Les héros historiques de l’Asie Mineure

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Paulo Carvalho

Résumé
Le phénomène dit d’Héroïsation qui consiste à reconnaître un individu à l’existence historique avérée en tant que héros est un phénomène qui concerna l’ensemble du monde grec de l’époque archaïque au IIIe siècle ap. J. -C. Ce phénomène se concentre néanmoins plus particulièrement dans certains espaces du monde grec et en particulier en Asie Mineure, si le phénomène n’y débuta qu’au IIe siècle av. J. -C. il y fut néanmoins continu et ceci également jusqu’au IIIe siècle ap. J. -C. Néanmoins toutes les cités de l’Asie Mineure ne furent pas concernées par le phénomène de même qu’une évolution chronologique se fait sentir avec un IIe siècle ap. J. -C. qui fait figure d’apogée. Enfin les héros historiques semblent appartenir dans leur grande majorité à l’élite des notables des cités. L’Asie Mineure est ainsi un espace particulièrement révélateur pour toute étude des rituels d’Héroïsation dans l’Antiquité.

Paulo Carvalho, né le 08/08/1982, doctorant en langues, histoire et civilisations des mondes anciens à l’Université Lumière Lyon 2 et en co-tutelle de thèse avec l’Université de Coimbra (Portugal). Mes recherches portent sur la religion des Grecs de l’Antiquité et en particulier sur les rites, honneurs et cultes héroïques rendus envers des héros dont l’existence historique est avérée. Cet article est donc tiré de ma thèse intitulée : Recherches sur les rituels d’Héroïsation dans le monde grec (de l’époque archaïque jusqu’au IIIe siècle ap. J. -C.) sous la direction de Mme Marie-Thérèse Le Dinahet, Université Lumière Lyon 2 et M. Delfim Ferreira Leão, Université de Coimbra. Adresse éléctronique : paulomanu@gmail.com.


Lorsque l’on évoque les Héros grecs de l’Antiquité, ces êtres si caractéristiques de la religion des Grecs, nous pensons aux célèbres héros qui peuplent la mythologie. Nous pensons en effet à ces êtres semi-divins ou demi-dieux qui jouent le premier rôle dans de nombreuses épopées telles que l’Iliade et l’Odyssée, avec des personnages tels qu’Agamemnon, Ménélas, Achille, Ajax, Diomède ou encore Ulysse mais également d’autres comme Héraklès, Thésée ou bien encore Jason. Si leurs légendes nous sont familières n’oublions pas que les cités leur vouèrent des cultes, comme à Sparte autour des personnes de Ménélas, Hélène ou Oreste. Si ces cultes ne nous « choquent » pas, c’est parce que nous associons ces héros à des figures légendaires, donc à l’existence historique non avérée, sans compter sur le fait que ces héros connaissent une généalogie divine qui pour nous « justifie » ces cultes. Mais qu’en est-il des héros historiques, ceux dont l’existence fut cette fois avérée ? La première constatation est que ceux-ci sont loin d’être aussi connus que les premiers, il est en effet beaucoup plus difficile de citer ne serait-se qu’un seul exemple d’un personnage historique qui fut héroïsé, si tant est que nous connaissions l’existence de ceux-ci. Néanmoins ceux-ci existèrent tout comme le phénomène que les modernes qualifient d’héroïsation et qui signifie ce passage d’un être humain, mortel, au rang de héros. Il est certain que l’étude d’un tel phénomène demande pour nous, contemporains, un effort d’abstraction supplémentaire mais cet aspect de la vie religieuse et des croyances des Grecs doit être admis. Beaucoup d’études, en effet, tentèrent d’y voir des cultes « intéressés » visant à obtenir de ces personnages héroïsés davantage de bienfaits en particulier d’ordre économique, mais cette idée doit être abandonnée. Les croyances des Grecs étaient sincères et ceux-ci avaient un grand respect pour la notion de sacré.
Après ces considérations secondaires mais nécessaires, venons donc au sujet qui nous préoccupe plus particulièrement dans le cadre de cet article : les héros historiques. Tout d’abord il nous faut souligner que les héros historiques occupaient une place importante dans la vie des Grecs de l’Antiquité, d’autre part il nous faut opérer une première distinction car on retrouve en effet le titre de héros aussi bien dans le domaine public qui concerne avant tout le cadre de la cité (mais les héros en général, non seulement historiques, occupent d’autres strates « publiques » aussi bien celles des phratries [1] ou des dèmes [2] ou bien encore des strates plus vastes : peuples, régions etc.) mais également le cadre privé et familial. Nous nous intéresserons ici au cadre publique, non pas que celui-ci soit forcément mieux documenté, mais parce que le cadre privé est particulier, puisque la reconnaissance publique confère automatiquement un degré, en particulier un degré religieux, tout à fait exceptionnel au regard du simple défunt d’une famille et pour lequel le titre héroïque, bien que possédant, à notre avis, toujours une connotation religieuse certaine, n’a pas le même impact. Les héros historiques, héroïsés dans le cadre public et connus dans quasiment l’ensemble du monde grec, ne se répartissent pas de manière uniforme dans cet espace, ni de manière équilibrée dans le temps. Certaines régions et époques se détachent nettement de l’ensemble et particulièrement deux territoires : les Cyclades et l’Asie Mineure. Dans le cadre de cet article, notre choix se porte sur la région de l’Asie Mineure, car elle concentre de nombreux cas d’héroïsations. Nous écartons les Cyclades car cet espace restreint et circonscrit à seulement quelques îles, notamment l’exceptionnelle prédominance de Théra, constitue un cas tout à fait particulier [3]. L’Asie Mineure représente donc une région de tout premier ordre dans l’étude du phénomène d’héroïsation. À l’inverse des Cyclades, c’est un espace dense et vaste regroupant un nombre importante de cités et bien qu’espace d’exception au sein du monde grec, il présente des différences sensibles entre les diverses régions et cités qui le composent. Malgré cela il nous faudra nous demander qui sont les héros historiques mais également ce qui définit un personnage historique en tant que héros en Asie Mineure. Pour cela nous nous intéresserons en premier lieu à l’identité de ces personnages mais en privilégiant, dans le cadre de cet article, ceux dont nous possédons au moins quelques éléments permettant de retracer quelque peu leurs carrières, puis nous étudierons le phénomène d’héroïsation en Asie Mineure afin de mettre ce corpus en perspective de manière plus globale et enfin nous nous pencherons sur le problème des « honneurs héroïques », ce qui nous permettra de définir, de manière plus sûre, héroïsation et héros historique.

I. Identité des héros historiques.

A. Les premiers héros historiques : IIe et Ier siècles av. J. -C.

C’est en Ionie, plus précisément à Métropolis que l’on trouve la mention la plus ancienne d’un personnage historique reconnu en tant que héros en Asie Mineure. Il s’agit en effet d’Apollonios fils d’Attalos qui reçut l’honneur d’un hérôon en 132 av. J. -C. Le personnage est connu, grâce à une inscription [4], [5] qui fait référence à un épisode particulièrement important pour l’histoire de l’Asie Mineure : la révolte d’Aristonicos. Le décret fait d’abord référence à l’engagement personnel d’Apollonios dans la vie politique de Métropolis mais tout particulièrement à son rôle de bienfaiteur de sa cité. Mais c’est lors de la révolte d’Aristonicos qu’il joua un rôle de premier plan, en poussant sa cité à choisir le camp des Romains, une alliance qui fut scellée par l’envoi d’un corps de néaniskoi qui fut placé sous son commandement. Lors de la bataille, il périt à la tête de ces hommes incarnant comme l’indique le texte : « la valeur et la gloire qui ont été jadis celles de nos ancêtres ». Il reçut pour cette raison une statue de bronze sur l’agora, lieu central de la cité, mais l’hérôon [6] qu’il reçut fut élevé devant l’une des portes de la ville, il est vrai que les les héroa prennent place le plus souvent au cœur de la cité, sur l’agora, et plus tard sur le gymnase qui tend à jouer le rôle de « deuxième agora » selon l’expression consacrée de Louis Robert [7], mais le lieu reste très symbolique en particulier pour un personnage qui fut un véritable rempart pour sa patrie. Certes l’hérôon fut bâti sur un terrain privé et aux frais de ses fils mais l’affaire n’est pas simplement familiale car la cité veilla aux rapatriements des ossements d’Apollonios ainsi que des soldats tombés à ses côtés. Bien que pour Christopher P. Jones [8] le fait que l’hérôon ne soit pas élevé sur un espace public soit le témoin d’une convergence entre l’héroïsation publique des époques classique et hellénistique et l’héroïsation personnelle si marquante de l’époque romaine, nous pensons pour notre part qu’il s’agit plutôt d’une évergésie supplémentaire, offerte cette fois par les descendants du héros, témoin d’une piété filiale et donc de la noblesse d’une famille qui peut se réclamer désormais comme descendante d’un héros.

Au Ier siècle av. J. -C. nous trouvons en Troade divers personnages qui bénéficièrent donc du titre héroïque. La cité d’Assos en concentre notamment deux : nous trouvons en effet l’exemple des frères Aristios et Kallisthénès fils d’Hèphaistogénès, ceux-ci nous sont connus grâce à l’inscription provenant de l’architrave de leur hérôon situé sur l’agora de la cité [9]. Nous n’avons pas d’informations concernant l’identité des deux frères mais l’architecture de leur hérôon est vraiment caractéristique du schéma « traditionnel » puisque celui-ci avait l’aspect d’un petit temple dorique tétrastyle prostyle et était situé précisément sur l’agora, lieu de prédilection des héros. Nous pouvons également évoquer pour la Troade, Alkippidès fils de Xénoklès, qui reçut le titre de héros à Adramyttion. L’identité du personnage est tout aussi méconnue que les autres personnages héroïsés de la région, l’inscription le qualifie simplement « d’évergète » [10] et mentionne comme unique honneur (à l’exception de l’inscription en elle même) l’érection d’une statue. Seul le nom de son père, Xénoklès, est évocateur puisqu’un Xénoklès d’Adramyttion est connu par Cicéron [11] et Strabon [12] comme un grand rhéteur. Bien que les probabilités soient très grandes que le rhéteur Xénoklès soit bel et bien le père de notre héroïsé, il n’en reste pas moins que son identité reste mystérieuse et ne nous permet pas de comprendre pourquoi il bénéficia de la reconnaissance de sa cité en tant que héros alors que son père, lui, n’en bénéficia pas malgré son importance plus que certaine dans la vie de sa cité.

B. Des héros historiques de plus en plus nombreux au passage du Ier siècle av. J. -C. au Ier siècle ap. J. -C.

Entre le Ier siècle av. J. -C. et le Ier s. ap. J. -C., nous trouvons trois nouveaux personnages, deux sont strictement liés : il s’agit d’un père et de son fils : Caius Iulius Apollonios et Caius Iulius Épikratès à Milet qui apparaissent dans une série d’inscriptions [13]. Ces personnages sont cette fois mieux connus que les précédents, en particulier le second, Épikratès. Caius Iulius Apollonios avait pour père (et par voie de conséquence Caius Iulius Épikratès avait pour grand-père) un dénommé Épikratès fils d’Apollonios, un proche de César, stéphanéphore [14] de Milet en 40/39 av. J. -C. et qui joua un rôle important dans la résistance de la cité contre Labienus. Notre Épikratès était quant à lui un proche d’Auguste de qui il obtint selon toute vraisemblance la citoyenneté romaine pour lui et son père [15], et également, grâce à son amitié avec l’Empereur, l’asylie pour les terres d’Apollon et l’atélie du Didyméion. Il joua un rôle de premier ordre dans la mise en place du culte impérial à Milet et fut également nommé grand-prêtre de l’Asie et de l’Ionie à vie. Il obtint également la charge d’agonothète [16] à vie ainsi que celle de gymnasiarque [17]. Les inscriptions font également montre de ces grandes et nombreuses qualités ainsi que de ces toutes aussi nombreuses évergésies en faveur de la cité, mais aussi du sanctuaire de Didymes. Il entretenait, d’autre part, de nombreuses amitiés avec de hauts dignitaires romains et mena, pour cette raison, plusieurs ambassades à Rome, usant donc de ses relations au bénéfice de Milet. Nous voyons donc avec ces personnages l’importance qu’ils prirent au sein de leur communauté mais particulièrement le rôle qu’ils y jouèrent, agissant en véritables protecteurs de leur cité, c’est ce rôle qui dut certainement permettre leur reconnaissance héroïque. Enfin à la même période nous trouvons un personnage nommé Philokratès fils de Ptolémaios à Anemourion en Cilicie [18], l’inscription le concernant lui confère donc le titre de héros mais nous apprend également qu’il détenait la charge de « gymnasiarque perpétuel, en année alternée » ce qui signifie qu’il fournit de l’huile à la cité une année sur deux, cette charge particulièrement onéreuse explique également son titre de philopatris (qui aime sa patrie) mais, malheureusement, nous ne possédons pas plus d’informations sur ce personnage, que le peu que nous en apprend la courte inscription le concernant.

À l’époque augustéenne nous trouvons quatre nouveaux personnages reconnus en tant que héros par leurs cités respectives. Nous trouvons tout d’abord le cas de Caius Iulius Hybréas et de son père Léôn à Mylasa en Carie. Si les trois inscriptions [19] les concernant associent leurs noms au titre de héros, celles-ci ne donnent que peu d’informations sur leurs carrières hormis le fait qu’Hybréas détenait la charge de grand-prêtre ancestral et qu’il était un grand évergète offrant des spectacles, plus précisément des chasses à ses concitoyens. Les personnages sont malgré tout connus, en particulier Hybréas en tant qu’orateur et en particulier en tant que bienfaiteur de Mylasa lors de la tourmente de la guerre de Labienus de 40 à 38 av. J. -C. Il fut également l’interlocuteur privilégié de sa cité auprès des autorités romaines, mettant à profit ses relations en faveur de sa cité [20]. À la même époque mais cette fois à Thyatire en Lydie, une nouvelle inscription fait état d’un nouvel héroïsé : Caius Iulius Xénon [21], nous retrouvons ici encore l’exemple d’un grand bienfaiteur, qui reçut l’honneur d’un sanctuaire après sa mort accompagnée de la création d’une confrérie cultuelle : les « Iouliastes ». D’autre part notre personnage bénéficia du droit de cité romaine, de la grande-prêtrise de Rome et d’Auguste, des titres de « fondateur » ainsi que de « père de la patrie » et celui de « premier des Hellènes » décerné par l’Assemblée de la province d’Asie. Louis Robert rapprochait d’ailleurs notre personnage de l’exemple d’Hybréas mais aussi d’Épikratès, qui cumulaient de nombreux points communs notamment par leur nom : les Gaii Iulii mais également par leur intervention, lors des périodes troublées du Ier siècle av. J. -C., en faveur de leur cité grâce à leurs relations avec les autorités romaines et par le fait qu’ils furent les promoteurs, en même temps que les premiers grand-prêtres, du culte impérial [22]. Passons au dernier exemple daté de la période augustéenne plus précisément de la période comprise entre 15 av. J. -C. et 15 ap. J. -C. où une inscription de Cyzique fait état du titre héroïque pour Asklépiadès et les soldats ayant combattu dans l’armée dirigée par Mithridatès de Pergame, venue délivrer César assiégé à Alexandrie en 46 av. J. -C. [23] Si le décret de l’inscription vise le petit-fils d’Asklépiadès, Démétrios fils d’Oiniadès, elle fait référence à « Cet hérôon, construit à l’intérieur ou dans la proximité immédiate du gymnase, [qui] abritait probablement la tombe d’Asklépiadès et éventuellement celles des autres combattants d’Alexandrie (si l’on admet que les concours des Hérôa les concernent tous). Il serait donc le centre d’un culte héroïque célébré en l’honneur d’un personnage élevé au rang de fondateur de la cité et qui a reçu le privilège d’être enterré dans le (ou près du) gymnase. […] Asklépiadès est probablement un ami des Romains, comme l’atteste son engagement aux côtés de César. Son culte dans le gymnase de Cyzique symbolise en même temps l’attachement de la cité à l’alliance avec Rome et, peut-être, déjà à la nouvelle pax Romana . » [24] De plus Asklépiadès reçut le titre d’ oikistès , c’est-à-dire de fondateur de la cité et, de plus, lui même ainsi que les soldats bénéficiaient d’honneurs cultuels par le biais d’un concours baptisé du nom d’ Hérôa . On retrouve d’autre part le poids d’une famille puisque son fils Oiniadès et son petit-fils Démétrios bénéficiaient de grands honneurs. On voit donc se développer toujours plus, avec la période impériale, le poids des grandes familles de notables dans la vie des cités grecques.

Au Ier siècle ap. J. -C. nous rencontrons deux nouveaux personnages. Il s’agit tout d’abord d’Adrastos à Aphrodisias. C’est en effet une inscription [25] datée du milieu du troisième quart de ce siècle qui nous permet de connaître cet homme à la carrière importante : agoranome [26] à quatre reprises, agonothète à trois reprises, stéphanéphore et gymnasiarque à deux reprises, il remplit également de nombreuses ambassades et fut ekdikos des affaires publiques, c’est-à-dire avocat de la cité. Il porte aussi de très nombreux titres honorifiques : philopolites (qui aime les citoyens), bienfaiteur, fondateur et philopatris (qui aime la patrie). Il est également à l’origine de nombreuses évergésies consistant notamment dans des distributions d’huile et d’argent mais aussi dans des banquets. Sa générosité fut particulièrement grande envers les jeunes gens de la cité (les néoi) recevant le titre honorifique de « fils des jeunes gens » et porta également le titre de philodoxos (qui aime la gloire, les honneurs) [27]. Il obtint donc de la cité le droit d’élever un hérôon dans les ergasteria (des « ateliers ») [28] publics situés en face du bouleuterion. Il déclina cette offre préférant l’élever sur ces propres ergasteria, témoignant d’une nouvelle générosité, mais sa reconnaissance en tant que héros ne fait pas de doute, et est un bon témoignage du fait que le titre de héros est attribué de manière posthume, la construction de son hérôon est prévue certes de son vivant mais le titre de héros ne lui est pas encore décerné et a dû l’être sans doute après son décès. À la même époque, cette fois à Laodicée du Lycos un dénommé Quintus Pomponius Flaccus fut également reconnu en tant que héros. Une inscription [29] nous présente, semble-t-il, le cas fort rare d’un citoyen romain ayant été reconnu en tant que héros dans une cité grecque [30]. Avec ce personnage nous avons encore affaire à un grand notable à la carrière importante dans sa cité : Flaccus fut en effet stratège, préposé également aux ressources publiques, fit acte d’évergésie en remplissant certaines charges puisqu’en tant qu’agoranome il fournit l’onction d’huile à ses frais et qu’en tant que nomophylaque [31] il paya les frais d’enregistrement des actes à ses propres frais, et occupa enfin la charge de stratège de nuit. Il fut donc un grand évergète, assuma de nombreuses charges au coût élevé, dont le financement du chauffage de portiques chauds [32] et le pavement situé devant la statue ou le temple de Zeus (l’inscription ne permettant pas de trancher de façon sûre entre statue ou temple) entre autres générosités. Il faut souligner aussi le fait qu’il mena en faveur de la cité de nombreuses ambassades à Rome et nous retrouvons encore une fois un notable qui usa de ses relations auprès des autorités romaines en faveur de sa cité.

C. Les héros historiques de l’apogée du phénomène à son déclin : les IIe et IIIe siècles ap. J. -C.

Datées d’une manière plus large du Ier et du IIe siècle ap. J. -C. nous trouvons de nouvelles inscriptions reconnaissant des personnages en tant que héros. En Lydie un personnage du nom de Menekratès, fils de Polyeidès, est connu en tant que héros par une inscription [33], qui mentionne simplement le fait qu’il fut médecin, peut-être philosophe ou philologue (la pierre est ici mutilée), savant, stratège, gymnasiarque, prytane [34] et agonothète. Son identité est sujette à caution car on ne peut trancher avec certitude sur celle-ci : est-ce le bien connu médecin de Tibère, Caligula et Claude : Tibérius Claudius Menekratès ? La question reste entière [35]. Autre exemple pour la même période cette fois en Cilicie, plus précisément à Mallos, une inscription fait état d’un hérôon élevé par le peuple en l’honneur de l’héroïne Flavia Procla [36], une citoyenne romaine ce qui est un fait rare, comme nous avons pu déjà l’évoquer, mais hormis cette inscription trop courte nous n’avons pas d’autres informations sur l’identité de cette femme.

Nous arrivons ainsi au « siècle d’or » des héros historiques, si cette expression peut-être utilisée ici, le IIe siècle ap. J. -C. Débutons avec Tatia Attalis à Aphrodisias qui est d’ailleurs apparentée à un héros historique que nous avions présenté précédemment : Adrastos d’Aphrodisias. L’inscription la [37] concernant et qui nous intéresse ici [38] nous apprend en particulier que le peuple intervint d’une manière particulièrement vive lors de ses funérailles publiques en s’emparant du corps de la défunte. Il semble qu’elle était la dernière représentante d’une lignée considérée en tant que fondateurs par la cité carienne. On note donc que l’ascendance a pu jouer comme supplément, non comme élément déterminant dans la reconnaissance héroïque, mais rappelant ces mêmes lignées dont se prévalaient les héros mythiques. Elle fut donc reconnue en tant qu’héroïne, ensevelie dans un hérôon, dont il est fort probable qu’il s’agissait de celui de son grand-père, et reçut de plus des honneurs cultuels, avec en particulier son couronnement prévu chaque année, et se vit aussi élever des statues de culte. L’inscription étant lacunaire, celle-ci ne nous permet pas de savoir si d’autres honneurs de type cultuels lui furent rendus. À Apamée de Phrygie, nous trouvons l’exemple de Sosia Polla [39], outre le fait que le titre de héros soit donné avec beaucoup plus de rareté aux femmes, Sosia Polla appartenait, d’autre part, à une famille prestigieuse : son époux Quintus Pompeius Falco est connu en tant que proconsul d’Asie sous le règne d’Hadrien [40], son grand-père Sextus Iulius Frontinus fut proconsul d’Asie entre les années 78 et 97 ap. J. -C. et fut aussi consul à trois reprises et l’ami de Pline le jeune et de Martial, curateur des eaux de Rome, il fut également connu pour ses écrits militaires [41], quant à son père Quintus Socius Sénécio, celui-ci fut général et conseiller du prince, deux fois consul, et connu pour entretenir des relations personnelles avec Pline et Plutarque [42]. Que Sosia Polla soit une citoyenne romaine est un autre fait extrêmement rare, il semble en effet que cette famille soit une famille romaine ayant intégré des éléments faisant partie de grandes familles d’ascendance grecque, son époux portant en effet dans une inscription [43] les surnoms de Vibullus Pius Iulius Euryklès Herculanus ce qui l’apparenterait à la grande famille des Euryklides de Sparte et des Vibullii de Corinthe. Ceci pourrait expliquer le titre d’héroïne de Sosia Polla, membre d’une famille romaine mais à la très grande proximité avec les communautés grecques, néanmoins les inscriptions ne détaillent pas vraiment ce qu’elle put accomplir à Apamée mais laissent deviner des grands bienfaits dans la cité mais aussi dans la province d’Asie. D’autre part, son époux porte le titre de « sauveur », ce qui ne laisse pas de doute sur l’importance de ces personnages à Apamée ; son époux reçut-il également le titre de héros ? La question reste entière. Laissant cette fois la Phrygie pour la Cilicie nous trouvons deux nouveaux héroïsés : Publius Flavius Dareios [44] et Titus Flavius Attalianus Quadratus [45] tous deux de Sagalassos. Les incriptions proviennent du même monument : la bibliothèque construite par Titus Flavius Severianus Neon et nos deux personnages sont issus tous deux de la même famille : Publius Flavius Dareios était en effet le père de Titus Flavius Severianus Neon, celui-ci avait collecté de son vivant un grand nombre de livres et nous comprenons mieux ainsi l’édification de la bibliothèque (qui n’est pas sans rappeler l’exemple de la Bibliothèque de Celsus à Éphèse). Titus Flavius Attalianus Quadratus, dont le cognomen Attalianus venait du grand-père de Dareios, semble être quant à lui le premier personnage de la famille à avoir atteint l’ordre équestre. Sa carrière militaire est d’ailleurs rappelée dans le texte de l’inscription. On retrouve ici aussi cette idée d’hérédité et de « dynastie héroïque » qui dut élever encore plus la valeur de Titus Flavius Severianus Neon qui, bien que n’apparaissant pas en tant que héros, est mieux connu. Celui-ci fut sans conteste le plus grand bienfaiteur de Sagalassos en ces débuts du IIe siècle ap. J. -C [46].

Le IIIe siècle ap. J. -C. marque donc la fin du phénomène d’héroïsation en Asie Mineure mais aussi dans le monde grec en général. Pour ce siècle nous ne trouvons plus que quatre nouveaux exemples. À Stratonicée, en Carie, deux inscriptions gravées sur des bases de statues associent le titre de héros à Flavianus fils d’Hekatodôros [47]. La femme de notre personnage : Aurélia Apphia Hierokleia est également mentionnée et tous deux eurent la charge de grands-prêtres [48]. Le couple assuma aussi la prêtrise d’Hécate à Lagina et de Zeus à Panamara. Ils financèrent également la construction d’une stoa « Flavianè » [49] Notre personnage était également un évergète puisque les inscriptions font également référence à la fondation qu’il établit dans le but de financer des spectacles de théâtre. Une statue lui fut édifiée pour chaque représentation ce qui explique que nos inscriptions portent la mention « héros pour la troisième fois » et « héros pour la cinquième fois », qui signifie « statufié pour la troisième fois en tant que héros » et « statufié pour la cinquième fois en tant que héros », le titre de héros étant posthume, ne l’oublions pas. En Ionie, à Éphèse, Marcus Aurélius Papion est honoré du titre de héros [50] un personnage seulement connu par une seule inscription qui nous indique qu’il fut prêtre du conseil, une fonction elle-même rare puisque celle-ci n’est mentionnée que par une seule autre inscription [51]. Restant à Éphèse, une inscription pour un certain Valerius Festus fait référence au « héros Antoninus » [52], l’édition des SEG proposait deux possibilités concernant l’identité de cet « Antoninus » : soit Publius Vedius Antoninus Phaedrus Sabinianus, soit son fils Publius Vedius Papianus Antoninus. Ces deux personnages membres de la très illustre famille des Vedii [53] sont par ailleurs connus. Le premier occupa les charges de prytane éponyme, de gymnasiarque, de secrétaire du peuple à deux reprises et d’asiarque, mena également plusieurs ambassades à Rome en faveur d’Éphèse. Quant au second, il suivit d’une part les traces de son père occupant notamment la charge de légat du Sénat mais aussi de l’Empereur, mena également de nombreuses ambassades à Rome en faveur de sa cité mais aussi en faveur de l’ensemble de la province d’Asie, et, d’autre part, il se démarqua tout particulièrement lors de la dispute opposant Pergame, Smyrne et Éphèse pour la primauté de l’Asie en faveur bien sûr de sa cité. Quant au choix entre ces deux « Antoninus », nous penchons pour notre part en faveur du second, tout d’abord parce qu’il vécut à la toute fin du IIe siècle ap. J. -C. ce qui concorderait avec la date de l’inscription (la deuxième moitié du IIIe siècle ap. J. -C.) D’autre part, il fut le dernier descendant direct des Vedii, faisant d’Artémis son héritière testamentaire. Sa mort a dû sans doute provoquer une vive émotion en tant que dernier héritier direct d’une grande lignée, ce qui n’est pas sans rappeler l’exemple de Tatia Attalis que nous avions évoqué plus haut. De plus, il disposait du titre de ktistès, de fondateur, et bien que d’autres portèrent ce titre il fut le seul à apparaître en tant que fondateur aux côtés d’Androklos, fondateur légendaire d’Éphèse [54]. Concluons cette présentation des personnages historiques héroïsés au IIIe siècle ap. J. -C. avec une femme cette fois : Aurélia Iulia Menelais. Celle-ci est connue par une inscription de Cyzique datée des années 225 – 235 ap. J. -C. [55] Nous ne possédons que peu d’informations sur notre personnage si ce n’est ce que nous en dit notre inscription : elle bénéficia du titre d’hipparque [56] à titre posthume et son père, Aurélius Ménélaos, nous est connu : il fut asiarque [57], agonothète des Hadrianeia Olympia et également stratège [58].

Comme nous avons pu le voir, tous ces personnages qui reçurent la reconnaissance héroïque de manière publique sont tous des notables de premier rang dans leur communauté respective. Tous proviennent de familles de premier ordre à la longue tradition évergétique et occupant des magistratures et/ou des prêtrises de premier ordre également. Les femmes sont très peu représentées. Tous sont d’ascendance grecque et dans le cas des rares citoyens romains ayant bénéficié du titre, ceux-ci sont soit liés par des liens familiaux à des familles grecques d’importance, soit fortement liés à la cité grecque en question. En ce sens, les héros historiques d’Asie Mineure présente un visage particulièrement homogène. Le « visage » des héros historiques d’Asie Mineure étant maintenant établi, il nous faut à présent dresser le tableau de l’ensemble du phénomène d’héroïsation : aussi bien l’évolution sur toute la période considérée mais également sa répartition dans ce vaste et riche ensemble régional.

II. L’Asie Mineure et l’héroïsation.

A. Un phénomène « récent ».

Au niveau chronologique et si l’on considère l’ensemble du monde grec, le phénomène d’héroïsation dans le cadre public est un phénomène long puisqu’il débute dès les temps les plus anciens, c’est-à-dire dès l’époque archaïque, et ne s’achève qu’avec le IIIe siècle ap. J. -C. [59] Néanmoins, en ce qui concerne l’Asie Mineure, celle-ci ne connaît pas une chronologie si longue et l’héroïsation apparaît de manière beaucoup plus tardive, puisque le premier cas connu ne date que du IIe siècle av. J. -C. En revanche, elle « s’aligne » sur l’ensemble du monde grec concernant la fin du phénomène puisque le dernier cas connu date également du IIIe siècle ap. J. -C., respectant donc le « terminus » de la chronologie générale établie suite à nos recherches. De plus, l’Asie Mineure ne voit pas les cas d’héroïsation répartis de manière homogène sur l’ensemble de la période définie et connaît de ce point de vue une évolution semblable à l’évolution générale propre à l’ensemble du monde grec. L’apogée du phénomène se situe au IIe siècle ap. J. -C. avec une hausse qui se fait réellement sentir au Ier siècle av. J. -C. En effet, on rencontre un premier cas au IIe siècle av. J. -C. alors que le siècle suivant connaît trois [60] nouveaux exemples auxquels s’ajoutent trois cas datés de manière plus large du Ier siècle av. J. -C. et du Ier siècle ap. J. -C. ainsi que trois exemples supplémentaires datés eux de l’époque augustéenne, puis nous trouvons enfin deux autres personnages héroïsés au Ier siècle ap. J. -C. Le IIe siècle ap. J. -C., comme nous l’avions annoncé, fait figure d’apogée avec ses huit occurrences (auxquelles s’ajoutent deux occurrences voire trois [61] datées du Ier et du IIe siècle ap. J. -C.) Puis les cas s’amenuisent donc au IIIe siècle ap. J. -C. avec seulement quatre nouveaux exemples. Il faut ajouter à ce schéma quelques exemples supplémentaires dont la datation est malheureusement bien plus large, mais qui ne doivent pas bouleverser l’évolution chronologique que nous venons de décrire. On compte donc cinq autres personnages héroïsés, dont les inscriptions les concernant datent de l’époque impériale (de la fin du Ier siècle av. J. -C. au Ve siècle ap. J. -C.), et deux autres pour lesquels les inscriptions les concernant sont datées cette fois de l’époque romaine (de la fin du IIe siècle av. J. -C. au Ve siècle ap. J. -C.). Comme nous pouvons le voir, en ne considérant uniquement que l’évolution chronologique du nombre de personnages historiques qui furent héroïsés, l’Asie Mineure est tout à fait représentative de l’évolution que connut le monde grec si ce n’est à une exception près que les premiers personnages le furent à une époque beaucoup plus récente, puisque le cas le plus ancien date du IIe siècle av. J. -C. Néanmoins, l’évolution générale, dans l’ensemble du monde grec, doit rester ce qu’elle est une tendance générale ou une moyenne et comme toute moyenne, celle-ci recouvre des disparités importantes entre les cités, certaines cités ne connurent en effet que des exemples très anciens, d’autres des exemples récents et d’autres encore à différentes époques. Enfin il ne faut pas oublier que l’Asie Mineure influença beaucoup cette tendance générale puisqu’elle concentre à elle seule un grand nombre d’occurrences. L’évolution chronologique et ses limites étant établies, il nous faut à présent dresser le cadre spatial.

B. Une répartition inégale.

Si l’on se penche plus précisément cette fois sur le cadre géographique, on s’aperçoit rapidement que même en Asie Mineure le phénomène d’héroïsation n’a pas concerné toutes les régions qui la constituent. Si l’on opère un classement par ordre décroissant quatre espaces se singularisent nettement par leurs occurrences plus nombreuses. Il s’agit de la Carie, de la Phrygie, de la Mysie et enfin de l’Ionie. Ces régions concentrent entre cinq et sept cas chacune, à savoir sept pour la Carie, six pour la Phrygie et la Mysie et enfin cinq pour l’Ionie. Mais même à l’intérieur de ces régions il existe de nettes différences entre cités puisqu’en Carie la seule Aphrodisias concentre quatre occurrences (dont un exemple provenant de Plarasa mais la cité fut rattachée à Aphrodisias), même concentration en Mysie avec la cité de Cyzique qui concentre à elle seule cinq cas sur les six mentionnés. Pour la Phrygie et L’Ionie, certaines cités concentrent jusqu’à deux exemples mais on ne retrouve pas une telle prédominance pour une seule cité. Enfin d’autres espaces sont à considérer mais avec évidemment des occurrences bien moins nombreuses, trois exemples en Troade, puis deux en Lydie ainsi qu’en Pisidie et en Cilicie, enfin nous ne trouvons plus qu’une mention pour la Lycaonie et peut-être une pour la Lycie mais cette dernière n’est pas sûre [62]. Comme nous pouvons le voir, même en Asie Mineure, les occurrences ne concernent pas tous les espaces, ou plutôt, pour être plus juste, ne concernent pas toutes les cités, puisque dans le cadre public c’est évidemment la cité qui est à l’origine de la reconnaissance d’un individu en tant que héros. Enfin pour dresser un tableau complet il faut dire quelques mots sur les îles proches de l’Asie Mineure dont Samos qui connaît un cas d’héroïsation et en particulier Cos avec ces quatre cas. Même s’il ne s’agit pas « proprement » de l’Asie Mineure, il y a sans aucun doute une connexion avec ces îles qui entretenaient de forts liens, à tous les niveaux, avec les cités grecques d’Asie et cela se vérifie également pour les Cyclades. Il n’est pas étonnant, à notre avis, que ces deux espaces soient de nouveau mis en parallèle et le phénomène d’héroïsation est un nouveau témoin des relations privilégiées entretenues entre ces deux espaces du monde grec. Il nous semblait essentiel d’évoquer, ne serait-ce que succinctement ce dernier point. L’évolution ainsi que le cadre spatio-temporel établis, il nous faut aborder le problème des honneurs dits héroïques car, en effet, si tous les personnages que nous avions présentés reçurent le titre de héros, tous ne reçurent pas les mêmes honneurs, alors que dans le même temps d’autres personnalités purent a contrario bénéficier d’honneurs habituellement assimilés à ceux des héros sans pour autant recevoir ce titre.

III. Héros et « honneurs héroïques ».

A. Les honneurs héroïques traditionnellement admis.

Avant toute chose, il nous faut à présent définir ce que l’on entend par « honneurs héroïques ». Traditionnellement les honneurs associés aux héros sont d’une plus ou moins grande importance. Nous tenterons de les présenter selon l’ordre d’importance qui nous paraît le plus évident : le premier de ces honneurs consiste dans les funérailles publiques qui surviennent au moment du décès du personnage. Ces funérailles publiques sont surtout marquées par l’ekphora ou cortège funèbre constitué ici de l’ensemble de la cité. Ce cortège mène à un hérôon, situé majoritairement intra-muros et qui constitue le deuxième honneur d’importance, ainsi l’héroïsé n’est pas enseveli dans une simple tombe à la différence d’un simple mortel qui devait nécessairement être enseveli hors les murs, dans les nécropoles, car le mort est source de miasma, c’est-à-dire de souillure, pour la cité. D’autre part, le lieu retenu est souvent symbolique puisqu’il s’agit en grande majorité de l’agora, puis aux périodes plus tardives du gymnase qui tend à devenir une « deuxième agora », selon l’expression de Louis Robert. À cet hérôon peuvent être associés des honneurs cultuels, d’ailleurs les hérôa prennent souvent l’aspect d’un temple, mais à une échelle plus petite et modeste, et servent du même coup de cadre au culte héroïque. Un autel peut ainsi lui être associé pour les sacrifices, souvent prescrits à date anniversaire, et, de plus, des statues de culte être élevées en l’honneur du héros. On peut y ajouter des concours de différents types : gymniques, hippiques etc.) et même instituer une prêtrise pour desservir le culte nouvellement créé. Voici donc rapidement dressés les honneurs traditionnellement admis comme héroïques, car conférés aux héros mythiques, dont on ne peut oublier le lien et parce que divers personnages historiques purent en bénéficier : soit de l’ensemble des honneurs décris soit seulement d’une partie d’entre eux. Mais certains personnages reçurent ces mêmes honneurs sans que pour autant leurs noms ne soient associés au titre héroïque. Habituellement ces personnages sont admis comme héroïsés mais pour en vérifier l’exactitude ou la pertinence il nous faut nous intéresser au moins à quelques exemples pour aboutir à une conclusion.

B. Des honneurs « héroïques » pour des « non héros » ?

Dans le monde grec en général mais aussi dans la région qui nous intéresse, l’Asie Mineure, divers personnages purent prétendre à des honneurs particulièrement conséquents sans que ne soit fait mention d’une reconnaissance en tant que héros, c’est-à-dire, pour nous, une trace écrite qui nous permettrait de manière certaine de conclure à une telle reconnaissance. Prenons quelques exemples, que nous choisirons bien sûr parmi ceux provenant d’Asie Mineure. Nous choisirons comme ordre de présentation l’ordre « d’importance » de ces honneurs, déjà adopté dans la partie précédente. À Synnada en Phrygie, un personnage du nom de Severus Aurélius Faustinus reçut le titre de fondateur à une date incertaine, puisque l’inscription le concernant est datée de l’époque romaine, mais seul et seulement ce titre, le titre héroïque n’apparaissant pas alors que les fondateurs sont bien souvent considérés comme des héros [63]. On trouve ensuite d’autres personnages qui eux, bénéficièrent de l’honneur de l’ensevelissement intra-muros : ainsi Thémistocle à Magnésie du Méandre [64] enseveli dans un monument public sur l’agora de la cité, lieu de prédilection des hérôa, au VE siècle av. J. -C. À Milet les ancêtres d’Eudèmos, fils de Léon, prophète du dieu, furent ensevelis dans le gymnase dit des « néoi » aux environs du IIIe siècle av. J. -C. [65], ainsi une très grande famille d’évergètes obtint donc un honneur traduit habituellement comme héroïque et de façon héréditaire semble-t-il, sans que ne soit fait une seule fois mention au titre de héros. À Héraclée du Pont, les soldats de la cité tombés dans la bataille livrée contre Zipoitès furent également ensevelis, après des funérailles publiques, à l’intérieur des remparts de la ville, dans le monument des « aristoi », en 280/279 av. J. -C. [66] Au Ier siècle av. J. -C., à Aphrodisias, Kallikratès fils de Pythodôros (l’identité de ce personnage n’est pas certaine puisque son nom est une restitution) [67] se voit également concéder l’honneur de l’ensevelissement à l’intérieur du gymnase, les inscriptions le concernant font état des nombreuses évergésies qu’il prodigua à la cité, dont les ambassades qu’il mena à Rome en faveur de la cité et la part active qu’il occupa en combattant lors de batailles pour la défense de la cité. Si nous continuons notre progression des honneurs, nous trouvons aussi des personnages qui obtinrent des honneurs cultuels sans que ne soit fait une seule fois mention du titre héroïque. C’est ainsi qu’une inscription de l’époque hellénistique, provenant de Cnide, nous apprend qu’un certain Parasitas reçut des funérailles publiques et l’honneur de l’ensevelissement dans un monument financé par la cité, mais surtout il bénéficia de sacrifices en son honneur, fixés à date anniversaire, ainsi que des concours consistants dans des lampadédromies (course « aux flambeaux ») des « néoi » et des « andres » [68]. En 196 av. J. -C. à Xanthos, Lysôn fils de Démosthénès [69], en raison de ses bienfaits, des qualités de ses ancêtres et des fonctions qu’il remplit pour la cité dont la gymnasiarchie, reçut une statue de bronze dans le gymnase accompagnée d’un autel avec la mise en place d’un sacrifice en son honneur. Entre 85 et 73 av. J. -C., à Pergame, Diodoros Pasparaos reçut des honneurs particulièrement importants et hors du commun : l’éloge public, des couronnes d’or, des statues dorées, de bronze et de marbre et en particulier des statues de culte placées dans un temple, la proédrie, l’honneur de prononcer les vœux et de faire brûler l’encens lors des séances du conseil et de l’assemblée, d’autre part un jour lui fut dédié, ce jour étant de plus déclaré comme sacré, une tribu fut baptisée à son nom : Paspareis, l’institution d’une prêtrise en son honneur, l’honneur de voir son nom apparaître sur tous les contrats après celui du prêtre de Manius, la construction d’un téménos en son honneur, à Philétaira, où il fut d’ailleurs enseveli [70]. Diodoros se vit donc couvrir d’honneurs et en particulier d’honneurs cultuels de premier ordre, mais nulle part dans le décret n’est évoquée une éventuelle reconnaissance héroïque. Dans le deuxième quart du Ier siècle ap. J. -C., à Cyzique, Apollonis fille de Proklès, reçut à son décès des funérailles publiques et l’honneur d’être enseveli dans le monument funéraire familial situé sur le grand port, d’autre part le jour de son décès fut déclaré deuil national, mais plus encore celle-ci reçut des honneurs cultuels : une statue à son effigie fut élevée dans le bureau du cosmophylaque [71] où cette même statue dut par la suite être couronnée à chaque mariage déclaré. Mais malgré ces grands honneurs l’inscription, certes fragmentaire la concernant, ne fait aucune référence au titre héroïque [72]. Enfin certains individus bénéficièrent d’honneurs isothéoi c’est-à-dire égaux à ceux des dieux. En Asie nous en connaissons au moins deux exemples : Artémidôros fils de Théopompos à Cnide durant l’époque augustéenne, qui bénéficia de couronnes d’or, de statues de bronze, de marbre et d’or, de proclamations lors de tous les concours, des repas publics, puis à son décès de funérailles publiques, de l’ensevelissement dans le gymnase et d’une statue d’or placée dans le temple d’Artémis Hiakynthotrophoros et Epiphanè, en tant que parèdre (synnaos) de la déesse. De plus, une prêtrise lui fut instituée ainsi que des sacrifices, processions et concours pentétériques (les Artémidoreia) [73]. Le second personnage à avoir bénéficié des honneurs dits isothéoi est Lucius Vaccius Labeo, dans la cité de Kymè entre 2 av. J. -C. et 14 ap. J. -C. : un temple lui fut consacré dans le gymnase tout comme lui fut également décerné les titres de « fondateur » et de « bienfaiteur », des statues dorées lui furent élevées, son corps fut enseveli dans le gymnase, sans compter les autres honneurs qui lui furent décernés de son vivant [74]. Mais comme pour les autres personnages cités plus avant, les textes ne font aucune mention du titre de héros ou n’évoquent un hérôon à son propos. Ainsi une question reste en suspens : quelles conclusions faut-il apporter à l’encontre de ces personnages bénéficiant d’honneurs identiques aux héroïsés sans que pour autant ne soit fait référence au titre de héros ?

C. La question des honneurs héroïques.

Comme nous avons pu le voir, les héros reçurent une série d’honneurs en général similaires, mais néanmoins non systématiquement, certains reçurent dirons nous de grands honneurs allant des funérailles publiques jusqu’aux honneurs cultuels, tandis que d’autres purent simplement se voir attribuer le titre de héros sans bénéficier de tous ces honneurs. À contrario d’autres personnages reçurent des honneurs habituellement entendus comme héroïques sans que pour autant ne soit mentionné le titre de héros. Pourtant, dans de nombreuses études, on prit pour habitude de lire dans ces honneurs une preuve selon laquelle ces individus, parce qu’ils reçurent des honneurs héroïques, furent reconnus en tant que héros. Dit ainsi cela semble plus que logique et justifié. Néanmoins un lourd problème est à relever dans cette affirmation. Il faut avant tout revenir sur l’expression honneurs héroïques, que l’on trouve d’ailleurs déjà employée dans le monde grec. Qu’est-ce que des honneurs héroïques ? À vrai dire la réponse est simple : ce sont l’ensemble des honneurs offerts à un héros. Mais, il faut surtout procéder « à l’endroit » : ce ne sont pas les honneurs qui font le héros, c’est le fait d’être reconnu en tant que héros qui provoque les honneurs. En effet, la cité, après avoir reconnu un individu en tant que héros peut en plus lui décerner des honneurs, ceux-ci sont choisis au préalable parmi les honneurs déjà existant et peuvent ainsi être identiques à ceux des dieux lorsqu’ils sont de type cultuels. Ainsi ce qui détermine des honneurs héroïques ou des honneurs divins ou tout autre type d’honneurs ne réside pas dans le caractère de ces honneurs mais dans l’entité à laquelle ils sont adressés. Ainsi, s’ils s’adressent à un dieu ceux-ci seront divins, mais s’ils s’adressent à un héros ceux-ci seront héroïques. Enfin d’autres personnages reçurent des honneurs de grande distinction comme les honneurs isothéoi mais nous l’avons vu ceux-ci sont extrêmement rares et ainsi des hommes bénéficièrent d’honneurs cultuels sans que ceux-ci ne soient dits héros ou dieux. Pourquoi cette distinction ? Cela est interne et propre à la cité qui voit dans tel ou tel individu quelque chose qui le connecte à la sphère divine et c’est encore une fois la cité qui définira selon quel degré. Ainsi le titre héroïque est-il le seul vecteur permettant de conclure d’une héroïsation. Certes les textes sont lacunaires voire absents et il est bien sûr possible que des individus aux honneurs cultuels et/ou ensevelis intra-muros aient pu être reconnus en tant que héros mais les conclusions contraires sont tout aussi valables. Reprenons un exemple bien documenté que nous avons déjà cité : le cas de Diodoros Pasparaos. Les honneurs qu’il reçut semblent fortement penchés en faveur de son héroïsation pourtant si l’on regarde ces honneurs de près on se rend compte que ceux-ci sont bien plus similaires à ceux que reçurent les souverains attalides (n’oublions pas que nous sommes à Pergame) et à ceux que reçut Manius Aquillius, dont le prêtre est d’ailleurs cité dans l’inscription, mais il n’a rien de surprenant à cette proximité étant donné que les honneurs que reçut Manius Aquillius lui avaient été déjà conférés par mimétisme sur ceux des Attalides. Les Attalides étaient-ils héroïsés ? Nous savons bien que non, étant donné que le culte des souverains visait la divinisation. De ce fait pourquoi conclure à l’héroïsation de Diodoros ? Il est possible que certains individus aient pu ainsi dépasser leur condition de mortel et atteindre la sphère divine parfois même à un degré supérieur à celui des héros. Leurs actions ont dû atteindre un degré d’exception tel, pour pouvoir prétendre ou plutôt être interprétées par leur cité comme le révélateur de cette condition hors du commun. Ce degré « d’exceptionnalité » se retrouve donc pour les héros qui font partie du monde divin. Finalement tout repose sur l’interprétation de la cité elle même, et c’est ceci qui nous dépasse. Cette dernière honore parmi ces concitoyens des êtres qui ont dépassé leur condition de mortel, par leurs actions de leur vivant, puis après leur décès en accédant au monde des justes, un monde non pas fermé mais un monde ou leur état de héros, désormais immortel, leur permet de prolonger leurs actions et leur protection sur la cité pour l’éternité.

L’Asie Mineure constitue donc un ensemble exceptionnel pour l’étude du phénomène d’héroïsation, qui conduisit les cités à voir parmi certains de leurs concitoyens des héros. Si le phénomène fut plus récent par rapport à d’autres régions du monde grec, il suit une évolution que l’on retrouve dans l’ensemble du monde grec avec un IIe siècle ap. J. -C. qui fait figure d’apogée. De plus, de même que pour l’ensemble du monde grec, l’ensemble de l’Asie Mineure ne fut pas concerné par le phénomène, des régions le furent plus que d’autres, ou plutôt devrait-on dire certaines cités plus que d’autres. Quoiqu’il en soit l’Asie Mineure se détache également par le type de ses sources, puisque l’ensemble des informations sont exclusivement fournies par l’épigraphie. Concernant les héros historiques de l’Asie Mineure, ceux-ci font tous partie de l’élite des cités et sont tous des notables membres de familles de haut rang. Bien souvent ceux-ci sont connus par leur carrière municipale et les nombreuses charges qu’ils purent occuper au sein de leur cité mais sont également de grands évergètes ayant à cœur de promouvoir et de défendre les intérêts de leurs cités respectives, parfois même grâce aux ambassades qu’ils menèrent à Rome, toujours à la faveur de leur cité, et faisant jouer le réseau social que ces grandes familles surent se constituer. Ainsi bénéficièrent-ils d’honneurs de leur vivant mais parfois furent-ils reconnus en tant que héros, reconnaissance qui les conduisit à de nouveaux honneurs allant jusqu’aux honneurs cultuels. Néanmoins nous avions également vu que l’expression « honneurs héroïques » posait elle-même problème. En effet ces honneurs sont traditionnellement compris comme « de même type » soit une série d’honneurs allant des honneurs de l’ensevelissement intra-muros dans un lieu central de la cité (agora et gymnase en général) à l’intérieur d’un hérôon prenant l’aspect d’un petit temple et où étaient ensuite assurés les honneurs du culte avec sacrifices, prêtrises, processions et/ou concours. Néanmoins nous avions vu que certains personnages purent bénéficier de ces mêmes honneurs sans que pour autant nous ne retrouvions une trace écrite permettant de les identifier clairement en tant que héros. De ce fait nous pouvons affirmer que la reconnaissance héroïque passe par l’attribution de ce titre et en l’absence de celui-ci toute affirmation est sujette à caution car des honneurs cultuels purent être donnés à des personnages, non comme héros, mais à titre individuel. Ces honneurs purent être copiés ou hérités de ceux des souverains hellénistiques comme Diodoros Pasparaos ou alors les cités purent aller jusqu’à attribuer des honneurs isothéoi comme ce fut le cas à Cnide pour Artémidôros ou à Kymè pour Lucius Vaccius Labeo. Ainsi les honneurs sont héroïques ou divins (et ceci pour ne garder que les adjectifs les plus connus, mais peut-être faudrait-il trouver un autre adjectif pour des personnages n’entrant dans aucune de ces catégories) suivant l’entité à laquelle ils sont offerts : héroïques si offerts à un héros, divins si offerts à un dieu. Enfin l’exemple de l’Asie Mineure nous permet de réaffirmer l’importance et le lien entretenu entre le héros et la cité, un lien identitaire particulièrement fort. Nous rappelons ainsi la définition du héros grec que nous avons pu construire après l’étude de l’ensemble de ce phénomène :

« Un héros est d’abord un personnage déclaré clairement en tant que tel par une communauté, allant de la cité à la famille, ou à des communautés beaucoup plus larges comme les peuples. Seule cette reconnaissance permet de signifier l’accès d’un personnage à ce titre. Cette déclaration est faite à titre posthume, car ses restes mortels sont ensevelis intra-muros et le plus souvent à une place centrale comme l’agora ou le gymnase ou dans un lieu symbolique de la ville, afin de signifier sa place et pour qu’ainsi le héros fasse corps, au sens concret du terme, avec le sol de la cité. L’hérôon est donc l’écrin des restes mortels du héros et servira de réceptacle si la cité décide d’organiser un culte en son honneur. Le héros participe donc du monde divin et veille sur sa cité, prolongeant souvent ainsi pour l’éternité des actions commencées de son vivant. Mais là n’est pas sa seule mission, le héros incarne des valeurs, valeurs qu’il démontra de son vivant, ou qu’il a pu hériter et qui sont représentatives de la communauté civique. C’est pourquoi il incarne et est un marqueur fort de l’identité de la cité, son origine est d’ailleurs enveloppée de mystère tout comme celle de la cité et ils semblent naître ensemble. Par son accès à l’immortalité il est un gage également de pérennité pour la polis, l’assurance de la pérennité de ses valeurs et de son identité. La déclaration est donc motivée par un contexte mais en conserve pleinement sa valeur religieuse. Ainsi les héros naissent d’une communauté, de la famille à la polis mais non des honneurs qui leurs furent rendus. Les honneurs naissent ensuite si la communauté qui l’a ainsi désigné le décide ainsi. Ces honneurs ne deviennent des honneurs héroïques qu’à partir du moment où ces mêmes honneurs sont offerts à un héros. Car il n’existe pas d’honneurs spécifiques pour ceux-ci et peuvent donc être de toutes sortes selon le bon vouloir de la communauté et bien souvent ceux-ci sont tout à fait semblables à ceux dédiés aux dieux. En l’absence du mot héros, la prudence est de mise, ne l’utilisons pas là où les Grecs ne l’ont pas utilisé. [75]. » [76]

Notes
[1] « La phratrie est, depuis l’époque archaïque, une association qui a une fonction familiale, même si elle a une extension plus large que la famille. On la connaît sous ce nom de phratrie à Athènes et dans quelques cités ioniennes. Le membre de la phratrie est le phratère, ou phrater (φράτηρ), mot d’origine indo-européenne qui désigne le frère ? Dès Homère, le terme désigne le membre d’une association d’entraide et de solidarité, constituée de membres de familles proches qui se considéraient comme des frères ; la phratrie y est une subdivision de la tribu ; elle représente une communauté politique et militaire qui transcende la famille. À l’époque archaïque, les phratries connaissent un grand succès […] ; la phratrie est devenue l’élément de base de la communauté. » Définition tirée de Anne et François Queyrel, Lexique d’Histoire et de civilisation grecques ; Paris : Ellipses, 2010 ; pp. 184-185.

[2] « Ce terme, qui traduit un des sens du mot grec dèmos, est employé uniquement pour désigner une circonscription territoriale. La réforme de Clisthène en 508/7 a réparti la population athénienne selon son lieu de résidence en plus d’une centaine de dèmes, qui sont des circonscriptions administratives dotées d’assemblées, de magistrats (démarque) et de cultes. Regroupés par trittyes, les dèmes sont intégrés dans les tribus clisthéniennes. De simples bourgades ou quartiers qu’ils étaient, ils deviennent l’unité de base de la cité. […] L’existence de dèmes est attestée dans d’autres cités qu’Athènes. » Définition tirée de Anne et François Queyrel, Ibidem ; pp. 62-63.

[3] Sur l’ensemble de la question, notamment les Cyclades mais également l’ensemble du monde grec nous renvoyons à notre thèse : Paulo Carvalho, Recherches sur les rituels d’Héroïsation dans le monde grec (de l’époque archaïque au IIIe s. ap. J. -C.), sous la direction de Marie-Thérèse Le Dinahet et Delfim Ferreira Leão, Université Lumière Lyon 2 et Universidade de Coimbra, 2013, (thèse de doctorat non publiée).

[4] Cf. B. Dreyer et H. Engelmann, Die Inschriften von Metropolis, Teil I, Die Dekrete für Apollonios : städtische Politik unter den Attaliden und im Konflikt zwischen Aristonikos und Rom, (IGSK 63, 1 ; Bonn, 2003). SEG 53, n° 1312. Voir également : P. Gauthier, BE (2004), n° 280-282 ; J. -L. Ferrary, CCG 15 (2004) pp. 381 et 382 ; C. P. Jones, JRA 17 (2004), pp. 469 à 485 ; C. Eilers, JRS 95 (2005) pp. 253 et 254 ; B. Virgilio, Studi Ellenistici 19 (2006), pp. 249 à 268 ; B. Puech, An. Ép. (2003) [2006] n° 1679.

[5] Nous ajoutons que toutes les sources auxquelles nous renvoyons et allons renvoyer sont également présentées dans notre thèse, que nous avons déjà citée, cf. note 1. Nous nous contenterons donc d’ajouter pour les références qui suivront les autres éditions les concernant.

[6] L’hérôon est à la fois le tombeau et le centre du culte héros. Il peut d’ailleurs prendre la forme d’un temple, identique à celui des dieux, mais avec des dimensions beaucoup plus réduites et même prendre l’aspect de véritables sanctuaires avec autel, portiques etc…

[7] Louis Robert, Choix d’écrits ; Paris : Les Belles Lettres, 2007 ; pp. 623 à 645. L’article original provenant de « Inscriptions d’Aphrodisias : C. Iulius Zoïlos », L’Antiquité classique n° 35, 1966 ; pp. 401 à 432.

[8] Christopher P. Jones, New Heroes in Antiquity from Achilles to Antinoos, Revealing Antiquity 18, Library of Congress, 2010 ; pp. 34 à 35.

[9] Cf. Inschriften von Assos n° 27, Sarah Cormack, The Space of Death in Roman Asia Minor, ; Vienne : Phoibos Verlag, 2004 ; pp. 188 à 189. Les éditions de l’inscription donnent de plus une reconstitution de l’hérôon.

[10] Cf. E. Schwertheim, « Neue Inschriften aus Adramyttion », EA 19, 1992 ; pp. 125-134. SEG 42 n° 1087.

[11] Cf. Cicéron, Brutus, 91.

[12] Cf. Strabon, 13, 1, 66.

[13] Cf. Pour la première : P. Herrmann, MDAI (I), 44, 1994 ; pp. 206 à 219, SEG 44, n° 938 et J. H. M. Strubbe, R. A. Tybout et H. S. Versnel, ΕΝΕΡΓΕΙΑ. Studies on Ancient History and Epigraphy presented to H. W. Pleket, Amsterdam, 1996 ; pp. 1 à 10. Pour la deuxième : P. Herrmann, MDAI (I), 44, 1994, 228/229 et SEG 44, n° 939. Pour la troisième : C. Fredrich, Milet I 2, 7. P. Herrmann, MDAI (I), 44, 1994 ; pp. 219 à 228 (qui republie les fragment A et B et montre qu’ils appartiennent à un décret honorifique pour Epikrates plutôt qu’à son allégué frère Eukrates, qui en réalité n’a jamais existé (Cf. J. H. M. Strubbe, R. A. Tybout et H. S. Versnel, ΕΝΕΡΓΕΙΑ. Studies on Ancient History and Epigraphy presented to H. W. Pleket, Amsterdam, 1996 ; pp. 12 à 14)) et SEG 44 n° 940. Pour la quatrième : P. Herrmann, MDAI (I), 44, 1994 ; p. 234 et SEG 44 n° 941. Pour la cinquième : Milet I 2 6 et 15. Republié par P. Herrmann, MDAI (I), 44, 1994 ; pp. 229 à 234, Milet VI 1, 1997, 159 et 156 et SEG 44 n° 942. Enfin la sixième : W. Günther, MDAI (I), 39, 1989 ; pp. 173 à 178 et SEG 39 n° 1255.

[14] « Le stéphanéphore est celui qui porte une couronne. Le droit d’être couronné était réglementé par une loi dite stéphanéphorique. Ce titre peut être porté par un prêtre : à Milet, le stéphanéphore est le prêtre d’Apollon Delphinios et il est aussi l’éponyme [donnant son nom à l’année] de la cité. » Définition tirée de Anne et François Queyrel, Ibidem ; p. 227.

[15] Cf. Jean-Louis Ferrary, « Les Grecs des cités et l’obtention de la civitas romana », in Pierre Fröhlich et Christel Müller (dir.), Citoyenneté et participation à la basse époque hellénistique, Actes de la table ronde des 22 et 23 mai 2004, Paris, BNF, organisée par le groupe de recherche dirigé par Philippe Gauthier de l’UMR 8585 (Centre Gustave Glotz) ; Paris : Droz, 2005 ; pp. 51 à 78.

[16] « L’agonothète est chargé, seul ou avec d’autres, d’organiser un concours (agôn). […] Au cours de l’époque hellénistique, l’agonothète finance souvent lui-même les concours et l’agonothésie devient ainsi une liturgie. » Définition tirée de Anne et François Queyrel, Ibidem ; p. 12.

[17] « Le chef du gymnase est un magistrat qui exerce la gymnasiarchie. Cette magistrature a des aspects onéreux qui l’apparentent à une liturgie : le gymnasiarque peut, à ses frais, procéder à des distributions de l’huile qu’il est chargé de fournir, ou entretenir les bâtiments du gymnase. […] En tant que magistrat, le gymnasiarque exerce son autorité sur le personnel du gymnase et sur ceux qui le fréquentent. […] Le gymnasiarque a pour attribut la baguette (rhabdos) qui symbolise son commandement et il veille à la bonne marche du gymnase ; il est chargé de l’organisation des concours et de la célébration des cultes du gymnase. » Définition tirée de Anne et François Queyrel, Ibidem ; pp. 100 à 101.

[18] Elisabeth Alföldy, Türk Ark. Dergisi, 15 (1966, paru en 1968) et G. E. Bean et T. B. Mitford, Journeys in Rough Cilicia, 1964-1968, (Denkschriften Österr. Akad., 102, 277 pp. in 4° et 23 planches non numérotées contenant 208 photos).

[19] Cf. Pour la première : A. E. Kontoleon, AM 14 (1889) ; pp. 110-111, Nr. 69, V. Bérard, BCH 15 (1891) 540-543, n° 7, L. Robert, Gladiateurs, (1940), p. 173 n° 175 et 329f. Wolfgang Blümel, Die Inschriften von Mylasa, R. Habelt, Bonn, 1987-1988 ; p. 202, n° 534 et W. Judeich, AM 15 (1890) ; p. 281. Pour la deuxième : A. W. Persson, « Inscriptions de Carie », BCH 46, (1922) ; pp. 409 à 410, n° 12, SEG 2, n° 547 et Wolfgang Blümel, Die Inschriften von Mylasa, R. Habelt, Bonn, 1987-1988 ; p. 203, n° 535. Pour la troisième : A. W. Persson, « Inscriptions de Carie », BCH 46, (1922) ; pp. 409 à 410, n° 13, SEG 2, n° 548 et Wolfgang Blümel, Die Inschriften von Mylasa, R. Habelt, Bonn, 1987-1988, p. 203, n° 536.

[20] Sur la carrière du personnage on pourra également consulter le site du Centre Gustave Glotz consacré Prêtres civiques, les prêtres du culte impérial romain dans les cités de la province d’Asie : www.pretres-civiques.org/pre….

[21] Cf. Josef Keil et Anton von Premerstein, Reise in Lydien 2, Vienne, Adolf Holzhausen, Hof und Universitäts-Buchdrucker in Wien, 1911 ; p. 41. IGRR IV, n° 1276.

[22] Cf. Louis Robert, « Inscriptions d’Aphrodisias », OMS VI, 1989 ; pp. 1 à 56 et du même auteur, « Inscriptions d’Aphrodisias : C. Iulius Zoïlos », L’Antiquité classique, n° 35, 1966 ; pp. 401 à 432.

[23] H. G. Lolling, « Inschriften von Hellespont », AM, 9, 1884 ; pp. 28 à 34 ; F. W. Hasluck, « Inscriptions from Cyzicus », JHS, 23, 1903 ; pp. 89 à 91, donne le texte intégral avec une restitution nouvelle l. 13 et un commentaire ; G. Lafaye, IGRR IV, 159 ; F. M. Kaufmann et J. Stauber, « Poimanenon bei Eski Manas ? Zeugnisse und Lokalisierung einer kaum bekannten Stadt », Asia Minor Studien 8, 1992 ; pp. 63 à 67, n° 10 et Édouard Chiricat, « Funérailles publiques et enterrement au gymnase à l’époque hellénistique », in Fröhlich Pierre et Müller Christel (dir. ), Citoyenneté et participation à la basse époque hellénistique, Actes de la table ronde des 22 et 23 mai 2004, Paris, BNF, organisée par le groupe de recherche dirigé par Philippe Gauthier de l’UMR 8585 (Centre Gustave Glotz) ; Paris : Droz, 2005 ; pp. 214 à 222.

[24] Edouard Chiricat, « Funérailles publiques et enterrement au gymnase à l’époque hellénistique », in Fröhlich Pierre et Müller Christel (dir. ), Citoyenneté et participation à la basse époque hellénistique, Actes de la table ronde des 22 et 23 mai 2004, Paris, BNF, organisée par le groupe de recherche dirigé par Philippe Gauthier de l’UMR 8585 (Centre Gustave Glotz) ; Paris : Droz, 2005 ; p. 221.

[25] Cf. J. M. Reynolds, « Honouring benefactors at Aphrodisias : a new inscription », Aphrodisias Papers 3 ; Ch. Roueché et R. R. R. Smith edit., Ann Arbor, 1996 ; pp. 121-126.

[26] « Dans les cités grecques, les agoranomes étaient chargés de la police des marchés, installés sur l’agora, la place publique ; ils devaient y maintenir l’ordre et réprimer les fraudes et, en l’absence de magistrats spécialisés, les astynomes et les sitophylaques, assurer aussi la police des rues et veiller au commerce des grains. » Définition tirée de Anne et François Queyrel, Ibidem ; p. 14.

[27] Cf. Sur la carrière du personnage la page du site internet du Centre Gustave Glotz, consacré aux prêtres civiques, les prêtres du culte impérial romain dans les cités de la province d’Asie : http://www.pretresciviques.org/pret….

[28] Sur la question des ergasteria se reporter à Joyce M. Reynolds, Honouring benefactors at Aphrodisias : a new inscription, Aphrodisias Papers 3 , 1996 ; p. 125.

[29] Cf. J. Des Gagniers, P. Devambez, L. Kahil, R. Ginouvès, avec des études de Louis Robert et X. de Planhol, Laodicée du Lycos : le nymphée, campagnes 1961 – 1963 ; Québec – Paris : Presses de l’Université à Laval De Boccard, 1969 ; p. 266, cf. Comptes rendus Acad. Inscr., 1969, 479-480, pp. 261 à 279, n° 4.

[30] L’édition première de l’inscription que nous avons indiquée dans la note précédente semble pencher en faveur d’un citoyen romain et non d’un citoyen grec ayant reçu la citoyenneté romaine ou descendant d’une famille grecque ayant acquis la citoyenneté romaine à une date haute, elle s’appuie sur une liste de Laodicéens de Claros qui nomme lors de la 72e année de la prytanie d’Apollon à Colophon un citoyen romain du nom de Poplius Pomponius Paulus : J. Des Gagniers, P. Devambez, L. Kahil, R. Ginouvès, Id.

[31] « Les nomophylaques sont les gardiens des lois (nomoi, νόμοι), qui tiennent une place importante dans la pensée politique. Leur magistrature est attestée dans différentes cités. Leur collège est connu à Athènes à la fin du IVe siècle [av. J. -C.], en particulier sous Démétrios de Phalère (317 – 307), qui les charge de surveiller les magistrats et les organes législatifs de la démocratie. Dans un certain nombre de cas, le nomophylaque a pour mission d’authentifier et d’enregistrer officiellement des documents et archives qui étaient, comme à Cyrène, déposés dans le bâtiment du nomophylakion. » Définition tirée de Anne et François Queyrel, Ibidem ; p. 159.

[32] On consultera sur la question des bains l’ouvrage de Garrett G. Fagan, op. cit. et Fikret Yegül, Bathing in the Roman World ; Cambridge : Cambridge University Press, 2010. Sur la question particulière des portiques chauds on se reportera à l’étude de Fikret Yegül, Baths and Bathing in Classical Antiquity ; New York : The MIT Press, 1992, notamment sur les Thermes-gymnase de Laodicée du Lycos les pages 213, 276 et 277 et sur les Caldaria les pp. 418 et 419 qui cite à nouveau dans ces pages l’exemple de Laodicée du Lycos.

[33] Cf. J. Keil et A. V. Premerstein, Bericht über eine Reise in Lydien und der südlichen Aiolis, Denkschr. Ak. Wien 53, 1908-1909 ; p. 62 ; IGRR IV, 1539, V. Nutton, ZPE 22, 1976 ; pp. 93 à 96 et J. Benedum, ZPE 29, 1978 ; pp. 115 à 121. L’inscription fut découverte dans la ville moderne de Mermere, mais le lieu antique n’est pas connu, Nutton propose Maionia.

[34] « Les prytanes étaient, à Athènes, les cinquante bouleutes d’une même tribu, désignée par tirage au sort, qui, pendant un dixième de l’année, une prytanie, assuraient la permanence de la boulè en siégeant sur l’agora dans le prytanée. […] Les prytanes convoquaient l’ekklesia et la boulè, dont ils formaient le bureau, fixaient l’ordre du jour des séances et recevaient les ambassades. […] Dans d’autres cités, surtout en Asie Mineure, les prytanes sont les magistrats suprêmes, héritiers de la royauté ; ils sont souvent les magistrats éponymes. » Définition tirée de Anne et François Queyrel, Ibidem ; p. 202.

[35] Nous renvoyons sur cette question à nos propres travaux : Paulo Carvalho, Ibidem ; pp. 302 et 303.

[36] Cf. Ed. Dagron-Feissel, IdC, 115/116, n° 72 et SEG 37, n° 1314.

[37] Nous réduirons ici les exemples aux personnages pour lesquels nous possédons le plus d’informations, ceci afin de faciliter la compréhension du lecteur, mais celui-ci ne doit pas perdre de vue que cette période est celle qui recence le plus grand nombre d’exemples.

[38] Cf. J. Reynolds et C. Roueché, Ktema 17, 1992 [1995] ; pp. 153 à 160, SEG 45, n° 1502 et I. Aphr. 12.205.

[39] Connue par une série de trois inscriptions :

pour la première cf. IGRR IV, 779 ; Doublet G., BCH, 17, 1893, p. 305, n° 4 ; Ramsay, Cities of Phrygia, I, 1895, p. 460, n° 291.
pour la deuxième et la troisième cf. IGRR IV, 780 ; ILS, 8820 ; OGI, 490 ; MAMA VI, 182, et W. C. Mac Dermott, Ancient Society, 7 pp. 251 et 252.
[40] Prosopographia Imperii Romani III, p. 134, n° 68.

[41] Prosopographia Imperii Romani II, p. 192, n° 216.

[42] Prosopographia Imperii Romani III, p. 255, n° 560.

[43] Cf. CIL X, n° 6321.

[44] Cf. H. Devijver, in M. Waelkens et J. Poblome, Sagalassos II. Report of the third excavation campaign of 1992 (Acta archaeologica Lovaniensia monographiae 6, Louvain 1993), p. 108, n° 4 et SEG 43 n° 953.

[45] Cf. H. Devijver, dans M. Waelkens et J. Poblome, Sagalassos II. Report of the third excavation campaign of 1992 (Acta archaeologica Lovaniensia monographiae 6, Louvain 1993), p. 107, n° 2 et SEG 43 n° 951.

[46] Pour plus d’informations sur ce personnage et le site de Sagalassos se reporter aux travaux de fouilles de l’Université de Louvain cités dans les deux notes précédentes, mais aussi au site internet consacré à Sagalassos : http://www.sagalassos.be/.

[47] Cf. pour la première inscription : Ender Varinlioğlu, REA 95,1993 [1994] ; pp. 533 – 534, n° 1 ; SEG 43, n° 724 et pour la seconde : Ender Varinlioğlu, REA 95,1993 [1994], p. 534, n° 2 et SEG 43, n° 725.

[48] Cf. I. Stratonikeia 226.

[49] Cf. I. Stratonikeia 226.

[50] Pour l’inscription le concernant cf. D. Knibbe, H. Engelmann et B. Iplikçioğlu, JÖAI 62, 1993, Hauptblett, p. 129, n° 22. et SEG 43, n° 778.

[51] Cf. I. Eph. 941.

[52] Cf. D. Knibbe et B. Iplikçioğlu, JÖAI 55, 1984, pp. 130 à 131 et SEG 34, n° 1094.

[53] Sur les Vedii et les deux personnages que nous évoquons cf. Enrica Fontani, « I Vedii di Efeso nel II secolo D. C. », ZPE 110, 1996 ; pp. 227 à 237, qui présente le stemma de la famille à la dernière page.

[54] Cf. Marc Mayer i Olivé, Giulia Laratta et Alejandra Guzmán Almagro (dir.), XII Congressus internationalis epigraphiae graecae et latinae, Provinciae imperii romani inscriptionibus descriptae, Barcelona 3 – 8 Septembris 2002, Acta I, Barcelone, Institut d’Estudis Catalans, 2007 ; p. 759.

[55] Cf. AM 10, 1885, 203, CIG 3665, IGRR IV, n° 154.

[56] « Le titre d’hipparque, commandant de la cavalerie, est connu dans de nombreuses régions, par exemple dans le koinon étolien, où l’hipparque est l’adjoint du stratège. » Définition tirée de Anne et François Queyrel, Ibidem ; pp. 113 à 114. Nous ajouterons qu’à Cyzique, celle-ci était une magistrature de tout premier ordre puisqu’il s’agit de la magistrature éponyme de la cité et également parce que l’hipparque était le président du collège des archontes.

[57] L’Asiarque était le président du koinon d’Asie et il semble admis aujourd’hui qu’il était également le grand-prêtre du culte impérial, mais sur ce dernier point la question reste encore soumise à débat. Sur ce point nous renvoyons à Gabrielle Frija, Les Prêtres des empereurs, le culte impérial civique dans la province romaine d’Asie ; Rennes : PUR, 2012 ; p. 60, note n° 166.

[58] Cf. Riet Van Bremen, The Limits of Participation, Women and civic life in the Greek East in the Hellenistic and Roman periods ; Amsterdam : J. C. Gieben Publisher, 1996 ; pp. 62-63 et également Maria Domitilla Campanile, I sacerdoti del koinon d’Asia (I sec. a. C. – III sec. d. C.) : contributo allo studio della romanizzazione delle elites provinciali nell’ Oriente greco, (Studi Ellenistici 7) ; Pise : Giardini, 1994, 230 p., n° 138 ; p. 126.

[59] Cf. Les travaux de notre thèse, Paulo Carvalho, Id.

[60] Quatre si l’on compte séparément les deux frères Aristios et Kallisthénès, fils d’Hèphaistogénès, héroïsés ensemble à Assos mais nous reviendrons sur ces personnages un peu plus tard.

[61] Il s’agit d’une inscription provenant d’Arykanda en Lycie concernant un personnage du nom d’Hermaios fils de Toallis, mais l’exemple n’est pas sûr dans le sens où l’on ne peut trancher avec certitude sur la question de savoir si cet exemple s’inscrit dans le domaine public ou dans le domaine privé, l’inscription fait référence à un hérôon élevé pour le personnage mais bien que le peuple (dèmos), l’assemblée des anciens (Gérousia) et le koinon des Lyciens soient nommés il n’est question ques des bienfaits qu’il prodigua à ces organes publics, rien n’est dit sur la construction de l’hérôon s’il fut élevé par le personnage lui même ou sa famille ou précisement sur ordre de la cité. Cf. S. Şahin, « Die Inschriften von Arykanda », Inschriften griechischer Städte aus Kleinasien 48, Bonn, 1994, n° 162, SEG 44 n° 1153 et Paulo Carvalho, Ibidem ; pp. 339 à 341.

[62] L’inscription (cf. S. Şahin, « Die Inschriften von Arykanda », Inschriften griechischer Städte aus Kleinasien 48, Bonn, 1994, n° 162 et SEG 44 n° 1153) concerne un dénommé Hermaion fils de Toallis à Arykanda et fait référence à son hérôon, l’inscription mentionne la Gérousia (Assemblée des Anciens) et les dons que ce personnage a fait à cette assemblée mais rien n’est dit sur l’établissement de cet hérôon a-t-il été conféré par la Gérousia ou est-il simplement d’ordre privé ?

[63] Cf. Buckler et Calder, MAMA VI, n° 378.

[64] Cf. Plutarque, Vie de Thémistocle, 32, 4 – 6.

[65] Cf. Albert Rehm, Didyma II, (1958), pp. 183 à 185, n° 259.

[66] Cf. Fragments de Memnon, 9, 5. Jacoby, FgrH, 434, frg. 9, 5.

[67] Deux inscriptions le concernent : pour la première cf. Reynolds, Aphrodisias and Rome 28 et SEG 51, n° 1489, voir également P. Paris et M. Holleaux, BCH 9, (1885), 74f., n° 5, d’où Liermann, Analecta 9 f., et les notes de Th. Reinach, REG, 19, 1906, 147, n° 79. L. Robert, Etudes anatoliennes (Paris, 1937) ; pp. 312 à 314. G. W. Bowersock, AJPh 91, (1970), 226. F. Canali De Rossi, Selezione 90 – 92 n° 167, qui republie l’inscription et tente de la reconstruire de la manière la plus complète possible. Louis Robert en a également réalisé une traduction partielle dans Louis Robert, « Inscriptions d’Aphrodisias : C. Iulius Zoïlos », L’Antiquité classique, n° 35, 1966 ; pp. 401 à 432. Pour la seconde : cf. CIG 2796 (seulement les ll. 1 à 13) ; LBW 1601b ; d’où Liermann, Analecta 17 f., n° III, Th. Reinach, REG, 19, 1906, 147, n° 79 ; L. Robert, Etudes anatoliennes, p. 313, n° 2 ; MAMA VIII, 406 ; illustration et note brève par J. Reynolds in PCPS 206, (1980), 72.

[68] Cf. SGDI, n° 3501. M. Dubois, BCH, 7, 1883, 485.

[69] Cf. Ph. Gauthier, REG 109 (1996), pp. 2 à 5 et SEG 46, n° 1721.

[70] Cf. IGRR IV, n° 292. Jones, Chiron, 1974 ; pp. 183 à 205.

[71] Magistrat responsable de l’enregistrement des contrats de mariage.

[72] Cf. E. Schwertheim, ZPE 29, 1978 ; pp. 213 à 228 ; Michel Sève, BCH 103, 1979 ; pp. 327 à 359 et SEG 28, n° 953.

[73] Cf. W. J. Hamilton, Researches in Asia Minor II, (1842) ; pp. 459 à 460, n° 294, C. T. Newton, Discoveries II, (1863) ; pp. 766 à 768, n° 52, Ph. Le Bas et W. H. Waddington, (1870) n° 1572bis, G. Hirschfeld, GIBM IV. 1, (1893) ; pp. 2 à 4, n° 787, F. Bechtel, SGDI III. 1, (1899) ; pp. 223 à 224, n° 3502, E. Schwyzer, DGE, (1923) ; p. 133, n° 265. Voir aussi : W. M. Leake, Journal of a Tour in Asia Minor ; Londres, 1824 ; 227. A. Laumonier, Cultes indigènes ; Paris, 1958 ; 661. Ph. Gauthier, Les cités grecques et leurs bienfaiteurs ; Paris, 1985 ; 62.

[74] Cf. CIG II 3524 ; IGRR IV 1302 ; SGDI 1, 311, R. Hodot, ZPE 19, 1975, pp. 121-135, H. Engelmann (dir. ), Die Inschriften von Kyme, Inschriften griechischer Städte aus Kleinasien 5 (1976).

[75] L’expression « honneurs héroïques » (héroikai timai, ἡρωικαὶ τιμαί) ne se trouve que chez Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, livre XI, 49, 1 – 4 ;53, 1 – 2 et 56, 4 ; ou « honneurs comme à un héros » (timai até héroï, τιμαὶ ἅτε ἥρωι) que l’on trouve une fois chez Pausanias, Description de la Grèce, Livre IV, 32, 2. Comme nous le voyons l’expression elle même semble très rarement employée par les Grecs eux-mêmes.

[76] Cf. Les travaux de notre thèse, Paulo Carvalho, Ibidem ; p. 112.