Sabrina Fevrier
Résumé
Le pontificat de Benoît XIII marque le début de la dispersion de la bibliothèque pontificale avignonnaise, connue pour être l’une des plus riches du XIVe siècle. Son étude se révèle particulièrement intéressante de par les nombreux catalogues et inventaires qui lui sont rattachés et qui permettent notamment de suivre la dispersion des manuscrits dans le temps et l’espace. Cet article fait état de cette dispersion et présente des pistes de recherche basées sur l’étude de ces documents.
Sabrina Février. Diplômée d’un master en Histoire culturelle et sociale à l’université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Mes recherches ont porté sur « les manuscrits latins de la bibliothèque de Benoît XIII conservés à la Bibliothèque nationale de France », en 2009 et sur « la sculpture avignonnaise aux XIVe et XVe siècles », en 2010, sous la direction d’Étienne Anheim et de Bruno Laurioux (non publié).
sabrinaofevrier@gmail.com
La ville d’Avignon n’était vue à l’origine que comme un simple lieu de repli pour les papes qui souhaitaient fuir les conflits rencontrés à Rome. Elle deviendra pourtant la résidence officielle de la papauté, et ce pendant près d’un siècle [1]. Si ses prédécesseurs n’avaient jamais abandonné tout espoir de regagner Rome, Benoît XII (1285-1342) renonce très vite à cette idée. En 1335, il fait l’acquisition du palais de la colline des Doms, le fait démolir et rebâtir par des architectes et artistes appelés spécialement pour cela. L’un des premiers travaux engagé fut la construction par Pierre Poisson, sur la façade orientale, d’une tour connue sous diverses appellations : tour du Pape, du Trésor, de Plomb ou encore des Anges. Terminée en 1338, elle abritait au rez-de-chaussée la grande trésorerie, au-dessus la chambre du camérier, au niveau supérieur, la chambre du pape et enfin, tout en haut, reliée directement aux appartements du pape, la petite trésorerie, dans laquelle devait être aménagée la bibliothèque. Entre 1342 et 1343, l’architecte de Clément VI entama la construction d’une seconde tour, dite tour de la garde-robe. Au troisième étage de cette dernière se trouvaient la chambre du pontife et une pièce adjacente, appelée Chambre du Cerf ou du Cerf volant, parfois aussi studium, qui abrita très tôt des livres. C’est ainsi que débute l’histoire d’une bibliothèque considérée comme étant l’une des plus riches de l’Europe du XIVe siècle [2] ainsi que le commencement de l’histoire des manuscrits latins de la bibliothèque de Benoît XIII, dont une partie est aujourd’hui conservée à la Bibliothèque nationale de France et dont je me propose ici de retracer dans ses grandes lignes le parcours. Dans un premier temps, nous proposons une synthèse des travaux consacrés à l’histoire de la bibliothèque avant d’explorer quelques pistes de recherche basées sur l’étude des catalogues et autres inventaires dont ces manuscrits ont fait l’objet.
I- Cinq siècles de dispersion
Les manuscrits latins ayant appartenu à Benoît XIII conservés à la Bibliothèque nationale de France sont l’aboutissement d’un long phénomène de dispersion. Ce phénomène n’a cependant rien de rare ni même d’exceptionnel. Le livre manuscrit, comme tout objet mobilier, a toujours voyagé selon son contenu, ses dimensions et selon les époques. Cependant, on trouve autour de ces derniers pas moins d’une vingtaine d’inventaires et de catalogues s’y rapportant ainsi qu’un certain nombre de documents et autres courriers qui nous permette d’en retracer le parcours dans l’espace et dans le temps [3]. Nous allons donc maintenant revenir sur les principaux acteurs et évènements qui ont marqué l’histoire de ces manuscrits.
Le pontificat de Benoît XIII
Un homme est incontestablement lié à ces manuscrits et à leur dispersion. Il s’agit du cardinal Pedro de Luna qui fut pape de 1394 à 1423 sous le nom de Benoît XIII.
Pedro de Luna est né au sein de la plus influente famille de l’aristocratie d’Aragon en 1328-1329. Ce docteur en droit canon de l’Université de Montpellier et prévôt de la cathédrale de Valence sera nommé cardinal par Grégoire XI (1370-1378) en 1375. Électeur de Clément VII en 1378, pape d’Avignon dont il devient le plus fervent défenseur à l’époque du Grand schisme, il sera choisi comme son successeur sous le nom de Benoît XIII en 1394. Puisqu’il était âgé de 66 ans, nul ne pouvait prévoir son long pontificat qui se prolonge jusqu’en 1423. Au cours de ces trois décennies mouvementées, le pape d’Avignon s’accroche à son siège face aux prétentions des Urbanistes et Conciliaristes [4].
Des témoignages attestent de l’activité culturelle et du goût pour les livres de ce personnage, et ce, dès avant son intronisation [5]. La donation de 196 volumes à la bibliothèque du Palais, peu après son élection, laisse montrer qu’il disposait déjà une incroyable bibliothèque. Au lendemain de son avènement, il met en œuvre une série d’entreprises destinées à améliorer le fonctionnement ainsi que l’organisation de la bibliothèque. Il commence par faire dresser une liste des 1308 ouvrages se trouvant au palais, corrige lui-même l’ancien catalogue rédigé en 1375 (on trouve des annotations de la main du pape sur les deux feuillets qui subsistent de ce catalogue [6]) par Grégoire XI [7], sans tenir compte de l’inventaire d’Urbain V concernant les autres dépôts [8]. Enfin, il fait inventorier les 174 livres entrés depuis.
Vint ensuite la Nova Ordinatio de 1407 qui consista en une réorganisation de la bibliothèque et dont le catalogue expose les principes devant être suivis pour la rédaction d’un catalogue [9]. Il ne s’agit ici que des ouvrages présents dans la libraria major de la bibliothèque avignonnaise. La bibliothèque pontificale était en effet scindée en deux parties : d’un côté on trouvait la libraria magna qui était une bibliothèque d’étude et de l’autre un studium qui était une bibliothèque personnelle à l’usage du pontife.
Cette bibliothèque personnelle apparaît dans la documentation sous l’appellation de studium novum et Ehrle nous indique qu’en 1364, elle était située à côté de la chambre du camérier et qu’elle connut une série de travaux entre 1370 et 1371 [10]. Son contenu est partiellement connu grâce à deux listes, celle de la chambre du Cerf Volant (CV) et celle du studium du pape (Stu) [11]. Ces deux documents sont complémentaires et contemporains dans leur rédaction (entre 1405 et 1407). Une quarantaine d’ouvrages qui y sont présentés prirent place dans la bibliothèque de voyage du pape tandis que le reste alla rejoindre la grande librairie de la tour après 1407.
Les conflits suscités par le schisme et la soustraction d’obédience obligèrent le pape à quitter Avignon. Assiégé en 1398 puis gardé à vue dans le palais, il finit par s’enfuir le 11 mars 1403 pour s’installer à Saint-Victor de Marseille. Très vite, il fait venir ses livres, en plusieurs transports [12]. Cette bibliothèque portative, destinée à le suivre dans ses déplacements, reflète les goûts et les besoins du pontife. Son contenu ne cessa pas d’évoluer comme en témoignent les deux catalogues qui lui sont rattachés (Bup A et Bup B) [13]. De 392 articles en 1405, on passe à 579 en 1410. Très peu d’ouvrages proviennent de la grande librairie du palais, preuve qu’il s’agit bien là d’une bibliothèque à usage personnel ou restreint.
Suite à la fuite du pape, des instructions furent données afin de procéder à l’envoi des livres de la grande bibliothèque du palais à Barcelone avant d’être acheminé jusqu’au château de Peñiscola [14]. Deux listes relatives à ce déménagement ont été conservées : Bot [15] et Bal [16] qui se trouvent aujourd’hui aux Archives du Vatican. La première contient un bon nombre de manuscrits provenant de la bibliothèque portative tandis que la seconde comprend des livres provenant du studium et d’autres ouvrages d’origine inconnue. La grande librairie a dû faire l’objet d’autres transports sans que les renseignements ne nous soient parvenus. Un premier inventaire de la bibliothèque de Peñiscola fut établi (Pa) [17]. Il se compose de 256 feuillets de papiers et rend compte du catalogue des ouvrages présents dans la bibliothèque ainsi que sur les derniers feuillets d’une liste de livres à acheter pour le pape. Sa rédaction tient compte des principes de mise en page et de classement énoncés en 1407 et l’on retrouve également des similitudes quant à la technique de rédaction entre cet inventaire et les catalogues de Grégoire XI (Gr) et d’Avignon (Aa). Un grand soin est également apporté aux détails. La date de rédaction n’est pas clairement indiquée mais certaines indications laissent supposer qu’elle se situe entre 1413 et 1415 [18]. Au total, on y trouve inventorié 1090 articles dont moins de la moitié provient de la grande librairie d’Avignon (tous catalogues confondus, Ur, Gr, Aa).
La bibliothèque du collège de Foix.
Au lendemain de la mort du pape, la dispersion se renforce. Quand, en 1429, Pierre de Foix, légat de Martin V (1417-1431), prend possession de la presqu’île, ses officiers n’inventorient plus que 561 volumes sur les 2300 gardés naguère dans la ville du Rhône : il les rapatrie au palais pontifical d’Avignon ou les cède au collège qu’il fonde en 1457 à Toulouse. Les autres livres avaient servi à Benoît XIII et à son successeur Clément VIII (1423-1428) pour renflouer les finances pontificales défaillantes ou avaient été donnés à titre de bénéfice à certains clercs [19].
Le document le plus intéressant reste sans conteste l’inventaire après décès de Benoît XIII qui fut établi en 1423 [20]. Il met en évidence une bipartition identique à celle que l’on avait pu voir à Avignon ; la libraria et le studium recensent à peu près 2000 volumes. D’autres informations capitales nous sont livrées avec cet inventaire : le notaire a rédigé en face de chaque article, dans la marge, le sort fait aux volumes, le nom du nouveau propriétaire, bénéficiaire ou acquéreur, éventuellement le prix payé ou encore la mention de son envoi à Valence ou à Barcelone pour y être mis en vente. On compte une centaine de bénéficiaires (les cardinaux restés fidèles au pape, le neveu de ce dernier, des membres du personnel du palais…). Environ 250 livres furent vendus.
Il nous reste à voir ce que devinrent les livres de Benoît XIII après sa mort. Deux cardinaux qui lui étaient restés attachés voulurent lui nommer un successeur ; ils choisirent Gilles de Muños, qui, après quelques hésitations, consentit à se laisser proclamer pape et prit le nom de Clément VIII (1424). Il conserva son titre jusqu’en 1429. Alors, pour mettre fin au schisme qui divisait la catholicité, il renonça à son titre. L’honneur d’avoir obtenu la renonciation revient en grande partie au cardinal de Foix, que le pape avait envoyé en Espagne depuis plusieurs années.
En recevant la soumission de l’antipape, le cardinal-légat se fit remettre les ornements et les livres de Benoît XIII. Malgré des pertes considérables, c’était encore un trésor d’une inestimable valeur. On en dressa un inventaire (25 août 1429). Le cardinal de Foix réintégra dans les archives du Saint-siège les documents qui en faisaient partie ; mais il put conserver les livres.
Il apporta le plus grand soin à recueillir les débris de la bibliothèque de Benoît XIII en rachetant des ouvrages de la bibliothèque pontificale qui avaient été donnés ou vendus après sa mort. Sa passion pour les livres était déjà ancienne. En 1406, il se faisait retranscrire, à Toulouse, par son serviteur Pierre du Perrier, un Valère-Maxime, avec les commentaires de frère Denis, et en 1410 on lui copiait, chez les cordeliers de Morlaas, un ouvrage de Pétrarque [21]. Lors de la soumission de Clément VIII, il ne se contenta pas des livres trouvés dans la bibliothèque du château de Peñiscola ; il réclama les volumes qui en avaient été distraient. Ainsi l’évêque de Gironne restitua un manuscrit de saint Denis l’Aréopagite, qui était resté dans ses mains depuis le moment où il avait abandonné Benoît XIII [22].
Aux volumes qu’il avait rapportés de Peñiscola (moins de 20 % de l’ensemble de la bibliothèque d’après l’inventaire après-décès) et à ceux qu’il avait reçus en présent de différentes personnes, le cardinal de Foix joignit les livres qu’il acheta ou qu’il fit copier à ses frais. Le cardinal avait pour objectif la fondation d’un collège dans l’université de Toulouse. Dès que ce projet eut été mis à exécution, c’est-à-dire en 1457, la bibliothèque du cardinal ne fut plus, à proprement parler, que la bibliothèque du collège. Delisle nous rapporte les paroles du fondateur :
Nous avons, dit-il, apporté tous nos soins à acquérir des livres pour former la bibliothèque du collège. Les affaires qui ont absorbé notre vie et les dettes que nous avons dû contracter nous ont empêchés de la rendre aussi complète que nous le voulions. Cependant nous y avons travaillé autant que nos ressources nous l’ont permis, et personne n’ignore la peine que nous avons prise à recueillir des livres. Pour en assurer la conservation, nous ordonnons de placer dans la bibliothèque que nous avons construite tous les livres que nous y ferons porter et tous ceux que l’on trouverait en notre possession si nous venions à mourir avant de les y avoir fait porter. Les livres seront rangés suivant l’ordre des matières sur des pupitres ; ils seront fixés à leur place par des chaînes. Chaque pupitre sera muni d’un écriteau qui indiquera les livres rangés sur le pupitre. On conservera dans les archives de la maison un catalogue des livres écrits sur parchemin. Le recteur et chacun des collégiats auront une clef de la bibliothèque. Chaque collégiat, en recevant sa clef, jurera sur les saints évangiles de fidèlement garder les livres, de ne pas les emporter hors de la bibliothèque et de s’opposer à tous les détournements qui pourraient être faits ou simplement projetés. Quiconque n’observera pas ces prescriptions sera traité comme un voleur. Toutefois les collégiats, autorisés par le recteur et les autres membres de la maison, pourront, moyennant caution, emprunter les volumes qu’ils auront besoin de lire ou de faire copier. Ceux qui s’absenteront remettront leur clef au recteur avant leur départ. A leur retour, ils la reprendront, mais non sans avoir renouvelé leur serment [23].
La bibliothèque du collège de Foix dut se maintenir dans sa première splendeur jusqu’au milieu du XVIe siècle et peut-être même jusqu’au commencement du XVIIe. Mais elle entra en pleine décadence sous le règne de Louis XIII. Henri de Sponde [24] impute ce malheur à l’incurie des administrateurs du collège : Aujourd’hui, écrivait-il en 1641, on n’y voit plus guère que de très beaux restes d’un très riche trésor [25].
De la bibliothèque de Colbert à la Bibliothèque nationale de France.
La Colbertine était, à cette époque, une bibliothèque ayant « un rang très considérable parmi les plus fameuses d’Europe » [26]. Cet établissement connut un prodigieux essor, notamment sous l’impulsion d’Étienne Baluze, qui en assuma la responsabilité à partir de 1669 [27].
C’est particulièrement dans le domaine de l’acquisition des manuscrits anciens que la Colbertine connaît une orientation nouvelle et où le rôle de Baluze apparaît comme capital. Il alerte sans cesse le ministre sur le prestige à tirer d’une telle politique : J’ay déjà eu l’honneur d’escrire à Monseigneur que ce n’estoit pas la multitude des livres imprimez qui rendoit une bibliothèque célèbre, mais bien les anciens manuscrits dont les personnes savantes font mention dans les livres qu’elles font imprimer [28]. Parmi les voies choisies pour atteindre cet objectif, on trouve bien entendu les achats chez les libraires et les ventes de collections de particuliers, les dons et les legs, mais aussi, et c’est cette forme qui nous intéresse particulièrement, la recherche intensive au cœur des institutions religieuses qui furent jadis des centres de culture florissants, et où l’on trouve des manuscrits laissés à l’abandon dans des bibliothèques négligées par les religieux ou encore mises à mal par les érudits qui les fréquentent.
Colbert n’hésite pas à utiliser les pouvoirs qu’il possède sur les fonctionnaires royaux. Le 29 novembre 1672, une lettre circulaire adressée aux intendants des provinces les invite à s’informer au cours de leurs visites pour savoir si l’on peut trouver dans les monastères et les abbayes considérables des provinces d’anciens manuscrits qui peuvent estre de considération et qui sont souvent abandonnés dans la poussière et l’ordure des chartriers par l’ignorance […] des religieux » et, dans ce cas « d’en traiter […] aux meilleures conditions qu’il se pourra [29].
C’est dans le Midi que les recherches se révèlent les plus fructueuses. C’est ainsi qu’en 1680, Henri d’Aguesseau, intendant de Guyenne, secondé par Philippe de Boudon, trésorier de France dans la généralité de Montpellier, constata le misérable état de la bibliothèque du collège de Foix. Il remarqua que les volumes n’étaient pas rangés à leur place, qu’en dépit des chaînes qui devaient les garantir contre le vol, un bon nombre d’entre eux avaient disparu. L’intendant profita de sa visite au collège de Foix pour décider les collégiats à offrir 22 manuscrits à Colbert. Boudon, trésorier de France à Montpellier, pensa qu’il y avait mieux à faire : il détermina le prieur et les collégiats à céder tous leurs manuscrits moyennant quarante sous pièce, l’un portant l’autre [30]. Pour obtenir le consentement des collégiats, l’intendant mit en avant le désir manifesté par le roi d’avoir les vieux manuscripts qu’il avoient dans leur bibliothèque, en les payant raisonnablement [31]. D’Aguesseau, contre une somme de 582 livres payée comptant, se fit donc remettre 291 manuscrits en vieille lettre gothique, tous en mauvais estat, la plupart imparfaits, dont Boudon fit remplir 12 tonneaux et qui arrivèrent à Paris le 7 octobre 1680 [32].
Les conditions d’une pareille vente firent dire à l’annaliste de Toulouse quelques années après, qu’une personne puissante avoit fait enlever par des ordres supérieurs tout ce qui restoit de manuscrits au collège de Foix [33]. Toutefois il convient de faire observer que d’Aguesseau ne paraît pas avoir reçu d’ordre de Paris, et qu’il faut lui attribuer, à lui ou à Boudon, l’idée première de faire intervenir le nom de Louis XIV.
D’après les états dressés par Baluze, le nombre des manuscrits que Colbert reçut du collège de Foix s’élève à environ 320 volumes [34]. Trois années plus tard, le 16 février 1683, 35 manuscrits de Puget, de même origine, passaient de la même façon chez Colbert [35].
À la mort de Colbert, la bibliothèque échut à son fils aîné, Jean-Baptiste, marquis de Seignelay. Dès 1726, les autorités furent averties que le comte songeait à vendre la prestigieuse bibliothèque qu’il avait reçu en héritage. Cependant, les savants s’inquiétaient grandement d’une éventuelle dispersion des manuscrits de la Colbertine. De longues négociations entre Seignelay et les représentants de la Bibliothèque du Roi, en vue de l’acquisition de l’intégralité de la collection, donnèrent lieu à une bataille d’experts concernant le prix d’acquisition. En février 1732, Seignelay décida finalement de s’en remettre au roi qui fixa la somme à 350 000 livres. Les volumes furent transportés les 11 et 12 septembre à la Bibliothèque royale [36].
Comme nous avons pu le voir, nos manuscrits ont connu un long phénomène de dispersion. Il est possible de retracer ce parcours grâce aux catalogues et inventaires qui nous sont parvenus. Ce travail a déjà été engagé brillamment par plusieurs historiens, tels que Ehrle, Delisle ou encore Marie-Henriette de Pommerol et Jacques Monfrin dont les recherches sont précieuses pour tous travaux se rapportant à la bibliothèque pontificale avignonnaise. Ces derniers ont, à ce jour, identifié à la Bibliothèque nationale de France 165 manuscrits provenant de la bibliothèque de Benoît XIII dont 114 ont appartenu au cardinal de Foix. Cependant, la liste de Baluze fait état de 320 volumes provenant de la bibliothèque du cardinal. Nous avons donc 155 volumes dont on peut supposer qu’ils se trouvent à la Bibliothèque nationale de France sans pour autant avoir été identifiés comme provenant de la bibliothèque du cardinal de Foix et donc peut-être de la bibliothèque pontificale.
II- Pistes de recherche autour des catalogues et inventaires
Ayant à notre disposition 165 manuscrits déjà identifiés et dont les concordances entre les différents inventaires et catalogues ont été établi [37], il est possible de mettre en évidence les principales évolutions rencontrées dans la rédaction des notices et dans la composition générale des catalogues, en comparant, par exemple, le vocabulaire employé, les éléments utilisés pour décrire les manuscrits (support et/ou contenu), l’organisation générale (présence ou non d’un classement) etc. Il est également possible de voir quels éléments sont privilégiés selon les époques ou encore selon l’usage qu’il en était fait. En effet, le manuscrit n’est pas décrit de la même façon dans un catalogue qui a pour but le transport ou dans un autre dont l’usage est destiné au pontife. Nous allons donc ici aborder quelques pistes de recherche afin de montrer tout l’intérêt que présente l’étude de ce corpus pour l’histoire des bibliothèques.
Je débuterai par quelques pistes sur l’étude des catalogues et inventaires et ce que l’on peut en attendre. Nous disposons pour les bibliothèques d’Avignon et de Peñiscola d’une vingtaine d’inventaires et catalogues qui forment un ensemble complémentaire pour l’étude de notre corpus.
En voici la liste :
- Inventaire d’Urbain V (Ur), 1369
- Catalogue de Grégoire XI (Gr), 1375
- Inventaire des livres liturgiques, Avignon (Alit), 1397
- Premier catalogue d’Avignon (Aa), 1407
- Liste des livres de la Chambre du Cerf Volant (CV), 1405-1407
- Liste des livres du studium du pape (Stu), 1405-1407
- Catalogue de la bibliothèque portative (Bup), 1405-1408
- Liste de transport par balles (Bot), environ 1409
- Liste de transport par tonneaux (Bup), 1409
- Premier catalogue de Peñiscola (Pa), 1412-1415
- Fragment de catalogue de Peñiscola (Pd), après 1413
- Listes de livres à acheter pour Peñiscola (Px et Pz)
- Inventaire après décès de Benoît XIII, grande librairie (Pb), 1423
- Inventaire après décès de Benoît XIII, studium (Pc), 1423
- Inventaire des livres reçus par le cardinal de Foix (Fa), 1429
- Livres liturgiques présents à Peñiscola en 1429 (Falit)
- Inventaire après décès du cardinal de Foix (Fb), 1466
- Listes de livres du Collège de Foix remis à Colbert, 1680
- Listes de livres du Collège de Foix, puis de Puget, remis à Colbert, 1683
Je dresserai ici un rapide compte rendu des éléments qui me paraissent importants, en tentant de les exploiter sous plusieurs angles d’approche.
Le premier inventaire à nous être parvenu est celui du pape Urbain V qui, en 1369, pensant être rentré définitivement à Rome, demanda au cardinal Philippe Cabassole, recteur du comtat Venaissin et chargé de la garde du palais d’Avignon, de procéder à un inventaire général de tous les objets de valeurs pouvant s’y trouver. C’est ainsi que fut confectionné un inventarium factum de omnibus libris existentibus in Palacio. Le terme inventarium ou inventorium est propre au bas Moyen Âge. Son usage se généralise à partir des XIVe et XVe siècles et s’explique par le développement qu’ont pris alors les inventaires de biens meubles appartenant à des personnes morales et physiques. Il s’agit du premier inventaire qui nous est parvenu, et qui semble apparemment complet, des livres rangés dans diverses pièces du palais. On y trouve une description de 2059 volumes, avec le nom de l’auteur et le titre de l’ouvrage (celui du premier texte quand il s’agit de manuscrits composites), une brève description de la couverture (couleur, matière), et les mots repères du deuxième feuillet (ou du début de la deuxième colonne du premier feuillet) et de la fin de l’avant-dernier feuillet. Pour la notice n°66, qui correspond au manuscrit latin 1460, on peut lire : Item quidam magnus liber Augustini continens omnia concilia, et precipue IIIIor generalia, Nicenum, Constantinopolitanum, Effisina, Calsidoniense, coopertus corio viridi, qui incipit in secundo folio et primo corundello : dominus, et finit in ultimo corundello penultimi folii :sua [38].
La bibliothèque principale semble bien être celle de la grande pièce, qu’il faut identifier avec la Trésorerie haute de la tour du Trésor. Sequntur libri reperti in quadam camera prope capellam predictam [39] (Ur 54-982). Une partie des 930 livres qu’elle contient se retrouve par la suite dans les autres inventaires, contrairement aux volumes déposés dans les autres pièces. L’inventaire est divisé en 10 chapitres correspondant aux locaux dans lesquels sont entreposés les volumes [40]. Un commencement de classement méthodique a également été donné aux livres mais il est abandonné à partir du 367e volume [41]. C’est ainsi qu’une Bible en 12 volumes, par exemple, voit ses éléments dispersés (Ur 427, 489, 457, 610, 685, 651, 385, 808, 601, 458, 545, 597). Les volumes ont été rassemblés dans le catalogue de Grégoire XI (Gr 877-889). Sous Benoît XIII, ils sont reliés en 5 volumes (Pb 1 et Fa 1). Ils sont aujourd’hui à la Bibliothèque nationale de France mais de nouveau dispersés (lat. 61, 87, 91, 139, 255) [42].
En 1375, son successeur, le pape Grégoire XI, fit procéder à l’établissement d’un catalogue de la librairie. Il ne s’agit plus d’un inventaire matériel, correspondant aux nécessités d’un transport, comme c’était le cas du précédent, mais d’un catalogue intellectuel, devant aider le bibliothécaire et les lecteurs dans leurs recherches. Le travail fut confié à Pierre Ameilh de Brenac, un Limousin. Il ne subsiste du catalogue dressé cette année-là que 2 feuillets retrouvés dans un recueil factice [43] mais il en existe une copie, apparemment complète postérieure à 1394 [44].
Le catalogue détaille le contenu de chaque tabula, à l’intérieur desquelles chaque chapitre est intitulé du nom de l’auteur principal (Augustinus…) ou d’un nom de matière (De medicina, Juris civilis…). L’article donne d’abord la cote du volume, puis viennent le nom de l’auteur et le titre de l’œuvre, éventuellement la liste des auteurs et des titres. Il n’y a pas de description matérielle du volume, mais une énumération très précise du contenu. Prenons la notice n°89, qui correspond là encore au manuscrit latin 1460 : Item in volumine signato per LXXXVIIII consilia generalia sanctorum patrum synodalia, de quibus compositum est decretum ; item Augustinus contra Maximinum ad quendam comitem, de corpore Christi, super Matheum, item de incarnatione Verbi, contra Felicem Manicheum, annotatuum de quinque septenis, de elemosina, de dilectione, sententie septem sapientum, questiones super Genesi, cathegorica, dialectica, contra Cresconium gramaticum, item exposicio Hilarii Pictaviensis super Marchum [45]. On notera également l’abandon du système de mots repères.
Avec l’arrivée de Benoît XIII, toute une série de mesures concernant le catalogage de la bibliothèque va être prise. Après un premier inventaire dressé en 1397 et reprenant le catalogue de Grégoire XI ainsi que les livres hors inventaires, un nouveau catalogue fut rédigé, dans le même style que celui de 1375. Il est précédé d’un prologue qui présente la méthode suivie pour classer la bibliothèque et rédiger le catalogue lui-même. On le connaît sous le nom de nova ordinatio et il fut rédigé en 1407 [46]. Tout d’abord on trouve une description très précise de la pièce qui abritait la bibliothèque. L’auteur expose ensuite les principes de mise en page du catalogue. Un titre courant doit rappeler l’ordo, la domuncula, l’armoire. Plusieurs marges, à droite et à gauche du texte central, sont prévues, l’une pour la cote du volume, l’autre pour le nom de l’auteur. Une autre est réservée à des renvois, afin de résoudre le problème posé par des recueils contenant plusieurs textes d’auteurs différents. Comme ils ne peuvent physiquement se trouver qu’en un seul endroit, et qu’ils ne sont décrits que dans une seule notice, les volumes sont classés au chapitre concernant l’auteur le plus représentatif du recueil, et on place, aux chapitres consacrés aux autres auteurs présents dans le recueil, des renvois à la première notice descriptive, ce qui constitue une évolution remarquable. Le catalogue qui suit le prologue énumère 1585 volumes appartenant à la major libraria sacri palacii. Il est divisé en titres courants donnant la situation topographique des ouvrages (primi ordinis secunde domuncule primi armarii) comme il est indiqué dans le prologue. Chaque livre est précédé d’un nombre romain. L’énumération de contenu est très voisine de celle de Grégoire XI, peut-être plus longue et plus précise. Comme pour ce dernier, on y trouve aucune indication matérielle.
Les catalogues qui seront rédigés par la suite suivront les principes énoncés dans la nova ordinatio. Ainsi, on retrouve les renvois-matières préconisés dans le catalogue de 1407 dans le catalogue de la bibliothèque portative et cette volonté d’organisation méthodique qui se traduit par la division du catalogue en une trentaine de chapitres, aux titres explicites précédés chacun d’une lettre de l’alphabet.
Que pouvons-nous déjà déduire de ce bref aperçu ? Tout d’abord, on peut noter l’abandon de l’inventaire au profit du catalogue. Ce changement de type n’est pas anodin et traduit des volontés différentes. En effet, contrairement à ses successeurs, Urbain V avait fait établir un inventaire dans le but d’un déménagement à Rome. Grégoire XI et Benoît XIII abandonneront cette idée et le choix du catalogue s’en fait l’écho. La personnalité des papes peut également rentrer en compte. Grégoire XI et Benoît XIII étaient connus pour être deux grands érudits. D’où sûrement cette volonté de faciliter l’accessibilité aux manuscrits en ayant à disposition de bons outils de travail.
Prenons l’exemple du manuscrit latin 2155. En voici les différentes notices :
1363 : Inventaire des dépouilles d’Antoni de Colell, évêque de Majorque, n°80. Item unum parvum liberum vocatum Prosper, coopertus de pergameno albo, qui incipit in secundo fol. Ubi.
1369 : Inventaire d’Urbain V, n° 1390 Item parvus liber coopertus corio albo, intitulatus Prosperi, qui incipit in secundo folio ut, et finit in penultimo folio eadem.
1375 : Catalogue de Grégoire XI, n° 289. Item in volumine sine postibus signato XLIII monologion Anselmi, prosologion, de concordia, de conceptu virginali, de libero arbitrio, de casu diaboli, cur deus homo, de azimo, de Spiritu Sancto, de incipiente, de veritate, Prosperi, item Crisostomus de laudibus Pauli, item epistole Jeronimi ad Metriadem virginem, item logica et sententie Damasceni, item libri Cipriani de duodecim abusives, item ecclesiasticum dogma beati Augustini, item sermo de Ave Maria, item Boecius de unitate, de Trinitate ad Joannem diaconum, brevis fidei complexio de duabus naturis, de consolacione, item Ricardus de Trinitate.
1407 : Catalogue de Benoît XIII, n° 629 VIcXXIX. Item sentencie Prosperii. Omelie Johannis Grisostomi. De sancto Paulo. Regule seu maxime theologie. Regule communes naturalis philosophie et theologie. Omnes libri beati Anselmi. Diverse epistole beati Jeronimi. Lochita Johannis Damasseni. Liber Johannis Grisostomi de hoc quod nemo leditur nisi a semetipso. Liber Cipriani de XII abusives. Ecclesiasticum dogma. Sentencie Johannis Damasseni. Sermo super salutacione Virginis Marie. Libri Boecii de unitate et uno de Trinitate abreviati. Liber ejusdem ad sanctus Johannem diaconum ecclesie Romane. Ejusdem brevis fidei Christiane compleccio. Idem de persona et natura contra Euticen et Nestorium. Boecius de consolacione breviatus. Liber de Trinitate Hugonis de Sancto Victore.
Ces notices appuient ce que l’on a pu voir plus haut. Avec les catalogues, l’accent est mis sur la description du contenu, les manuscrits comprenant plusieurs textes, la tâche du lecteur est ainsi facilitée et l’ouvrage plus facilement identifiable.
Pour l’historien, les choses se révèlent plus difficiles pour établir les concordances entre les différents inventaires et catalogues. La concordance ci-dessus, établie par Jacques Monfrin fournit un exemple parfait des aléas de l’identification. Regardons de plus près. Une première différence apparaît entre les « incipit » des deux premiers inventaires : en 1363, on peut lire « qui incipit in secundo fol. Ubi. » alors que dans celui de 1369 on lit « qui incipit in secundo folio ut ». Seul le titre se retrouve dans toutes les notices, mais là encore, l’orthographe diffère : Prosper en 1363, Prosperi pour l’inventaire de 1369 et le catalogue de 1375, Prosperii pour celui de 1407. Comme on peut le constater dans les deux dernières notices, l’ouvrage dont il est question est un manuscrit composite, c’est-à-dire qu’il comprend plusieurs textes d’auteurs différents. Les similitudes sont suffisantes afin d’affirmer qu’il s’agit du même ouvrage : sentencie Damasceni/ sentencie Johannis Damasseni, sermo de Ave Maria / Sermo super salutacione Virginis Marie, item Boecius de unitate / Libri Boecii de unitate … Cependant, certaines notices manquent de précision soit par l’absence du nom de l’auteur, une erreur de formulation, un titre incomplet ou déformé, etc. ce qui rend l’identification compliquée voire impossible.
Étudions maintenant ces mêmes sources sous un jour différent. Numériquement parlant, le nombre d’articles varie d’un catalogue à l’autre quand bien même ils ne sont séparés que de quelques années dans leur rédaction. Que peuvent-ils donc nous révéler sur la circulation des manuscrits ?
Si l’on prend l’inventaire d’Urbain V, nous trouvons 2059 articles. En 1375, soit à peine 6 ans plus tard, Jacques Monfrin nous indique que le contenu a changé et que moins de la moitié sur les 1300 ouvrages inventoriés se retrouve dans l’inventaire de son prédécesseur, sans que l’on sache cependant l’origine des ouvrages nouvellement entrés. M.-H. Jullien de Pommerol émet alors trois hypothèses. Ces derniers pourraient provenir de la collection personnelle du pape, d’acquisitions effectuées à sa demande ou il pourrait encore s’agir d’un dépôt inconnu des rédacteurs de 1369, ou non recensé par manque de temps, et dans lequel le pape se serait servi pour compléter le fonds de la librairie, comme il a pu effectuer son choix dans la collection de ses prédécesseurs. Au vu du nombre d’ouvrages non identifiés, la dernière hypothèse me semble la plus probable. En effet, si l’on compare avec les informations dont nous disposons pour Benoît XIII, la collection dont ce dernier disposait avant d’être élu pape était de 196 ouvrages [47] et était considérée comme étant déjà très riche. Pour ce qui est des acquisitions, toujours sous le pontificat de Benoît XIII, ces dernières n’étaient pas numériquement importantes : la liste Px des livres à acheter pour le pape pour les années 1411-1415 comprend 12 articles et la liste Pz des livres achetés entre 1415 et 1417 n’en comprend que 7. Bien que n’excluant pas entièrement ces deux possibilités, je pense que la dernière semble la plus probable, et plus encore si l’on se réfère aux conditions dans lesquelles l’inventaire d’Urbain V a été rédigé.
Le catalogue de 1407 de Benoît XIII énumère 1585 volumes appartenant à la major libraria palacii. On n’y retrouve là aussi, qu’une faible moitié des volumes de la bibliothèque pontificale telle qu’elle nous est décrite sous Urbain V et Grégoire XI. Arrêtons-nous là quelques instants pour nous demander ce qu’ont pu devenir les ouvrages que l’on ne retrouve plus dans ces catalogues. Dans un article [48], Marie-Henriette Jullien de Pommerol nous informe sur les prêts de livres effectués à la bibliothèque pontificale. On n’y apprend que la Trésorerie Haute n’était ni ouverte aux prêts, ni au public et que ce dernier ne pouvait emprunter que dans la Trésorerie Basse. On peut alors peut-être émettre l’idée que certains manuscrits ont pu migrer selon les souhaits du souverain dans d’autres parties de la bibliothèque, ce dernier gardant à sa disposition un choix restreint de manuscrits. Deux listes nous sont également parvenues concernant des ouvrages prêtés à des membres de son entourage et provenant de la bibliothèque portative. La première, datée de 1409 compte 19 ouvrages [49] et la seconde, de l’année qui suit, en compte 68 [50]. Le bibliothécaire y a noté le nom de l’emprunteur ainsi que le titre ou l’auteur de l’ouvrage, mais n’a pas signalé de restitution. Cependant on retrouve ces livres dans les différents inventaires de Peñiscola.
Revenons-en au catalogue de 1407. La précision magna libraria donne à entendre qu’il existe un ou plusieurs autres dépôts ( cabinet de travail du pape, grande trésorerie, studium du camérier ). Ces pièces nous intéressent tout particulièrement. Benoît XIII disposait d’un cabinet de travail, situé dans la tour de la Garde-robe, dans la Chambre du Cerf, au même niveau que sa chambre et communiquant directement avec elle. Les ouvrages qui y étaient rangés étaient presque tous nouveaux, rarement empruntés à la grande librairie de la tour ou aux dépouilles. Le contenu de cette bibliothèque nous est connu grâce à deux listes qui sont malheureusement incomplètes. La première est intitulée Inventarium librorum qui solebant esse in camera Cervi volantis, nunc vero sunt in libraria turris [51]. Comme aucun des 71 livres ne se trouvent dans le catalogue de 1407, on peut admettre que cet état est postérieur à cette date. Les articles comprennent en général un titre simplifié, suivi de l’indication de la nature et de la couleur de la reliure, exceptionnellement de la matière utilisée pour la copie. La description de la reliure est introduite en principe par copertus, accordé le plus souvent à liber, qui est presque toujours sous-entendu, ou parfois avec le titre. Le plus souvent, il n’est pas fait allusion aux plats et seule la couleur de la couverture est indiquée. Une deuxième liste, mutilée du début et de la fin, comprend 85 livres [52]. Il y est fait allusion à un studium interior qui paraît bien être pris sur la chambre du Cerf. Ici, le rédacteur suit à peu près les mêmes habitudes de présentation. La matière n’est que rarement indiquée et seulement s’il s’agit de papier. Aucun livre ne se trouve à la fois dans l’une et l’autre liste, qui sont complémentaires et tout à fait contemporaines. Elles sont rédigées de façon brève toutes deux sur le même modèle, retenant seulement l’auteur, le titre et la couleur de la couverture. Elles représentent un inventaire partiel du cabinet de travail de Benoît XIII.
À ces listes fragmentaires peut encore s’ajouter une partie de celles concernant le transport de la bibliothèque pontificale. Datant des environs de 1409, l’une d’elles concerne 250 volumes, transportés en six balae ( il y en avait au moins 13 ) dont une grande partie provient de la chambre du Cerf et du studium [53]. Le reste ne se reconnaît nulle part ailleurs, et on aurait tendance à y voir des livres appartenant eux aussi au cabinet de travail du pape. Ajoutons que ce sont les mêmes principes de présentation qui régissent l’établissement de ces diverses listes.
À côté de cette bibliothèque de travail, appartenant à son cabinet privé, Benoît XIII, poussé par les circonstances, fit réunir un ensemble de livres destinés à le suivre au cours de ses déplacements (libri qui ubique portantur pro servicio domini nostri). On sait qu’après quatre ans et demi de réclusion forcée dans la forteresse du palais des Doms (1398-1403), le pape avait réussi à s’enfuir nuitamment, sous un déguisement, et à gagner les terres du comte de Provence. Il reconquit alors son obédience et la reconnaissance par les princes de sa légitimité. Mais jamais plus il ne voulut retourner à Avignon, se contentant d’y laisser tous les services administratifs. Lui-même se déplaçait continuellement entre la Provence et l’Italie puis en Languedoc et Roussillon, et finit par gagner la Catalogne et s’y fixer, dans une austère solitude, sur la presqu’île de Peñiscola [54]. C’est donc pour son usage personnel, tout au long de ses voyages, qu’il se fit envoyer des livres, à différentes reprises. Cette petite collection, continuant à s’accroître au fur et à mesure des besoins et des occasions, finit par rassembler 577 articles. Nous connaissons cette bibliothèque de voyage par un catalogue dont il existe deux états, séparés par un faible laps de temps (8 ans au maximum) [55]. Les deux listes sont soigneusement classées mais sommairement rédigées. Chaque article est introduit par item suivi du titre. Le contenu n’est que rarement détaillé. Ici, bien qu’il s’agisse d’un catalogue, le signalement extérieur de l’ouvrage prime. En effet, ils étaient constamment mis en caisse et sortis lors des déplacements. Ainsi on trouve une indication du type de support et une brève description de la reliure. De plus, ce catalogue, dans ses deux états, se veut instrument de gestion de la bibliothèque. On y trouve en effet des listes concernant plusieurs transports de livres, avec le contenu de caisses (il devait y avoir 34 au moins).
Le second état du catalogue comprend, en plus de ceux consacrés aux transports de caisses, quelques feuillets, reliés eux aussi à la suite du cahier principal. Certains portent des indications de nouvelles entrées dans la bibliothèque portative, soit par achat, soit par droit de dépouille ( celles de six personnages, tous originaires de la péninsule ibérique. Mais à partir de 1410, la bibliothèque cesse d’être itinérante et vient se fondre dans la grande librairie de la forteresse de Peñiscola.
Une partie des ouvrages de notre corpus ont fait partie de ces bibliothèques personnelles . Il nous est donc permis de supposer que ce dernier, bien que le hasard soit à prendre en ligne de compte dans sa constitution, reflète une partie des goûts littéraires et des besoins de ce pape. Peut-être pourrons-nous montrer qu’il existe en son sein une certaine unité ?
Passons maintenant à la seconde étape des pérégrinations de nos manuscrits. L’inventaire après-décès de Benoît XIII, mort en 1423, nous transmet l’état de la bibliothèque du château de Peniscola dix ans après son arrivée et la confection du premier catalogue. L’accroissement est impressionnant. Ce sont près de 2000 volumes que l’on trouve rassemblés non seulement dans la grande librairie, mais aussi dans le studium voisin. Ces deux documents, conservés à Barcelone, sont des inventaires matériels où figurent l’auteur, le titre, le support, la couleur de la couverture, enfin les mots-repères du début et de la fin du deuxième feuillet. Le rédacteur observe un certain classement méthodique, par auteurs et matières principales. L’inventaire du studium est dressé par une autre équipe qui retient l’incipit du texte et les mots-repères de la fin de la première page, mais ne donne aucun renseignement matériel, ni sur le support, ni sur la couleur de la couverture. Le classement méthodique regroupe les livres en 6 chapitres. Le document se termine par un lot d’une quarantaine de livres restitués par le cardinal de Saint-Laurent après la mort du pape.
Le successeur de Benoît XIII, Gil Sanchez Muñoz, pape à Peñiscola pendant 6 ans sous le nom de Clément VIII dut se résoudre à vendre une partie de la bibliothèque pour recouvrir certaines dettes accumulées par son prédécesseur [56]. C’est ainsi que les deux tiers de celle-ci disparurent. Le rédacteur de l’inventaire après-décès a inscrit dans la marge, en face de chaque article, le sort fait au volume et la personne à laquelle il avait été remis. On y trouve alors une centaine de bénéficiaires comme le roi Alfonse d’Aragon, de grands dignitaires ecclésiastiques ou encore un neveu du défunt, Rodrigue de Luna. Plus de 250 livres furent vendus et leur prix a été noté dans la marge de l’inventaire. On constate que cet inventaire après-décès est loin de recouvrir dans son intégralité le premier catalogue de Peñiscola : 250 articles sont manquants, empruntés, perdus ou volés.
En 1429, après l’abdication de Clément VIII, le cardinal Pierre de Foix vint prendre possession des quelques biens appartenant au Saint-siège et en remerciement de ses bons offices, il reçut le reliquat de la bibliothèque de Pedro de Luna, dont il fit dresser un inventaire. Il ne se contenta pas des livres trouvés dans la bibliothèque du château de Peñiscola ; il réclama les volumes qui en avaient été distraient. Ainsi l’évêque de Girone restitua un manuscrit de saint Denis l’Aréopagite, qui était resté dans ses mains depuis le moment où il avait abandonné Pierre de Luna. Quelquefois le cardinal a marqué les noms des personnes qui lui avaient donné des livres. C’est-ce qu’il a fait pour une concordance de la Bible ( ms. lat. 513) que lui avait offert, en 1429, un des partisans de Clément VIII : Iste liber fuit michii datus in Peniscola per Bernardum Jorneti, post reductionem suam et magistri sui domini Egidii Sanccii marchions : P. CARDINALIS DE FUXO [57].
Le document contient 561 articles, copiés directement sur l’inventaire après-décès du pape. Ces volumes partirent pour Avignon dans un premier temps et de là, ils furent envoyés au collège de Foix, à Toulouse, auquel le testament du cardinal les destinaient. La bibliothèque de cet établissement jouissait d’une solide réputation au XVe et au début du XVIe siècle. Mais plus tard, vols et déprédations se succédèrent, favorisés par l’incurie des procureurs et la négligence des boursiers. Frappé par cette situation, d’Aguesseau, en 1680, négocia et obtint pour Colbert l’achat d’environ 300 volumes qui entrèrent ensuite dans la bibliothèque du roi. Ces ouvrages nous sont connus grâce à deux listes recopiées par Delisle dans son Cabinet des manuscrits [58]. Nous sommes allés vérifier leur contenu dans le manuscrit latin 9364 où nous avons pu faire d’intéressantes découvertes. Commençons par parler de ces listes : la première est datée du 5 août 1680 et comporte 22 articles, la seconde est elle datée du 7 octobre de la même année et en comprend 286. Y sont notés simplement le titre de l’ouvrage ou une brève description de son contenu avec parfois mention de l’auteur. On a trouvé deux cotes en face de certain titre écrites par une main dont l’écriture semble datée du XIXe siècle et dont on suppose qu’il s’agisse de celle de Delisle. On peut lire en marge du premier titre de la liste du 5 août la cote « lat. 3126 » et dans la liste du 7 octobre le nombre 3206 en face du 279e titre. Nous nous sommes donc reporté aux concordances de Monfrin et Pommerol où il était noté que le premier manuscrit n’avait pas appartenu à la bibliothèque pontificale contrairement au second qui a été identifié comme faisant partie de notre corpus.
Le manuscrit consigne également des lettres de Baluze, bibliothécaire de Colbert, ayant pour objet les conditions d’acquisitions des ouvrages ou encore le transport des manuscrits jusqu’à la bibliothèque royale. Voici une lettre datée du 8 août 1680.
Monseigneur est très humblement supplié de vouloir escrire samedy prochain à Mr d’Aguesseau, qui est à Toulouse, pour le prier de faire retirer du prieuré et Collégeat de Foix tous leurs manuscrits suivant les conventions qu’ils ont faits avec Mr Boudon, qui est de les bailler pour quarante sous pièce l’un portant l’autre. Il faut aussy, s’il luy plait, luy envoyer un ordre pour faire faire le payement. Après quoy, Mr d’Aguesseau pourra faire mettre tous ces livres dans des tonneaux et les envoyer à Bordeaux par la Garonne et de là à Rouen, où il pourra les adresser à Mr ( Luly/Lusy ) Président. Mr Boudon me mande qu’outre le prix des livres, il faut de l’argent, pour les frais de l’emballage et de l’envoy et même distribuer quelques sols à ceux qui ont facilité cette négociation. Ce qui peut aller à 5 ou 6 sols pour ces gratifications sans compter les frais. De sorte que Monseigneur pourroit envoyer 80 sols, qui suffiroient, à mon avis, tant pour l’achat que pour les autres frais. Mais je crois qu’il soit important d’escrire au plus vit, afin de conclurre l’affaire pendant qu’elle est en bons termes [59].
Une seconde lettre consignée dans le même manuscrit et datant du 17 juin 1681 montre la volonté du bibliothécaire de Colbert à réunir un maximum de livres provenant de la bibliothèque pontificale :
Une lettre que je viens de recevoir de Mr d’Aguesseau, qui est çy-jointe, m’oblige d’escrire à Monseigneur pour luy faire part de la bonne nouvelle qu’il m’a donnée. A savoir que feu Mr de Montesal archevêque de Toulouse avait retiré de la Bibliothèque du Collège de Foix un beau registre original du Pape Jean XXII. Lequel après sa mort, demeura entre les mains de Mr de Reillar, chanoine de Toulouse […] Il a trouvé ce chanoine mort, ce qui a facilité l’affaire […] [60]
Cette dernière lettre ne concerne pas directement nos manuscrits mais elle nous fait émettre l’hypothèse que d’autres ouvrages ont peut-être pu intégrer la bibliothèque royale après 1680 et qu’il ne serait pas inintéressant de chercher la présence de lettres identiques dans les états dressés par Baluze et adressés à Colbert.
Ces deux listes marquent la fin de la dispersion des manuscrits avignonnais mais également le commencement de nouvelles recherches. En effet, ces manuscrits sont censés être à la Bibliothèque nationale de France. Sur les 317 manuscrits présents sur ces listes, auxquels il faut ajouter les 35 reçus de Puget, 165 ont été identifiés comme ayant fait partie de la bibliothèque de Benoît XIII par Monfrin et Pommerol, 21 comme ayant appartenu au cardinal de Foix mais ne provenant pas de la bibliothèque pontificale . Il reste donc 166 manuscrits qui à ce jour, ne sont pas identifiés. Il ne faut pas écarter le fait que certains peuvent avoir disparus ou bien encore ne pas avoir appartenu à la bibliothèque pontificale comme nous l’avons montré ci-dessus. Cependant, il existe de fortes probabilités de pouvoir en retrouver un certain nombre au sein de la Bibliothèque nationale de France.
Bibliographie :
- Franz EHRLE, Historia bibliothecae Romanorum pontificum tum bonifatianae tum avenionensis, I ( seul paru ), Rome, 1890.
- Léopold DELISLE, Le cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale, vol.1, Paris, 1868-1881.
- Jacques MONFRIN, Marie-Henriette JULLIEN DE POMMEROL , La bibliothèque pontificale à Avignon et à Peñiscola, vol.1 et 2, Rome, École française de Rome, 1991.
- Maurice FAUCON, La librairie des papes d’Avignon, sa formation, sa composition, ses catalogues (1316-1420 ), d’après les registres de comptes et d’inventaires des Archives vaticanes, Paris, Bibliothèque des École françaises d’Athènes et de Rome, 1886-1887.
- Ph. LAUER (dir.), Catalogue général des manuscrits latins, t.I et II, Bibliothèque Nationale, Paris, 1939.
- Jean PORCHER (dir.), Catalogue général des manuscrits latins, tome III, Bibliothèque Nationale, Paris, 1952.
- M.-T. D’ALVERNY, Catalogue général des manuscrits latin, tome IV, Bibliothèque Nationale, Paris, 1958.
- Marcel THOMAS, Catalogue général des manuscrits latin, tome V, Bibliothèque Nationale, Paris, 1966.
- Jacques MONFRIN, Marie-Henriette JULLIEN DE POMMEROL, « La bibliothèque pontificale à Avignon au XIVe siècle », Histoire des Bibliothèques françaises, Les bibliothèques médiévales, Paris, Promodis, 1979, p. 158-169.
- Denise BLOCH, « La bibliothèque de Colbert », Histoire des Bibliothèques françaises, Les bibliothèques sous l’ancien régime, 1530-1739, Paris, Promodis, 1988, p. 157-179.
- Albert DEROLEZ, Les catalogues de bibliothèque, Turnhout, Brepols, 1979 (Typologie des sources du Moyen Âge occidental, 31).
- P. GALINDO ROMEO, la biblioteca di Benedicto XIII, Saragosse, 1929.
- André VERNET, « Études et travaux sur les bibliothèques médiévales (1937-1947) », Revue d’histoire de l’Église de France, 34, 1948, p. 63-94 ; réimpr. dans André VERNET, Étude médiévales, Paris, 1981, p. 457-488.
- P. MARTÍ DE BARCELONA, « la biblioteca papal de Penyíscola », Estudios Franciscanos, 28, 1922, p. 331-341, 420-436 ; 29, 1923, p. 88-94, 266-272.
- Jean BOUTIER, Stephanus Baluzius tutelensis, Etienne Baluze ( 1630-1718 ), un savant tullois dans la France de Louis XIV, Éditions de la Rue Mémoire, Tulle, 2007.
- Pierre PANSIER, Histoire du livre et de l’impression à Avignon du XIVe au XVIe siècle, Avignon, 1922.
Notes
[1] Y. RENOIR, La papauté à Avignon, Que sais-je, n°630, Paris, 1969. G. MOLLAT, Les papes d’Avignon, Paris, 1964.
[2] Des travaux de référence ont fait l’objet de publication. Pour l’histoire du Palais des Papes, ont peut citer les travaux de Dominique VINGTAIN et pour la bibliothèque l’ouvrage de Franz EHRLE, Historia bibliothecae Romanorum pontificum tum bonifatianae tum avenionensis, tome I, Rome, 1890.
[3] Les éditions de ces catalogues et inventaires se retrouvent dans les ouvrages de Franz EHRLE (déjà cité) et de Léopold DELISLE, Le cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale, vol. 1, Paris, 1868-1881. Le travail le plus abouti est celui de J. MONFRIN et M.-H. JULLIEN DE POMMEROL, La bibliothèque pontificale à Avignon et à Peñiscola, vol. 1 et 2, Rome, 1991.
[4] J. MONFRIN et M.-H. JULLIEN DE POMMEROL, La bibliothèque pontificale à Avignon et à Peñiscola, p. VIII-IX.
[5] Alfred COVILLE, La vie intellectuelle dans les domaines d’Anjou-Provence de 1380 à 1435, Paris, 1941.
[6] Coll. 469 B, fol. 47-48.
[7] Cet inventaire (Gr) a été publié par Ehrle. Ibidem, pp.454-549.
[8] L’inventaire d’Urbain V (Ur) a été publié par Ehrle. Idem, pp.284-432 et par Faucon, La Librairie des papes d’Avignon, sa formation, sa composition, ses catalogues (1316-1420), d’après les registres de comptes et d’inventaires des Archives vaticanes, tome I, Thorin, Paris, 1886, pp. 26-100.
[9] Document Aa, conservé à la Biblioteca nacional de Madrid, ms. 6399. L’introduction du texte a été publiée par Monfrin et Jullien de Pommerol dans La bibliothèque pontificale à Avignon et à Peñiscola, pp. 113-125.
[10] Ibidem, p. 604, 616, 656.
[11] Conservées aux Archives du Vatican : Coll. 469, fol. 177-179 et Coll. 469 B, fol. 49-50. Il convient également de rappeler ici que les noms attribués aux listes sont de pures conventions liées à leur édition.
[12] Bibliothèque Vaticane, Barberini latin 3180 ( anc. XXXIX, 84 ), fol. 16, 22, 22v, 23-23 et 24.
[13] Respectivement RA 231, fol. 96-104v et Barberini lat. 3180.
[14] Îlot rocheux rattaché à la côte par une mince bande de terre située à 120 kilomètres au nord de Valence.
[15] Coll. 469 B, fol. 13-16.
[16] Coll. 469, fol. 179-18.
[17] BnF ms. lat. 5156 A.
[18] J. MONFRIN et M.-H. JULLIEN DE POMMEROL, La bibliothèque pontificale à Avignon, p. 43-44.
[19] J. MONFRIN,La bibliothèque pontificale à Avignon au XIVe siècle, dans Histoire des bibliothèques françaises, t.1 , p. 160.
[20] Pb et Pc, conservé à la Biblioteca de Catlunya, ms. 233 et 235.
[21] L. DELISLE, Le cabinet des manuscrits, p. 494.
[22] Ms. lat. 1620, cité par DELISLE, p. 495.
[23] ms.lat. 4223, fol.22, traduction citée par DELISLE, Le cabinet des manuscrits, p. 496-497.
[24] Évêque de Palmier de 1625 à 1639.
[25] Annalium Baronii continuatio, ann. 1464, n. XXIV. Paris, 1641, in-fol. II, 584, cité dans Le cabinet des manuscrits, p.498.
[26] Journal des savants, juin 1728, cité dans Denise Bloch, « La bibliothèque de Colbert », dans Claude Jolly, Histoire des bibliothèques françaises, Paris, 1988.
[27] (1630-1718) Spécialiste de droit canon et d’histoire ecclésiastique, il jouit d’une certaine autorité dans le monde savant. Il est lui-même l’auteur d’un certain nombre d’ouvrages dont la Vitae paparum Avenionensium. Il devient le bibliothécaire de Colbert à partir de 1667. Jean BOUTIER, Stephanus Baluzius Tutelensis. Étienne Baluze 1630-1718, un savant tullois dans la France de Louis XIV, 2008.
[28] Lettre du 3 janvier 1373, BnF, ms. Baluze 100, fol. 29-30.
[29] P. CLÉMENT, Lettres, instructions et mémoire de Colbert, tome VII, p. 68, cité par Denise BLOCH « La bibliothèque de Colbert », p. 161.
[30] BnF, ms lat. 9364, fol. 24 et suivant.
[31] Certificat de d’Aguesseau, en date du 23 août 1680, publié par M. Jourdain, dans la notice intitulée : l’université de Toulouse au XVIIe siècle, p. 30, cité par DELISLE, Le cabinet des manuscrits, p. 499.
[32] BnF, ms. lat 9364, fol 38.
[33] LAFAILLE, Annales de la ville de Toulouse, Toulouse, 1687, cité par Delisle, Le cabinet des manuscrits, p. 499.
[34] BnF, ms. lat. 9364, fol. 23 et 38 et suivant.
[35] BnF, ms. lat. 9364, fol.87.
[36] D. BLOCH« La bibliothèque de Colbert », p. 165.
[37] DELISLE, Le cabinet des manuscrits, p. 931-944.
[38] EHRLE, Historia, p. 289.
[39] ibidem, p. 288.
[40] Ibidem, p.438, « Index locorum, in quibus libri asservabantur ».
[41] Ibidem, p.438 « Tituli scriptorum ».
[42] MONFRIN et DE POMMEROL, La bibliothèque d’Avignon, p.8.
[43] Coll. 469 B, fol. 47-48.
[44] Archives du Vatican, RA 231.
[45] EHRLE, Historia, p. 462.
[46] Madrid, Biblioteca nacional, ms. 6399.
[47] Liste Lun, pour plus d’informations, se reporter à La Bibliothèque pontificale, p. 14-15.
[48] « Le prêt de livre à la fin du Moyen-âge », du copiste au collectionneur : mélanges d’histoire des textes et des bibliothèques en l’honneur d’André Vernet.
[49] Bup XI.
[50] Bup X.
[51] CV.
[52] Stu.
[53] Bal.
[54] G. MOLLAT, Les papes d’Avignon, Paris, 1964.
[55] Bup A et B.
[56] Monfrin, Histoire de la bibliothèque pontificale au XIVe siècle, p. 160.
[57] DELISLE, Le cabinet des manuscrits, p. 495.
[58] Ibidem, p. 500-506.
[59] BnF, ms. lat. 9364, fol. 24.
[60] BnF, ms. lat. 9364, fol.64-65.