Double morale. Rôles sexués et stigmates de genre au mitan des « Trente Glorieuses »

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Ludivine Bantigny

Résumé

C’est sans doute dans les phénomènes, marginaux certes, mais qui font beaucoup parler d’eux, comme la délinquance juvénile, que l’on perçoit le mieux la façon dont une société construit ses discours et ses codes. En l’occurrence, ce qui est dit de la délinquance juvénile montre très bien, en creux, l’archétype idéal de la jeune fille et les injonctions sexuées. C’est en ce sens que le système judiciaire et pénal peut aussi être analysé au prisme du genre, dans la mesure où s’y loge l’expression intense des normes genrées. Cet article analyse la délinquance juvénile féminine durant l’après-Deuxième Guerre mondiale et au cœur des « Trente Glorieuses » : les statistiques des tribunaux pour enfants, les faits eux-mêmes et les interprétations fournies par psychologues, psychiatres et éducateurs permettent de saisir non pas seulement le traitement réservé aux jeunes délinquantes et aux adolescentes « en danger », mais bien des valeurs socio-culturelles et des codes sexués. Le traitement judiciaire des jeunes filles « déviantes » dessine des valeurs professionnelles, morales et sexuelles, notamment une représentation de ce que doit être une jeune fille et de ce qu’elle doit devenir : bonne épouse, bonne ménagère et bonne mère.


Ludivine Bantigny est une ancienne élève de l’Ecole normale supérieure, agrégée d’histoire et docteur en histoire. Elle est désormais maitre de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Rouen et chercheuse associée au Centre d’histoire de Sciences Po Paris. Elle est membre des comités de rédaction de Vingtième Siècle, Revue d’histoire; Histoire@Politique; Dissidence. Ses recherches portent sur la jeunesse comme enjeu politique et social, les formes d’héritage et de transmission générationnelle et l’engagement politique. Elle a notamment publié Jeunesse oblige. Histoire des jeunes en France (XIXe-XXIe siècles), Paris, PUF, 2009 (en co-direction avec Ivan Jablonka) ou plus récemment  La France à l’heure du monde, Paris, Seuil, 2013.


« L’adhérence aveugle au monde » : c’est en ces termes que Françoise Héritier désignait, dans Masculin/féminin, la puissance des évidences supposées. Elle pointait là du doigt ces éléments principaux qui, « n’étant pas perçus comme premiers, ou n’étant pas perçus du tout, […] ne peuvent être de ce fait questionnables ni mis en cause ». Et elle invitait, pour contrer la force de telles impositions, à « comprendre les raisons profondes de cette mise en sujétion »[1]. Parmi ces éléments figurent, bien sûr, toutes les formes de naturalisation que proposent les interprétations genrées de la société et les assignations sexuées. La « nature » est si commode pour contourner les faits sociaux et les inégalités qui y sont engendrées. Comme l’écrit Maurice Godelier, « ces inégalités se trouvent non seulement expliquées mais justifiées […] Un ordre social provisoire devient un ordre naturel incontournable[2] ». Cet ordre social, on le trouve pleinement exprimé dans les institutions chargées de le maintenir et pour ce faire de juger les déviances qui s’écartent de la norme en refusant d’y être conformes. C’est en ce sens que le système judiciaire et pénal peut aussi être analysé au prisme du genre, dans la mesure où s’y loge l’expression intense des normes genrées. Il constitue dès lors un poste d’observation privilégié pour mesurer la construction des hiérarchies entre les sexes, la nomination des identités sexuées et la disqualification de certaines pratiques sexuelles[3].

En l’occurrence, ce qui est dit de la délinquance juvénile montre très bien, en creux, quel est l’archétype idéal de la jeune fille au cours d’une période, celle de l’après-guerre jusqu’aux années 1960, bouleversée par de profonds changements sociaux et culturels. En la matière, il s’agit bien de « mauvais genre » : la déviance féminine, celle en tout cas qui est perçue et sanctionnée, est regardée à l’aune d’une sensibilité féminine supposée. La représentation de la jeune fille telle qu’elle doit être conditionne l’attention portée aux comportements déviants, en particulier en matière de mœurs, et la sévérité de l’incrimination judiciaire. La plupart du temps, les tribunaux pour mineurs ne statuent guère d’ailleurs sur des délits, mais bien davantage sur des fugues et autres « vagabondages »[4]. Il n’en reste pas moins que ces jeunes filles entrent ainsi, par une porte sans fracas, dans le parcours judiciaire. Or, c’est le plus souvent leur identité féminine qui contribue à les y mener : les seuils de la tolérance étant variables, socialement mais aussi sexuellement déterminés, on peut accepter des garçons ce que l’on proscrit aux filles : la double morale s’impose ici sans autre forme de procès. À la recherche de facteurs étiologiques et de données cliniques susceptibles d’éclairer ces comportements déviants, psychologues et psychiatres se livrent pour leur part à une véritable exploration du psychisme féminin ; ils proposent eux aussi une représentation de la norme sociale et, par contraste, un panorama de l’« inadaptation » spécifiquement féminine.

Les principaux délits commis par les mineures éclairent tout à la fois une singularité des déviances féminines et la manière genrée qu’a la justice de les appréhender. Partant, les étiquetages étiologiques laissent entrevoir la manière dont ces professionnels de la justice conçoivent une identité féminine ainsi réifiée. Enfin, la prise en charge de ces jeunes filles permet de percevoir les pratiques discriminatoires des tribunaux pour enfants : cette intervention différentielle se dit aussi dans l’apprentissage des rôles sexués que propose l’Education surveillée.

La mauvaise réputation

Le verdict des chiffres

Peut-on percevoir, au regard de la délinquance ou déviance juvénile, un partage sexué ? Y a-t-il des gestes spécifiquement féminins dans ces micro-faits que sont les délits commis par les jeunes filles ? Avant même de mentionner quelques éléments statistiques, il faut rappeler à quel point ceux-ci ne sauraient être considérés comme des valeurs absolues : ils reflètent avant tout un fonctionnement institutionnel, celui de la police et de la justice, mesurent la délinquance détectée et/ou jugée. L’imputation judiciaire, en effet, ne rendent pas compte de l’ensemble des attitudes. De tels chiffres ne peuvent dès lors être utilisés qu’à titre d’indicateur, comme étalon de comparaison et d’évolution. Cette précision faite, on constate une réelle irrégularité dans la courbe de la délinquance juvénile détectée chez les mineures âgées de 16 à 21 ans[5]. Ce constat dénote une réelle sensibilité aux moments de crise : forte augmentation après la Première Guerre mondiale (8 000 mineures jugées contre 4 500 auparavant), après la crise économique des années 1930 et hausse encore plus spectaculaire après le second conflit mondial (16 000 mineures jugées en 1945). Une stabilisation s’observe dans les années 1950, avec une moyenne de 4 000 jeunes filles jugées environ.

On remarque en outre que, durant cet après-guerre, la proportion de filles dans l’ensemble des mineurs délinquants est en nette diminution : de 15,5 % en 1946, elle est inférieure à 10 % à la fin des années 1950 et tout au long des années 1960, et atteint, même, 8 % en 1968[6]. Il faut enfin souligner l’évolution du taux de délinquance des filles mineures par rapport à la population féminine de 13 à 21 ans : ce taux a connu une forte baisse après la guerre (1,82 % en 1946, à peine 0,9 % durant les années 1950). C’est dire combien la participation des filles à la délinquance générale des mineurs est faible.

À cette première et constante différence sexuée en correspond-il une seconde, quant à la nature des délits commis ? Il est vrai que les infractions contre les mœurs sont plus fréquentes chez les filles, ou du moins – et c’est évidemment essentiel – plus fréquemment poursuivies et jugées. En général, les outrages à la pudeur correspondent à des relations sexuelles dans un lieu public ; or, dans la France des années 1950, les relations sexuelles sont toujours valorisées chez les garçons tandis qu’elles continuent à déprécier les filles. Cependant, ces infractions demeurent peu nombreuses et sont en diminution régulière au cours de la période : 17,7 % de l’ensemble des délits perpétrés par des jeunes filles en 1952, 15,8 % en 1960 et seulement 10,1 % en 1968. La chute est d’ailleurs impressionnante après cette date, puisque ce taux ne s’élève plus qu’à 3,6 % en 1972. Dans les faits, cette baisse s’éclaire par une plus grande tolérance à l’égard de tels comportements, bien davantage que par une diminution de tels actes jugés déviants. On le voit avec force ici : la notion même de déviance est éminemment relative, historiquement et socialement déterminée.

Ce que volent les jeunes filles

De façon très majoritaire, les atteintes aux biens (plus de 63 % des délits jugés en moyenne) constituent l’essentiel de la délinquance juvénile, et ce aussi bien pour les filles que pour les garçons. Néanmoins, une nouvelle différenciation sexuée peut être relevée, qui tient cette fois à la nature des biens volés et à la manière de procéder. Une topographie des vols indique aisément, pour les années 1950, que les filles agissent en général dans de grands magasins de type « Monoprix » ou « Prisunic », qui font alors florès dans les villes. Il y a là un fait nouveau qui répond évidemment à l’évolution des techniques de vente, dites de « libre service », sur les étalages des magasins de plus en plus grande surface. C’est une conduite propre à la consommation urbaine et à ses renouvellements : les tentations et les occasions du passage à l’acte se font de plus en plus nombreuses. Ce type de chapardage est généralement spontané et non prémédité, comme le montrent les dossiers du tribunal pour mineurs de la Seine. Voici par exemple Nicole E…, quinze ans : « En se promenant avec [une amie] au Printemps elles ne peuvent résister au désir d’emporter les objets qui leur plaisent et qu’elles ne peuvent acheter (maillot de bain, chemise de nuit, pull over, chaussures, mouchoirs)[7]. » Voilà encore Annie D…, quinze ans elle aussi, qui explique au juge : « J’ai vu un collant qui m’a fait plaisir, je l’ai pris[8]. » Ces vols sont véniels, et c’est en fait le jugement porté sur l’allure d’une jeune fille qui détermine parfois le gérant du magasin à porter plainte, plus que l’objet du larcin : « Ce vol est de peu d’importance, concède le responsable du magasin Monoprix place Blanche, à propos du vol de ce collant, mais l’intervention de vos services est nécessitée par l’attitude provocante de ces deux jeunes filles[9]. » Le psychiatre Didier-Jacques Duché remarque que « souvent la mineure n’a nullement le sentiment d’avoir porté un quelconque préjudice à qui que ce soit, l’anonymat des “propriétaires” d’un magasin “à prix unique” ne permettant pas d’établir une relation entre la soustraction de l’objet et le dommage ainsi causé[10]. »

Le « vol de coquetterie » (vêtements, bijoux, lingerie…) est bien l’apanage des jeunes filles. Celles-ci sont en revanche nettement moins impliquées que les garçons dans les vols de véhicules à moteur (en 1961, 49 garçons participent à ce type de vols pour une seule fille)[11]. Les conduites délinquantes se différencient donc en fonction de l’identité sexuelle recherchée par ces adolescents, laquelle répond à une répartition traditionnelle des symboles masculins et féminins. Les conduites des filles sont également moins agressives : les actes de vandalisme sont presque exclusivement le fait de garçons. Les psychologues les voient aussi plus impulsives, et relèvent davantage de préméditation chez les garçons.

Fréquentations et stigmatisations

 De fait, il est notable que les bandes de jeunes qui marquent tant les années 1950-1960, et que l’on commence à appeler du nom de « blousons noirs » à partir de l’été 1959, sont très majoritairement masculines. Les filles peuvent graviter autour d’une bande sans en faire directement partie. Quand une fille est membre d’une bande, son identité féminine elle-même est relativisée voire niée par les psychologues, lesquels parlent en ce cas de « filles garçonnières ». Les dossiers des tribunaux ne manquent jamais de relever l’attirance éventuelle d’une fille pour une bande : Régine C…, 16 ans et demi, « admire et collectionne tous les articles sur les blousons noirs[12] » ; Élisabeth B…, quant à elle, « se flatte de fréquenter des bandes, des blousons noirs[13] ».

Mais les « mauvaises fréquentations », aux yeux des observateurs, qu’ils soient médecins, juges, policiers ou éducateurs, ce sont surtout les étrangers que l’on rencontre parce que l’on fraie dans des lieux jugés d’emblée dangereux, « l’atmosphère des bals[14] », la fête foraine, la rue, le café, et plus précisément quelques lieux stigmatisés : à Paris, les « caves » de Saint-Germain-des-Prés, « en particulier le “Bidule” rue de la Huchette, le bar “Le Cluny” boulevard Saint-Germain et “Chez Capoulade” boulevard Saint-Michel. Dans ces établissements, [Christine S…], note un commissaire de police, rencontrait de jeunes Vietnamiens garçons et filles[15]. » Dans le nord de Paris, mais aussi dans les quartiers considérés comme « sensibles » des autres grandes agglomérations, ce sont surtout les « Nord-Africains » qui sont source d’inquiétude. Leur fréquentation engendre d’emblée la suspicion : « [Marie-Paule R…] a gagné Paris en auto-stop et a été arrêtée au bout d’une semaine au cours de laquelle elle a vécu avec des Nord-Africains[16]. » La jeune fille se croit obligée alors d’affirmer, lors de son audition devant le juge des mineurs, qu’elle ne s’est pas prostituée. De même, Annick L… « vécut quinze jours dans des milieux nord-africains, elle dit avoir vécu en ménage mais on peut se demander si elle ne s’est pas prostituée », s’interroge l’éducatrice d’un centre d’observation[17]. Michelle D… est quant à elle arrêtée sur un motif transcrit de la sorte dans le rapport de police : « Il est interdit aux cafetiers d’employer des filles de moins de 21 ans. De plus il nous a été rapporté que votre présence passage de l’Épargne, où séjournent des nord-africains en très grande quantité [biffé, remplacé par : en très grand nombre], est une source de bagarres.[18] »

C’est que « la réputation » d’une jeune fille est vite forgée, lorsqu’elle tourne à son désavantage. Une étude statistique fondée sur les rapports des assistantes sociales indique que le jugement glané auprès des voisins est plus souvent favorable aux garçons, bon dans 50 % des cas, contre à peine 36 % pour les filles[19]. Ce sont elles que l’on taxera volontiers de « dévergondées » ; c’est d’une fille que l’on dira facilement : « Elle a des conversations secrètes et suspectes[20]. » Si l’examen des valeurs morales constitue un critère de choix pour les spécialistes des mineurs, on ne trouve que très peu d’allusions, dans les jugements rendus sur les garçons, à leur moralité en matière sexuelle, alors que c’est un facteur déterminant dans l’opinion établie sur les filles. Dès lors, pour décrire des comportements masculins, on ne repère guère d’observation équivalente à celle-ci, proposée par une éducatrice du centre de Chevilly-la-Rue : « Christiane est instinctive et d’autre part le sens moral est, du point de vue sexuel, très rudimentaire, aussi ne manifeste-t-elle qu’un minimum de pudeur pour raconter ses aventures qu’elle trouve d’ailleurs parfaitement anodines et normales[21]. » Au regard de pratiques sexuelles « normales » en effet, ce qui est jugé déviant n’est le plus souvent que ce qui est précoce. Cette précocité, une enquête de 1966 sur les mineures délinquantes l’indique[22], varie selon les régions, plus sensible par exemple en région parisienne, où ce sont des filles de 15 ou 16 ans qui sont concernées par des poursuites concernant les « bonnes mœurs ». Quoi qu’il en soit, le « dévergondage », à lire les dossiers de ces mineurs, est un attribut proprement féminin : plus précisément, une stigmatisation sociale portée contre le seul « sexe faible », et dont la « faiblesse » est ici coupable.

Dans ce contexte, les conduites sexuelles vénales apparaissent comme une sorte de fatalité. À l’aube des années 1950, la prostitution est encore vue comme une « malédiction[23] » par certains éducateurs, qui parlent à l’occasion de « filles souillées ». Quelques journalistes l’évoquent, une décennie plus tard, comme un phénomène tendant à « se propager partout » et l’expliquent par un bouleversement physiologique à l’échelle historique : les jeunes filles atteindraient « la maturité physique à un âge plus bas sans pour autant être mûres du point de vue affectif. En 40 ans, l’âge de la puberté a diminué d’une année (experts consultés par le Conseil de l’Europe à Strasbourg)[24]. »  En fait, le terme de « prostitution », qui suppose gain et habitude, est en général impropre à qualifier l’attitude de certaines jeunes filles qui, lors d’une fugue, en arrivent à des expériences sexuelles souvent subies, contre une chambre ou un peu de nourriture.

Les explications sexuées des comportements délictuels

Une théorie bio-physiologique ?

En ce mitan du siècle, pour expliquer les comportements délictueux, l’heure n’est certes plus à une criminologie déterministe à la Lombroso qui, à la fin du XIXe siècle, pouvait assurer que la femme se situait dans un ordre inférieur de la lignée évolutive. Quételet avait d’ailleurs précédemment expliqué, démonstration mathématique à l’appui, que la criminalité de la femme était naturellement deux fois inférieure à celle des hommes dans la mesure où sa vigueur physique était elle aussi deux fois inférieure. Quelques décennies plus tard, les approches en termes de « perversion constitutionnelle » sont désormais mises sous le boisseau.

Il n’en demeure pas moins que les médecins, et parmi les plus éminents tels le neuropsychiatre Georges Heuyer (1884-1977), continuent à mettre en exergue des facteurs tout à la fois biologiques, morphologiques et neurologiques, expliquant la délinquance juvénile féminine par la spécificité de la constitution féminine. Pour Heuyer, il ne fait guère de doute que cette délinquance est endocrinienne. À cet éclairage de nature hormonale se superpose une vision plus psychanalytique, chez le même auteur, qui évoque un mauvais ajustement sexuel dû au sentiment de perte du pénis chez la petite fille[25]. Le vol serait pour les jeunes filles une forme de rattrapage de la virilité perdue-absente. D’où l’observation de la fréquence des vols en fonction de l’état de menstruation : les vols commis au moment des règles seraient le symptôme de ce refus de la féminité, ou plutôt de l’a-virilité.

Enfin, c’est à une sorte d’opposition entre nature (à laquelle la jeune fille est renvoyée) et culture (plus proprement masculine) que l’on assiste dans les études menées sur les différences sexuées, à propos de la délinquance juvénile. « Certains auteurs relèvent un plus grand degré d’impulsivité chez la fille, quelle que soit la forme de la délinquance adoptée. D’après les résultats d’un test il semble que l’on constate un trouble émotionnel dans une plus forte proportion chez les filles délinquantes ; […] la majorité des filles ne s’engagent dans les activités délictuelles que si elles sont troublées émotionnellement, tandis que les garçons le feraient davantage sous la pression culturelle ou l’environnement[26]. »

Jeux de rôles

Mais ces explications de facture biologique ne sauraient être séparées de lectures plus sociales et culturelles. Les rôles assignés aux jeunes filles et le contrôle social dont elles font l’objet éclairent les différences existant entre déviances juvéniles féminine et masculine perçues. La supervision parentale, l’évaluation des risques et la discipline varient en effet selon les appartenances sexuées des adolescents. Il est avéré qu’à cette époque, les garçons passent toujours plus de temps dans la rue que les jeunes filles, en raison d’une contrainte sociale alors évidente : cela peut être un premier facteur expliquant la plus forte délinquance juvénile masculine dans l’espace de la ville. En revanche, le nombre de fugues apparaît plus élevé chez les filles, sans doute parce que celles-ci, justement, sont confinées dans l’espace domestique. Les interdits parentaux se font ici sans doute davantage sentir pour la fille que pour le garçon.

Les études portant sur l’image de soi des adolescentes délinquantes confirment que celles-ci se réfèrent très largement à un modèle féminin, à certaines attentes sociales auxquelles elles ne parviennent pas à se conformer, ce dont elles souffrent. Cette image apparaît nettement plus dégradée chez les filles que chez les garçons, les premières se percevant bien davantage comme dévalorisées par leur statut de délinquantes que les seconds. Aussi se sentent-elles par là même « doublement “objets”[27] », en tant que filles et en tant que délinquantes. La culpabilisation de ces jeunes filles est d’autant plus aiguë que l’agressivité est exclue de l’archétype féminin tel qu’il est socialement admis et imposé. La moindre entorse à la norme confine donc très vite à la marginalité et à la souffrance qu’un tel sentiment de soi peut faire naître. C’est pourquoi éducateurs et psychologues observent que, sur les échelles d’anxiété qui leur servent de mesure, une corrélation est régulièrement établie entre délinquance et névrose chez les filles, alors qu’elle n’apparaît guère chez les garçons.

Spécificité féminine et proprement culturelle encore : la délinquance juvénile féminine serait en fait plus importante que les statistiques ne veulent bien le dire, selon nombre d’observateurs. En effet, en distinguant délinquance officielle et délinquance cachée, certains criminologues, comme Otto Pollack en 1950[28], assurent que les délits commis par les jeunes filles seraient plus difficiles à détecter en raison d’un mode de participation plus discret (instigatrices, aides ou complices davantage qu’« agissantes » directes). L’essentiel résiderait dans une délinquance masquée, car les jeunes filles seraient plus portées à tromper et mentir, en raison de la domination masculine socialement reconnue qui les pousserait dans de tels retranchements. Cette théorie n’est pas récusée par les éducateurs : « Ce rôle occulte des femmes dans un certain nombre d’infractions semble probable, étant donné le rôle moins actif joué par elles dans la société en général[29]. » Laissées dans l’ombre socialement, c’est de cette ombre qu’elles profiteraient en retour pour (mal) agir. On mesure ici le poids du jugement sexué dans la suspicion comme dans l’assignation.

Responsabilités familiales

Une même différenciation sexuée peut être relevée dans le regard porté sur les responsabilités familiales par les représentants des institutions chargées de détecter, de juger et de « rééduquer » les jeunes délinquants. Certes, le critère d’abord observé est le niveau socio-économique de la famille, ce qui permet de tirer d’emblée une première conclusion : ces jeunes sont en général issus du prolétariat urbain – 50 % des parents sont ouvriers d’industrie (alors qu’ils ne représentent que 32 % de la population française totale), 70 % étant d’origine urbaine (alors que la population urbaine s’élève alors à 62 % environ)[30]. Un autre critère essentiel pour ces observateurs est le caractère « dissocié » ou non de la famille : on évoque les « dissociations morales[31] », par éthylisme ou « amoralité » d’un conjoint dans 60 % des foyers concernés[32].

Mais c’est avant toute chose la conduite de la mère qui est scrutée et dont nombre de conclusions sur la fille découlent, par un processus d’identification et d’imposition. Ainsi les enquêtes sociales sur lesquelles le juge des mineurs prend régulièrement appui mentionnent-elles systématiquement un éventuel comportement « douteux » de la mère à une certaine période de sa vie. Et en ce cas, la référence aux affres du second conflit mondial se révèle très prégnante : à propos de Micheline L…, née en 1938, bonne à Paris et mise en cause pour vagabondage, l’assistante sociale relève que « la mère a fait preuve d’inconduite pendant la guerre[33] ». De Catherine L…, née en 1943 et accusée de vol, on note qu’« en fait elle est née d’une liaison de la mère pendant l’absence du mari prisonnier[34] ». La mère, écrit encore une assistante sociale au sujet de Josette B…, née au début de la guerre, « a mené une vie de débauche pendant la captivité de son mari[35] ». Plus généralement, ce sont les qualités d’éducatrice de la mère qui retiennent l’attention et sa réputation, capable d’imprégner le caractère de sa fille : « Au domicile actuel, où la mère fait fonction de concierge, elle a la réputation d’être peu sérieuse et a été vue en train de boire au comptoir dans différents cafés[36] » ; Telle autre mère est considérée par le voisinage comme une « médiocre maîtresse de maison[37] ». « La paresse ou l’incompétence ménagère de la mère[38] » est fréquemment fustigée, alors même que toute jeune fille « doit être préparée à son rôle de femme et de maîtresse de maison[39] ». Enfin, les « mères qui travaillent » sont souvent mal vues, même par certains médecins qui leur reprochent d’être à l’origine, pour leur(s) fille(s), « de mauvaises fréquentations, de l’habitude de traîner dans la rue[40] ». La relation affective entre la mère et sa fille est en ce cas négligée au profit d’une vision normative : elle dit ce que doivent être une femme et une mère.

C’est ainsi que la délinquance des jeunes filles est très souvent regardée, dans les années d’après-guerre et très largement au long des décennies 1950-1960, en termes de sexualité, de faiblesse de caractère et de conflits parentaux, bien davantage que pour les garçons. Les jugements de valeur sont aussi plus fréquents, notamment sur « l’inconduite sexuelle », de même que les caractérisations d’ordre affectif et émotif.

Rééduquer-enfermer

Un traitement sexuellement différencié

S’il est avéré que les délits commis par des adolescentes sont nettement moins nombreux que ceux perpétrés par des garçons, il est tout aussi frappant de constater que des mesures (placements en internat ou en foyer de semi-liberté) voire des peines de prison sont décidées proportionnellement beaucoup plus souvent dans leur cas, ce qui tendrait à mettre au jour le caractère discriminatoire des tribunaux pour mineurs, en termes sexués. Ce sont d’ailleurs les adolescentes « en danger » qui font l’objet de fréquentes mesures de placement. En effet, alors que la proportion des filles délinquantes est très faible dans les établissements de rééducation publics et privés (inférieure à 10 %), la part de filles placées par le juge des enfants en vertu de l’ordonnance de 1958 relative à la protection des mineurs en danger est particulièrement élevée dans ces mêmes établissements (elles représentent la moitié des effectifs)[41]. Les partisans de ces mesures les justifient par la nécessité, plus grande selon eux pour les filles que pour les garçons, d’un « déconditionnement[42] », d’une « désintoxication radicale et rééducation complète[43] ».

Il faut également souligner l’augmentation des mesures de détention, préventive ou non, contraires pourtant à la pensée des réformateurs de l’après-guerre prônant l’éducation plutôt que la punition et considérant la prison comme un foyer de récidive.

Évolution des mesures prises à l’égard des mineures délinquantes
Évolution des mesures prises à l’égard des mineures délinquantes[44]

Les juges expliquent en général de telles décisions par le manque de foyers d’accueil. Il est vrai que les institutions publiques pour jeunes filles sont très peu nombreuses : l’établissement de Cadillac en Gironde a été fermé en 1953 après le suicide d’une jeune fille, Marguerite B…[45]. Demeurent alors les I.P.E.S. (Institutions publiques d’éducation surveillée) de Lesparre près de Bordeaux et de Brécourt (Seine-et-Oise), auxquelles est venue s’ajouter, en 1964, celle de Corenc dans la banlieue de Grenoble. Pour le reste, les jeunes filles sont en général placées dans des établissements religieux de type « Bon Pasteur », ou dans les institutions de l’Ordre du Refuge, de l’Ordre de Nazareth ou encore de l’Ordre de la Miséricorde, soit, au début des années 1960, 83 internats et 22 foyers de semi-liberté[46].

Bien que leurs méthodes évoluent, ces établissements gardent de leurs ancêtres, les « maisons de correction », certains traits que les éducateurs eux-mêmes reconnaissent. À l’I.P.E.S. de Brécourt, pourtant considérée comme un centre modèle, il est proscrit de « laisser les filles seules une minute. Il leur est interdit de se promener dans le parc, les jours de semaine ; le dimanche, elles ne doivent pas s’éloigner de vous de plus de dix pas[47] ». Les chambres sont fouillées, les journaux personnels confisqués et les paroles rapportées. Les pensionnaires de l’institution ont toujours honte de se promener en uniforme « et de s’entendre appeler “les p… de Brécourt” ». La principale punition demeure « l’isolement », euphémisme pour désigner ce que les filles appellent souvent, pour leur part, « le cachot », toujours considéré comme une « méthode pédagogique et psychologique[48] » en cas de fugue, de « trop grande excitation », de bagarre, de tension. À Chevilly-la-Rue, il s’agit d’une pièce de trois mètres sur trois, avec murs et sol cimentés, ne comprenant aucun meuble hormis une paillasse et fermée par une porte en fer surmontée d’une ouverture grillagée. Madeleine B…, qui y séjourne en 1960, écrit au juge qu’elle a passé plusieurs jours « en cellule[49] ». Christine G…, après une fugue du Bon Pasteur de Cholet, écrit à sa mère : « J’en ais par dessus la tête des bonnes sœurs toujours on nous gueule dessus et pour un oui et pour un non pas assez qu’on est entre quatre murs on fait comme au régiment quand tu dis ce que tu penses on te fout en tôle car il y a que les mouchardes qui sont bien venues[50] ».

L’uniforme est lui aussi toujours de rigueur dans la plupart des ces établissements, là encore bien souvent justifié par des arguments psychologiques et pédagogiques. Ainsi l’équipe médicale du foyer des filles de l’Hôpital Saint-Vincent-de-Paul assure-t-elle que « les gros souliers, la blouse à carreaux un peu défraîchie et la robe plus ou moins à la taille font peut-être en effet réfléchir quelques révoltées qui n’accepteraient pas néanmoins de se produire au-dehors semblablement vêtues[51] ».

Hors les murs ?

            Mais indéniablement, de profondes réflexions, menées tant par des éducateurs que par des médecins, se poursuivent pour améliorer les conditions de vie à l’intérieur de ces établissements. Alors qu’avant la guerre et même encore dans les années d’après-guerre, de telles institutions étaient en général implantées hors des villes, comme pour éloigner les jeunes filles des dangers urbains, tous les acteurs s’accordent désormais à reconnaître que le milieu dans lequel les adolescentes sont « rééduquées » doit être le moins artificiel possible, et donc proche de leurs origines : en ville, généralement. Les recommandations des éducateurs insistent sur la nécessité de ne pas créer d’installation en dehors des zones urbaines, et ce pour accroître les chances de réinsertion sociale en maintenant la jeune fille dans un environnement socioculturel familier. « Au cours de la rééducation, vivre hors des zones urbanisées, c’est multiplier les difficultés de répondre aux besoins de formation scolaire, professionnelle et culturelle des jeunes inadaptées, c’est couper l’équipe éducative de références sociologiques indispensables à sa tâche[52] ». Tandis que, on l’a vu, le « déconditionnement » fait encore figure de panacée pour nombre d’éducateurs au cours des années 1950, c’est au contraire le déracinement et l’éloignement de la famille qui sont considérés, dans la décennie suivante, comme des options à éviter.

Dès lors, les équipements légers (préfabriqués, appartements en H.L.M.), ouverts sur le quartier d’accueil afin d’éviter toute ségrégation, loués plutôt qu’achetés pour mieux être abandonnés en vue d’autres adaptations selon l’évolution du quartier, sont recommandés. Des préconisations de ce genre n’ont assurément plus rien à voir avec les anciens établissements, tel le vieux château de Cadillac transformé en maison centrale en 1850, où l’austérité des lieux paraissait déteindre sur celle du règlement. Tandis que les jeunes filles étaient naguère marquées, jusque dans leur vêtement, par leur statut de délinquantes, elles sont appelées à se fondre de plus en plus, comme les établissements où elles sont désormais accueillies, dans l’espace de la ville.

Moralités

Toutefois, dans l’éducation et l’instruction qu’elles reçoivent à l’intérieur de ces institutions, leur rôle de femme constitue toujours l’aune de toutes les pratiques. La formation ménagère, l’acquisition de notions de puériculture et de secourisme « préparent la femme de demain[53] ». Grâce à des ateliers de coupe et de couture, de cartonnage ou encore de maroquinerie, les « pupilles » « découvrent peu à peu leur vocation de femme[54] ». Et ce bien que le décalage soit de plus en plus grand entre la formation proposée – les professions liées à l’industrie du vêtement, principalement – et l’état du marché du travail, de moins en moins demandeur de tels métiers. Ici, le raisonnement est bel et bien moral et culturel, au lieu de se faire socio-économique ; il dit et répète un idéal féminin, qu’il s’agit d’inculquer aux jeunes filles repenties-réintégrées.

Professionnel, cet enseignement ne manque donc pas d’être aussi moral, comme le sont également les « cours de préparation au mariage » : « le mariage peut être apprécié comme renforcement de l’adhésion à une image valorisée : il entraîne la mainlevée de la mesure éducative ; il est le seul mode socialement reconnu d’accéder à la satisfaction libidinale[55] ». Il s’agit toujours, in fine, de faire de ces jeunes filles « dissociales » « des membres sains de la société, des ouvrières capables, de bonnes mères de famille[56] ». Gare alors à celles qui manifesteraient des tendances ou des comportements sexuels « déviants » : l’homosexualité est bannie, officiellement du moins — et ce bien qu’une éducatrice constate, en 1966 : « les filles ayant connu des expériences homosexuelles en dehors des internats et pour lesquelles ce mode de relations représente un choix sont en règle générale plus intelligentes et plus évoluées que la moyenne des filles inadaptées[57] ». Cette observation, isolée au demeurant, ne saurait suffire à tolérer l’homosexualité féminine : « la notion même de simples pratiques homosexuelles d’internat ferme aux jeunes filles la porte de presque tous les foyers et à plus forte raison la constatation d’une homosexualité entraîne-t-elle le renvoi et l’errance de lieux en lieux. Faute donc de pouvoir être traitées et du fait même du rejet renouvelé qui actualise et renforce les tensions, ces jeunes filles évoluent généralement très mal vers des conduites délinquantes », constatent certains psychiatres, psychanalystes et psychologues[58], qui savent très bien aussi que les pratiques sexuelles entre jeunes filles dans ces internats sont courantes, « souvent méconnues, heureusement pourrait-on dire, car, découvertes, elles entraînent la plupart du temps des sanctions inadaptées[59] ». Clandestine évidemment – et c’est pourquoi elle laisse si peu de traces dans les archives recueillies –, cette sexualité peut apparaître comme un dernier rempart contre l’enfermement.

Plus que de « délinquance » – peu importante, on l’aura noté –, c’est davantage d’« inadaptation » que les éducateurs entendent de plus en plus parler. Mais une fois encore, la notion se révèle fort relative, étroitement dépendante des normes socioculturelles et de leur évolution. Les actes de déviance féminine se présentent souvent comme une forme de réaction sociale à des règles imposées-intériorisées. Surtout, la manière dont on les juge et dont on les punit est liée au regard porté sur la jeune fille et à ce que doivent être ses mœurs, tout particulièrement. La réprobation sociale se montre toujours déséquilibrée et sexuée, en défaveur des filles. Les procédés d’éducation dans les établissements réservés aux mineures déviantes et délinquantes sont eux aussi un bon indicateur d’un idéal de la femme – dont la jeune fille déviante est le plus souvent le contre-modèle –, mais aussi de la façon dont les archétypes se transmettent : on a affaire ici à la domestication, par l’apprentissage, des rôles féminins. Le traitement différencié selon l’appartenance sexuée, dans le processus judiciaire puis éducatif, est flagrant, les statistiques sont les premières à le montrer : la vulnérabilité pénale est incontestablement plus grande pour les filles que pour les garçons. C’est que la jeune fille déviante ou délinquante combine deux facteurs qui sont aussi deux valeurs : l’âge et le genre, la jeunesse et la féminité. En tant que jeune, elle est porteuse des espoirs et des anxiétés de la société face à son avenir ; en tant que femme, elle est examinée selon son devenir-mère, statut dominant qui lui est encore et toujours assigné.

[1] Françoise Héritier, Masculin / Féminin. La pensée de la différence, Paris, Odile Jacob, 1996, p. 10-12.

[2] Maurice Godelier, Avant-propos à Catherine Vidal et Dorothée Benoit-Browaeys, Cerveau, sexe et pouvoir, Paris, Belin, p. 8-9. Cf. à ce propos le numéro de Clio. Femmes, genre, histoire, n° 37, 2013, et notamment l’éditorial de Nicole Edelman.

[3] Cf. à ce sujet Régis Revenin, Une histoire des garçons et des filles. Amour, genre et sexualité dans la France d’après-guerre, Paris, Vendémiaire, 2015.

[4] Cf. Véronique Blanchard, « Les filles “perdues” sont-elles amendables ? », Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », n° 10, 2008 ; Véronique Blanchard et Régis Revenin, « Justice des mineurs, travail social et sexualité juvénile dans le Paris des années 1950 : une prise en charge genrée », Les Cahiers de Framespa. Nouveaux champs de l’histoire sociale, n°7, 2011. Sur d’autres contextes nationaux : Mary Odem, Delinquent Daughters : Protecting and Policing Female Sexuality in the United States, 1885-1920, Chapel Hill, University of North Carolina Presse, 1995 ; Pamela Cox, Justice and Welfare: Bad Girls in Britain, 1900-1950, Palgrave, Mac-Millan, 2003 ; Meda Chesney-Lind, Randall Shelden, Girls, Delinquency and Juvenile Justice, Wadswort, Belmont, 2004.

[5] Andrée Algan, La Délinquance des filles. Évolution et situation actuelle en 1966, Données statistiques, Vaucresson, Centre de formation et de recherche de l’Éducation surveillée (CFRES), 1968, p. 3.

[6] Henriette Girault, Étude des statistiques judiciaires mineures protégées et délinquantes, Vaucresson, CFRES, 1974, p. 4.

[7] Les prénoms ont été modifiés. Tribunal de la Seine, n°40 090, Examen neuro-psychiatrique, Centre d’orientation éducative, 18 décembre 1959, Archives de Paris (A. Pa.), 1418W380.

[8] Idem, n°90 236, Procès-verbal, 12 octobre 1959, A. Pa., 1418W390.

[9] Idem.

[10] Didier-Jacques Duché, « La délinquance des filles mineures », La Revue de médecine, n° 15, octobre 1963, p. 730.

[11] Monique Néry, Synthèse de l’ensemble des informations contenues dans les différentes recherches conduites à Vaucresson (Filles), Vaucresson, CFRES, 1974, p. 21.

[12] Leonor Revoredo Florian, Étude de 100 dossiers de filles mineures délinquantes, Paris, Mémoire de la Faculté de Médecine de Paris, 1962, p. 31.

[13] Tribunal de la Seine, n°26 907, Rapport d’observation de Chevilly, 16 août 1960, A. Pa., 1418W45.

[14] Idem, n°159 715, Enquête sociale, octobre 1956, A. Pa., 1418W33.

[15] Idem, n°163 615, Rapport du commissaire divisionnaire, 28 décembre 1956, A. Pa., 1418W36.

[16] Idem, n°144 244, Rapport d’observation de Chevilly, 21 janvier 1954, A. Pa., 1418W25.

[17] Idem, n°145 028, Docteur Le Moal, Rapport du centre d’observation de Chevilly, 18 février 1954, A. Pa., 1418W25.

[18] Idem, n°144 905, Rapport du commissariat de police du quartier de la Villette, 16 décembre 1953, A. Pa., 1418W25. Sur le racisme à l’œuvre dans les rapports de sexe et de genre, cf. Régis Revenin, Une histoire des garçons et des filles…, op. cit., p. 124-126.

[19] Monique Néry, Synthèse…, op. cit., p. 54.

[20] Tribunal de la Seine, n°145 028, Rapport du centre d’observation de Chevilly, 18 février 1954, A. Pa., 1418W25.

[21] Idem, n°165 171, Rapport d’observation de Chevilly, 3 mai 1957, A. Pa., 1418W36.

[22] Andrée Algan, Enquête sur les filles délinquantes ou inadaptées qui ont fait l’objet d’une décision judiciaire, Vaucresson, CFRES, 1966, p. 10.

[23] Jacqueline Albert-Lambert, « Propos sur la Rééducation des Jeunes Prostituées », Rééducation, n° 15, mai-juin 1949, p. 18.

[24] Jean Maurice, « À 17 ans, ouvrière modèle dans la journée, elle devient Kathy la débauchée le soir », France Soir, 16 novembre 1966.

[25] Georges Heuyer, Les Troubles mentaux. Étude criminologique (Paris : PUF, 1968).

[26] Monique Néry, Synthèse…, op. cit., p. 31.

[27] Monique Néry, Synthèse…, op. cit., p. 39.

[28] Otto Pollack, The Criminality of Women, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1950.

[29] Monique Néry, Synthèse…, op. cit., p. 29.

[30] Andrée Algan, La Délinquance et la rééducation des filles, Vaucresson, CFRES, 1965, p. 45.

[31] Didier-Jacques Duché, « La délinquance des filles mineures », art. cité, p. 732.

[32] Monique Néry, Synthèse…, op. cit., p. 9.

[33] Tribunal de la Seine, n°144 102, Rapport du juge de paix de Saint-Hilaire-du-Harcouët, 15 décembre 1953, A. Pa., 1418W25.

[34] Idem, n°70 074, Fiche de renseignements du commissariat de police de Saint-Denis, 2 novembre 1959, A. Pa., 1418W380.

[35] Idem, n°28 946, Rapport de gendarmerie de Beaumont-Hague, 8 mars 1957, A. Pa., 1418W284.

[36] Idem, n°40 023, Enquête sociale, décembre 1959, A. Pa., 1418W390.

[37] Idem, n°90 133, Enquête sociale, octobre 1959, A. Pa., 1418W380.

[38] Dominique Riehl, « Psychologie de l’adolescente à sa sortie de l’Institution publique d’Éducation surveillée », Sauvegarde de l’enfance, n° 3-4, 1950, p. 171.

[39] Jean-Louis Malaviale, « L’observation et la rééducation des filles délinquantes en France », Les Cahiers de l’enfance inadaptée,  4, janvier 1964, p. 22.

[40] Leonor Revoredo Florian, Étude de 100 dossiers de filles mineures délinquantes, op. cit., p. 19.

[41] Andrée Algan, Enquête sur les filles délinquantes… , op. cit., p. 8.

[42] Ibid., p. 16.

[43] Dominique Riehl, « Psychologie de l’adolescente à sa sortie de l’Institution publique d’Éducation surveillée », art. cité, p. 170.

[44] Henriette Girault, Étude des statistiques judiciaires mineures protégées et délinquantes, op. cit., p. 9.

[45] Béatrice Koeppel, Marguerite B. Une jeune fille en maison de correction, Paris, Hachette, 1987.

[46] Cf. Françoise Tétard et Claire Dumas, Filles de justice. Du Bon-Pasteur à l’Education surveillée (XIXe-XXe siècle), Beauchesnes-ENPJJ, 2009.

[47] Marina Gorboff, « Une expérience de “rééducation” », France Observateur, 24 novembre 1960.

[48] Sœur Dublanc, « Rôle préventif et curatif de l’isolement en centre d’observation pour adolescentes inadaptées », Revue de neuropsychiatrie infantile et d’hygiène mentale de l’enfance, janvier-février 1969, p. 36.

[49] Tribunal de la Seine, n°26 907, Lettres de Madeleine B… au juge Sedou, 5 juin et 10 juin 1960, A. Pa., 1418W45.

[50] Idem, n°79 846, Lettre de Christine à sa mère, 21 mars 1956, A. Pa., 1418W33.

[51] Janine Noël, Françoise Bouchard, Anna Wolf et Michel Soulé, « Les adolescentes très difficiles », La Psychiatrie de l’enfant, VIII-2, 1965, p. 306.

[52] Monique Néry, Contribution à l’analyse des besoins concernant l’équipement destiné aux filles inadaptées, Vaucresson, CFRS, 1970, p. 10.

[53] Jean-Louis Malaviale, « L’observation et la rééducation des filles délinquantes en France », art. cité, p. 24.

[54] Paul Lutz, « Réforme de la Maison d’Éducation surveillée de Cadillac », Les Problèmes de l’enfance délinquante, Le Méridien, Paris, Éditions familiales de France, 1946, p. 127.

[55] Andrée Algan, « Étude d’un groupe d’adolescentes délinquantes et inadaptées du département de la Meuse (1969-1970) », Annales de Vaucresson,  11, 1973, p. 66.

[56] Sœur Rita Gretener, « La rééducation des jeunes filles dissociales », Sauvegarde de l’enfance,  10, 1947, p. 33.

[57] Andrée Algan, Enquête sur les filles délinquantes…, op. cit., p. 11.

[58] Janine Noël, Françoise Bouchard, Anna Wolf et Michel Soulé, « Les adolescentes très difficiles », art. cité, p. 336.

[59] Idem.