Editorial n°9

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Tout vient à point à qui sait attendre : le neuvième numéro de Circé. Histoires, Cultures et Sociétés est arrivé à bon port.

Régine Le Jan nous a fait l’honneur de répondre à nos questions et c’est autour de cette grande médiéviste que s’articule ce numéro. Réflexions sur l’importance de l’interdisciplinarité, sur les tensions entre temps long des structures et temps court de l’événement et de l’histoire personnelle, sur le rôle des concepts et les précautions que nécessite leur manipulation, les réponses de Régine Le Jan éclairent une méthodologie de travail dont la portée s’étend bien au-delà de l’histoire du haut Moyen-Âge. Ses analyses entrent en résonnance avec de précédents portraits de Circé, sur la question des femmes ou des élites, sur la construction sociale et le religieux. C’est un des plaisirs d’une revue qui prend de l’âge que de voir les ponts qui se créent spontanément entre les différentes contributions.

A l’image de la chercheuse qui s’est prêté au jeu du portrait, Circé se veut toujours, modestement, interdisciplinaire et inspirante. Les cinq articles de ce numéro 9 contribuent à leur tour à enrichir les champs de recherche qu’aborde notre revue au fil des parutions. Deux d’entre eux s’intéressent à une trajectoire individuelle au prisme d’un contexte : Corinne M. Belliard explore un aspect peu connu de la personnalité de Churchill, son antiféminisme, alors même que les femmes britanniques obtiennent le droit de vote en 1918. Mouniati Chakour étudie pour l’époque moderne la figure de Baltasar Carlos, héritier de la monarchie hispanique, au travers de l’éducation qui lui a été donnée. La construction de la majesté au XVIIe siècle s’opère par une éducation qui fasse du jeune prince héritier un modèle de prudence, d’honneur et de justice, qui puisse être à la fois respecté, admiré et craint par ses sujets. A l’époque des débuts de la République romaine, c’est la virtus qui fait figure de vertu par excellence. Christophe Burgeon nous en propose une exploration détaillée via la conception qu’en propose Tacite dans ses Annales. Comme l’éducation du jeune prince éclaire le contexte politique de la monarchie espagnole sous Philippe IV, la défense d’une certaine forme de virtus par les auteurs antiques est essentielle pour comprendre les valeurs morales qui sous-tendent le régime politique, d’autant plus que ces auteurs en font une clé de lecture de la transition de la République à l’Empire.

S’appuyant sur une source différente des articles dont il a été déjà été question, Aurélie Massie met en lumière les conflits de compétence qui opposent commissaires et sergents du Châtelet de Paris au XVIIe siècle tels qu’ils se laissent appréhender dans les textes normatifs et judiciaires conservés aux Archives nationales.

Enfin, Fanny Lautissier, croisant histoire des représentations et analyse cinématographique, explore deux réalisations portant à l’écran la figure du militaire opérateur de drone armé, archétype de cette nouvelle « guerre à distance » que permettent les drones.

Avec ce numéro 9, Circé répond à nouveau à son ambition : donner l’occasion à de jeunes chercheurs de mettre en valeur leurs premiers travaux, issus de mémoires de Master ou de thèses de doctorat, et créer des ponts entre les périodes, les disciplines et les méthodologies de recherche.

Cette belle entreprise qu’est Circé est menée depuis 6 ans par une équipe d’étudiants et de jeunes chercheurs bénévoles. Publier une revue scientifique d’histoire est un travail exigeant mais stimulant, et un défi perpétuellement renouvelé pour nous. Ces efforts seront bientôt couronnés par la parution du 10e numéro, pour lequel nous vous donnons rendez-vous en 2018. D’ici là, nous vous souhaitons à tous de belles découvertes au fil de ce numéro.

Le comité de rédaction de Circé. Histoires, Cultures & Sociétés