Le milieu ancien combattant d’Alger face à la guerre d’indépendance algérienne

Imprimer ou télécharger cet article

Samuel André-Bercovici

Résumé

Le rôle des anciens combattants parmi les mouvements patriotiques qui mobilisent, pendant la guerre d’indépendance algérienne, la population européenne contre l’indépendance, le FLN et les gouvernants accusés de « brader » l’Algérie, est déjà souligné par des acteurs de ces événements. Face à la multiplicité de mouvements ultras, ces dernières présentent, en effet, un caractère original : structure antérieures à 1954, elles multiplient les manifestations de 1955 à 1962. Ce sont donc les organisations qui possèdent la plus grande longévité pendant cette période. La mobilisation d’anciens combattants soulève plusieurs interrogations. Qui sont les vétérans qui participent à ces mouvements? Quel écho ceux-ci obtiennent-il dans le milieu associatif ancien combattant ? Enfin comment ces groupements évoluent-ils face à l’évolution de la crise algérienne pour devenir des acteurs de la vie politique algéroise ?

__________

Samuel ANDRE-BERCOVICI

Né en 1987, professeur agrégé d’Histoire, enseignant actuellement au lycée Léonard de Vinci à Tremblay-en-France. Diplômé du Master recherche en histoire et théorie politique à Sciences-po. Paris (2010) et d’un Master à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Mes travaux de recherche portent actuellement sur les anciens combattants et leurs associations dans l’Algérie coloniale.

Contact : samuel.andrebercovici@gmail.com

__________

Introduction

 

Le « Pavoi », l’imposant monument aux morts se dresse à l’arrière-plan des photographies des manifestations à Alger pendant la guerre d’indépendance. Surplombant la place du plateau des Glières et le boulevard Laferrière1, c’est le point de convergence des défilés algérois, du 6 février 1956 à la semaine des barricades (du 24 janvier au 1er février 1960), en passant par le 13 mai 1958. Cet espace entre le port et les escaliers vers le quartier des Tagarins et le Gouvernement général est propice aux grands rassemblements, l’usage en est d’ailleurs attesté avant 1954. Le choix d’investir ce lieu à partir de cette date, mais pour de nouveaux usages procède en partie des anciens combattants : en 1956, ils sont parmi les premiers à y clamer leur opposition au gouvernement. Dès 1955, le rôle des associations d’anciens combattants dans les mobilisations des Français du Maghreb est questionné par René Rémond. S’interrogeant sur leur apolitisme revendiqué, il soulève le problème posé par leurs engagements patriotiques. Par cette posture de défense de l’Empire colonial, elles se placent en lisière du champ politique2. Par la suite, d’autres travaux ont souligné la présence continue et importante de ces associations3. Ils rejoignent les témoignages d’acteurs ou d’observateurs de ces évènements4. Retracer les formes de l’engagement des associations au cours de la guerre d’Algérie permet donc de proposer une approche pour comprendre les mobilisations des Français d’Algérie, les formes qu’elles prennent et le répertoire d’actions auxquelles elles ont recours. A travers le cas de ces associations on peut observer les phénomènes de continuité et de rupture des structures de ce milieu, de l’avant-guerre jusqu’à l’indépendance, une période marquée par des recompositions rapides du paysage politique et associatif. Par là, on peut esquisser la diversité des réactions et attitudes face à la guerre, tout en prenant garde à ne pas placer la focale sur les seules manifestations, le risque est de négliger ceux qui ne défilent pas. Se pose aussi la question des effets de l’évolution de la situation en Algérie de 1954 à 1962 sur les transformations de ce milieu. Mais, à cette première approche, il faut en ajouter une seconde, reposant sur la distinction des formes de l’engagement dans ce milieu associatif : de la mobilisation collective pour exprimer une opinion, aux formes d’engagements directs d’anciens combattants dans les dispositifs militaires mis en place pour lutter contre le FLN.

Alors que la guerre éclate en Algérie le monde associatif des anciens combattants y est fermement constitué, fort des vétérans des deux guerres mondiales, d’un nombre d’hommes conséquent et d’un tissu associatif abondant. Il regroupe majoritairement des Français d’Algérie et se caractérise, avant tout, comme une reproduction, outre-Méditerranée, des organisations en métropole. Dès la Première Guerre mondiale des associations se sont formées, aussi bien nées d’une vocation généraliste que constituées sur la base des séquelles des vétérans (pour les blessés et mutilés) ou bien de sensibilités politiques (par exemple pour les sympathisants socialistes et communistes de l’Association républicaine des anciens combattants). A ces associations fondées par des Français d’Algérie s’ajoutèrent, à partir des années 1930 des organisations s’adressant spécifiquement à un public algérien5. Mais ce tissu associatif fut brusquement refondu, en 1940, par sa dissolution par Vichy pour former la Légion française des combattants (LFC) Après le débarquement de 1942, le Comité français de la Libération Nationale tente de rompre avec la LFC tout en maintenant l’unification des groupements de vétérans, mais cette ambition reste sans effets6. L’ordonnance du 2 septembre 1943 adoptée dans ce but ne connaît pas une stricte application : dès 1945, plusieurs associations se forment et les autorités laissent faire7. Ces groupes, illicites du point de vue de l’ordonnance de 1943, s’évertuent à en obtenir l’abrogation, pour jouir du même régime de liberté associative que leurs homologues métropolitains, auxquelles plusieurs groupements sont d’ailleurs affiliés8. Leur souhait obtient finalement satisfaction. En 1952, les règles d’organisation du milieu ancien combattant en métropole sont étendues par décret à l’Algérie9.

De la fin de la Seconde Guerre mondiale à 1954, un milieu associatif vivace s’établit en Algérie : plus d’une centaine d’associations voient le jour. A Alger, près de 70 associations sont déclarés, c’est là qu’elles sont les plus nombreuses, depuis de petites amicales régimentaires d’une centaine de membres, jusqu’aux grandes associations regroupant plusieurs milliers d’adhérents10. Seule Oran connaît une vie associative comparable. Dans le reste de l’Algérie, le tissu associatif est plus lacunaire : les villes regroupent quelques sections dépendant d’Alger ou d’Oran, et les zones rurales sont largement abandonnées. Ce maillage correspond aux régions de peuplement européen en Algérie. Les associations peinent, en effet, à attirer des Algériens, qui se tournent davantage vers le réseau des Diar-el-Askri [Maisons du soldat] constitué par les Amitiés Africaines, une association d’aide aux vétérans largement aidée, et contrôlée, par les autorités coloniales pour qui elle fait figure d’administration supplétive aux services en charge des anciens combattants11.

Février 1956, l’entrée dans le champ politique algérois

L’irruption de la guerre à la Toussaint 1954 provoque une politisation et une mobilisation dans les rangs des associations d’anciens combattants pour la défense de l’Algérie française. Plusieurs évènements provoquent cette réaction. L’insurrection du 20 août 1955 dans le Constantinois, où 71 Européens trouvent la mort, nourrit le ressentiment envers des gouvernements jugés trop faibles. La dissolution de l’Assemblée nationale le 2 décembre suivant accroît ce sentiment car elle entraine la victoire du front républicain, emmené par la SFIO, le 2 janvier 1956 et la crainte de pourparlers avec le FLN.

Dès l’automne 1955, plusieurs présidents d’associations algéroises forment un Comité d’entente des anciens combattants et cadres de réserve (CEAC). Ce type de structure est courant dans ce milieu, où elle sert habituellement à réunir des délégués pour organiser des évènements communs. Mais ici leur objectif est d’obtenir davantage de fermeté dans la répression du FLN12. Dès ce moment, le passé militaire des membres est avancé comme justification à cet engagement. Appelé autrefois pour défendre la France, ils justifient leu défense de l’Algérie française comme une continuation de leur devoir accompli. En outre, l’annulation du scrutin en Algérie, décidée par le Gouverneur général Jacques Soustelle au nom de l’insécurité, légitime, à leurs yeux, leur intervention. Faute de députés, les vétérans se veulent les porte-paroles de la population. La constitution du gouvernement Guy Mollet, le 26 janvier 1956, et la visite du Président du conseil à Alger, offrent l’occasion de mettre en œuvre ce programme. Le CEAC appelle ses adhérents à descendre dans la rue, élargissant ainsi considérablement le répertoire d’action employé habituellement par le milieu associatif ancien combattant. Le 29 janvier, un meeting rassemble 2 000 personnes à la Maison du combattant d’Alger : une motion est votée, refusant à « M. Catroux [Georges Catroux pressenti comme ministre-résidant] l’honneur de les gouverner »13. Ensuite les anciens combattants se dirigent en cortège vers le monument aux morts. Cette manifestation s’accompagne de débordements violents contre les cordons de policiers. Ce scénario se répète les jours suivant avec plus d’ampleur. Le 1er février, une manifestation accompagne Jacques Soustelle, rappelé à Paris. Le 4, un cortège défile de la Maison du combattant au monument aux morts, cette fois avec près de 15 000 participants. Enfin, le 6 février, à l’arrivée de Guy Mollet, le CEAC appelle les Algérois à se mettre en grève. Encore une fois la manifestation converge au monument aux morts. Guy Mollet y est accueilli par divers projectiles, dont des tomates, puis dans l’après-midi des heurts opposent manifestants et policiers dans le centre d’Alger.

L’organisation de ces manifestations conduit le CEAC à tisser des liens avec d’autres associations ou mouvements qui, dès le 29 janvier, rejoignent les vétérans dans les défilés. La Fédération des maires d’Algérie d’Amédée Froger, l’Union de défense des artisans et commerçants (UDCA) poujadiste et de l’Union française nord-africaine (UFNA) de Louis Boyer-Banse participent ainsi activement à ce mouvement. Des liens personnels favorisent d’ailleurs ces rapprochements : Amédée Froger est un mutilé de guerre, tandis que plusieurs responsables associatifs participent, au côté de Louis Boyer-Banse au Rassemblement des Français d’Algérie fondé en 195414. Toutes ces organisations gagnent en février 1956 une audience qui dépasse largement l’écho qu’elles possédaient jusqu’alors.

Ces liens renforcent la politisation du milieu ancien combattant, d’autant que le CEAC s’associe à ces mouvements en rejoignant un Comité algérien de salut-public formé le 9 février lors d’un nouveau meeting à la Maison du combattant Outre les représentants des associations et mouvements déjà cités, on y retrouve plusieurs figures de l’activisme Algérie française (Raymond Goutailler et le député Jean-Maurice Demarquet de l’UDCA, l’avocat Jean-Baptiste Biaggi ou l’ancien sous-préfet de Guelma André Achiary). A leur côté, le CEAC prend part à une démarche subversive à l’encontre des autorités légales. Ne se contentant pas de la démission de George Catroux, le Comité de Salut public cherche, en effet, à se faire reconnaître comme seul représentant de la population d’Algérie et comme une autorité de fait. Des communiqués sont donc adressés, par voie de presse, à la population, à qui il est demandé de « ne suivre d’autres directives que celles qui lui seront donné par le Comité »15.

Malgré ces consignes la mobilisation décroit après la première semaine de février. Les reculs de Guy Mollet et la nomination de Robert Lacoste à la place de Catroux paraissent rassurer la majorité des Français d’Algérie. Le 10 février, la manifestation appelée par le Comité de salut public est un échec : quelques centaines de manifestants se rejoignent devant la Maison du combattant, mais des CRS empêchent, cette fois ci, tout débordement et interdisant l’accès du bâtiment16.

Si cette tentative de subversion du pouvoir légal en février 1956 échoue, elle parvient néanmoins à obtenir du gouvernement Mollet un raidissement de sa politique algérienne. En mars 1956, obtenant les pleins pouvoirs, le gouvernement recourt au contingent pour renforcer le dispositif militaire. Le 12 juillet suivant, les premiers militants FLN condamnés sont exécutés, satisfaisant ainsi une revendication majeure des mouvements activistes et du CEAC. La politisation du milieu associatif ancien combattant s’affirme comme une réalité indéniable : les associations se sont violement opposées au Président du Conseil et, malgré la stricte fermeté de sa politique, les critiques envers le pouvoir demeurent. Tout en proclamant un apolitisme de façade, le CEAC s’insère dans le paysage des mouvements activistes et d’extrême droite Algérie française. Le rapport aux lieux de mémoires, comme le monument aux morts, s’est aussi transformé : désigné comme principal pôle d’attraction, il est devenu un lieu de revendication, sur lequel se hissent les orateurs et où les manifestants scandent leurs slogans. Par ces nouvelles pratiques, le CEAC transforme le répertoire d’action ancien combattant. En effet, depuis 1945, l’expression de revendication s’était cantonné à des motions ou pétitions pour les droits et pension des vétérans.

Cette politisation ne va pas de soi pour une partie des associations et l’action du CEAC est loin de faire l’unanimité. Leur attitude face au Comité d’entente peut se résumer à deux positions. Tout d’abord, la grande Association des anciens combattants et victimes de la guerre, décline les invitations à se joindre au CEAC. En cohérence avec cette ligne, son président Joseph Kerdavid, dénonce « la profanation du Monument aux morts »17. Utiliser ce lieu comme un espace de revendication politique est vu comme un dévoiement de son objet et un manque de respect pour les morts.

D’autres associations sont d’abord entraînées dans le sillage du CEAC, mais s’en séparent dès lors que sa politisation devient trop affirmée. Rhin et Danube, deuxième association algéroise par son nombre d’adhérents, s’écarte du CEAC après le 6 février. Son président, Georges Roux, a appelé à manifester mais s’oppose à l’action subversive entreprise par le CEAC et le Comité de salut-public. Reçu, le 7 février, par Guy Mollet, il est, au contraire, partisan d’un apaisement, provoquant aindsi des dissensions au sein de Rhin et Danube. Les partisans du CEAC tentent de renverser la direction, mais échouent : en 1957, l’assemblée générale de Rhin et Danube confirme George Roux dans ses fonctions18.

L’exemple de ces deux grandes associations s’applique à d’autres groupements plus modestes. Si les vétérans apparaissent bien, à partir de février 1956 comme un des éléments moteurs des mobilisations antigouvernementales, ce rôle revendiqué par le CEAC est contesté. Sans s’élever contre les autorités, les associations majeures préfèrent s’en tenir au moyen de revendication traditionnel: l’envoi de motions, votées en assemblée ou en congrès. Cette attitude ne les empêche pas, cependant, de se préoccuper elles aussi de l’avenir de l’Algérie. Ainsi, l’Association des ACVG adresse, fin février 1956, un rapport à Guy Mollet sur les réformes à apporter en Algérie. Elle y défend des solutions conservatrices : une refonte du système électoral en faveur de plus d’égalité entre Français d’Algérie et Algériens est repoussée19. Mais ces moyens d’actions moins spectaculaires que les manifestations les exposent à des divisions internes entre partisans de la retenue et sympathisants du CEAC qui expriment le désir d’une radicalisation.

Le comité d’entente, outil de mobilisation

Le reflux après le 6 février 1956 n’empêche pas le Comité d’entente de poursuivre son activité. D’une part, le Comité de salut public est remplacé par un Comité de coordination pour la défense de l’Algérie française où est représenté le CEAC. D’autre part, il cherche à tisser des liens avec les réseaux Algérie française en métropole. En décembre 1956, Marcel Cosso, désigné vice-président en charge des liens avec la métropole fait un voyage à Paris, où il prend contact avec des personnalités comme le général Juin et le général de Montsabert, ou encore Alexis Thomas, président de l’Union nationale des combattants (UNC)20. Des contacts sont aussi établis avec l’Union pour le salut et le renouveau de l’Algérie française (USRAF) crée par Jacques Soustelle. Après un an de discussion, le CEAC y adhère en janvier 195821.

En parallèle, le Comité d’entente s’efforce de maintenir une mobilisation de ses adhérents et d’augmenter leurs effectifs. Pour faire exister le comité faute de défilés, de nouveaux moyens sont employés. Le CEAC organise ainsi, en 1956, un « référendum postal » qui soumet trois questions sur l’avenir de l’Algérie. Sur 33 000 réponses, la quasi-totalité refusent toute négociation avec le FLN, défendent le maintien de la souveraineté française et s’opposent à la réforme du double collège électoral22. Le CEAC en tire une légitimation de sa politique. L’année suivante, il profite des liens tissés avec des organisations en métropole pour organiser, le 7 juillet 1957, une grande cérémonie au monument aux morts d’Alger : des délégations de vétérans choisis par l’USRAF viennent prêter un serment solennel avec 3 000 anciens combattants du CEAC. Le colonel Pierre-Louis Bourgouin prononce un discours ; il promet de « s’opposer par tous les moyens à toute mesure qui menacerait l’intégrité du territoire et de l’unité nationale »23. Ceci permet au comité de se présenter comme un partenaire de l’USRAF. Il obtient également une reconnaissance des autorités puisque l’armée encadre la cérémonie, tandis que Robert Lacoste préside le 7 juillet le repas officiel à la maison du combattant, affichant un soutien aux organisateurs. Par ce biais, le CEAC cherche à apparaitre comme un acteur consensuel, capable de fédérer autour de la défense de l’Algérie française, ce qu’il prend garde à rappeler à chaque anniversaire de ce serment jusqu’en 1962.

Toute l’activité du Comité d’entente vise à maintenir la mobilisation de ses sympathisants et le souvenir de ces évènements est réutilisé à l’occasion des manifestations des années suivantes. Tous les grands rassemblements qui émaillent la vie algéroise, comprennent un cortège d’anciens combattants du CEAC. Leur rôle apparaît toutefois, au fil du temps, en retrait par rapport aux autres mouvements activistes. Contrairement à la situation en 1956, le CEAC n’est plus en pointe dans la mobilisation. En 1958, l’impulsion et l’organisation viennent de mouvements tels que l’UFNA ou de personnalités comme Pierre Lagaillarde. Néanmoins le Comité d’entente suit le nouveau cycle de mobilisation des Français d’Algérie ouvert par le bombardement de Sakhiet Sidi Youssef, le 8 février 1958, et la chute du gouvernement de Félix Gaillard le 15 avril. Dès le 26 avril, ses adhérents participent à une manifestation contre la formation d’un gouvernement prêt à ouvrir des négociations. La mobilisation est amplifiée, quelques jours plus tard, par l’exécution de trois soldats français en Tunisie et le CEAC relaye l’appel à manifester en leur hommage. À la manifestation du 13 mai 1958, les anciens combattants du comité sont au centre du rassemblement, leur leader, Auguste Arnould harangue la foule depuis le monument aux morts. Il est cependant difficile de connaître plus en détail le rôle joué par les vétérans qui manifestent dans l’assaut qui suit contre le Gouvernement général. Les responsables de l’organisation ne sont pas présents lors de l’irruption des manifestants et de la proclamation du Comité de salut-public, ils sont alors réunis à la Maison du combattant24. Ceci n’empêche évidement pas des anciens combattants d’avoir rejoint les cortèges des assaillants, mais sous l’impulsion d’autre leaders, tel Pierre Lagaillarde. Dès lors il est impossible d’avancer des estimations du nombre de militants anciens combattants rassemblés le 13 mai. Cette absence des responsables du CEAC au Gouvernement général n’est pas préjudiciable à son influence : trois de ses membres, Auguste Arnould, Claude Martin et Maurice Mouchan sont désignés pour participer au Comité de salut-public, tandis que le CEAC peut organiser ses réunions dans l’enceinte du Gouvernement général pendant le mois de mai 1958. Mais il apparaît que les divisions de ce milieu perdurent, des associations comme les ACVG se gardent de rejoindre la manifestation le 13 mai et ne font pas taire leurs désaccords au cours des mois suivants.

En 1960, le Comité d’entente se joint à la manifestation du 24 janvier organisée en réaction au départ du général Massu et à la politique de de Gaulle. Ils n’occupent toutefois pas un rôle majeur pendant la semaine des barricades. Le CEAC appel à manifester en soutien aux insurgés barricadés, mais il obtient peu d’écho25.

Dans ces mobilisations, le Comité d’entente cherche à mobiliser la population française d’Algérie en réitérant son opposition à l’évolution de l’Algérie et aux négociations avec le FLN. Cependant sa base militante ne connaît pas de net accroissement entre 1956 et 1960. Ce n’est donc pas grâce à son pouvoir de mobilisation que le comité parvient à gagner en influence, mais plutôt grâce aux appuis qu’il parvient à trouver dans l’armée. Contrairement aux pouvoirs civils hostiles en 1956, l’armée recherche les contacts avec ce milieu. Le CEAC commence par soutenir l’action de l’armée, notamment en reprenant à son compte, et en diffusant, la doctrine de la guerre révolutionnaire à travers son Bulletin de liaison. Il tient aussi des conférences où des militaires viennent exposer les principes de leur combat contre le FLN26. Ces liens se renforcent en mai 1958. Grâce aux représentants du CEAC au Comité de salut-public, l’armée obtient un canal pour mobiliser ce segment de la population. Au cours de la crise ouverte le 13 mai le rôle du CEAC consiste donc à mettre en scène le soutien des Algérois aux militaires. Ainsi, le 16 mai une manifestation au Forum, à Alger, donne l’occasion d’organiser, à l’appel d’Auguste Arnould des scènes de fraternisations entre Français et Algériens. Dans un discours, il appelle la foule à former des « chaîne de l’amitié ». Les responsables du CEAC offrent à l’armée l’image d’une population unie dans son soutien au Comité de salut public. Ils sont promus par l’armée comme un moyen de faire la preuve de la nouvelle Algérie du 13 mai née des efforts du Cinquième bureau et du Dispositif de protection urbaine (DPU) pour encadrer les Algériens27.

A la recherche de nouveaux moyens pour peser sur l’avenir de l’Algérie

Après le 13 mai, le CEAC de s’engage pleinement dans la vie politique. Sa participation au Comité de salut-public accrédite, parmi ses dirigeants, l’idée qu’il constitue une organisation de poids, qui ne s’adresserait pas seulement aux vétérans, mais à des segments plus large de la population. Ils cherchent dès lors à faire évoluer leur organisation afin de se hisser au statut de mouvement politique, tout en s’affirmant encore comme apolitique puisque leur ambition affichée est de transcender les appartenances partisanes par une ligne qui se résume à la défense de l’Algérie française.

Ainsi, dès octobre 1958, le CEAC décide de présenter ses propres candidats aux élections législatives de novembre. Maurice Mouchan et Auguste Arnould conduisent deux listes, dans les circonscriptions d’Alger-ville et d’Alger-banlieue. Mais ces candidatures doivent faire face à la concurrence des listes présentées par d’autres acteurs du 13 mai. Malgré les intercessions de l’armée et du général Salan, les candidats n’arrivent pas à s’entendre, et le CEAC est distancé: à Alger-ville, c’est la liste de Pierre Lagaillarde qui l’emporte, tandis qu’à Alger-banlieue, c’est la liste gaulliste composée, entre autre, par Nafissa Sid Cara et Robert Abdesellam. Dans ces deux circonscriptions les candidats du Comité d’entente finissent en seconde position. Le scrutin prévoyant que les listes arrivées en tête emportent tous les sièges, Arnould et Mouchan échouent à entrer à l’Assemblée28.

Simultanément, le CEAC procède à une refonte de son organisation. La direction collégiale conservée jusque là s’efface à partir de 1958 : Auguste Arnould, pilote à Air Algérie, et Maurice Mouchan, directeur d’école, s’imposent comme leaders, le premier devenant officiellement président du CEAC en 1961. La transformation du comité touche aussi son recrutement. En 1960, les adhésions au comité sont ouvertes à des « membres sympathisants » ou « membres associés » non-anciens combattants29. Cet élargissement reste modeste, seules quelques personnalités le rejoignent, comme Raymond Guiraud, fondateur de l’Association des victimes civiles corporelles du terrorisme pendant les évènements d’Algérie (AVICCEAL). L’essoufflement du recrutement repose sur trois évènements : l’échec électoral de 1958, puis les conséquences de la semaine des barricades. Arnould, emprisonné préventivement quelques mois à partir de février 1960, comparait en novembre lors du « Procès des barricades », sans être condamné. Mais ces poursuites conduisent le Comité d’entente à la retenue. De 1960 à 1962, seules quelques dizaines d’adhérents prennent vraiment part à ces activités et régulièrement les réunions font le bilan d’un manque de professionnalisme dans l’activité militante. L’ampleur des adhésions apparaît donc sans commune mesure avec celle rencontrée, à la même période, par d’autres mouvements comme le Front Algérie française (FAF), et amène donc à limiter les ambitions du CEAC d’émerger comme une force politique en Algérie.

Enfin l’activisme du comité est freiné par la contestation renforcée envers lui dans le milieu ancien combattant. Son entrée de plain-pied dans la vie politique renforce les tensions. Loin de pouvoir s’adresser à un public plus large que les vétérans, le CEAC se trouve confronté à des luttes d’influences. Dès 1958, l’image d’unité sur laquelle il construit son influence est attaquée: des associations comme Rhin et Danube ou l’association des ACVG font connaître, par la voix de leurs présidents respectifs, Georges Roux et Joseph Kerdavid, leur hostilité à ce qu’un candidat se présente au nom des anciens combattants et lui contestent le monopole de leur représentation30.

Mais c’est le tournant de la politique gaullienne en 1959, qui provoque la plus profonde rupture entre associations. Le CEAC émet ses premières critiques contre les mesures de grâce ou s’indigne de la formule « l’Algérie de Papa est morte». En réaction, d’autres associations affirment leur soutien à de Gaule et au gouvernement31. L’Association des anciens combattants et victimes de guerre, constitue un comité rival, le Comité de liaison des anciens combattants (CLAC), dont le but est de contrebalancer l’influence du Comité d’entente tout en soutenant la politique d’autodétermination annoncée le 16 septembre 1959. La dizaine d’associations du CLAC – dont les ACVG et Rhin et Danube et leurs nombreux adhérents – espèrent ainsi éviter une indépendance complète de l’Algérie. Cette ligne est entretenue par les liens du CLAC avec le cabinet de la délégation générale du gouvernement, qui lui apporte son soutien, nourrissant ainsi les critiques de son adversaire32. Les mots d’ordre contradictoires empêchent dès lors le Comité d’entente d’organiser des manifestations d’ampleur au nom de tous les anciens combattants. Le CEAC décide, par exemple, à partir de 1959 d’utiliser les cérémonies pour marquer le désaccord avec la politique suivie par le gouvernement : le 11 novembre 1959, les membres du CEAC défile en scandant « Algérie française », un an plus tard, ils décident de boycotter la cérémonie officielle. Cependant, l’effet symbolique escompté n’est pas atteint : à chaque fois des vétérans partisans du CLAC sont présents à ces rassemblements33. Cet affrontement entre ces deux grands pôles du milieu ancien combattant se traduit aussi, en avril 1961, par le refus des présidents des associations du comité de liaison d’apporter leur soutien aux militaires putschistes, en cohérence avec leur ligne légaliste vis à vis des autorités. Au contraire, le CEAC rassemble ses membres à la Maison du combattant pour affirmer solennellement que « L’armée a tenu son serment [de défendre l’Algérie française], les anciens combattants tiennent le leur »34.

La division entre CLAC et CEAC dégénère en affrontements lorsque du renouvellement de la direction des associations, chaque comité essayant de pousser ses partisans à la tête des groupements. Le Comité d’entente parvient à écarter certaines personnalités qui lui sont particulièrement hostiles, comme Marc Yaffil, qui doit quitter la direction des ACVG en 196135. Cependant cela ne permet pas de réaliser l’unité sous son égide, la nouvelle direction ne répondant pas plus aux appels du CEAC. La rivalité affaiblit le Comité d’entente, qui consacre ses efforts à réduire son concurrent. Il parvient certes à prendre un ascendant sur son concurrent, puisque le CLAC cesse de se réunir à la mi-1961. Mais ce succès est trop tardif pour permettre d’offrir au CEAC une place de porte parole des vétérans : il est à cette date circonscrit par le basculement dans l’action illégale d’une partie des milieux activistes.

Les anciens combattants, acteurs des dispositifs de répression militaire

Les transformations provoquées par la guerre dans le milieu ancien combattant ne se limitent pas à la recomposition provoquée par l’émergence du CEAC. Alors que le conflit s’étend et que l’armée obtient des pouvoirs élargis, son intérêt se porte sur les anciens combattants. Ils constituent une population organisée et disposant d’une expérience militaire. Ils forment un groupe qui peut être recruté et associé aux dispositifs sécuritaires et répressifs.

Le 7 janvier 1957, le général Massu se voit confier les pouvoirs de police par le préfet d’Alger pour s’attaquer aux réseaux constitués par le FLN dans cette agglomération36. Ceci permet à l’armée d’organiser la répression contre la zone autonome d’Alger formée en 1956. Si l’armée recourt massivement pendant cette bataille d’Alger, à des arrestations, des internements, à la torture et aux exécutions sommaires, elle met également en place un dispositif de surveillance et de quadrillage de la ville dont les relais sont, entre autre, des anciens combattants. Baptisée « Dispositif de protection urbaine » , cette organisation est créée dès le 9 février 1957, sur autorisation du préfet Serge Baret, en réaction à la grève déclenchée le 28 janvier. Sa direction confiée au colonel Roger Trinquier et passe, dans les faits, entièrement sous contrôle militaire. Le DPU repose sur une participation des civils pour tisser un réseau de renseignement à l’échelle de l’agglomération. A l’échelon des arrondissements (baptisés secteurs), puis des îlots d’immeubles, des responsables sont désignés. Leur rôle est d’alerter et de renseigner, tout en assumant l’encadrement de la population, recensée rue par rue.

Le DPU s’inscrit dans la logique de la doctrine de la guerre révolutionnaire qui se diffuse dans l’armée française. Découverte en Indochine, où a servi Roger Trinquier, et à la lecture des ouvrages de Mao, elle reprend l’idée que la force du FLN repose sur son imbrication dans la population. L’objectif du DPU est alors, à la fois de priver les cellules FLN de cet avantage, tout en cherchant à reprendre en main la population. Il applique ainsi le principe, exposé par Charles Lacheroy, d’une lutte antisubversive en réponse à la guerre révolutionnaire attribuée au FLN37. Dans la quête de personnes capables d’assumer ce rôle, les anciens combattants constituent une cible privilégiée. Une partie d’entre eux souhaite d’ailleurs être associé à la lutte contre le FLN38. Les réseaux associatifs facilitent le recrutement en fournissant un réservoir de membres potentiels du DPU. En novembre 1957, Adrien Guidat et Michel Autier se servent de leurs fonctions dans leurs associations respectives – l’amicale des anciens du CEF et celle des fonctionnaires anciens combattants – pour recruter des membres du DPU. Des rendez-vous sont organisés à la Maison du Combattant pour les convaincre les vétérans. Rejoindre le DPU leur sert aussi à renforcer leur influence. Michel Autier est ainsi soupçonné de favoriser les adhésions à son association39. Les anciens combattants intègrent en nombre le DPU : en 1957, sur 51 responsables des secteurs d’Alger, 15 sont des dirigeants d’associations40. On les retrouve au sommet de la hiérarchie : Adrien Guidat et René Carraz, président du Comité de gestion de la Maison du Combattant, sont les deux adjoints civils au commandement du DPU. Dans certains secteurs, ils représentent l’essentiel de la direction locale : dans le VIIIe arrondissement (le quartier de la rue Michelet), trois des quatre responsables de secteurs sont des personnalités de ce milieu, Michel Autier, Robert Bono ou Georges Seguela.

En outre, les anciens combattants choisis sont pour la majorité membres du Comité d’entente. Ces trois responsables sont des membres actifs du CEAC : Michel Autier s’est occupé sa propagande, tandis que Robert Bono est un des fondateurs. Le même constant s’applique dans le Xe arrondissement, Marcel Cosso, vice-président du CEAC, est chef de secteur ; c’est également le cas de Maurice Mouchan, responsable du DPU dans le XIIIe secteur. Les anciens combattants liés aux milieux ultras représentent donc une part importante des personnes recrutées dans le DPU, phénomène qui inquiète les autorités civiles. En 1960, le préfet d’Alger signale à Paul Delouvrier que le DPU a été « noyauté par les organisations activistes », outre les militants du CEAC – il s’attarde sur le cas de Michel Autier – il signale des adhérents du Mouvement populaire du 13 mai (MP 13) ou du Front national français (FNF)41.

L’association d’anciens combattants au DPU conduit à créer des liens avec l’armée, mais celle-ci s’intéresse, également, au milieu des anciens combattants car elle y voit un vecteur de propagation du discours sur la « guerre psychologique ». Le Comité d’entente marque pourtant, à ses débuts, une nette hostilité envers les bureaux d’action psychologique, jugés sans intérêt, et même contreproductifs par le troisième numéro du bulletin de liaison : « Que certains politiciens se plaisent à proclamer qu’en Algérie la « solution militaire » a été un échec, cela n’a rien d’étonnant. Mais que le haut commandement reprennent à son compte une telle assertion, cela peut surprendre. […] Mais au fait, de quelle « solution militaire » est-il question ? De celle des bureaux d’actions psychologique ? Alors nous serions d’accord. »42

L’attitude du CEAC à cet égard se transforme puisqu’il intègre peu à peu des éléments de la théorie de la guerre révolutionnaire. Elle est alors défendue dans les colonnes où elle était dénoncée : les liens tissés avec l’armée, la participation au DPU et le succès que les militaires prétendent obtenir contre le FLN dans la bataille d’Alger retourne l’opinion du Comité d’entente. Le bulletin d’information et de liaison du CEAC reproduit, dès son huitième numéro, une analyse sur la guerre révolutionnaire et le rôle que doivent y jouer les anciens combattants. Ce texte expose les méthodes attribuées au FLN, et censées s’inspirer d’une « dialectique léniniste »43. Les anciens combattants sont mis en garde contre la subversion qui reposerait sur la supposée défection des élites intellectuelles, gagnées à l’idée d’indépendance. Ils se voient assignés la tâche de lutter contre l’influence de ces élites et de dénoncer des intellectuels critiquant la politique française en Algérie l’action de l’armée et l’usage de la torture.

Le troisième numéro du bulletin du CEAC, consacre un article à ces personnalités accusées de trahison : Claude Bourdet et Gilles Martinet, de l’Observateur, sont taxés de complicités communistes, François Mauriac, Jean-Paul Sartre et Albert Camus sont également incriminés, tout comme des ecclésiastiques et la revue Témoignage chrétien44. Ces personnalités qui ont pris le parti de dénoncer la torture sont violement attaquées. Cela ne fait pas taire le scandale qui croît jusqu’en 1957 : les dénonciations de la torture s’amplifient. Le gouvernement de Guy Mollet est obligé de reconnaître le problème, en formant une commission de sauvegarde des droits et libertés individuelles45. Les attaques du CEAC contre les élites qui saperaient la réputation de l’armée se poursuivent donc régulièrement46.

La diffusion du discours élaboré par les militaires sur la « guerre révolutionnaire » ne repose pas seulement sur ces articles du bulletin du CEAC. Des interventions directes auprès des anciens combattants sont organisées, comme les conférences déjà mentionnées. On retrouve, par exemple, le compte-rendu d’un exposé du commandant Cogniet sur la « guerre révolutionnaire » dans le bulletin d’information de l’Amicale des anciens du CEF en 195947. Ce dernier, premier adjoint au Cinquième Bureau, intervient au moins à deux reprises lors des « séances d’information armée-CEAC »48. L’intervention des officiers dans la vie du comité va jusqu’à la participation à des réunions : Jean Gardes assiste en personne à une réunion en décembre 1959 pour inciter le CEAC à se rapprocher de la Fédération des UT49. Ces liens se distendent toutefois à partir de 1960, avec la dissolution du Cinquième Bureau. Or ceci coïncide avec les nouvelles difficultés du comité. Privé de cet appui, il est confronté au CLAC qui bénéficie, lui, de la faveur de la Délégation générale du gouvernement.

Conclusion

Le milieu ancien combattant algérois se trouve au cœur des tensions provoquées par les huit années de guerre en Algérie. Nombre de ses membres s’engagent contre l’indépendance et les réformes, mais le poids du CEAC, qui incarne cette évolution, va décroissant après 1960. Si en 1956 ou 1958, sa qualité de représentant – autoproclamé – des vétérans lui assure une visibilité, l’évolution de la situation politique et du paysage associatif le dessert. La radicalisation des milieux activistes vers des actions de plus en plus violente et, finalement, l’OAS, fait reculer le CEAC. D’autres mouvements prennent une place prépondérante dans l’organisation des Français d’Algérie opposés à l’indépendance, au FLN et à de Gaulle. Certes, le CEAC poursuit son action jusqu’à la veille de l’indépendance, mais attire moins. Georges Kerdavid, longtemps engagé au comité, déserte, par exemple, les réunions pour l’action clandestine50. En mai 1962, le CEAC disparaît brusquement. Alors qu’il menait une campagne intitulée « je suis Français », pour contester les accords d’Evian51, plusieurs de ses membres dirigeants, à commencer par Auguste Arnould, sont expulsés vers la France52. Cette campagne demandant l’annulation des accords, et rejoignant ainsi la voie suivie par l’OAS, convainc les autorités à agir pour le démanteler et disperser ses membres. Néanmoins, on peut relever que pour certains, l’engagement se perpétue en France sous d’autres formes associatives. Ainsi, Maurice Mouchan devient, dès 1964 le président d’une fédération des rapatriés à Nice, un groupe de pression et d’appui à Jean Médecin53.

1 Aujourd’hui la place de la Grande Poste et le boulevard Mohamed Khemisti.

2 René RÉMOND, « Les anciens combattants et la politique », Revue française de science politique, 5e année, volume 2, 1955, p.267-290.

3 Marie DUMONT, « Les Européens dans la rue pendant la guerre d’Algérie », Guerres mondiales et conflits contemporains, n°206, 02/2002, p.59-85.

4 Merry BROMBERGER et Serge BROMBERGER, Les treize complots du treize mai, ou la délivrance de Gulliver, Paris, A. Fayard, 1959, 447 p. Voir également : Yves COURRIÈRE, La guerre d’Algérie, tome 1, Les fils de la Toussaint & Le temps des léopards, Paris, A. Fayard, 2001, 950 p.

5 Jan JANSEN, Erobern und erinnern, Symbolpolitik, öffentlicher Raum une französischer Kolonialismus in Algerien, 1830-1950, Munich, Oldenburg Verlag, 2013, 543 p. ; p. 381.

6 Ordonnance du 2 septembre 1943 portant réorganisation des associations d’anciens combattants et victimes de la guerre, Journal Officiel du 9/09/1943 ; Archives nationale de l’outre-mer (ANOM) 1-K-701

7 Courrier du 23/02/1948 du secrétaire général adjoint du gouvernement général à la sous-direction de l’Algérie auprès du ministère de l’intérieur ; ANOM 81-F-1675.

8 Motion n°1 « Abrogation de l’ordonnance du 26 août 1943 », adoptée par Rhin et Danube, s.d. [1949], soumise au préfet d’Alger ; ANOM 1-K-701.

9 Décret n°54-512 du 17 mai 1954 précisant les conditions d’application dans les départements algériens de l’ordonnance du 14 mai 1945 modifiée par la loi du 21 juin 1952 concernant les associations d’anciens combattants et victimes de guerre ; Journal Officiel du 18/05/1954 ; consultée le 13/04/2014 sur legifrance.gouv.fr.

10 On peut citer en exemple l’association Ceux de Verdun, dont les effectifs atteignent environ 100 adhérents, l’amicale régimentaire de la 3ème division d’infanterie algérienne, qui atteint environ 700 adhérents, tandis que l’Association des anciens combattants prisonniers de guerre (ACPG), Rhin et Danube et l’Association des anciens combattants et victimes de la guerre (ACVG) comptent 5 000 à 10 000 membres. Voir : Liste des associations d’anciens combattants et victimes de guerre, déportés, résistants et prisonniers de guerre du département d’Alger » établie par l’Office départemental des anciens combattants d’Alger, s.d., (1958 env.) ; SHD GR-1-H-2557.

11 S. Barthélémy, « L’ancien combattant musulman d’Algérie (et sa prise en charge) », mémoire de stage de l’Ecole Nationale d’Administration, 15 décembre 1953 ; ANOM 81-F-1679.

12 Note de renseignement de la Police des renseignements généraux (PRG) d’Alger du 15/10/1955 au sujet des activités des associations d’anciens combattants ; ANOM 91-3F-125.

13 Rapport du 29/01/1956 du commissaire divisionnaire Benhamou au sujet du rassemblement des anciens combattants et victimes de guerre ; ANOM 1-K-701.

14 Synthèse de la PRG : les associations apparues depuis le 1/10/1954, 12/11/1955 ; AN-F-7-15182.

15 « Création d’un Comité algérien de Salut Public », L’Echo d’Alger, 7/02/1956.

16 « La Maison du Combattant a été interdite, hier soir, par la troupe aux anciens combattants », La Dépêche Quotidienne, 11/02/1956.

17 Note de renseignement de la PRG d’Alger du 21/02/1956 au sujet de la réunion de l’amicale locale des anciens combattants ; ANOM 1-K-701.

18 Mémoire sur la situation de Rhin et Danube du département d’Alger, 6/06/1957, établi par le comité national de Rhin et Danube ; ANOM 91-3F-125.

19 « Le destin de l’Algérie est lié à celui de la France », rapport de l’Association départementale des ACVG, février 1956 ; Office universitaire de recherche socialiste (OURS) AGM-85.

20 Note de renseignement du 13/12/1956 établie par le commissaire Gonzalez, chef de la PRG d’Alger, au sujet des activités du CEAC ; ANOM 91-3F-125.

21 « Le Comité d’entente des A.C. se rallie à l’USRAF », L’Echo d’Alger, 19/01/1958.

22 Note de renseignement du 12/11/1956 établie par le commissaire Gonzalez, chef de la PRG d’Alger, au sujet des activités du CEAC ; ANOM 91-3F-125.

23 Note de renseignement du 7/07/1957 établie par le commissaire principal Maitre, au sujet de la manifestation organisée par les anciens combattants ; ANOM 91-3F-1233.

24 Film de la manifestation du 13 mai 1958, s.a. ; Archives Nationales (AN) ; F-7-15188.

25 Compte rendu minuté des évènements d’Alger du 23/01 au 1/02/1960, s.a. ; SHD GR1-H-2021.

26 Denis LEROUX, « La doctrine de la guerre révolutionnaire : théories et pratiques », in. A. Bouchène, J-P. Peyroulou, O. Siari Tengour, S. Thénault, Histoire de l’Algérie à la période coloniale, Alger/Paris, Barzakh/La Découverte, 2012, 717 p. ; p. 526. Voir également : « Séances d’information sur le rôle de l’armée française en Algérie », La Dépêche Quotidienne, 22/04/1958.

27 Niel MACMASTER, Burning the veil. The Algerian war and the « emancipation » of Muslim women, 1954-1962, Manchester/New-York, Manchester University Press, 2009, 416 p. ; p. 120.

28 Christian PURTSCHET, « Les élections législatives de novembre 1958 en Algérie », in Sociologie électorale en Afrique du Nord, PUF, 1966, p. 6-108.

29 Compte rendu de l’assemblée générale ordinaire du CEAC du 15/05/1960 ; ANOM 91-3F-123

30 Note de renseignement du 10/11/1958 du commissaire Aublet au sujet des associations d’anciens combattants ; ANOM 1-K-701.

31 « L’Algérie, le Président, le Gouvernement et l’Assemblée Nationale », Bulletin de Liaison du CEAC, n°33, 02/1959 ; ANOM 3F-127. Voir également : Note de renseignement du 14/01/1959 établie par le commissaire Giannantoni, au sujet de l’association des ACVG ; ANOM 1-K-701.

32 Courrier du 22/12/1959 de Jacques Chaban-Delmas à Paul Delouvrier ; Archives d’histoire contemporaines du Centre d’histoire de Sciences-Po (Scpo) 2 DV 11.

33 Note du 12/11/1959 du col. Godard au sujet de la cérémonie du 11 novembre ; ScPo ; 2-DV-3. Voir aussi : Note du 28/10/1960, s.a., sur les préparatifs de la cérémonie du 11 novembre ; ANOM 91-3F-126.

34 Note de renseignement à propos des activités des associations d’anciens combattants du 22 au 25/04/1961, s.d. [mai 1961], s.a. ; ANOM 91-3F-123

35 Note de renseignement du 25/03/1961 au sujet du congrès annuel de l’Association interdépartementale des ACVG, s.a. ; ANOM 91-3F-125.

36 Sylvie Thénault, Histoire de la guerre d’indépendance algérienne, Paris, Champs-Flammarion, 2012, 374 p.., p.117.

37 Denis Leroux, « La doctrine de la guerre révolutionnaire : théories et pratiques », in. A. Bouchène, J-P. Peyroulou, O. Siari Tengour, S. Thénault, Histoire de l’Algérie à la période coloniale, op. cit., p. 526.

38 Yves Courrière, La guerre d’Algérie, t.1, op. cit. ; p. 843.

39 Note de renseignement du 7/11/1957, au sujet du Comité d’entente pour la défense de l’Algérie ; ANOM 91-3F-125.

40 Liste des principaux chefs du DPU : chefs d’arrondissement et adjoints, s.d. [1957 env.] ; Archives Nationales AN F-7-15182.

41 Courrier s.d. [1960 environ] du préfet au Délégué général du Gouvernement ; AN F-7-15182.

42 « Quelques échos », Bulletin de liaison du CEAC, n°3, 12/10/1956 ; ANOM 91-3F-125.

43 « Le rôle du Comité d’entente dans la guerre subversive », Bulletin de liaison du CEAC, n°8, 7/01/1958 ; ANOM 91-3F-123.

44 « Dans le drame algérien, la France est trahie par ses élites », Bulletin de liaison du CEAC, n°3, 12/10/1956 ; ANOM 91-3F-125.

45 Raphaëlle Branche, La torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie (1954-1962), Paris, Gallimard, 2001, 474 p. ; p.151.

46 « Quelques considérations sur l’ancien combattant algérien », Bulletin de liaison du CEAC, n°6, 11/1957 ; ANOM 91-3F-123.

47 « La guerre d’Algérie : un épisode de la guerre révolutionnaire mondiale », conférence du cdt Cogniet, Bulletin des anciens du CEF, n° 20, 11/1959 ; BNF 8-JO-12467.

48 Marie-Pierre et Paul Villatoux, « Le Ve Bureau en Algérie », in : J-C. Jaufferet, M. Vaïsse (dir.), Militaires et guérilla dans la guerre d’Algérie, op. cit, p.413. Voir également : « Séances d’information sur le rôle de l’armée française en Algérie », La Dépêche Quotidienne, 22/04/1958.

49 Note de renseignement du 17/12/1959 du commissaire Trouja au sujet de la réunion du bureau directeur du CEAC ; SHD GR-1-H-2695.

50 Georges Kerdavid ne doit pas être confondu avec Joseph Kerdavid son oncle, mais adversaire du CEAC décédé en 1959.

51 « Anniversaire du 8 mai 1945, commémoration dans l’intimité de la Maison des étudiants », La Dépêche d’Algérie ; 9/05/1962.

52 Fiches d’interdictions d’entrée et de séjour en Algérie aux noms d’Auguste Arnould, Louis Spengler, Lucien Grisoni et Charles Pluchard, établies le 11/05/1962 ; AN 19880076-1.

53 Dominique Olivesi, « L’utilisation des rapatriés dans les Alpes-Maritimes (1958-1965), Bulletin de l’IHTP, n°79, 10/2002.