Pour ce seizième numéro et le premier de l’année 2022, Circé a eu le plaisir de s’entretenir avec une archéologue, Anne Lehoërff – une première pour notre revue très attachée à l’histoire écrite malgré sa volonté constante de s’ouvrir à l’ensemble des sciences sociales. Cette spécialiste en archéométallurgie se présente d’ailleurs avant tout comme une historienne, fidèle à la définition généreuse et englobante de l’histoire qu’elle développe dans nos pages. À son image, de nombreux auteurs de ce présent numéro ne craignent pas de franchir les barrières disciplinaires. C’est le cas Maxime Bray dont l’article allie presque naturellement histoire de l’art, histoire et droit, ou encore de Marie Davidoux qui voit dans la littérature un moyen d’aborder des problématiques historiographiques. Un signe encourageant à l’heure où l’interdisciplinarité est sur toutes les lèvres !
Anne Lehoërff nous dit encore que, pour mettre en œuvre l’ambitieuse science de l’homme qu’elle appelle de ses vœux, « [t]out doit être mobilisé, toutes les sources, tous les possibles. ». Ces mots définissent à merveille les différentes varia que ce numéro rassemble. Trois articles explorent ainsi des corpus pas ou peu connus afin de reprendre, à nouveaux frais, des questionnements plus traditionnels. Christine Petrazoller aborde le sujet très classique de la stasis grecque, en s’appuyant sur le corpus épigraphique de l’époque hellénistique, largement délaissée au profit de l’époque suivante, et en offre une synthèse utile. Si la notion d’authenticité en art fait déjà l’objet d’une dense historiographie pour l’époque moderne, Maxime Bray étend la chronologie établie en mettant en lumière un unicum : un rapport d’expertise daté de la fin du XVIIe siècle. Enfin, Marie Davidoux revient sur le si structurant développement de l’historiographie française au XIXe siècle en étudiant plusieurs romans, plus ou moins célèbres, qui mettent en scène la révolution de 1848.
Mais les jeunes chercheurs qui publient dans ce numéro ne renoncent pas pour autant à s’attaquer à des corpus bien plus établis. Nous pensons à Fantine Beauvieu qui se penche sur les films d’animation de Walt Disney, sans doute l’un des produits culturels à destination des enfants les plus populaires au monde, par le prisme inattendu du travail et de la crise de 2008. De son côté, Marie-Elisabeth Jacquet renouvelle l’étude des archives de la Bastille, exploitées par nuls autres qu’Arlette Fage et Michel Foucault, à la lumière du « tournant archivistique ».
(Re)découvertes documentaires, audaces de questionnements et des méthodes caractérisent bien ce numéro et, plus largement, une jeune recherche qui travaille avec énergie à enrichir le champ des savoirs du passé, et dont Circé se veut l’écho. Nous adressons donc tous nos remerciements aux contributeurs de ce beau programme, en particulier les auteurs et autrices de cette livraison, ainsi que les chercheurs qui ont pris le temps de relire leur travail. Enfin, afin de poursuivre sur cette ambitieuse lancée, nous publions un appel régulier à communication à destination de toutes celles et ceux qui souhaiteraient partager leurs résultats de mémoire de Master et de thèse et étoffer, peut-être bientôt, nos pages !
Le comité de rédaction de Circé. Histoire, Savoirs, Sociétés