alexis SPIRE, Claire ZALC, « Jugés sur pièce. Le traitement des dossiers de séjour des étrangers en France (1917-1984) », Populations, n° 61, mai-juin 2006, p. 746.

[85] AD Yvelines, 5M 69 bis, lettre du maire de Rochefort au préfet de Seine-et-Oise, 11 janvier 1908.

[86] AD Yvelines, 5M 69 bis, lettre d’un habitant au maire de la commune du Chesnay, 28 juillet 1908 : « […] Tous ces gens sans métier avouable pour la plupart […] ».

[87] AD Yvelines, 5M 69 bis, arrêté municipal Châteaufort, 10 décembre 1928.

[88] AD Yvelines, 5M 69 bis, arrêté municipal Sucy-en-Brie, 22 avril 1916.

[89] www.cnrtl.frdefinition/aveu.

[90] AD Yvelines, 5M 69 bis, arrêté municipal Sucy-en-Brie, 22 avril 1916.

[91] AD Yvelines, 5M 69 bis, article de presse, non daté, non signé, accompagnant une pétition des habitants de Saint Gratien adressée au préfet de Seine-et-Oise, 1er septembre 1911.

[92] Christophe DELCLITTE, « La catégorie juridique… »., p. 30.

[93] Henriette ASSÉO, « L’odyssée des Tsiganes », Les collections de l’Histoire, n° 43, avril 2009, p. 6-15, p. 13.

[94] Marc BORDIGONI, « Des mots pour dires les maux… », p.348, dans la presse aussi les termes « bohémiens » et « nomades » sont souvent associés au mot « bande »

[95] AD Yvelines, 5M 69 bis, pétition adressée des habitants de Montesson au maire de la commune, sans date.

[96] AD Yvelines, 5M 69 bis, lettre du lieutenant Lavigne commandant la section de gendarmerie de Montmorency au sous-préfet de Pontoise, 24 septembre 1911.

[97] AD Yvelines, 5M 69 bis, lettre d’un habitant au préfet de Seine-et-Oise, 23 mai 1911.

[98] AD Yvelines, 5M 69 bis, lettre d’un habitant de Montesson au maire de la commune, 28 mai 1908.

[99] AD Yvelines, 5M 69 bis, lettre du préfet de Seine-et-Oise au chef d’escadron commandant la compagnie de gendarmerie de Seine-et-Oise, 6 septembre 1901.

[100] AD Yvelines, 5M 69 bis, extrait du registre de délibérations du conseil municipal Presles, 25 juin 1908.

[101]AD Yvelines, 5M 69 bis, arrêté municipal Chaumontel, 10 juillet 1928.

[102] AD Yvelines, 5M 69 bis, lettre du maire de Moisselles au préfet de Seine-et-Oise.

[103] AD Yvelines, 5M 59 bis, pétition au maire de Montesson, sans date.

[104] AD Yvelines, 5M 69 bis, Préfecture de Seine-et-Oise, 2ème division bureau militaire, note « gendarmerie » datée du 19 mai 1910.

[105] AD Yvelines, 5M 69 bis, lettre du maire de Ponthévrard au préfet de Seine-et-Oise, 2 février 1912.

[106] AD Yvelines, 5M 69 bis, lettre du préfet de Seine-et-Oise au chef d’escadron commandant la compagnie de gendarmerie de Seine-et-Oise, 6 septembre 1901.

[107] AD Yvelines, 5M 69 bis, extrait du registre de délibérations du conseil d’arrondissement de Mantes, 4 août 1910.

[108] AD Yvelines, 5M 69 bis, lettre du préfet de Seine-et-Oise au chef d’escadron commandant la compagnie de gendarmerie de Seine-et-Oise (21 mai 1910).

[109] AD Yvelines, 5M 69 bis, extrait du registre de délibérations du conseil municipal Presles, 25 juin 1908 ; Préfecture de Seine-et-Oise, 2ème division bureau militaire, note « gendarmerie » datée du 19 mai 1910.

[110] Jean-Marc BERLIÈRE, « La République… », p. 52.

[111] Henriette ASSÉO, Les Tsiganes, une destinée européenne, Paris, Gallimard, 1994, p. 13.

[112] René GAUSSOT, Mondher KILANI, Annamaria RIVERA, L’imbroglio ethnique…, p. 250.

[113] Yves LEQUIN, La mosaïque France : histoire des étrangers et de l’immigration, Paris, Larousse, 1998, p. 15.

[114] André GUESLIN, Dominique KALIFA, Les exclus en Europe…,  p. 217

[115] Riva KASTORYANO, “Définir l’autre…”, p. 19.

[116] Ilsen ABOUT, « De la libre circulation au contrôle permanent. Les autorités françaises face aux mobilités tsiganes transfrontalières (1860-1930) », Cultures et conflits, n° 76, hiver 2009, p. 24.

[117] Marc BORDIGONI, « Des mots pour dire les maux … », p.348.

[118] Ibidem, p.358.